ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"941"> paration de nos châteaux, ils ne le pourront prendre dans nos forêrs, fors que par la main desdits maîtres ». Il sembleroit par - là que les grenetiers fussent alors chargés de la réparation des maisons royales, ce qui paroît pourtant bien étrange à leur fonction. Mais on soupçonne qu'au lieu de grenetiers, il pouvoit y avoir gruyers; ce qui est d'autant plus probable, que cette ordonnance supprime les gruyers, & leur ôte tout pouvoir sur les bois.

Une instruction faite en 1360 par le grand - conseil du roi, sur la maniere de lever l'aide ordonnée pour la délivrance du roi Jean, porte que le grenetier commis à chaque grenier à sel payeroit aux marchands le sel qui se trouveroit dans le lieu, & qu'il le revendroit au profit du roi, le quint denier de plus; on voit par - là que les grenetiers faisoient alors l'office de receveur des gabelles. Dans la suite ces deux fonctions furent séparées; on ne laissa au grenetier que l'inspection sur le grenier à sel, & la jurisdiction.

Les grenetiers furent compris dans la défense que Charles V. fit le 13 Novembre 1372 à certains officiers de se mêler d'aucun fait de marchandise.

Le 6 Décembre suivant il leur ordonna de remettre tous les mois le produit de leurs greniers au receveur du diocèse où leur grenier étoit établi.

Les généraux des aides avoient le pouvoir de les nommer, & à l'exclusion de tous autres juges, celui de les punir, s'ils commettoient quelque malversation dans l'exercice de leurs fonctions; on envoyoit quelquefois dans les provinces des réformateurs pour punir ceux d'entre ces officiers & autres préposés à la levée des aides qui avoient malversé.

L'ordonnance de Charles VI. du premier Mars 1388, autorise les thrésoriers de France à voir les états des grenetiers, receveurs, & vicomtes des aides avant la reddition de leurs comptes, toutes les fois que bon leur semblera, & lorsqu'ils étoient mandés à la chambre pour aller compter, s'ils ne s'y rendoient pas au jour qui leur ctoit assigné, ils étoient sujets à l'amende pour cause de leur desobéissance, suivant une autre ordonnance de la même année.

Il fut aussi enjoint dans le même tems aux grenetiers d'exercer leur office en personne, & non par des lieutenans.

On leur donna des contrôleurs pour tenir un double registre de leur recette & dépense.

On ne voit point rien jusque - là qui fasse mention que les grenetiers fissent des actes de jurisdiction. Il y a néanmoins apparence qu'ils en avoient déjà quelqu'un. En effet, dans une instruction donnée par Charies VI. au mois de Juillet 1388, il est dit que si quelqu'officier des aides est battu ou injurié, information en sera faite par les élus ou grenetiers, ou par celui ou ceux qu'ils y commettront; que ceux qui seront trouvés coupables, seront punis; que si pour ce faire les élus ou grenetiers, ou leurs commis ont besoin de conseil ou de force, ils appelleront les baillis & juges du pays, & le peuple, si besoin est, & que de tels cas les élus & grenetiers auront la connoissance, punition, ou correction; ou que si bon leur semble, ils la renvoyeront à Paris devant les généraux des aides, lesquels pourront les évoquer, & prendre connoissance, quand même les élus & grenetiers ne la leur auroient pas renvoyée.

Il est encore dit que toutes manieres de gens menans & conduisans sel non gabellé, à port d'armes ou autrement, seroient par les grenetiers & contrôleurs, & par toutes justices où ils viendroient & passeroient, pris & punis de corps & de biens, selon que le cas le requerroit; que si les grenetiers, contrôleurs, ou autres gens de justice demandoient aide pour le roi, chacun seroit tenu de leur aider, sur peine d'amende arbitraire.

Les anciennes ordonnances concernant la juris<cb-> diction des grenetiers & contrôleurs, furent tenouvellées par celle de Louis XII. du 24 Juin 1500, qui leur attribue la connoissance de toutes causes, querelles, débats, rébellions, injures, outrages, battures, meurtres, exactions, concussions, sraudes, fautes, & de tous excès, crimes, déhts, maléfices, faussetés, procès, & matieres procédant du fait des gabelles, quart de sel, fournissement des greniers à sel, circonstances & dépendances en premiere instance, jusqu'à condamnation & exécution corporelle, sauf l'appel aux généraux des aides, appelsés depuis cour des aides.

Les commissions de grenetier & de contrôleur furent érigées par François I. en titre d'office; & le sel devenant par la suite un objet de plus en plus important pour la finance qui en revient au roi, Henri II. créa des grenetiers & contrôleurs alternatifs, afin que pendant que les uns seroient en exercice pour la distribution & vente du sel, & pour rendre la justice, les autres fissent la recherche dans les paroisses de l'étendue de leur grenier.

Ces grenetiers & contrôleurs alternatifs furent depuis supprimés en 1555, & rétablis en 1572. En 1615 on en créa de triennaux, pour exercer avec l'ancien & l'alternatif, chacun de trois années l'une. Il y a eu depuis différentes suppressions & réunions de ces grenetiers alternatifs & triennaux.

Anciennement le grenetier étoit le premier officier du grenier à sel; mais depuis la création des présidens, dont l'époque est de 1629, il n'est plus que le second officier du tribunal. Voyez Chenu, des offices de France, tit. de la gabelle, & aux mots Gabelles, Grenier a Sel, & Sel . (A)

GRENIER (Page 7:941)

* GRENIER, s. m. (Econom. rustiq.) Il y ade grenier à blé, & c'est celui où l'on serre le grain ou le blé après qu'il est battu; il y a le grenier à foin, c'est celui où l'on serre le foin. Le grenier est aussi le réceptacle de beaucoup d'autres provisions, sur - tout de celles qui veulent être gardées seches, de même que la cave est le réceptacle de celles qui ne craignent point l'humidité, ou qui la demandent. Les caves sont les lieux les plus bas des maisons, & les greniers en sont les lieux les plus hauts: le grenier est immédiatement sous la couverrure.

On conseille de donner aux greniers l'exposition du nord, autant que le terrein & le bâtiment peuvent le permettre, parce que cette exposition est la plus froide ou la plus tempérée dans les chaleurs.

On a observé que les meilleurs greniers sont bâtls de brique, dans laquelle on ajuste en - dedans des soliveaux pour y cloüer des planches dont les côtés intérieurs du mur doivent être revêtus de maniere que la brique soit assez exactement bouchée pour que la vermine ne puisse s'y cacher. On peut y pratiquer plusieurs étages les uns sur les autres, qui n'ayent que fort peu d'élévation, parce que plus le ble est couché bas, moins on a de peine à le remuer.

Quelques - uns ont pratiqué deux greniers l'un sur l'autre, & ont rempli de blé celui d'en - haut, en faisant un petit trou au milieu du plancher pour faire tomber le grain dans celui d'en - bas, comme le sable tombe dans une sabliere: quand tout le blé se trouve dans le grenier d'en - bas, on le reporte dans celui d'enhaut, & par ce moyen on donne au blé un mouvement perpétuel qui le garantit de la corruption.

On empêche le blé de s'echauffer, en faisant partout des trous quarrés dans les murs du grenier, & en y faisant passer des tuyaux de bois pour donner du jour & de l'air.

Grenier public (Page 7:941)

Grenier public, (Hist. rom). Les greniers publics de Rome destinés à serrer les blés, composoient de vastes bâtimens dont l'intérieur formoit une grande cour environnée de portiques à colonnades; c'étoit dans ces vastes bâtimens que l'on gardoit des pro<pb-> [p. 942] visions de blé pour plusieurs années, afin d'entretenir l'abondance, & de ne se point ressentir dans la capitale des tems de stérilité; on en taxoit le prix d'après lequel on le vendoit aux particuliers; les tributs que quelques provinces de l'empire payoient en blé, servoient à remplir ces greniers: l'on y prenoit celui qu'on donnoit tous les mois aux citoyens inscrits sur les rôles des distributions gratuites. (D. J.)

Grenier à Sel (Page 7:942)

Grenier à Sel, (Commerce.) c'est un magasin ou dépôt où l'on conserve les sels de la ferme des gabelles. Voyez Gabelle.

Grenier à sel se dit encore de la jurisdiction où se jugent en premiere instance les contraventions sur le fait du sel; les officiers aux greniers à sel en connoissent définitivement au - dessous d'un quart de minot; au - dessus elles peuvent être portés par appel à la cour des aides.

Cette jurisdiction est composée de présidens, de lieutenans, de grenetiers, de contrôleurs, d'avocats & procureurs du roi, de greffiers, d'huissiers, & de sergens. Toutes ces charges sont doubles dans le grenier à sel de Paris, & les officiers servent alternativement d'année en année, à l'exception des avocats du roi & du premier huissier, qui sont toûjours de service; pour les greffiers, ils ne servent que de trois années l'une. Il y a encore à Paris, outre ces officiers, un garde - contrôleur des mesures, un vérificateur des rôles, un capitaine, un lieutenant, & treize gardes. Les greniers à sel départis dans les provinces ont les mêmes officiers, mais seulement un de chaque rang.

Les directions pour les greniers à sel du royaume sont au nombre de dix - sept, savoir:

                    Paris.
Soissons,              Laval,
Abbeville,             Le Mans,
Saint - Quentin,        Berry,
Châlons,               Moulins,
Troyes,                Roüen,
Orleans,               Caën,
Tours,                 Alençon;
Anjou,                 Dijon.

Ces dix - sept directions contiennent deux cents quarante - quatre greniers à sel, & trente - six dépôts & contrôles.

La direction de Paris a vingt - sept greniers à sel.

Celle de Soissons, douze. Laval, neuf.
Abbeville, aussi douze.   Le Mans, treize.
Saint - Quentin, fix.       Berri, onze, & six dépôts
Châlons, neuf.              & contrôles.
Troyes, onze.             Moulins, douze, & dix - Orleans, vingt - un.          neuf dépôts & contrôl.
Tours, seize, & sept dé - Roüen, vingt - deux.
 pôts & contrôles.      Caën, seulement deux.
Anjou, onze, & quatre    Alençon, quatorze.
 dépôts & contrôles.    Dijon, trente - six.

Tous ces greniers sont régis en chef par les fermiers généraux, qui ont sous eux les directeurs, les receveurs, & les contrôleurs des dix - sept directions générales, & sous ceux ci sont d'autres directeurs, contrôleurs, & receveurs particuliers, qui sont chargés du détail de chaque dépôt & grenier à sel.

Les autres commis & officiers subalternes, sont les capitaines, leurs lieutenans, & les archers des gabelles, départis en grand nombre dans tous les greniers à sel, & particulierement sur les passages des provinces où l'on craint le reversement & commerce du faux sel; les jurés mesureurs de sel, & les porteurs de sel, les uns & les autres pourvûs en titre d'office; les manouvriers, les magasiniers, comme remueurs, briseurs, & enfin les voituriers par eau ou par terre, qui sont tous entretenus aux dépens de la ferme. Dictionn. de Commerce. (G)

Grenier (Page 7:942)

Grenier, (Marine, ou Architecture navale.) ce sont des planches qu'on met au fond de cale & aux côtés jusqu'aux fleurs, quand on veut charger en grenier; ces planches servent à conserver les marchandises.

On dit charger en grenier, quand ce sont des marchandises qu'on met au fond de cale sans les emballer, comme du sel, du blé, des légumes, &c. (Z)

GRENOBLE (Page 7:942)

GRENOBLE, Gratianopolis, (Géogr.) ancienne ville de France, capitale du Dauphiné, avec un évêché suffragant de Vienne, & un parlement érigé en 1493 par Louis XI. qui n'étoit encore que dauphin; mais son pere ratifia cette érection deux ans après.

Grenoble est sur l'lsere, à onze lieues S O. de Chambéri, quarante - deux N. O. de Turin, seize S. E. de Vienne, cent vingt - quatre S. O. de Paris. Long. suivant Harris, 23d. 31'. 15". suivant Cassini, 23d. 14'. 15". latit 45d. 11'.

Cette ville reçut le nom de Gratianopolis de l'emperear Gratien fils de Valentinien I. car elle s'appelloit auparavant Cularo; & c'est sous ce nom qu'il en est parlé dans une lettre de Plancus à Cicéron, epist. xxiij. Long - tems après, les Romains l'érigerent en cité: dans le cinquieme siecle, elle fut assujettie par les Bourguignons, & dans le sixieme par les François Mérovingiens; ensuite elle a obéi à Lothaire, à Boson, à Charles le Gros, à Louis l'Aveugle, à Rodolphe II. à Conrad & à Rodolphe le lâche, ses fils, qui lui donnerent de grands priviléges.

On met au nombre des jurisconsultes dont Grenoble est la patrie, Pape (Guy), qui mourut en 1487; son recueil de décisions des plus belles questions de droit, n'est pas encore tombé dans l'oubli.

M. de Bouchenu de Valbonnais, (Jean Pierre Moret) premier président du parlement de Grenoble, né dans cette ville le 23 Juin 1651, mérite le ture du plus savant historiographe de son pays, par la belle histoire du Dauphiné, qu'il a publiée en trois vol. in fol. il est mort en 1730, âgé de 79 ans. Il voyagea dans sa jeunesse, & se trouva sur la flotte d'Angleterre à la bataille de Solbaye, la plus furieuse qu'eût encore vû Ruyter, & où l'on s'attribua l'avantage de part & d'autre. (D. J.)

GRENOIR (Page 7:942)

GRENOIR, s. m. (Art milit.) instrument dont on se sert pour mettre la poudre à canon en grain. Voy. l'article Poudre à Canon, & l'article Salpetre.

GRENOUILLE (Page 7:942)

GRENOUILLE, rana, s. f. animal qui a quatre piés, qui respire par des poumons, qui n'a qu'un ventricule dans le coeur, & qui est ovipare. On distingue deux sortes de grenouilles; les unes restent ordinairement dans l'eau & sont appellées grenouilles aquatiques; les autres se trouvent sur les feuilles des arbrisseaux & même des arbres: on leur donne le nom de rainettes. Voyez Rainette.

La grenouille a quatre doigts aux piés de devant; & cinq à ceux de derriere, avec des nageoires. Les jambes de derriere sont plus longues & plus fortes que celles de devant. Cet animal a la tête grosse, le cou large & court, le bout du museau mince, les yeux gros, & la bouche grande. La peau est inégale & tuberculeuse dans quelques endroits. Les unes sont vertes, les autrés brunes ou jaunâtres; le ventre est blanc & tacheté de noir. La grenouille est amphibie: elle n'a pas besoin de prendre l'air souvent; car on en a retenu sous l'eau qui y sont restées vivantes pendant quelques jours, cependant elles s'élevent à la superficie de l'eau pour respirer, & elles en sortent pour s'exposer au soleil. Cet animal a la vie très - dure, si c'est vivre que de s'agiter & de sauter pendant quelque tems après qu'on lui a ouvert la poitrine & le ventre, & qu'on en a arraché le coeur

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