ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"969"> que par l'ouverture faite des animaux auxquels l'air du bas de la grotte a causé la mort, on ne découvre rien d'extraordinaire ni dans leurs fluides, ni dans leurs solides.

Cependant j'avoue que toutes ces raisons ne suffisent pas, pour porter la conviction dans l'esprit, parce que la nature & les effets des poisons nous sont entierement inconnus; celui - ci peut n'exercer son empire qu'à une certaine distance, & ne produire aucun changement dans le cadavre. Tout ce qu'on a pu découvrir de la qualité des particules minérales qui s'elevent en vapeurs dans la grotte du chien, c'est qu'elles doivent être pour la plupart vitrioliques, du - moins à en juger par la couleur verdâtre de la terre, & par son goût aigrelet qui tient beaucoup de celui du phlegme de vitriol.

Au reste, il est tres apparent qu'on pourroit creuser ici sur la même ligne d'autres grottes sunestes, où les mêmes effets se feroient sentir.

Quoi qu'il en soit, l'antiquité nomme plusieurs autres cavernes celebres par des exhalaisons mortiferes. Telle étoit la Mephitis d'Hiérapolis, dont il est parlé dans Cicéron, dans Galien, & dans Strabon, qui avoient été temoins de ses effets. Telle étoit encore la caverne de Corycie, specus Corycius, dans la Cilicie, qui, à cause de ses exhalaisons empestées, pareilles à celles que les Poëtes donnent à Typhon, étoit appellée l'antre de Typhon, cubile Typhonis. Pompomus Mela n'a pas oublié de la décrire, & elle paroit aussi ancienne qu'Homere: car le mont Arima où il place cette caverne méphitique, étoit à ce que dit Eustathius, une montagne de Cilicie.

Enfin les vapeurs pernicieuses de toute nature ne sont pas rares: & bien qu'elles soient plus fréquentes dans les mines, dans les puits, dans les carrieres, & dans d'autres lieux semblables, on ne laisse pas d'en rencontrer quelquefois sur la surface de la terre, sur - tout dans les pays qui abondent en minéraux, ou qui renferment des seux soûterreins, tels que sont en Europe la Hongrie, la Sicile, & l'Italie. Voyez Exhalaison, Mophete, &c. (D. J.)

Grotte (Page 7:969)

Grotte d'Arey, voyez l'article Arcy.

Grotte (Page 7:969)

Grotte du desert de la tentation, (Géog.) grotte de la Palestine, où l'on suppose sans aucun fondement que Jesus - Christ fut tenté par le démon dans un lieu desert; je dis, où l'on suppose sans aucun fondement, parce que les Evangélistes qui nous donnent le détail de la tentation, ne parlent point de grotte: cependant le P. Nau prétend dans son voyage de la Terre - Sainte, liv. IV. ch. jv. qu'elle se voit sur une montagne de la Palestine, dont le sommet est extrèmement élevé, & dont le fond est un abysme. Il ajoûte que cette montagne se courpant de l'occident au septentrion, présente une façade de rochers escarpés, qui s'ouvrent en plusieurs endroits, & forment plusieurs grottes de differ entes grandeurs. Voilà donc chacun maître de fixer à sa fantaisie sur cette montagne la grotte prétendue de la tentation de notre Sauveur; & comme tout y est également desert, le choix ne sera que plus facile. (D. J.)

Grotte (Page 7:969)

Grotte de Naples, (Géog.) quelques - uns l'appellent aussi grotte de Pouzzoles, parce qu'elle conduit de Naples à Pouzzoles au - travers de la montagne Pausilipe. Voyez Pausilipe. (D. J.)

Grotte (Page 7:969)

Grotte de Pouzzoles, (Géog.) voyez Pausilipe.

Grotte (Page 7:969)

Grotte de Notre Dame de la Balme, (Géog. & Hist. nat.) grotte de France dans le Dauphiné, sur le chetuin de Grenoble. On lui donnoit autrefois 50 toises d'ouverture & 60 de largeur; mais il est arrivé par un nouvel examen que cette spacieuse caverne a diminué prodigieusement de dimension: & les physiciens moernes après bien des recherches, n'ont pû trouver de nos jours, ni le goufre, ni le lac dont parle Mézeray dans la vie de François Lannée 1548. Ce gouffre affreux a entierement disparu, & ce vaste lac se réduit à un petit ruisseau. (D. J.)

Grotte (Page 7:969)

Grotte de Quingey, (Géogr. & Hist. nat.) grotte de Franche - Comté, à une lieue de Quingey, & à cinquante pas du Doux. Elle est longue & large, & la nature y a formé des colonnes, des festons, des trophées, des tombeaux, enfin tout ce que l'on veut imaginer: car l'eau dégouttant sur diverres figures, s'épaissit, & fait mille grotesques. Cette caverne est habitée par des chauves - souris du - haut en - bas; ainsi ceux qui voudront la visiter, doivent faire provision de flambeaux & de just - au - corps de toile, tant pour y voir clair, que pour ne pas gâter leurs habits. Le terrein est fort inégal, selon les congelations qui s'y sont faites; il est même vraissemblable qu'avec le tems il sera entierement bouché. Voyez la description que M. l'abbé Boizot a donnée de cette grotte dans le journal des savans, du 9 Septembre 1686. (D. J.)

Grotte (Page 7:969)

Grotte de la Sibylle, (Géog. & Hist. nat.) grotte d'Italie au royaume de Naples, auprès du lac d'Averne. La principale entrée en est déjà comblée, & celle par laquelle on y parvient aujourd'hui, s'affaisse & se bouche tous les jours; c'est une des merveilles d'Italie qu'il faut rayer de ses fastes. (D. J.)

Grottes (Page 7:969)

Grottes de la Thébaide, (Géog.) Ces grottes sont de vraies carrieres qui, selon le récit des voyageurs, occupent un terrein de dix à quinze lieues, & qui sont creusées dans la montagne du levant du Nil. Voyez Thébaide. (D. J.)

Grotte artificielle (Page 7:969)

Grotte artificielle, (Hist. des Arts.) Les grottes artijicielles sont des bâtimens rustiques faits de la main des hommes, & qui imitent des grottes naturelles autant que l'on le juge à - propos; on les décore au - dehors d'architecture rustique; on les orne en - dedans de statues & de jets - d'eau; on y employe les congelations, les pétrifications, les marcassites, les crystaux, les amétistes, le nacre, le corail, l'écume de fer, & généralement toutes sortes de minéraux fossiles, & de coquillages; chaque nation porte ici son goût particulier; mais un des ouvrages des plus nobles & des plus achevés qu'il y ait eu en ce genre, étoit la grotte de Versailles, qui ne se voit plus qu'en estampe. (D. J.)

GROU (Page 7:969)

GROU, s. m. GROUETTE, s. f. (Hydraulique.) l'un & l'autre se dit d'une matiere pierreuse qui se trouve au - dessus de la superficie des terres; si on néglige de percer cette grouette bien avant & au pourtour du trou où l'on veut planter un arbre, on ne pourra jamais réussir à l'élever. On sent bien que cette croûte pierreuse empêcheroit la communication des engrais & des arrosemens qui font tomber sur les racines d'un arbre les sels qui y sont contenus. Vrai moyen de maintenir la souplesse des plantes, de developper leurs germes, & de donuer à la seve la facilité de se porter de tous côtés. (K)

GROUGROU (Page 7:969)

GROUGROU, s. m. (Hist. nat. bot.) c'est une des especes de palmier qui croissent en Amérique. Le grougrou ne s'éleve pas si haut que le palmier franc; & quoiqu'il soit garni d'épines longues de quatre à cinq pouces, menues comme des aiguilles à tricoter, & extrèmement polies, il ne faut pas pour cela le confondre avec le palmier épineux. Son fruit vient par grappes; il est de la grosseur d'une balle de paume, & renferme un petit cocos plus gros qu'une aveline, noir, poli, & très - dur; au - dedans duquel est une substance blanchâtre, coriace, insipide, & très - indigeste. Cependant les Negres en mangent beaucoup; les Sauvages en font une huile qui renaît en peu de tems, & dont ils se frottent le corps; le chou qui provient de cet arbre est bien meilleur que celui du palmier franc, mais moins délicieux que celui du palmier épineux.

De toutes les îles françoises, celle qui abonde le [p. 970] plus en grougrou, c'est la Grenade; il y a des montagnes qui en sont toutes couvertes. Article de M. le Romain.

GROULARD (Page 7:970)

GROULARD, s. m. voyez Bouvreuil.

GROUP (Page 7:970)

* GROUP, s. m. (Comm.) se dit dans le commerce des paquets d'or ou d'argent en especes que les marchands ou négocians s'envoyent les uns aux autres par la poste, par le messager, ou par quelqu'autre commodité. Ainsi on dit, un paquet, ou un group de deux cents loüis. Dictionnaire de Commerce & de Trévoux. (G)

GROUPPE (Page 7:970)

GROUPPE, s. m. signifie en Peinture l'assemblage de plusieurs objets qui sont tellement rapprochés ou unis, que l'oeil les embrasse à - la - fois. Les avantages qui résultent de cette union dans les ouvrages de la Peinture, tiennent, à ce que je crois, d'une part au principe d'unité, qui dans tous les arts est la source des vraies beautés; d'un autre ils ont rapport à l'harmonie, qui est la correspondance & la convenance générale des parties d'un tout, comme on le verra au mot Harmonie.

Developpons la premiere de ces idées. Si nos yeux n'étoient pas asservis à la nécessité de rassembler leurs rayons visuels à - peu - près dans un même point, pour appercevoir nettement un objet; si au contraire nos yeux indépendans l'un de l'autre, pouvoient s'occuper également de plusieurs objets séparés les uns des autres; si leurs perceptions rapportées au terme qui fait la liaison de notre partie intellectuelle avec nos ressorts matériels, pouvoient sans se nuire exciter à - la - sois différentes idées, vraissemblablement le principe d'unité seroit sujet à contestation, ou n'existeroit pas, & l'usage de groupper seroit moins autorifé; mais la nécessité où nous sommes de n'appercevoir, de ne sentir, de ne penser qu'un seul objet à - la - fois, nous oblige d'établir ce principe d'unité auquel nous sommes astreints; & c'est pour s'y conformer que l'artiste qui traite un sujet rassemble le plus qu'il lui est possible, les objets dont il souhaite que le spectateur s'occupe & joüisse. L'usage de former des grouppes est donc pris dans la nature, quoiqu'il se rencontre peut - être rarement que dans une action qu'on peint, les objets soient rassemblés & unis précisément comme le peintre a intérêt de les unir & de les rassembler. Mais en justifiant aux Artistes une forme de composition, dont la plûpart ne se sont peut - être pas rendu une raison bien exacte; je leur observerai que l'on a abusé, & que l'on abuse encore de l'usage où l'on est de groupper, & que les conventions auxquelles on semble avoir soûmis cette partie de la composition, peuvent entraîner une école entiere à des défauts essentiels.

C'est principalement dans le genre héroïque de la Peinture, qu'il est essentiel d'approfondir de quelle considération l'usage de groupper doit être pour les Artistes. Dans un tableau d'histoire, le but principal du peintre est de fixer les yeux du spectateur sur l'objet le plus intéressant de la scene. Deux moyens principaux s'offrent pour cela: l'effet & l'expression. Il est le maître de l'un, il n'a aucun droit sur l'autre.

L'expression est indépendante de l'artiste, puisque la nature, d'une justesse invariable dans ses mouvemens, ne laisse rien au choix du peintre, & qu'il s'égare des qu'il la perd de vûe.

L'effet est subordonné à l'artiste, parce que cette partie qui dépend de plusieurs suppositions arbitraires, lui permet de disposer le lieu de la scene, les objets qui le constituent, & la lumiere, de la maniere la plus favorable à son projet. C'est en conséquence de cette liberté qu'il forme des especes de divisions dans son sujet, & que celle de ces divisions qui doit renfermer son objet principal, est le but le plus intéressant de ses réflexions & de son travail.

En conséquence il dirige vers ce point sa plus brillante lumiere; mais si l'objet principal est seul & isolé, cette lumiere pourra bien s'y distinguer par quelques touches éclatantes, mais elle n'attirera pas l'oeil par sa masse; il faut donc, s'il est possible, reproduire cette lumiere, l'étendre autour de l'objet principal, enfin former un grouppe de lumieres qui se lient, qui s'unissent, & dont la masse étendue frappe l'oeil du spectateur & le retienne. Cette sorte de grouppe qui tient à la partie de l'harmonie, est celle qui risque le moins de s'éloigner de la nature; elle est d'une ressource infinie pour ceux qui savent l'employer: c'est une espece de magie d'autant plus puissante que ses prestiges sont cachés sous les apparences les plus naturelles; c'est enfin, j'ose le dire, un des moyens les plus puissans que puisse employer l'art de la peinture. La seconde espece de grouppe est celle qui consiste dans l'assemblage de plusieurs figures, dont l'union est l'effet d'une composition refléchie; la nature offre des exemples de ces assemblages, mais ils ne sont pas toûjours assez heureux pour que l'artiste les adopte tels que le hasard les assemble; il se croit autorisé s'il les copie, à y faire quelques changemens dont il espere plus de grace dans la forme générale du grouppe; il lui arrive alors de considérer un grouppe de plusieurs figures comme un seul corps, dont il veut que les différentes parties contrastent, dans lequel il évite avec soin (heureux si ce n'est point avec affectation) la moindre uniformité de position dans les membres, où il cherche enfin à quelque prix que ce soit une forme pyramidale, qu'il croit, sur la foi du préjugé, faite pour plaire préférablement à d'autres.

Il est bien facile de sentir combien cette espece de méchanisme s'éloigne de la nature; il est aisé de voir quelle porte on ouvre par - là au préjugé, à la mode, & à ces especes d'imitations de maniere, qui circulant d'attelier en attelier, attaquent l'art dans ses principes, & qui parviendroient à l'asservir, si le génie, par son indépendance, ne rompoit ces indignes chaînes.

Je ne prétends pas cependant qu'on doive se refuser à groupper les figures principales d'un objet, lorsque le sujet le comporte. Je ne dis pas même qu'en grouppant plusieurs figures, on ne doive éviter certaines rencontres desagréables ou trop uniformes; mais qu'il y a loin d'un choix sage & réservé que j'approuve, d'un art modéré qui se cache si bien qu'on le prend pour la nature même, à des oppositions recherchées & à des contrastes affectés, par le moyen desquels les figures d'un grouppe ressemblent à une troupe de danseurs dont les pas, dont les attitudes, dont tous les mouvemens sont combinés & écrits?

Quelques auteurs ont établi des regles sur la quantité de grouppes qu'on doit admettre dans une composition; je n'engagerai jamais les Artistes à adopter ni à former des systèmes de compositions de cette espece. Les détails dans lesquels je pourrois m'étendre sur cela, ont rapport aux mouvemens qu'occasionnent certaines passions; & je les réserve pour l'article où ce mot sera traité dans ses rapports avec la Peinture. Article de M. Watelet.

Grouppe (Page 7:970)

Grouppe, s. m. en Musique, selon l'abbé Brossard, se dit de quatre notes égales & diatoniques dont la premiere & la troisieme sont sur le même degré. Quand la seconde note descend & que la quatrieme monte, c'est grouppe ascendant; quand la seconde monte & que la quatrieme descend, c'est grouppe descendant; & il ajoûte que ce nom a été donné à ces notes à cause de la figure qu'elles forment ensemble.

Je ne me souviens pas d'avoir jamais oüi prononcer ce mot de grouppe, ni même de l'avoir lu dans

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