ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"757"> résulte un second point d'appui, sans lequel l'embouchure ne peut faire une unpression suffisante sur les barres: outre que cette chaine effectue ce point d'appui, elle exerce une action nécessaire & plus ou moins vive, sur la partie contre laquelle elle est extérieurement appliquée. Voyez Emboucher & Mors.

Rien n'est plus singulier que de voir les écuyers qui nous ont précédés, s'épuiser en recherches sur les moyens de varier les formes des gourmettes, & s'éloigner toûjours davantage de la sorte de construction dont ils auroient pû retirer une utilité réelle. Les unes étoient d'une seule piece, polie avec soin, & à - peu - près contournée comme le fer des caveçons: les autres, que l'on nommoit gourmettes à la ciguette, différoient peu de celles - ci par la figure; mais le côté qui portoit sur la barbe étoit taillé en dents plus ou moins aiguës, & toûjours capables d'estropier l'animal. Il y en avoit des plates & à charniere; quelques - unes étoient faites de chaînons repliés quarrément; plusieurs ne consistoient qu'en une verge de fer formant un anneau, & attachée au sommet du montant de l'embouchure, ainsi que dans le mors à la genette. Voyez Genette. Quelquefois on substituoit à cette verge de fer de petites chaînes très - legeres, des cordons de soie; souvent aussi on employoit des gourmettes de cuir, de chanvre tressé, de sangle doublée. Or qu'annoncent tous ces travaux & tous ces essais si ce n'est l'ignorance dans laquelle ils étoient du verge le objet qu'ils devoient se proposer, relativement au principal usage de cette piece ou de cette partie?

Les soins qu'ils se donnoient pour vaincre la difficulté de la fixer sur le lieu où elle doit agir, en offrent une nouvelle preuve. Les uns en lioient les deux maillons aux arcs du banquet; d'autres attachoient de petites chaînes à la maille du milieu, & arrêtoient ces chaînes aux chaînettes des branches; quelques - uns avoient recours à une petite fourche de fer dont le manche étoit engagé par vis dans un écrou porté par la sous - gorge, & qui descendant le long de l'auge, appuyoit par ses deux fourchons sur la gourmette. On laisse à juger du mérite de ces expédiens, & je crois qu'il est permis de douter de celui des maîtres à qui l'invention en est dûe. (e)

Gourmette (Page 7:757)

Gourmette, (fausse) Manége; on appelle de ce nom deux petites longes de cuir, cousues aux arcs du banquet.

L'une d'elles ainsi attachée à celui de la branche droite, est munie d'une boucle bredie à son extrémité, pour cette boucle être enfilée par l'autre longe, qui est fixée de la même maniere au banquet de la branche gauche, & qui dans sa longueur un peu plus considérable que celle de la premiere, est percée de quelques trous propres à recevoir l'ardillon.

Il est encore une autre espece de fausse gourmette composée de quatre bouts de chainettes, d'une S ou quelquefois d'une petite piece de fer applatie, ronde, ou quarrée, & percée de quatre trous. Ces quatre chaînettes sont engagées par une de leurs extrémités, chacune dans un de ces trous, ou deux d'entre elles dans chaque anneau résultans de la courbure de la verge de fer, dont l'S est formée. Leur autre extrémité est fixée par tourets; savoir celle des deux chaînettes les plus longues aux arcs du banquet, & celle de deux chaînettes les plus courtes, au bas des branches, de façon qu'il en résulte une sorte de croix, dont l'S ou la piece de fer occupe le plein ou le milieu.

En serrant par le moyen de la boucle la premiere fausse gourmette au - dessus de la véritable, on maintient les branches du mors en - arriere, & l'on s'oppose à ce que l'animal puisse les saisir avec les dents. La seconde fausse gourmette produit le même effet par l'impossibilité dans laquelle elle met le cheval d'ouvrir la bouche sars attirer les branches pareillement en - arriere, & sans se les dérober à lui - même. Celle - ci est infiniment préférable à l'autre, qui endurcit l'appui & amortit le sentiment; mais il est très - fâcheux d'être obligé de recourir à de semblables expédiens dont, à la vérité, nul homme de cheval ne fait usage.

La défense dont il s'agit est desagréable, & peut même devenir dangereuse, surtout si au moment où l'animal s'y livre, le cavalier a l'imprudence de le châtier; car ce seroit exciter & instruire l'animal à fuir, dans l'instant où l'on est dans l'impuissance de le maîtriser; mais on peut espérer de réprimer ce vice & de lui faire perdre cette habitude, ou en le montant pendant quelque tems avec un bridon anglois seulement, ou en profitant du bridon à la royale pour le desarmer quand la branche est prise, ou enfin en saisissant avec tant de précision le tems où il la veut prendre, qu'on la lui soustraye par un leger mouvement de main, ce qui demande autant de patience que de subtilité. (e)

Gourmette (Page 7:757)

Gourmette, (Marine.) c'est la garde que les marchands mettent sur un bateau ou sur une allege, pour prendre garde aux marchandises & en avoir soin.

Les Provençaux donnent le nom de gourmette à un valet ou garçon, qu'on employe dans le navire à toute sorte de travail. Ses fonctions sont particulierement de nettoyer le vaisseau & de servir l'équipage. (Z)

GOURNABLES (Page 7:757)

GOURNABLES, s. f. (Marine.) ce sont de grandes chevilles de bois, qu'on employe quelquefois au lieu de chevilles de fer, principalement pour joindre les bordages avec les membres: elles ont l'avantage sur les chevilles de fer de ne point se rouiller; mais il faut qu'elles soient d'un bois de chêne très fort, très - liant, & point gras, sans quoi elles romproient & pourriroient bien - tôt. On a soin aussi qu'elles soient fort seches, pour qu'elles remplissent bien leur trou lorsque l'humidité les fait renfler. On leur donne à - peu - près un pouce de grosseur par cent piés de la longueur du vaisseau: ainsi les gournables pour un vaisseau de cent pies de longueur, ont un pouce; pour un vaisseau de 150 piés, un pouce & demi d'équarrissage, &c. (Z)

GOURNABLER un Vaisseau (Page 7:757)

GOURNABLER un Vaisseau, (Marine.) c'est y mettre les chevilles de bois qui entrent dans sa construction. Ce mot n'est guere d'usage. (Z)

GOURNAL (Page 7:757)

GOURNAL, s. m. voyez Rouget.

GOURNAY (Page 7:757)

GOURNAY, Gornoeum, (Géogr.) ville de France en Normandie, au pays de Bray. Elle est sur l'Epte, à 6 lieues de Beauvais, 10 de Rouen, 21 N. O. de Paris. Long. 18. 8. lat. 49. 25.

Guédier de Saint - Aubin, (Henri Michel) docteur de Sorbonne, naquit dans cette ville, & mourut en Sorbonne en 1742 à 47 ans. On a de lui un ouvrage pieux intitulé, histoire sainte des deux alliances, imprimé à Paris en 1741, en 7 vol. in - 12. (D. J.)

GOUSSANT (Page 7:757)

GOUSSANT, adj. pris substant. (Manége.) terme employé parmi nous pour désigner d'un seul mot un cheval court de reins, dont l'encolure est bien fournie, & dont les membres & la conformation annoncent la force. (e)

Goussant (Page 7:757)

Goussant ou Goussaut, c'est en Fauconnerie un oiseau qui est fort peu alongé, qui est trop lourd & peu estimé pour la volerie.

GOUSSE (Page 7:757)

GOUSSE, s. f. (Jardinage.) est une petite bourse contenant des graines. On dit aussi une gousse d'ail, pour une partie de son oignon.

Gousse (Page 7:757)

* Gousse, (Architecture.) ornement de chapiteau ionique, ainsi appellé de leur forme qui les fait ressembler à des cosses de feves. Il y en a trois à chaque volute; elles sortent d'une même tige. [p. 758]

GOUSSET (Page 7:758)

* GOUSSET, s. m. (Gramm.) ce mot a plusieurs acceptions. Il se dit de la piece de toile en losange dont ont garnit l'endroit d'une chemise qui correspond à l'aisselle: de la partie de l'armure d'un chevalier, qui a une branche ouverte & plus courte que l'autre, qui est faite en équerre, & qui habille aussi le haut du bras à l'articulation: d'une petite poche pratiquée à nos culottes, où l'on sert sa montre ou quelques autres meubles précieux: de la barre du gouvernail: voyez la Planche IV. fig. n°. 177. & l'art. Gouvernail: d'une espece de lieu qui se place dans les enrênures d'un entrain à un autre, ou d'un morceau de planche en équerre, chantourné par - devant, que l'on fixe de champ à un mur ou dans un autre endroit, pour soûtenir une planche, une tablette: d'une espece de siége ménagé à la portiere d'un carrosse pour un sur - numéraire; & d'une piece en forme de pupitre, tirée de l'angle dextre ou senestre du chef, descendant diagonalement sur le point du milieu de l'écu d'une autre piece semblable, & tombant perpendiculairement sur la base. V. nos Planches de Blason. Le gousset est une flétrissure; il marque, à ce que disent les écrivains de l'art héraldique, la sévérité, &c.

GOUT (Page 7:758)

GOUT, s. m. (Physiolog.) en grec, GEU=SIS2, en latin, gustus; c'est ce sens admirable par lequel on discerne les saveurs, & dont la langue est le principal organe.

Du goût en général. Le goût examiné superficiellement paroît être une sensation particuliere à la bouche, & différente de la faim & de la soif; mais allez à la source, & vous verrez que cet organe qui dans la bouche me fait goûter un mets, est le même qui dans cette même bouche, dans l'oesophage & dans l'estomac, me sollicite pour les alimens, & me les fait desirer. Ces trois parties ne sont proprement qu'un organe continu, & ils n'ont qu'un seul & même objet: si la bouche nous donne de l'aversion pour un ragoût, le gosier ne se resserre - t - il pas à l'approche d'un mets qui lui déplaît? L'estomac ne rejette - t - il pas ceux qui lui répugnent? La faim, la soif, & le goût sont donc trois effets du même organe; la faim & la sois sont des mouvemens de l'organe desirant son objet; le goût est le mouvement de l'organe de cet objet: bien entendu que l'ame unie à l'organe, est seule le vrai sujet de la sensation.

Cette unité d'organe pour la faim, la soif & le goût, fait que ces trois effets sont presque toûjours au même degré dans les mêmes hommes: plus ce desir du manger est violent, plus la joüissance de ce plaisir est délicieuse: plus le goût est flatté, & plus aussi les organes font aisément les frais de cette joüissance, qui est la digestion, parce que tous ces plus que je suppose dans les bornes de l'état de santé, viennent d'un organe plus sain, plus parfait, plus robuste.

Cette regle est générale pour toutes les sensations, pour toutes les passions: les vrais desirs font la meiure du plaisir & de la puissance, parce que la puissance elle - même est la cause & la mesure du plaisir, & celui - ci celle du desir; plus l'estomac est vorace, plus l'on a de plaisir à manger, & plus on le desire. Sans cet accord réciproque fondé sur le méchanisme de l'organe, les sensations détruiroient l'homme pour le bien duquel elles sont faites; un gourmand avec un estomac foible seroit tué par des indigestions; quelqu'un qui auroit un estomac vorace, & qui seroit sans appétit, sans goût, s'il étoit possible, périroit & par les tourmens de sa voracité. & par le defaut d'alimens que son dégoût refuseroit à sa puissance.

Cependant combien n'arrive - t - il pas que le desir surcharge la puissance, sur - tout chez les hommes? C'est qu'ils suivent moins les simples mouvemens de leurs organes, de leurs puissances, que ne font les animaux; c'est qu'ils s'en rapportent plus à leur vive imagination augmenée encore par des artifices, & que par - là ils troublent cet ordre établi dans la nature par son auteur: qu'ils cessent donc de faire le proces à des sens, à des passions auxquelles ils ne doivent que de la reconnoissance: qu'ils s'en prennent de leurs défauts à une imagination déréglée, & à une raison qui n'a pas la force d'y mettre un frein.

Le goût en général est le mouvement d'un organe qui joüit de son objet, & qui en sent toute la bonté; c'est pourquoi le goût est de toutes les sensations: on a du goût pour la Musique & pour la Peinture, comme pour les ragoûts, quand l'organe de ces sensations savoure, pour ainsi dire, ces objets.

Quoique le goût proprement pris soit commun à la bouche, à l oesophage & à l'estomac, & qu'il y ait entre ces trois organes une sympathie telle, que ce qui déplaît à l'un, répugne ordinairement à tous, & qu'ils se liguent pour le rejetter; cependant il faut avoüer que la bouche possede cette sensation à un degré supérieur; elle a plus de finesse, plus de délicatesse que les deux autres: un amer qui répugne à la bouche jusqu'à exciter le vomissement, ne sera pour l'estomac qu'un aiguillon modéré qui en réveillera les fonctions.

Il étoit bien naturel que la bouche qui devoit goûter la premiere les alimens, & qui par - là devenoit le gourmet, l'échanson des deux autres, s'y connût un peu mieux que ces derniers. Ce sens delicat est, comme on vient de voir, le plus essentiel de tous après le toucher; je dirois plus essentiel que le toucher, si le goût lui - même n'étoit une espece de toucher plus fin, plus subtil; aussi l'objet du goût n'est pas le corps solide qui est celui de la sensation du toucher, mais ce sont les sucs, ou les liqueurs dont ces corps sont imbus, ou qui en ont été extraits, & qu'on appelle corps savoureux ou saveurs. V. Savfur.

L'organe principal sur lequel les saveurs agissent, est la langue. Bellini est le premier qui nous en a donné une exacte description, à laquelle on ne peut reprocher qu'une diction obscure & entortillée. Ce célebre medecin qui a joint à l'étude du corps humain, la connoissance de la Physique géométrique, fait remarquer qu'il y a trois especes d'éminences sur la langue; on voit d'abord de petites pyramides, ou plûtôt des poils assez gros vers la base, & qui sont en forme de cone dans les boeufs: on trouve ensuite de petits champignons qui ont un col assez étroit, & qu'on ne sauroit mieux comparer qu'aux extrémités des cornes des limaçons; enfin il y a des mamelons applatis percés de trous.

Les petits cones qui se trouvent dans les boeufs, ou les petits poils qu'on voit dans l'homme, ne paroissent pas être l'organe du goût; il est plus vraissemblable qu'ils ne servent qu'à rendre la langue pour ainsi dire hérissée, afin que les alimens puissent s'y attacher, & que par un tour de langue on puisse nettoyer le palais: ces cones qui rendent la langue rude, étoient sur - tout nécessaires aux animaux qui paissent, car les herbes peuvent s'y attacher.

Les champignons qui avoient été décrits par Stenon, lequel avoit remarqué assez exactement leur forme, & la place qu'ils occupent sur la langue, paroissent être des glandes; car, comme l'a remarqué ce même auteur, il en transsude une liqueur quand on les presse; on ne doit donc pas s'imaginer qu'ils soient l'organe du goût.

Il y a plus d'apparence que c'est dans cette espece de cellules percées de trous que se trouve l'organe qui nous avertit de la quaiité des alimens, & qui en reçoit des impressions agréables ou desagréables;

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