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Pour s'assûrer si un homme est parvenu à l'âge où l'on doit payer le haraj, on lui mesure le tour du cou avec un fil, qu'on lui porte ensuite sur le visage; si le fil ne couvre pas l'espace qui est entre le bout du menton & le sommet de la tête, c'est un signe que la personne n'a point l'âge requis, & elle est exempte du tribut pour cette année; sans quoi elle est obligée de payer. Voyez Cantemir, hist. ottomane.
Ménage dérive ce mot de l'italien arenga, qui signifie la même chose; Farrari le fait venir d'arringo, joûte, ou place de joûte; d'autres le tirent du latin ara, parce que les Rhéteurs prononçoient quelquefois leurs harangues devant certains autels, comme Caligula en avoit établi la coûtume à Lyon.
Aut Lugdunensem rhetor dicturus ad aram. Juven.
Ce mot se prend quelquefois dans un mauvais sens, pour un discours diffus ou trop pompeux, & qui n'est qu'une pure déclamation; & en ce sens un harangueur est un orateur ennuyeux
Les héros d'Homere haranguent ordinairement avant que de combattre; & les criminels en Angleterre haranguent sur l'échafaud avant que de mourir: bien des gens trouvent l'un aussi déplacé que l'autre.
L'usage des harangues dans les historiens a de tout tems eu des partisans & des censeurs; selon ceux - ci elles sont peu vraissemblables, elles rompent le fil de la narration: comment a - t - on pû en avoir des copies fideles? c'est une imagination des historiens, qui sans égard à la différence des tems, ont prêté à tous leurs personnages le même langage & le même style; comme si Romulus, par exemple, avoit pû & dû parler aussi poliment que Scipion. Voilà les objections qu'on fait contre les harangues, & sur - tout contre les harangues directes.
Leurs défenseurs prétendent au contraire qu'elles
répandent de la variété dans l'histoire, & que quelquefois
on ne peut les en retrancher, sans lui dérober
une partie considérable des faits:
Quoi qu'il en soit, l'usage des harangues militaires
sur - tout paroît attesté par toute l'antiquité:
Quand les armées étoient plus nombreuses, & que rangées en ordre de bataille & prêtes à en venir aux mains elles occupoient plus de terrein, le général monté à cheval ou sur un char parcouroit les rangs & disoit quelques mots aux différens corps pour les animer, & son discours passoit de main en main. Quand les armées étoient composées de troupes de différentes nations, le prince ou le général se contentoit de parler sa langue naturelle aux corps qui l'entendoient, & faisoit annoncer aux autres ses vûes & ses desseins par des truchemens; ou le général assembloit les officiers, & après leur avoir exposé ce qu'il souhaitoit qu'on dît aux troupes de sa part, il les renvoyoit chacun dans leur corps ou dans leurs compagnies, pour leur faire le rapport de ce qu'ils avoient entendu, & pour les animer au combat.
Au reste, cette coûtume de haranguer les troupes
a duré long - tems chez les Romains, comme le prouvent
les allocutions militaires représentées sur les
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