ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"858"> cette vérité avec douleur: il est triste que la bonté n'accompagne pas toûjours la force, que l'amour du juste ne prévale pas nécessairement sur tout autre amour dans tous les hommes & dans tout le cours de leur vie; mais non - seulement les grands - hommes se laissent entraîner au vice, les vertueux même se démentent, & sont inconstans dans le bien. Cependant ce qui est sain est sain, ce qui est fort est fort. Les inégalités de la vertu, les foiblesses qui l'accompagnent, les vices qui flétrissent les plus belles vies, ces défauts inséparables de notre nature, mêlée si manifestement de grandeur & de petitesse, n'en détruisent pas les pertections: ceux qui veulent que les hommes soient tout bons ou tout méchans, nécessairement grands ou petits, ne les ont pas approfondis. Il n'y a rien de parfait sur la terre; tout y est mélangé & fini; les mines ne nous donnent point d'or pur. Cet article est tiré des papiers de M. Formey.

GRANDIN (Page 7:858)

GRANDIN, voyez Bouget.

GRANGE (Page 7:858)

GRANGE, s. f. (Econ.) lieu où l'on sert, où l'on bat les grains.

GRANIQUE (Page 7:858)

GRANIQUE, (le) Géog. anc.) Granicus, riviere de la Troade en Asie. Elle a sa source au mont Ida, coule en serpentant tantôt vers le S. E. tantôt vers le N. O. & enfin se tourne vers le N. N. O. avant que de tomber dans le Propontide.

Cette riviere si fameuse par la premiere bataille que le plus grand capitaine de l'antiquité gagna sur ses bords, ne doit point perdre son nom quand on parlera d'Alexandre, de Darius, & des tems reculés. Les Turcs l'appellent Sanson; elle est aujourd'hui très - petite, presque à sec en été, & cependant se déborde quelquefois considérablement par les pluies. Son fond n'est que sablon & gravier, & les Turcs qui négligent entierement de nettoyer les embouchures des rivieres, ont laissé combler celle du Granique; aussi n'est - il plus navigable par cette seule raison, & même près de la mer où il est assez large. On le traverse au - dessous d'un village nommé Sousighirli; sur un méchant pont de bois à piles de pierre, qui sont peu assûrées. Voyez les voyages de Spon, de Lucas, de Wheeler, & de Tournefort. (D. J.)

GRANIT, ou GRANITE (Page 7:858)

GRANIT, ou GRANITE, (Hist. nat. Lithologie.) c'est une pierre opaque très - dure, qui donne des étincelles lorsqu'on la frappe avec de l'acier, & qui doit être mise par conséquent au rang des jaspes ou des pierres quartreuses & non des marbres, comme quelques auteurs l'on prétendu; les acides n'agissent point sur les vrais granits. Wallerius fait du granit une variété du porphyre; il y a tout lieu de croire que ce n'est qu'une même pierre, qui n'en differe que par la couleur qui est purement accidentelle, & qui ne change rien à la nature de la pierre. Voyez Porphyre. Cependant M. Pott prétend que le granit est d'un grain beaucoup plus grossier que le porphyre. Le granit est ordinairement d'un blanc sale, rempli de taches noirâtres, ou d'un gris foncé; il y en a dans lequel on trouve des particules talqueuses, luisantes, ou du mica. Il y a du granit qui est entre - mêlé de taches d'un rouge pâle, d'autre d'un rouge violet; c'est celui que les Italiens nomment granito rosso; il étoit le plus estimé des anciens, qui le nommoient syenites ou piropoecilon. On le trouvoit, suivant Pline, en Arabie, & dans la haute Egypte; il prenoit un poli admirable. C'est de cette espece de granit que sont faits les fameux obélisques égyptiens que l'on voit encore à Rome. Voyez Pline, Hist. natur. livre XXXVI. chap. viij. Quelques gens ont cru que le granit étoit une pierre composée par art, & que les anciens avoient le secret de coller ensemble de petits morceaux de pierres pour en former des colonnes ou des obélisques d'une grandeur demesurée; c'est la grandeur de ces ouvrages qui semble avoir donné lieu à cette opinion qui n'est point fondée; car, suivant le témoignage de Shaw, dans ses voyages en Egypte & au Levant, on voit encore des carrieres considérables de granit dans l'Arabie pétrée. Il s'en trouve encore dans beaucoup d'autres parties du monde; le granit se rencontre en masses de roche d'une grandeur énorme, & tout l'art des anciens consistoit à en détacher des morceaux très - grands dont ils faisoient leurs colonnes & leurs obelisques.

C'est improprement que l'on donne le nom de granit à des pierres composées qui ont à peu - près le même coup - d'oeil que lui; ces dernieres ne sont pas à beaucoup - près d'une dureté aussi grande; il y en a de ces dernieres qui sont composées en grande partie de spath calcaire feuilleté; elles s'egrenent facilement & se pulvérisent. On trouve aussi des particules de quartz qui sont tres dures dans ces saux granits: quand on ne s'en rapporte qu'au coup - d'oeil, il est très - aisé de se tromper, & l'on jetteroit une grande confusion dans l'histoire naturelie des pierres, en appellant granit tout ce qui lui ressemble; il paroît que l'on ne doit donner ce nom qu'à une pierre composée, dont toutes les parties sont tres dures. Au reste, il semble que les particu es no res qui se trouvent même dans le granit véritab e, n'ont point encore été suffisamment examinées; il y a des raisons de présumer qu'elles ne sont point de la même nature que les particules blanches ou rouges qu'on y remarque.

Le Dauphiné est rempli de roches de granit blanc & gris, sur - tout le long des bords du Rhône; il s'en trouve aussi en Bourgogne & en Bretagne: mais souvent celui qu'on trouve dans ces deux provinces semble devoir être mis dans la classe du faux granit, étant entre - mêlé de parties spathiques & calcaires. ( - )

Presque toutes les îles de l'Archipel sont couvertes d'un granit blanc ou grisâtre, pétri naturellement avec des morceaux de talc noirâtres & brillans. M. de Tournefort en a vû à Constantinople, dont le fond est isabelle, piqué de taches couleur d'acier.

Le granit violet oriental, qui est marqueté de rouge & de blanc, vient de l'ile de Chypre.

Le granit se trouve aussi fréquemment dans toute l'Europe; celui de Corse qu'on tire près de San - Bonifacio, est rouge, mêlé de taches blanches; celui de Monte - Antico, près de Sienne, est verd & noir. Celui de l'île d'Elbe sur la côte de Toscane, est roussâtre; les Romains l'aimoient, & en tiroient une grande quantité de cet endroit là. Le granit pfaronien est ainsi nommé de ses taches qui imitent la couleur du sansonet; le granit de Saxe est pourpre. La basse - Normandie a des carrieres de granit du côté de Granville, qu'on employe sous le nom de carreaux de Saint - Sévere pour les chambranles des portes & des cheminées; le Maine a du granit difficile à polir. Celui de Dauphiné est une espece de caillou extrèmement dur, & d'ailleurs bien veiné; sa réputation avoit été autrefois grande; mais la carriere ayant été négligée, on en a presque perdu la connoissance. Toutes les colonnes qui passent pour être de pierre fondue, sont de granit des provinces de ce royaume.

On trouve en abondance dans l'île de Minorque de superbe granit rouge & blanc, marqueté de noir, de blanc, & de jaunâtre, dont on a fait à Londres de très - beaux dessus de table. L'Angleterre, l'Irlande, les comtés de Cornouailles & de Devonshire, possedent deux sortes de granit, du noir & blanc, fort dur, qu'on nomme moor - stone, & du granit rouge, blanc, & noir, d'une grande beauté. (D. J.)

GRANSBAINS (Page 7:858)

GRANSBAINS, (Géog.) chaîne de montagnes qui traverse l'Ecosse, & qui la sépare en deux, savoir [p. 859] en citérieure & en ultérieure; elle s'étend en long depuis l'embouchure de la Dée à l'E. vers Aberdeen, jusqu'au iac de Lomond à l'O. C'est une partie du mont Grampins, dont Tacite fait mention dans la vie d'Agricola, où il décrit la victoire que ce général remporta près de cette montagne sur Galgacus roi d'Ecosse. (D. J.)

GRANSON (Page 7:859)

GRANSON, Gransonium, (Géog.) petite ville de Suisse au pays de Vaud, capitale d'un bailliage de même nom. Granson est mémorable par la bataille que les Suisses y gagnerent contre Charles, dernier duc de Bourgogne en 1475. Elle est située sur le bord occidental du lac de Neufchatel, à une lieue d'Iverdun. Long. 24. 32. latit. 46. 48. (D. J.)

GRANTHAM (Page 7:859)

GRANTHAM, Grathamium, (Géog.) ville à marché d'Angleterre en Lincolnshire, sur la riviere de Wintham; elle a droit d'élire deux députés au parlement. Elle est à 3 lieues S. de L'Incoln, 30 N. de Londres. Long. 16. 32. latit. 52. 50. (D. J.)

GRANVILLE (Page 7:859)

GRANVILLE, Grandisvilla, (Géog.) petite ville maritime de France dans la basse - Normandie, avec un port. Elle est en partie sur un rocher, & en partie dans la plaine, à 5 lieues d'Avranches, à 6 de Coutance vers la Bretagne, & à 74 N. O. de Paris. Les Anglois ont bâti Granville sous Charles VII. Long. suivant Cassini, 15d. 54'. 18''. lat. 48d. 50'. 6''. (D. J.)

GRANULATION (Page 7:859)

GRANULATION, s. f. (Métall.) réduction des métaux en poudre ou en petite grenaille, afin qu'ils puissent se fondre plus aisément, & se mêler plus également avec d'autres corps dans certaines opérations délicates.

C'est ce qu'on exécute d'une façon grossiere par la voie humide, en jettant les métaux quand ils sont en fufion, dans l'eau froide, au - travers d'un balai de geaêt ou de bouleau tout neuf; ou plûtôt en les faisant passer dans un cylindre creux percé de trous, espece de couloir destiné à cette opération. Mais la meilleure méthode de granuler les métaux cassans, se pratique par la voie seche, c'est - à - dire en jettant ces sortes de métaux au moment qu'ils sont en fusion, dans une boîte de bois bien enduite intérieurement de craie: on granule parfaitement Je plomb de cette maniere, & voici comment il faut s'y prendre.

Mettez une certaine quantité de plomb dans une cueillere de fer; faites - le fondre lentement sur un petit feu; dès qu'il sera entierement liquéfié, versez - le dans votre boîte de bois, dont l'intérieur, ainsi que son couvercle, qui doit être juste & bien fait, seront partout enduits de craie; secouez sur le champ votre boite avec le métal fondu que vous venez d'y verser, & secouez - la fortement, ensorte que le métal soit violemment agité contre toutes les parois de la boîte; continuez cette agitation jusqu'à ce que le métal soit refroidi; alors ouvrez la boîte, & vous trouverez la plus grande partie de votre métal finement granulé, c'est - à - dire réduit en très - petits grains; lavez tous ces grains dans l'eau chaude, vous enleverez la craie qui s'y est attachée; enfin passez - les par des couloirs pour en trier les diverses grosseurs.

Le plomb, l'étain, le cuivre, sont les métaux les plus propres à ce procedé, parce qu'ils deviennent très - cassans lorsqu'ils entrent en fusion. La craie dont on couvre tout l'intérieur de la boîte de bois, y donne une grande force de résistance, & l'empêche de se brûler, tandis que le métal secoué contre ses parois, acquérant de la fragilité, à mesure qu'il se refroidit, se réduit par les secousses réitérées en une fine poudre, qu'on ne peut obtenir par aucune autre méthode.

Il y a pourtant quelques précautions à suivre dans ce procédé, qu'il est bon de savoir; 1°. le plomb ne doit pas être fondu à un feu violent, parce qu'il dépose dans la fusion une pellicule sur sa surface, qui se regenere aussi souvent qu'on l'écarte; de sorte que toutes ces pellicules se mêlant avec le métal, tandis que vous le secouez dans votre boîte, s'opposent à la granulation; 2°. quoique le feu ne soit pas violent, il faut observer que le plomb soit toûjours fluide; autrement il se réuniroit en masse presque aussi - tôt que vous le verseriez dans la boîte; vous n'en retireriez donc que peu de poudre, & vous seriez obligé de répéter le procédé à plusieurs reprises; 3°. l'espece de granulation dont nous parlons, ne doit pas s'appliquer à tous les métaux; on ne peut l'obtenir de ceux qui sont d'autant plus tenaces, qu'ils approchent davantage de la fusson L'or & l'argent, par exemple, sont de cette classe; ils ne peuvent être granulés que par la méthode humide & grossiere de l'eau froide: du - moins les découvertes de nos jours en ce genre ne s'étendent pas plus loin. (D. J.)

GRANULATOIRE (Page 7:859)

GRANULATOIRE, s. f. voyez Grenailler.

GRAPHIQUE (Page 7:859)

GRAPHIQUE, adjectif, (Astron.) on appelle en Astronomie opération graphique, celle qui consiste à résoudre certains problemes d'Astronomie par le moyen d'une ou de plusieurs figures tracées en grand sur un papier, & relatives à la solution de ces problèmes. Si ces opérations ne donnent pas une solution extrèmement exacte, elles donnent en récompense la solution la plus prompte, & fournissent une premiere approximation commode, qu'on peut ensuite pousser plus loin en employant le calcul. Ainsi on employe les opérations graphiques pour avoir d'abord une solution ébauchée du problème des cometes, de celui des éclipses, & de quelques autres. On peut en voir des exemples dans différens ouvrages d'Astronomie. (O)

GRAPHOIDE (Page 7:859)

GRAPHOIDE, s. f. (Anat.) ce mot se dit 1°. de l'apophyse stiloïde, qui est une appendice de l'os des tempes, faite en forme de petit stilet, longue, aiguë, déliée, & tant - soit peu courbée, comme les éperons ou les ergots du coq. 2°. Quelques - uns donnent aussi, quoique mal - à - propos, le nom de graphoïde au muscle digastrique. 3°. Enfin d'autres donnent la même dénomination à une petite extension du cerveau qui part de la base de ce viscere, & panche en - arriere.

C'est ainsi que les termes grecs sont par un malheur inévitable tellement multipliés en Medecine & en Anatomie, pour signifier une même chose & même des choses différentes, que pour en étendre les sons & les diverses applications, on est obligé de perdre sur la science aride des mots, le tems le plus précieux de la vie, & qu'on pourroit employer utilement à la connoissance des choses qu'ils désignent.

Graphoide vient de GRA/FW, j'écris, & EI)=DOS2, forme; voilà pourquoi ce mot est donné à diverses choses qui ont la forme plus ou moins approchante d'une plume dont nous nous servons pour écrire. (D. J.)

GRAPHOMETRE (Page 7:859)

GRAPHOMETRE, s. m. (Géom. prat.) nom que plusieurs auteurs donnent à un instrument de mathématique, appellé plus communément demi - cercle.

Ce mot vient de deux mots grecs, GRA/FW, j'écris, & ME/TRON, mesure; apparemment parce que les divisions de degrés qui sont sur cet instrument donnent, pour ainsi dire, par écrit la mesure des angles qu'on observe par son moyen.

On a vû au mot Demi - Cercle en quoi cet instrument differe de l'équerre d'arpenteur. V. Equerre d'Arpenteur. Il differe de la planchette en ce que celle - ci est un instrument beaucoup plus simple & sans aucune division. Voyez Planchette">Planchette. Ce dernier est plus expéditif, mais le graphometre est plus exact; cependant quand il s'agit d'opérations trigonométriques qui demandent une grande précision, comme de celles qu'il faut faire pour mesurer les

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