ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"41"> produit en appartenoit autrefois aux Janissaires: mais depuis plus de cent ans, cet impôt se perçoit par un officier exprès qu'on envoye de Constantinople sur les lieux, & qu'on appelle pour cette raison harrach aga. Les Chrétiens ci - devant ne payoient que deux dollars & trois quarts, par une espece de traité fait avec Sélim; présentement ils doivent payer de capitation, depuis l'âge de seize ans, les uns cinq dollars & demi, & les autres onze, suivant leur bien. Le dollar vaut trois livres de notre monnoie, ou deux shellings six sols d'Angleterre. (D. J.)

HARAI (Page 8:41)

HARAI, s. m. (Hist. mod.) c'est ainsi que les Turcs nomment un tribut reglé que doivent payer au grand Seigneur tous ceux qui ne sont point mahométans; cet impôt est fondé sur l'alcoran, qui veut que chaque personne parvenue à l'âge de maturité paye chaque année treize drachmes d'argent pur, si en demeurant sous la domination mahométane elle veut conserver sa religion. Mais les sultans & les visirs, sans avoir égard au texte de l'alcoran, ont souvent haussé cette capitation; elle est affermée, & celui qui est préposé à la recette de ce tribut se nomme haraj - bachi.

Pour s'assûrer si un homme est parvenu à l'âge où l'on doit payer le haraj, on lui mesure le tour du cou avec un fil, qu'on lui porte ensuite sur le visage; si le fil ne couvre pas l'espace qui est entre le bout du menton & le sommet de la tête, c'est un signe que la personne n'a point l'âge requis, & elle est exempte du tribut pour cette année; sans quoi elle est obligée de payer. Voyez Cantemir, hist. ottomane.

HARAM (Page 8:41)

HARAM, s. m. (Hist. mod.) à la cour du roi de Perse, c'est la maison où sont renfermées ses femmes & concubines; comme en Turquie l'on nomme serrail le palais ou les appartemens qu'occupent les sultanes.

HARAME (Page 8:41)

* HARAME, s. m. (Bot.) nom que les habitans de Madagascar donnent à l'arbre qui produit la gomme tacamahaca.

HARANGUE (Page 8:41)

HARANGUE, s. f. (Belles - Lettres.) discours qu'un orateur prononce en public, ou qu'un écrivain, tel qu'un historien ou un poëte, met dans la bouche de ses personnages.

Ménage dérive ce mot de l'italien arenga, qui signifie la même chose; Farrari le fait venir d'arringo, joûte, ou place de joûte; d'autres le tirent du latin ara, parce que les Rhéteurs prononçoient quelquefois leurs harangues devant certains autels, comme Caligula en avoit établi la coûtume à Lyon.

Aut Lugdunensem rhetor dicturus ad aram. Juven.

Ce mot se prend quelquefois dans un mauvais sens, pour un discours diffus ou trop pompeux, & qui n'est qu'une pure déclamation; & en ce sens un harangueur est un orateur ennuyeux

Les héros d'Homere haranguent ordinairement avant que de combattre; & les criminels en Angleterre haranguent sur l'échafaud avant que de mourir: bien des gens trouvent l'un aussi déplacé que l'autre.

L'usage des harangues dans les historiens a de tout tems eu des partisans & des censeurs; selon ceux - ci elles sont peu vraissemblables, elles rompent le fil de la narration: comment a - t - on pû en avoir des copies fideles? c'est une imagination des historiens, qui sans égard à la différence des tems, ont prêté à tous leurs personnages le même langage & le même style; comme si Romulus, par exemple, avoit pû & dû parler aussi poliment que Scipion. Voilà les objections qu'on fait contre les harangues, & sur - tout contre les harangues directes.

Leurs défenseurs prétendent au contraire qu'elles répandent de la variété dans l'histoire, & que quelquefois on ne peut les en retrancher, sans lui dérober une partie considérable des faits: « Car, dit à ce sujet M. l'abbé de Vertot, il faut qu'un historien remonte, autant qu'il se peut, jusqu'aux causes les plus cachées des évenemens; qu'il découvre les desseins des ennemis; qu'il rapporte les délibérations, & qu'il fasse voir les différentes actions des hommes, leurs vûes les plus secrettes & leurs intérêts les plus cachés. Or c'est à quoi servent les harangues, sur - tout dans l'histoire d'un état républicain. On sait que dans la république romaine, par exemple, les résolutions publiques dépendoient de la pluralité des voix, & qu'elles étoient communément précédées des discours de ceux qui avoient droit de suffrage, & que ceux - ci apportoient presque toûjours dans l'assemblée des harangues préparées ». De même les généraux rendoient compte au sénat assemblé du détail de leurs exploits & des harangues qu'ils avoient faites; les historiens ne pouvoient - ils pas avoir communication des unes & des autres?

Quoi qu'il en soit, l'usage des harangues militaires sur - tout paroît attesté par toute l'antiquité: « mais pour juger sainement, dit M. Rollin, de cette coûtume de haranguer les troupes généralement employée chez les anciens, il faut se transporter dans les siecles où ils vivoient, & faire une attention particuliere à leurs moeurs & à leurs usages ».

« Les armées, continue - t - il, chez les Grecs & chez les Romains étoient composées des mêmes citoyens à qui dans la ville & en tems de paix on avoit coûtume de communiquer toutes les affaires; le général ne faisoit dans le camp ou sur le champ de bataille, que ce qu'il auroit été obligé de faire dans la tribune aux harangues; il honoroit ses troupes, attiroit leur confiance, intéressoit le soldat, réveilloit ou augmentoit son courage, le rassûroit dans les entreprises périlleuses, le consoloit ou ranimoit sa valeur après un échec, le flattoit même en lui faisant confidence de ses desseins, de ses craintes, de ses espérances. On a des exemples des effets merveilleux que produisoit cette éloquence militaire ». Mais la difficulté est de comprendre comment un général pouvoit se faire entendre des troupes. Outre que chez les anciens les armées n'étoient pas toûjours fort nombreuses, toute l'armée étoit instruite du discours du général, à peu - près comme dans la place publique à Rome & à Athenes le peuple étoit instruit des discours des orateurs. Il suffisoit que les plus anciens, les principaux des manipules & des chambrées se trouvassent à la harangue dont ensuite ils rendoient compte aux autres; les soldats sans armes debout & pressés occupoient peu de place; & d'ailleurs les anciens s'exerçoient dès la jeunesse à parler d'une voix forte & distincte, pour se faire entendre de la multitude dans les délibérations publiques.

Quand les armées étoient plus nombreuses, & que rangées en ordre de bataille & prêtes à en venir aux mains elles occupoient plus de terrein, le général monté à cheval ou sur un char parcouroit les rangs & disoit quelques mots aux différens corps pour les animer, & son discours passoit de main en main. Quand les armées étoient composées de troupes de différentes nations, le prince ou le général se contentoit de parler sa langue naturelle aux corps qui l'entendoient, & faisoit annoncer aux autres ses vûes & ses desseins par des truchemens; ou le général assembloit les officiers, & après leur avoir exposé ce qu'il souhaitoit qu'on dît aux troupes de sa part, il les renvoyoit chacun dans leur corps ou dans leurs compagnies, pour leur faire le rapport de ce qu'ils avoient entendu, & pour les animer au combat.

Au reste, cette coûtume de haranguer les troupes a duré long - tems chez les Romains, comme le prouvent les allocutions militaires représentées sur les [p. 42] médailles. Voyez Allocutions. On en trouve aussi quelques exemples parmi les modernes, & l'on n'oubliera jamais celle que Henri IV. fit à ses troupes avant la bataille d'Ivry: « Vous êtes François; voilà l'ennemi; je suis votre roi: ralliez - vous à mon pannache blanc, vous le verrez toûjours au chemin de l'honneur & de la gloire ».

Mais il est bon d'observer que dans les harangues directes que les historiens ont supposées prononcées en de pareilles occasions, la plûpart semblent plûtôt avoir cherché l'occasion de montrer leur esprit & leur éloquence, que de nous transmettre ce qui y avoit été dit réellement. (G)

HARANNES (Page 8:42)

HARANNES, (Hist. mod.) espece de milice hongroise dont une partie sert à pié & l'autre à cheval.

HARAS (Page 8:42)

HARAS, s. m. (Maréchall.) Nous avons deux sortes de haras, le haras du roi, & les haras du royaume. Le haras du roi est un nombre de jumens poulinieres & une certaine quantité de chevaux entiers, pour faire des étalons. Ces animaux sont rassemblés dans un endroit de la Normandie, aux environs de Melleraux, contrée où les pâturages sont abondans, succulens, propres à nourrir & à élever une certaine quantité de poulains. Ce dépôt de chevaux & jumens appartient en propre à Sa Majesté, pour être employé à multiplier l'espece.

Sous le nom des haras du royaume, on entend une grande quantité d'étalons dispersés dans les provinces & distribués chez différens particuliers, qu'on nomme garde - étalons. Ces animaux appartiennent en partie au Roi; ils ne sont employés qu'à couvrir les jumens des habitans de la province, & dans la saison convenable à la copulation. Il est enjoint aux garde - étalons de ne pas leur donner d'autre exercice qu'une promenade propre à entretenir la santé & la vigueur de l'animal.

Nous ne nous arrêtons point à décrire la forme ni la constitution qu'ont les haras aujourd'hui, ni les divers moyens que l'on employe pour leur entretien; ce seroit répéter ce que semblent avoir épuisé beaucoup d'auteurs; tels sont MM. de Neucastle, de Garsault, de Soleysel, &c. Ainsi nous nous bornerons à quelques réflexions, 1°. sur les especes de chevaux qu'il faut de nécessité dans un état militaire & commerçant, tel que la France; 2°. sur l'obligation d'avoir recours aux étrangers pour suppléer à nos besoins; 3°. sur la facilité que l'on auroit à se passer d'eux, si on vouloit cultiver cette branche de commerce; enfin sur les fautes que l'on commet au préjudice de la propagation de la bonne espece, soit par le mauvais choix que l'on fait des mâles & des femelles qu'on employe à cet usage, soit par leur accouplement disparate, soit enfin par la conduite que l'on tient à l'égard de ces animaux, laquelle est directement opposée à l'objet de leur destination.

Les especes de chevaux dont la France a besoin peuvent se réduire à trois classes; savoir, chevaux de monture, chevaux de tirage, & chevaux de somme.

La premiere classe renferme les chevaux de selle en général, les chevaux de manége, les chevaux d'élite pour la chasse & pour la guerre, & les chevaux de monture d'une valeur plus commune & d'un usage plus général; de sorte que dans le nombre de ces chevaux il n'y a qu'un choix judicieux & raisonné à faire pour les distribuer & les employer à leur usage; & c'est quelquefois de ce choix & de cet emploi que dépend le bon ou le mauvais service que l'on tire des chevaux.

On tire de la seconde classe les chevaux de labour si utiles à l'Agriculture; ceux qu'on employe à voiturer les fourgons d'armée, l'artillerie, les vivres; ceux dont on se sert pour les coches, les rouliers, & pour les voitures à brancart: les plus distingués de cette classe qui sont beaux, bien faits, qui ont le corps bien tourné, en un mot les qualités & la taille propres pour le carrosse, sont destinés à trainer ces voitures.

La troisieme classe est composée en partie des chevaux de selle les plus grossiers & les plus mal faits, & en partie des chevaux de labour trop foibles pour cet exercice & trop défectueux pour le carrosse.

Quoique nous ayons chez nous tout ce qu'il nous faut pour élever & nourrir une quantité suffisante de chevaux propres à remplir tous ces objets, nous n'en sommes pas moins dans la nécessité d'avoir recours aux étrangers, pour en obtenir à grands frais des secours qu'il ne tient qu'à nous de trouver dans le sein de notre patrie: l'Angleterre, par exemple, nous vend fort cher une bonne partie de nos chevaux de chasse, qui pour la plûpart ne valent rien; la Hollande nous fournit presque tous les chevaux de carrosse; l'Allemagne remonte une grande partie de notre cavalerie & de nos troupes légeres; la Suisse attelle nos charrues, notre artillerie, & nos vivres; l'Espagne orne nos manéges, peuple en partie nos haras, monte la plûpart de nos grands seigneurs à l'armée; en un mot, la Turquie, la Barbarie & l'Italie empoisonnent, par le mauvais choix des chevaux qu'on en tire, les provinces qui devroient nous mettre en état de nous passer des secours de ces contrées éloignées.

En supposant qu'on voulût adopter nos idées, qui paroîtront peut être un peu dispendieuses, il faudroit commencer par réformer tous les mauvais étalons & toutes les jumens poulinieres défectueuses; être fort circonspect sur l'achat de ceux de Turquie, de Barbarie; & bannir pour jamais ceux d'Italie de nos haras. On tireroit de bons étalons d'Arabie, quelques - uns de Turquie & de Barbarie, & les plus beaux d'Andalousie, pour les mettre dans nos provinces méridionales & dans le Morvant. Ces provinces, par la quantité & la bonté de leurs herbages, & la qualité de leur climat, nous offrent des secours plus que suffisans pour élever & nourrir des poulains qui seroient l'élite des chevaux de la premiere classe: & avant d'être admis, les étalons seront scrupuleusement examinés, pour voir s'ils n'ont point de vices de conformation, d'accidens, ou de maladies. L'énumération en seroit inutile; ces vices sont connus de tous les bons écuyers.

Le second examen se feroit sur les vices de caractere, pour voir par exemple si l'animal n'est pas rétif, ombrageux, & indocile à monter, s'il ne mord point, ou s'il ne rue pas trop dangereusement.

Le troisieme examen regarderoit les vices de constitution, de tempérament, ou de force: pour cela on le monteroit deux bonnes heures, plus ou moins, au pas, au trot ou au galop; on répéteroit cet exercice de deux jours l'un; & lorsqu'on jugeroit le cheval en haleine, on augmenteroit la promenade par degrés jusqu'à la concurrence de dix ou douze lieues. Le lendemain de chaque exercice, on le feroit trotter pour voir s'il n'est point boiteux. On observeroit s'il ne se dégoûte point, ou s'il n'est pas incommodé de ses travaux. L'épreuve seroit continuée de deux jours l'un, l'espace de cinq à six mois, plus ou moins, & sur toutes sortes de terreins. Par - là l'on verroit s'il a de la force, de l'haleine, des jambes, des jarrets, une bouche, & des yeux convenables à un bon étalon.

Si on lui trouvoit toutes ces qualités, & qu'il fût exempt, autant qu'il est possible, des vices de conformation, de caractere, & de tempérament, alors on lui destineroit des jumens qui auroient subi les mêmes épreuves; ces jumens seroient de la même taille, de la même figure, & de la même bonté que l'étalon, & du pays le plus convenable, quoiqu'en

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