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Le P. Plumier pretend que les gommiers dont on vient de parler, different seulement de nos térébinthes par la structure de leurs fleurs qui ne sont pas à étamines. On trouve quantité de ces arbres dans les îles de l'Amérique, particulierement dans les lieux secs & arides.
Hernandez, liv. III. chap. xx. de son histoire des plantes du Mexique, appelle le gommier copaltic, & dit que les Mexiquains font un grand cas de sa résine dans toutes sortes de flux - de - sang. Ils s'en servent extérieurement pour amollir, pour résoudre, & pour fortifier les nerts. Ils employent en qualité de vulnéraires extérieurs les feuilles de l'arbre qui ont été trempées dans de l'eau - de - vie bouillante. Enfin ils brûlent quelquefois cette résine au lieu d'huile. On dit qu'elle sort par incision du tronc des gommiers en si grande quantité, qu'il y a tel de ces arbres d'où l'on en peut tirer jusqu'à cinquante livres.
Nous l'employons en Europe aux mêmes usages que l'huile de térébenthine; on nous l'apporte des îles de l'Amérique, dans des barrils de différens poids, enveloppées dans de larges feuilles qui naissent sur un grand arbre du pays qu'ils appellent cachibou, d'où est venu le nom chibou de la gomme. Les Amériquains se servent des feuilles de l'arbre par préférence à d'autres dans leurs paniers d'aromates, afin d'empêcher que l'air n'y penetre.
Quelques marchands trompeurs tant en Amérique qu'en Europe, sofistiquent la gomme chibou en la lavant dans quelque huile odoriférante, & la vendent les uns pour de la gomme animé, les autres pour de la gomme tacamahaca, & d'autres assez communément pour le vrai élémi. Les connoisseurs savent distinguer ces différentes gommes; mais ceux qui ne sont pas du métier, en apprennent seulement la différence par les effets.
James a confondu la gomme du gommier, qu'on appelle
quelquefois élemi d'Amérique, avec la véritable
gomme élemi. Voyez
Gomme de Genevrier (Page 7:737)
Gomme de Lierre (Page 7:737)
Gomme - Gutte (Page 7:737)
On tire la gomme - gutte de Camboge, du royaume de Siam, de la Chine, & même, dit - on, de quelques provinces de l'Amérique: elle a reçu une quantité de noms différens, tels que gutta ad podagram, gumma - gutta, gutta - gamba, gutta gamandra, cambodium, cambogium, & plusieurs autres qui lui ont été donnés, soit à cause de la goutte que l'on s'imaginoit qu'elle guérissoit, soit à cause de Cambaye, Cambodje, ou Camboge, selon que différentes nations prononcent, soit à cause des différens pays d'où on l'apporte.
Les anciens ne la connoissoient point du tout, & ce n'est que depuis environ un siecle, qu'elle est employée beaucoup par les Peintres, & de - temsen - tems par les Medecins. Elle fut envoyée pour la premiere fois à Clusius l'an 1603, & des - lors son usage s'est étendu peu - à - peu dans l'Europe.
On estime celle qui est pure, qui n'est point mêlée de sable, ni souillée d'ordures, d'une couleur fauve, ou d'un beau safran, inflammable sur le feu & donnant la couleur jaune à la salive & à l'eau.
Les auteurs ont été long - tems incertains sur l'origine
de ce suc; mais on croit savoir aujourd'hui
assez sûrement qu'il découle de deux arbres, dont
l'un est une espece d'oranger de Malabar appellé
ghoraka cingalensibus, coddam - pulli, & par Acosta
carcapulli. Voyez
L'usage de cette gomme est considérable, parce
qu'on en tire un très - beau jaune facile à employer,
& dont on se sert pour la miniature & pour les lavis;
mais comme la gomme - gutte est en même tems
un des plus puissans cathartiques que l'on connoisse
dans le genre vegétal, il mérite notre curiosité à cet
égard. Voyez donc ci - dessous
Gomme Gutte (Page 7:737)
La gomme - gutte étant approchée de la flamme, s'allume, brûle, jette elle - même une - flamme brillante comme les resines, & repand beaucoup de sumée; elle se dissout dans l'esprit - de - vin, mais non pas entierement, car la sixieme partie ou environ, reste sans se dissoudre, & c'est la partie gommeuse, laquelle se dissout promptement dans l'eau chaude, ou dans l'huile de tartre. La gomme - gutte paroit se dissoudre dans les menstrues aqueux, mais elle ne fait que se convertir comme la scammonée, en un lait blanchâtre ou jaunâtre, se precipite ensuite au fond du vaisseau, & l'eau demeure claire & limpide.
Il semble résulter de l'analyse chimique, que la gomme gutte est un composé salin, résineux, & gommeux, formé d'abord d'un soufre leger, lequel donne l'amertume & l'odeur au phiegme qui sort le premier; ensuite d'un soufre grossier, qui ne s'eleve & ne se separe de la terre que par un feu violent; & sinalement d'un sel tartareux, un peu ammomacal, qui par le moyen de la distillation se résout partie en acide, & partie en sel nitreux. [p. 738]
La dissolution entiere de la gomme - gutte acquiert la couleur du sang, en y versant de l'huile de tartre par défaillance, ou de l'eau de chaux, peut - être parce que les parties sulphureuses se développent, comme il arrive dans la dissolution du soufre minéral, par une forte lessive alkaline.
C'est d'après les principes chimiques de la gommegutte, qu'on soupçonne que sa vertu cathartique dépend d'une substance sulphureuse, ténue & mêlée avec une certaine portion de sel volatil, ensorte que ses particules salines, sulphureuses, développées par le suc gastrique, irritent violemment les membranes de l'estomac & des intestins, & excitent les nausées, les vomissemens, & la purgation; mais on ne doit donner ces sortes d'explications que pour des hypothèses, & non pour des vérités.
M. Bouldue n'a pu réussir à obtenir des fleurs de la gomme - gutte, ainsi qu'on en obtient du benjoin; la résine de cette gomme tirée à l'esprit - de - vin, purge avec beaucoup plus de force & d'irritation, que la gomme même.
Cette gomme dans les expériences que ce chimiste a saites, s'est dissoute dans une égale quantité d'eau bouillante, à l'exception d'un petit nombre de particules terrestres; cette liqueur étant filtrée, a donné après son évaporation à petit feu, une espece de sel grisâtre qui coule aisément lorsqu'on n'a pas soin de bien boucher le vaisseau dans lequel on l'enferme. Cet extrait salin purge avec moins d'activité & en moindre dose que la gomme; mais comme il ulcere la gorge, il faut quand on l'employe, l'envelopper dans quelque substance onctueuse & adoucissante.
Nous avons déjà remarqué que la gomme - gutte ne se dissout point dans l'eau, qu'elle se précipite aufond du vase en substance laiteuse de couleur jaunâtre, & laisse l'eau aussi nette qu'auparavant; nous ajoûtons ici que ce résidu ne differe en rien de la gomme, mais qu'il est plus pur. Le vinaigre distillé éclaircit cette substance laiteuse; l'huile de vitriol la trouble, & l'esprit - de - vin la rend de couleur d'or.
Puisque la gomme - gutte est un des plus puissans cathartiques du regne végétal, & par consequent un des plus propres à produire de grands effets, il importe de savoir à qui, comment, à quelle dose, & avec quelle précaution ou correctif on peut la preserire.
Elle ne convient point aux tempéramens délicats dont les nerfs sont attaqués, ni aux personnes qui ont une grande difficulté à vomir. Lorsque la maladie l'exige dans certains cas, il est bon de la donner sous la forme de bol ou de pilules, parce qu'il n'y a point de menstrue capable d'en extraire toutes les qualités: on ne peut la bien pulvériser, sans y ajoûter quelque peu de sel lixiviel, tel que celui de tartre ou du sucre, qui d'ailleurs ont l'avantage de diviser ses parties résineuses, & de les empécher de s'attacher trop fortement aux membranes de l'estomac & des intestins.
Cette gomme évacue sur - tout & promptement, les humeurs séreuses & bilieuses, ténues, tant par haut que par bas. Les medecins éclairés qui savent administrer ce remede avec prudence, y trouvent les avantages suivans, qu'il est sans goût & sans odeur, qu'on le donne en petite dose, qu'il sait son effet en peu de tems, qu'il dissout puissamment les sucs visqueux & tenaces en quelque partie du corps qu'ils se trouvent, & enfin qu'il chasse par le vomissement ceux qui sont dans l'estomac, & les autres en abondance par les selles. Ces mêmes medecins assûrent avoir employé ce remede avec un grand succès dans l'apoplexie séreuse, l'hydropisie, l'asthme humide, & d'autres graves maladies catarrheuses.
Ils prescrivent la gomme - gutte depuis deux grains jusqu'à quatre, & ils ont observé que ce remede donné à cette dose, excitoit peu ou point de vomis<cb->
Ce remede depuis quatre grains jusqu'à sept, développé dans beaucoup de liqueur, purge par haut & par bas, mais communément sans violence. Si on le donne à cette dose sous la forme de bol ou de pilules, il fait d'abord vomir; mais le vomissement est très - leger, ou n'arrive point du tout, si on joint la gomme avec du mercure doux.
Cependant quand on a considéré que la gommegutte etoit du nombre de ces violens cathartiques, qui causent le bouleversement de l'estomac & la superpurgation, on s'est attaché à lui chercher des correctifs, pour modérer son activité: on a proposé à ce sujet les substances incrassantes, les sels lixiviels, tels que celui de tartre, le sucre, le mercure doux, & quelques autres moyens.
M. Boulduc a imaginé pour y parvenir, une expérience assez singuliere; il a enfermé la gommegutte dans un sachet, a mis ce sachet dans un pain tout chaud, & l'y a laissé pendant vingt - quatre heures; ensuite il a pulvérisé sa gomme, l'a remise dans un autre sachet, & a repété son procédé quatre ou cinq sois consecutivement. Il nous assûre que cette préparation a détruit la violence irritante de la gomme - gutte, sans diminuer ses vertus. Il ajoûte qué la croute du pain où il avoit enfermé cette gomme, possédoit une qualité purgative & émétique.
Tout cela se peut; mais outre qu'une telle épreuve est très - fautive, la gomme - gutte de M. Boulduc n'en étoit pas moins émetique; & en esset tous les correctifs du monde ne sauroient détruire l'éméticité de ce remede: d'ailleurs, il n'est pas besoin de recourir à des correctifs, pourvû qu'on donne la gomme à une petite dose, avec un adjoint convenable, ou en la délayant suffisamment. D'autres chimistes préparent une resine & un magistere avec ce suc; mais de telles préparations sont inutiles & sont même plus de mal que de bien, car les réfines des purgatifs purgent généralement moins, & allument un plus grand feu dans les visceres.
Je finis par une observation sur la gomme - gutte, c'est que tandis qu'elle purge violemment, le fruit de l'aibre qui la produit est très - sain, se mange avec délices comme nos oranges; & quand il est sec, il sert de remede efficace pour arrêter les flux de ventre séreux & bilieux. (D. J.)
Gomme (Page 7:738)
GOMMIER (Page 7:738)
GOMMIER, s. m. (Botan.) arbre des îles d'Amérique, qui est de la classe des térébinthes. Voyez - en
la description à l'article
GOMMER (Page 7:738)
* GOMMER, v. act. (Gramm.) enduire quelque
chose de gomme. Voy.
GOMOR (Page 7:738)
GOMOR, s. m. (Hist. anc.) mesure creuse des
Hébreux, qui, selon le P. Calmet, contenoit à - peu - près trois pintes mesure de Paris. Le gomor étoit la
meme chose que l'assaron ou la dixieme partie de l'épha.
V.
GOMPHOSE (Page 7:738)
GOMPHOSE, s. f. en Anatomie, c'est une espcce
de synarthrose ou d'articulation, par laquelle les os
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