ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"937"> 10 Avril 1745, il en forma sept régimens de grenadiers - royaux d'un bataillon chacun, qui servirent la campagne suivante, commandés par des colonels & lieutenans - colonels, avec les majors & aide - majors qui y furent attachés.

Sa majesté satisfaite du service de ces troupes, & voulant en augmenter la force pour les mettre en état d'être employés d'une maniere encore plus utile, établit par ordonnance du 28 Janvier 1746 des compagnies de grenadiers - postiches dans chaque bataillon de milice, les unit à celles des grenadiers par ordonnance du 10 Mars suivant, & de toutes ces troupes, composa sept régimens de grenadiers - royaux de deux bataillons chacun.

Ces corps servirent utilement & glorieusement pendant les campagnes qui suivirent leur institution, jusqu'à la paix de 1748. Réunis ou séparés, ils donnerent à l'envi l'un de l'autre, dans toutes les occasions, les plus grandes marques de zele & de bravoure. Ils se signalerent au siége de la citadelle d'Anvers, à celui de Mons, à la bataille de Raucoux, & à celle de Lawfeld, sur - tout au siége à jamais mémorable de Bergopzoom, enfin dans toutes les diverses opérations militaires auxquelles il eurent part pendant toutes ces campagnes.

A la paix les régimens de grenadiers - royaux furent séparés; les compagnies qui les composoient furent renvoyées à leurs bataillons de milice, & licenciées en même tems que les corps de ces bataillons.

Tous les bataillons de milice du royaume sont convoqués une fois par an pendant la paix, pour être recrûtés & passer en revûe, & sont séparés apres quelques jours de service; voyez Levée des Troupes. Mais les compagnies de grenadiers demeurent assemblées, & sont reunies pour composer des bataillons de grenadiers - royaux. Ces bataillons établis au nombre de onze par ordonnance du premier Mars 1750, sont exercés chaque année pendant un mois à toutes les manoeuvres de guerre, ensuite séparés, & les grenadiers renvoyés dans leurs paroisses, jusqu'à ce qu'il plaise au Roi de les rappeller. On prepare ainsi ces corps dans le silence de la paix, aux opérations militaires qu'ils doivent exécuter pendaut la guerre.

Les bataillons de grenadiers royaux fournissent chaque année au corps des grenadiers de France, les remplacemens qui y sont nécessaires. Des officiers de ce corps sont détachés à chaque bataillon pendant le tems des assemblées, & y choisissent & engagent des grenadiers de bonne volonté, jusqu'à concurrence de ce que doit fournir chaque bataillon. Voyez Grenadiers de France.

Lors du licenciement des compagnies de grenadiersroyaux, on leur permet par distinction d'emporter leurs habits, à la différence des soldats, qui sont obligés de les laisser en dépôt dans le lieu d'assemblée; voyez Licenciement. Le Roi accorde en outre 3 sous par jour à chaque sergent de ces compagnies pendant tout le tems de leur séparation; un sou six deniers à chaque tambour, & un sou à chaque grenadier; dont le décompte leur est fait à l'assemblée suivante de leur batailion. Article de M. Duriv al le jeune.

GRENADIERE (Page 7:937)

GRENADIERE, s. f. termede Ceinturier, c'est une espece de gibeciere qu'on donne à chaque grenadier, pour y mettre ses grenades. Voyez Grenadier.

Elle est composée d'une bande, d'un travers ou porte - hache, d'une bourse, d'un dessus, d'une boucle avec son attache pour fermer la grenadiere, & d'un poulvrin.

Grenadiere (Page 7:937)

* Grenadiere, ou grande Sautrelliere, ou Boîteux, ou Chapeau à Sauterelles, (Pêche.) espece de filet qui ressemble assez au chalut. Il étoit en usage dans l'amirauté de Boulogne. On prenoit avec la grenadiere des sauterelles ou grandes che<cb-> vrettes. Elle étoit faite d'une barre de fer quarrée, large d'un pouce, & longue de sept a huit piés. Sur ses extrémités étoit arrêté un demi - cercle de bois qui formoit l'entrée d'un verveux. La barre étoit percée à chaque bout, & là étoit frappé un cordage de la grosseur d'un pouce de diametre. Ce cordage avoit trois brasses de longueur. Un autre cordage étoit frappé sur le milieu du cercle. Celui - ci se réunissoit au premier. C'est sur cet appareil qu'étoit retenu le filet, ou l'espece de chausse dont il s'agit. Cette chausse étoit amarrée à un bateau par un autre cordage qui la traînoit à un quart - de - lieue de la côte.

Il y a une autre espece de grenadiere qui consiste en une traverse de bois AB, qu'on appelle le seuil, & un long manche CD, fixé sur le milieu du seuil. Le seuil est taillé en biseau, & peut avoir 8 à 9 piés de long. On y attache un filet à mailles fort étroites. Le filet ressemble à la truble; le pêcheur descend dans l'eau jusqu'au cou, lors de la basse mer; & marchant vers le rivage, il pousse devant lui ce filet dont le seuil laboure le sable, & enleve les chevrettes & les petits poissons mêlés avec le sable.

Ces péches ont été défendues, ainsi que celles de la drege & du coloris. Voyez nos Planches de Péche.

La maille du filet de la grenadiere est d'environ quatre à cinq lignes.

GRENADILLE (Page 7:937)

GRENADILLE, s. f. (Bot. exot.) genre de plante qu'on a déjà caractérisée sous son nom vulgaire de fleurs de la passion; les Botanistes l'appellent granadilla; c'est une belle plante étrangere de la nouvelle Espagne, dont on cultive pour la fleur un grand nombre d'especes; Bradley rapporte en avoir vû plus de trente dans le jardin d'Amsterdam, mais il s'en faut de beaucoup qu'il s'en trouve aujourd'hui un nombre aussi considérable dans ce même jardin; & selon toute apparence, M. Bradley s'est trompé. Miller n'en connoît que treize especes en Angleterre, sur la cuiture desquelles il a donné les meilleures & les plus exactes instructions qu'on puisse desirer; j'y renvoye les curieux.

Tournefort a fait d'une des especes de grenadille, un genre particulier sous le nom de murucuja; cette espece se trouve en plusieurs endroits de l'ile Saint - Domingue, & produit bien rarement du fruit en Europe; du - moins Miller, malgré ses talens, n'est jamais parvenu à lui en faire porter. Le P. Feuillée a aussi décrit quelques especes de grenadilles de la vallée de Lima, & entr'autres une qu'il surnomme pomifere: elle donne un fruit rond, de deux pouces & demi de diametre, rempli d'une substance aqueuse, doucâtre, & cependant agréable au goût; ce fruit contient de petites graines enfermées dans une peau blanche en - dedans, & cramoisi - jaune en - dehors. (D. J.)

GRENAGE (Page 7:937)

GRENAGE, s. m. (Art milit.) c'est une des opérations de la fabrique de la poudre - à - canon; elle consiste à mettre la poudre en grain. Voyez l'article Poudre - à - Canon.

GRENAILLER (Page 7:937)

GRENAILLER, v. act. (Docimasie.) réduire un métal en petits grains, à - peu - pres semblables au plomb à tirer qu'on nomme cendrée. Au moyen de cette division, on le dissout, on le pese, & on le mêle plus aisement. On la fait par la voie seche & par la voie humide, c'est - à - dire avec & sans eau. Il faut donc avoir les instrumens nécessaires pour ces deux méthodes. Ce sont des granulatoires secs & à l'eau.

Le granulatoire à l'eau se trouve dans nos Planc. de Chimie. Cette machine est particulierement destinée à l'opération en question. C'est un chauderon ou baquet sur lequel on met le treuil suivant. A un cylindre de bois ayant 6 pouces de long sur 4 de diametre, on ajuste un axe avec sa manivelle. On couvre ce cylindre parallelement à son axe, d'une couche de brins de balai épaisse de trois doigts, qu'on [p. 938] lie & qu'on serre fortement aux deux bouts avec une ficelle. On place ce treuil dans deux échancrures demi - circulaires, faites au bord du vaisseau, vis - à - vis l'une de l'autre. On l'y assujettit du côté de la manivelle au moyen d'un petit crampon recourbé à angle droit, comme un clou à crochet, fixé par sa jambe perpendiculaire, & libre par l'horisontale; & à l'autre extrémité avec un crampon ordinaire, entre les jambes duquel passe l'axe du cylindre. Cette machine est de Cramer; au lieu du treuil garni de brins de balai, on peut en employer un cannelé dans sa longueur, à - peu - près comme un moussoir de chocolat. Cette variété tirée de sa traduction angloise, se trouve aussi dans nos Planches de Chimie. On remplit d'eau le vaisseau, de façon qu'un tiers du cylindre y soit plongé.

Quand on veut granuler un métal, de l'argent orifere, par exemple, on commence par le fondre. Si on a une grande quantité à grenailler à - la - fois, on employe un grand creuset qui puisse contenir le tout; & comme il y auroit trop à risquer si on l'enlevoit du feu, on y puise avec un petit qu'on a fait rougir, & l'on verse le métal doucement & sans discontinuer sur le treuil, qu'un aide tourne assez vîte au moyen de sa manivelle.

Cette machine est la plus commode de toutes. Par cette méthode on peut grenailler toute sorte de métaux & de demi - métaux; & la grenaille est plus fine que par aucune autre.

Si elle manquoit, on ne laisseroit pas de faire de la grenaille avec un chauderon & un balai; & même tout vaisseau large & médiocrement creux peut y servir, quoique le chauderon soit pretérable. On remplira donc ce chauderon d'eau froide jusqu'à 8 pouc. de ses bords; on donnera à cette eau un mouvement de gyration avec le balai; on y versera l'or ou l'argent avec un petit creuset rougi au feu, d'un seul jet, sur les côtés, afin qu'il soit emporté par le mouvement donné à l'eau par le balai, qu'un aide remue circulairement. Plus l'argent peut s'étendre pendant qu'on le verse, plus les grenailles en sont creuses & menues.

On peut encore, au lieu de donner à l'eau un mouvement circulaire en tenant le balai perpendiculairement, le coucher & le tourner à demi - plongé dans l'eau: & on imitera pour lors le granulatoire à treuil. Mais le balai en question ne doit pas être trop serré; sans quoi le métal, y arrêteroit, se refroidiroit, & se rassembleroit en masses avant que de parvenir à l'eau qui doit achever de le diviser & creuser ses grains. La même précaution doit avoir lieu à l'égard du treuil. Dans ces circonstances, on trouvera la grenaille au fond de l'eau, presqu'aussi divisée que si on eût employé le treuil. On la retire de l'eau, & on la seche dans un vaisseau de cuivre ou de terre.

Quelques artistes se contentent de grenailler leur argent orisere en le jettant simplement dans une bassine remplie d'eau froide qu'ils n'agitent point. Mais leur grenaille est grossiere, & forme des masses ou rochers; car c'est le nom qu'on donne dans les monnoies à l'amas des grains d'or ou d'argent qui forment une masse au fond du bacquet.

En Hongrie on grenaille l'argent comme nous venons de le dire, dans un chauderon où l'eau est agitée circulairement avec un balai; mais on le fait tomber du creuset en un jet le plus large qu'il est possible, & de fort haut. Par ce moyen, les grenailles se forment plus menues & plus universellement creuses & concaves. On les seche dans des bassines larges, qu'on pose sur deux buches, entre lesquelles on met des charbons ardens. Voyez Inquart & Départ.

Les Chauderonniers donnent le nom de grenaille à lear soudure. Voyez Flux & Soudure. Ils la versent de la poesle ou elle a été fondue, dans une au<cb-> tre chauffée qu'ils tiennent sur l'eau où ils la plongent & l'agitent rapidement. Par ce moyen elle se met en des especes de rocailles, & se divise plus aisement dans le mortier de fonte où ils la pilent. Ils la passent ensuite par un petit crible de cuivre. Mais je crois que cette méthode tient encore de l'enfance des Arts, & qu'il vaudroit beaucoup mieux granuler cette espece de laiton avec notre granulatoire à l'eau; car elle ne se convertit point proprement en grains, & elle est d'ailleurs d'une dureté extraordinaire, qui fait perdre un tems considérable à la piler. Quand on la tire du feu, & sur - tout qu'on la verse d'une poesle dans l'autre, elle jette une grande flamme jaune & bleue, très - agréable à voir.

On réussit presqu'également & avec autant de sûreté par les trois premieres méthodes à granuler l'or, l'argent, & les alliages métalliques, comme nous l'avons dit des deux premiers, & de la soudure des Chauderonniers, qui est un laiton ou alliage de zinc & de cuivre. Mais il n'en est pas de même de ce dernier métal, du plomb & de l'étain; leur granulation & sur - tout celle du cuivre, est toûjours accompagnée d'un danger qu'on n'évite qu'en le versant peu - à - peu, & très - lentement. Le meilleur moyen de ne courir aucun risque, c'est de les faire tomber tout divisés sur le balai ou sur le cylindre; on y réussit en les faisant passer à - travers de petits trous faits au fond d'un creuset rougi au feu, qu'on tient suspendu sur le treuil ou le balai.

Pour les essais, ou le départ & inquart en petit, on fait des cornets de l'argent orifere. Dans les départs en grand, on le réduit en grenaille, soit qu'ils se fassent par la voie seche, soit qu'ils se sassent par l'humide. Et lorsqu'on veut savoir ce qu'ils tiennent d'or par marc, l'essayeur prend au hasard une ou deux de ces grenailles; il en pese un demi gros, & fait le départ à l'ordinaire: mais la chaux d'or qui en revient, n'est que très - rarement en rapport exact avec l'or contenu dans la totalité de l'argent granulé, parce que la pesanteur spécifique de celui - ci à celui - là étant comme de 654 à 1200, selon les observations de M. Wolf, il est presqu'impossible que, pendant qu'on verse lentement ces deux métaux en sonte, le plus pesant ne se précipite à - travers le plus leger, & ne rende conséquemment une partie de la grenalle plus riche que l'autre. Voyez - en la preuve aux articles Lotissage, Inquart, Départ, & Poids fictif . Mais passons à la granulation seche.

Le granulatoire sec est une boîte de bois, aussi uniquement destinée à l'usage dont il est question. Il faut qu'elle soit garnie de son couvercle, & capable de contenir au - moins quatre fois plus de métal qu'on n'en veut grenailler d'un seul coup, afin qu'il y ait assez de jeu, & qu'on puisse l'y agiter fortement. Cette boîte doit être faite d'un bois très sec. Nous n'en avons point donné de figure, parce qu'elle n'a rien d'extraordinaire. Nous pensons seulement que celle qui aura le plus d'angles, sera la meilleure. Avant que de s'en servir, on aura soin de frotter uniformément dans tous leurs points, le fond & les parois, de craie ou de cire, ou de blanc dit d'Espagne, qui n'est qu'une craie lavée. Tout autre vaisseau, quel qu'il soit, peut servir à la granulation, pourvû qu'on y puisse secourer fortement un liquide sans craindre qu'il n'en sorte.

On employe ordinairement ce vaisseau pour granuler le plomb, &c. qu'il est indispensable d'avoir divisé pour les essais, soit pour la facilité des pesees, soit pour que le fin y soit uniformement distribué. Voyez Grain de fin, &c. Si on se sert moins du granulatoire à l'eau pour le plomb, c'est parce qu'on peut s'en passer, qu'il y a moins de danger par la voie seche, & qu'elle donne la grenaille plus fine: voici comment on y procede.

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