ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"747"> ne? On laboure, on seme, on fait paître des troupeaux au milieu des restes d'une prodigieuse quantité de marbre, de jaspe & de granite, travailiés avec le plus grand soin: au lieu de ces grands hommes qui avoient fait élever de si beaux édifices, on ne voit que de pauvres bergers. En parcourant tant de pays, autrefois le séjour des Arts, aujourd'hui celui de la barbatie, on se rappelle à chaque pas l'Et campos ubi Troja fuit.

A l'extrémité de la ville, entre le septentrion & le couchant, tout près d'un ruisseau, qui sans doute est le fleuve Lethé, lequel au rapport de Strabon & de Solin, se répandoit dans les rues de Gortyne, se trouvent encore d'assez beaux restes d'un temple du Paganisme.

Théophraste, Varron & Pline parlent d'une platane qui se voyoit à Gortyne, & qui ne perdoit ses feuilles qu'à - mesure que les nouvelies poussoient. Peut - être en trouveroit - on encore quelqu'un de cette espece parmi ceux qui naissent en grand nombre le long du ruisseau Lethé, qu'Europe remonta jusqu'à Gortyne sur le dos d'un taureau. Ce platane toûjours verd, parut autrefois si sgulier aux Grecs, qu'ils publierent que les premieres amours de Jupiter & d'Europe s'étoient passées sous ses feuillages.

Cette avanture, quoique fabuleuse, donna vraissemblablement occasion aux habitans de Gortyne de frapper une médaille, qui est dans le cabinet du roi. On y voit d'un côté Europe assez triste, assise sur un arbre moitié platane, moitié palmier, au pié duquel est une aigle à qui elle tourne le dos. La même princesse est représentée de l'autre côté assise sur un taureau, entouré d'une bordure de feuilles de laurier. Antoine Augustin archevêque de Taragone (dial. 1.), parle d'un semblable type. Pline dit que l'on tâcha de multiplier dans l'île l'espece de ce platane; mais qu'elle dégénéra, c'est - à - dire que les nouveaux piés perdirent leurs feuilles en hyver, de même que les communs.

Nous avons encore des médailles de Gortyne frappées aux têtes de Germanicus, de Caligula, de Trajan, d'Aérien, dont peut - être la plus belle est dans le cabinet du roi. Elle marque qu'on s'assembloit à Gortyne pour y célebrer les jeux en l'honneur d'Adrien. (D. J.)

GOSE (Page 7:747)

GOSE, s. m. (Commerce.) nom que l'on donne en Moscovie aux principaux commerçans qui trasiquent pour le souverain; ce sont proprement les facteurs du prince. Les goses, outre leurs tonctions dans le commerce, en ont aussi dans les cérémonies publiques; & lorsque le souverain donne audience aux ambassadeurs étrangers, les goses sont tenus de s'y trouver rêvetus de vestes magnifiques, & avec des bonnets de martre qui sont des marques de leur profession, & en quelque sorte de leur dignité parmi une nation où le commerce est honorable. Diction. de Commerce & de Trévoux. (G)

GOSIER (Page 7:747)

GOSIER, s. m. (Anatomie.) la partie supérieure du canal qui conduit les alimens dans l'estomac, appellé l'oesophage. Voyez OEsophage.

Gosier, Grand - Gosier (Page 7:747)

Gosier, Grand - Gosier. Voyez Pélican.

Gosier (Page 7:747)

Gosier, (Manége Maréchal.) le gosier n'est proprement dans le cheval ainsi que dans l'homme, que le sac musculeux & membraneux qui est collé à toute la surface interne de l'arriere bouche, & que nous connoissons dans l'un comme dans l'autre, sous la dénomination de pharynx. On a néanmoins très - mal - à - propos étendu cette expression, relativement à l'animal, de maniere qu'elle designe non - seulement ce sac, mais encore la tête cartilagineuse que présente l'extrémité supérieure du conduit par lequel l'air inspiré par les naseaux, peut sans cesse s'insinuer dans ics vaisseaux aériens du poumon, & en sortir ensuite avec la même liberté, lors de l'expiration. C'est cette tête, cette extrémité supérieure appellée le larynx, que les maquignons ou autres grands connoisseurs pressent, & compriment avec force pour exciter le cheval à tousser. (e)

Gosier (Page 7:747)

Gosier, (Lutherie.) ce sont dans les soufflets d'orgue la partie O R, fig. 23, par où le vent passe du toufflet dans le porte - vent; cette portion de tuyau a en - dedans une soupape X fig. 25, Planch. d'orgue, qui laisse passer le vent du soufflet dans le porte - vent, & ne le laisse point rentrer. Voyez l'article Soufflets d'Orgue.

GOSLAR (Page 7:747)

GOSLAR, Goslaria, (Géogr.) ville de la basse - Saxe où elle est enclavée dans l'état du duc de Brunswick; elle est pourtant libre & impériale. Sa situation se trouve entre les montagnes du Hartz qui ont de fameuses mines d'argent, qu'on a découvertes par hasard en 972. Suivant Dresser, Goslar fut bâtie par Henri I. & fortifiée pour la premiere fois en 1201; elle est sur le ruisseau de Gose, à 19 lieues sud - est d'Hildesheim, 12 sud - oüest d'Alberstadt, 10 sud - oüest de Brunswick. Long. 28. 12. lat. 51. 55. (D. J.)

GOSSAMPIN (Page 7:747)

GOSSAMPIN, s. m. (Botan. exotiq.) arbre des Indes, d'Afrique & d'Amérique, dont le fruit mûr produit une espece de laine ou de coton; c'est le gossampinus de Pline, arbor lanigera de Pison, ceyba aculeata viticis folio de Plumier, & le fromager de nos iles françoises. Il tire son nom des deux mots latins, gossipium, coton, & pinus, pin, parce qu'il a quelque ressemblance avec le pin, & qu'il porte une espece de coton.

Il s'eleve fort haut, & si l'on ne prend soin de le tailler, ses branches s'écartent au loin; l'écorce est verte dans la jeunesse de l'arbre, & a cinq ou six lignes d'épaisseur: ensuite elle brunit & s'épaissit encore. Les feuilles sont longues & paroissent étroites, parce qu'elles sont divisées en trois parties comme celle du treffle; elles sont tendres, minces, d'un verd brillant dans leur naissance, mais qui perd bien - tôt son éclat: elles tombent pour faire place à d'autres feuilles qui leur succedent, de sorte que dans l'espacè de peu de tems cet arbre change de livrée.

L'écorce est hérissée d'épines droites, fortes, de forme pyramidale, & d'un pouce & demi de longueur. Elles n'ont pas leur racine au - delà de l'écorce; elles y tiennent même si peu, qu'il suffit de les toucher legerement avec un bâton pour les abattre; & dans le lieu d'où elles tombent, il ne reste qu'un vestige blanc à l'endroit qu'elles occupoient.

Quelques jours après que l'arbre a changé de feuilles, ce qui arrive dans nos îles au commencement de la saison seche, les fleurs paroissent en grosses touffes; elles sont petites, blanches, si délicates, qu'elles ne subsistent que huit ou dix jours. On voit succéder à leur place une coque verte de la forme & de la grosseur d'un oeuf de poule, mais un peu plus pointue par les deux bouts; elle contient un duvet ou une sorte de coton, qui n'est pas plûtôt mûr que la coque creve avec quelque bruit, & le coton seroit emporté aussi - tôt par le vent, s'il n'étoit recueilli avec beaucoup de soin.

Ce coton est de couleur gris de perle extrèmement fin, doux, lustré, & plus court que le coton commun; on ne laisse pas cependant de le filer, & on en fait des bas; outre le coton, la coque renferme plusieurs graines brunes & plates comme nos féves d'harieots: on ne s'amuse pas à les semer, parce que l'arbre vient parfaitement bien de bouture & plus vîte. On se sert de ce coton pour faire des oreillers, des traversins, & même des lits de plume.

Le bois du gossampin est blanc, tendre, silasseux, pliant, souple, & fort difficile à couper quand il est vieux. On plante cet arbre ordinairement devant les maisons pour joüir de la fraîcheur de son ombre, [p. 748] & on le choisit plûtôt qu'un autre, parce qu'en peu d'années il devient fort gros, & fort garni de feuilles & de branches auxquelles on fait prendre telle forme & telle situation qu'on veut. (D. J.)

GOSSE (Page 7:748)

GOSSE, s. f. (Marine.) Voyez Cosse.

GOSTYNEN (Page 7:748)

GOSTYNEN, Gostynia, (Géogr.) ville de Pologne au palatinat de Rava, à deux lieues de Plosko. Jean Démétrius Suiski, czar de Moscovie, y mourut prisonnier avec ses deux freres. Long. 37. 45. latit. 52. 25. (D. J.)

GOTHS (Page 7:748)

GOTHS, (les) s. m. Hist. anc. & littér. ancien peuple qui étant venu du nord, s'avança dans la suite des tems vers le midi, où il conquit beaucoup d'états, & fonda plusieurs royaumes.

Si l'on s'arrête aux lumieres des Goths éclairés qui ont écrit l'histoire de leur nation, on ne doutera point que leur premiere origine n'ait été la petite île de Gothland, que ce peuple possédoit avec une partie du continent dans la Scandinavie. Ce sont donc les mêmes que les Guttons, Goutones, Gattones, originaires du nord, que Pythéas de Marseille qui vivoit 285 ans avant J. C. distingue des Teutons.

Jornandès néanmoins confond les Getes & les Goths, en se servant indifféremment de ces deux noms pour designer le même peuple, & il a été jetté dans cette illusion par presque tout ce qu'il y a eu d'auteurs avant lui qui ont parlé de la nation des Goths. Tels sont Jules - Capitolin, Spartien, Claudien, Procope, Prudence, Orose, saint Jerôme & autres; mais toutes ces autorités doivent céder au témoignage de la saine antiquité qui dit formellement le contraire; on en trouvera la preuve dans Cluvier & Pontanus: ils se sont réunis à démontrer expressément l'erreur de l'opinion de Jornandès. Les poëtes comme Claudien & Prudence ayant trouvé le nom de Getes déjà annobli par Ovide, n'ont pas sait réflexion que ce peuple avoit disparu en se confondant avec les Daces, avant qu'il fût question des Goths dans la Scythie.

Remarqaons cependant que les Goths de la Scandinavie ne formoient pas tous les Goths; leur petit nombre ne s'accorde point avec la vaste étendue du pays qui porta leur nom: mais plusieurs peuples s'unirent ensemble sous les mêmes chefs, & formerent des sociétés auxquelles on donnoit un nom commun; ensuite par les changemens que produisirent ces diverses associations, il arriva que telle nation qui avoit donné son nom à tous ses alliés, se trouva à son tour confondue sous le nom d'un autre confédéré devenu plus puissant qu'elle avec le tems; Ainsi Pline met les Guttons entre les peuples Vandales, & Procope met les Vandales au nombre des Goths.

Les Goths ont été souvent nommés Scythes par les historiens, parce qu'ils habitoient la petite Scythie au bord du Pont - Euxin, & au - delà du Danube; ils ont encore été nommés Sarmates à cause de leur origine, ou plûtôt à cause de leur liaison avec les Sarmates méridionaux. Quoi qu'il en soit, ils avoient déjà passé le Danube sur la fin du second siecle, & s'étoient avancés jusque dans la Thrace. Sous Décius ils la ravagerent, & fondirent même en Macédoine; vers l'an 256 sous Valerien, ils se réunirent à d'autres barbares, & pénétrerent dans l'Illyrie. En général ils profiterent du regne foible des empereurs pour faire des irruptions de toutes parts, & se jetter sur différentes provinces; néanmoins l'an 263 les troupes romaines les chasserent de l'Asie, & les firent repasser dans leur pays. L'an 270 les Goths qui s'étoient retirés sur le mont Hémus, y furent attaqués par la peste, par la famine, & par Claudius qui les força de demander quartier.

Quelques auteurs prétendent qu'ils reçurent la lumiere de l'évangile vers l'an 325, sous Constantin; mais lorsqu'il est question du christianisme des goths de ce tems - là, il faut bien distinguer ceux qui faisoient un corps de nation, d'avec les goths qui étoient dans l'empire. Quelques - uns de ces derniers purent devenir chrétiens, les autres en étoient bien eloignés.

On ignore l'époque de leur division en Ostrogoths & en Wisigoths. Il paroît seulement que cette division étoit déjà établie du tems de Claudius II. Peut - être que le Danube fut l'occasion de nommer Ostrogoths ou Goths orientaux, ceux qui demeurerent à la gauche de ce fleuve, & Wisigoths ou Goths occidentaux ceux qui s'établirent en - deçà & sur la droite. Toûjours est - il certain que les Goths devinrent deux nations distinctes qui prirent des routes, & eurent des destinées très - différentes; & ce fut sous l'empire de Valens vers l'an 370, que la distinction des deux nations de Goths se fit le plus connoître.

Ils obéissoient alors à deux rois; Fritigerne gouvernoit les Wisigoths, & Othanaric les Ostrogoths. Ces derniers s'attacherent à l'empire d'orient, & goûterent l'Arianisme qu'ils porterent en Italie, dans les Gaules & en Espagne. Tantôt vainqueurs, tantôt vaincus, ils obtinrent nfin la Thrace, & furent assez tranquilles tant que vêcut Théodose; mais après sa mort ils attaquerent l'empire romain sous Radagaise, & ensuite sous Alaric qui prit Rome, la pilla, & finit ses jours à Cozence.

Ataulphe son successeur devint amoureux de la soeur d'Honorius, l'épousa, céda l'empire à son beaufrere, & se retira dans les Gaules avec une partie de ses Wisigoths; l'autre partie préféra de rester en Italie où elle devint si puissante, qu'Odoacre trouva le secret d'usurper le throne, & de s'emparer de l'autorité souveraine.

Théodoric partit de Thrace avec ses Ostrogoths, défit Odoacre, & commença le royaume des Ostrogoths en Italie; je dis le royaume, parce que ce prince se contenta du titre de roi, & fit sa résidence à Ravenne. Ses successeurs se brouillerent avec l'empereur Justinien qui détruisit leur monarchie par les victoires de Bélisaire & de Narsès; depuis cette époque qui est de l'an 552, il n'est plus question des Ostrogoths dans l'histoire. Seize ans après Alboin vint en Italie, & fonda le royaume des Lombards.

Les Wisigoths alliés d'abord avec les Francs, rompirent dans la suite avec eux, quitterent le séjour de la Provence qu'on nommoit alors Gaule narbonnoise seconde, & se rendirent en Espagne vers l'an 407, où ils formerent une nouvelle monarchie qui dura jusqu'à l'invasion des Maures, c'est - à - dire jusqu'au huitieme siecle.

Nous avons parcouru très - rapidement l'histoire d'un peuple qui a joüé long - tems un grand rôle en Europe; mais outre que les détails historiques seroient ici déplacés, ceux qui seront curieux d'approfondir l'origine de ce peuple, ses progrès, ses divisions, ses révolutions & sa chûte, peuvent consulter les écrivains qui y ont employé leurs veilles: tels sont, par exemple, Jornandès, de origine Gothorum; Priscus dans son histoire gothique; Joannis magni, historia de omnibus Sueonum, Gothorumq. regibus; il y a une belle édition de cet ouvrage à Rome en 1554 in folio. Isidore de Séville, de Gothis. Vandalis & Suevis, in - folio. Torfaei, universi septentrionis antiquitates, Hafniae 1705 in - 4°. Grotius dans ses prolégomenes ad historiam Gothorum & Vandalorum in - folio. cluvier. Germ. antiq. &c. (D. J.)

GOTHA (Page 7:748)

GOTHA, Gotha, (Géogr.) ville fortifiée d'Allemagne dans la Thuringe, capitale du duché de même nom, sujette à un prince de la maison de Saxe. Zeyler dit qu'elle doit ses commencemens à Guillaume archevêque de Mayence, qui la fit bâtir vers l'an 964, sur la riviere de Leine, à trois lieues d'Erfurt, à six nord - oüest de Mulhausen. Long. 23. 35. latit. 51. 4.

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