ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"657"> s'est aussi trouvé dans le squelette qu'on vient de décrire, & c'est vraissemblablement ce qui se rencontre dans la plûpart des squelettes de bossus.

J'ai vû, comme bien d'autres, dans le cabinet de Ruysch, huit vertebres du dos attachées ensemble, qui étoient tellement courbées en - dedans, que la supérieure touchoit à l'inférieure: la gibbosité devoit être prodigieuse.

Quelques personnes ont observé dans des sujets qui avoient long - tems vécu avec cette sorte d'incommodité, que plusieurs vertebres étoient réunies en une seule masse osseuse, les cartilages se trouvant ossisiés dans les intervalles; mais cette observation n'est point particuliere aux squelettes des bossus morts âgés, elle est toûjours l'effet de la vieillesse. Dans cette derniere saison, ligamens, cartilages, vaisseaux, tout s'ossifie, tout annonce le passage de la vie à la mort; l'intervalle qui les sépare n'est qu'un point: accoûtumons - nous à le penser. (D. J.)

GIBECIERE (Page 7:657)

GIBECIERE, (Art méchan.) espece de grande bourse ou de petit bissac ordinairement de cuir, & quelquefois de cuir couvert d'étoffe; mais cette derniere sorte de gibeciere ne sert guere qu'aux bateleurs & joüeurs de gobelets, pour les tours d'adresse dont ils amusent le public. M. Eccard dérive ce mot, avec affez de vraissemblance, de l'allemand schiben, cacher, serrer; & de becher, gobelet.

A l'égard des gibecieres de cuir, terme qui peut venir du mot gibier, les unes sont rondes, & sont propres aux chasseurs, qui les tiennent attachées avec des ceintures de cuir; ils y mettent leur poudre, leur plomb, leurs pierres - à - fusil, leur bourre, leur tire - bourre, & généralement tout ce dont ils ont besoin pour la chasse. Les autres gibecieres sont quarrées, & servent aux grenadiers, soit à cheval, soit à pié, pour y mettre leurs grenades, & ces gibecieres leur pendent en bandouliere. Le reste de l'infanterie se sert aussi de gibecieres attachées au ceinturon, ce qui leur tient lieu de l'ancienne bandouliere où pendoit leur fourniment.

Les gibecieres dont on se sert dans le Levant, sont composées de tuyaux de canne assembles ordinairement à double rang, assez semblables aux anciennes flûtes de Pan, ou, pour me servir d'une comparaison plus intelligible, aux sifflets de ces chauderonniers ambulans qui vont chercher de l'ouvrage de province en province.

Cette gibeciere des Orientaux est legere, courbe, & s'accommode aisément sur le côté. Ses tuyaux sont hauts de 4 à 5 pouces, & couverts d'une peau assez propre. Chaque tuyau contient sa charge, & cette charge est un tuyau de papier rempli de la quantité de poudre & de plomb nécessaire pour tirer un coup. Quand on veut charger un fusil, on tire un de ces tuyaux de la gibeciere; avec un coup de dent on ouvre le papier du côté où est la poudre; on la vuide en même tems dans le canon du fusil, & on laisse couler le plomb enfermé dans le reste du tuyau de papier: la charge est faite avec un coup de baguette que l'on donne par - dessus; & le même papier qui renfermoit la poudre & le plomb, sert de bourre. Je laisse aux experts à juger si cette invention vaut mieux que la nôtre. (D. J.)

Gibeciere (Page 7:657)

Gibeciere, (tours de) Art d'escamotage; terme général qui comprend tous les tours de gobelets, les tours de main, les tours de cartes, & autres de ce genre. On les nomme tours de gibeciere, parce que les faiseurs de ces sortes de tours ont à leur ceinture une espece de gibeciere, schibbeker, comme disent les Allemands, ou une espece de sac destiné à serrer leurs gobelets, leurs balles, & le reste de l'attirail nécessaire à leur escamotage. Voyez Tours de main, Tours de cartes, Tours de gobelets. (D. J.)

GIBEL (Page 7:657)

GIBEL, (le) AEthna, Geog. la plus haute mon<cb-> tagne de la Sicile, & une des plus celebres de l'Europe. On sait assez que tous les anciens géographes & historiens en ont parlé sous le nom de mont Ethna. C'est sous cette montagne que les Poëtes ont feint que Jupiter écrasa le géant Typhon, & que Vulcain tenoit ses forges. Les Siciliens ont changé le nom latin en celui de Gibel, qu'ils ont vraissemblablement pris des Arabes, dans la langue desquels ce mot signifie une montagne; il désigne en Sicile la montagne par excellence. Elle est proche de la côte orientale du val de Démona, entre le cap de Faro & le cap de Passaro, à quatre lieues des ruines de Catania vers le couchant. On lui donne deux grandes lieues de hauteur, & environ vingt de circonférence. Son pié est tres - cultivé, tapissé de vignobles du côté du midi, & de forêts du côté du septentrion.

Son sommet, quoique toûjours couvert de neige, ne laisse pas de jetter souvent du feu, de la fumée, des flammes, & quelquefois des cailloux calcinés; des pierres - ponces, des cendres brûlantes, & des laves de matiere bitumineuse, par une ouverture qui, du tems de Bembo, & selon son calcul, étoit large de 24 stades; la stade contient 125 pas géométriques, & par consequent les 24 font trois milles d'lralie.

Si l'idée d'un si prodigieux gouffre fait frémir, les incendies que le Gibel vomit sont encore plus redoutables. Les fastes de la Sicile moderne ont sur - tout consacré les ravages causes par ce redoutable volcan dans les années 1537, 1554, 1556, 1579, 1669, & 1692. Lors de l'embrasement de cette montagne, arrivé en 1537, & décrit par Fazelli, les cendres furent portées par le vent à plus de cent lieues de distance. Quatre torrens de flammes sulphureuses découlerent du mont Gibel en 1669, & ruinerent quinze bourgs du territoire de Catania. Enfin le volcan de 1692 fut suivi d'un tremblement de terre qui se fit sentir en Sicile avec la plus grande violence, les 9, 10 & 11 Janvier 1693; renversa les villes de Catania & d'Agousto; endommagea celle de Syracuse, plusieurs bourgs & villages, & écrasa sous les ruines plus de 40 mille ames. Il y eut alors sur le Gibel une nouvelle ouverture de deux milles de circuit.

Je n'entrerai pas dans d'autres détails; j'en suis dispensé par la Pyrologie de Bottone Leontini, à laquelle je renvoye le lecteur. Cet intrépide naturaliste, curieux de connoître par ses propres yeux la constitution du mont Gibel, a eu la hardiesse de grimper sur son sommet jusqu'à trois différentes reprises; savoir en 1533, 1540, & 1545: ainsi nous devons à son courage la plus exacte topographie de cette montagne, & de ses volcans. Son livre, devenu très - rare, est imprimé en Sicile sous le titre de AEthnoe topographia, incendiorumque oethnoeorum historia. (D. J.)

GIBELIN (Page 7:657)

GIBELIN, s. m. (Hist. mod.) nom de la faction opposée à celle des Guelphes. Quelques - uns fixent le commencement de ces deux factions à l'an 1140.

On se rappellera sans doute que les Gibelins étoient attachés aux prétentions des empereurs, dont l'empire en Italie n'étoit qu'un vain titre, & que les Guelphes étoient soûmis aux volontés des pontifes régnans.

Nous ne remonterons point à l'origine de ces deux partis; nous ne crayonnerons point le tableau de leurs ravages, encore moins rapporterons - nous les conjectures odieuses des savans sur l'étymologie des noms Guelphe & Gibelin; c'est assez de dire, avec l'auteur de l'essai sur l'Histoire générale, que ces deux factions desolerent également les villes & les familles; & que pendant les xij. xiij. & xjv. siecles, l'Italie devint par leur animosité le théatre, non d'une guerre, mais de cent guerres civiles, qui, en aigui<pb-> [p. 658] sant les esprits, accoûtumerent les petits potentats italiens à l'assassinat & à l'empoisonnement.

Boniface VIII. ne fit qu'accroître le mal; il devint aussi cruel guelphe en devenant pape, qu'il avoit été violent gibelin pendant qu'il fut simple particulier. On raconte à ce sujet qu'un premier jour de carême, donnant les cendres à un archevêque de Genes, il les lui jetta au nez, en lui disant: « Souviens - toi que tu es gibelin au lieu de lui dire, souviens - toi que tu es homme.

Je ne sais si beaucoup de curieux en matiere historique, seront tentés de lire aujour d'hui dans Villani, Sigonius, Ammirato, Biondo, ou autres historiens, le détail des horreurs de ces deux factions; mais les gens de goût liront toûjours le Dante: cet homme de génie, si long - tems persécuté par Boniface VIII. pour avoir été gibelin, a exhalé dans ses vers toute sa douleur sur les querelles de l'Empire & du Sacerdoce. (D. J.)

GIBELOT, GIBLET (Page 7:658)

GIBELOT, GIBLET, s. m. (Marine.) c'est ce qu'on nomme courbe capucine. Cette courbe sert à lier l'éperon avec le corps du vaisseau; ainsi une de ses branches porte sur l'étrave, où elle est assujettie avec des chevilles clavetées sur virole en - dedans du pan; & l'autre porte sur le digon, où elle est retenue par des clous à pointe perdue. Voyez Pl. IV. fig. 1. n. 186. la courbe capucine ou gibelot. (Z)

GIBERNE (Page 7:658)

GIBERNE, s. f. (Art milit.) partie de l'équipement du grenadier. La giberne est composée d'une poche de cuir, avec le cordon pour la fermer; d'un patron de cartouches à trente trous, nervé & collé de toile, & couvert d'une patelette; d'une patte de cuir, avec deux courroies d'attache à oeillets sur la poche; d'une bandouliere de buffle longue de cinq à six piés, & large de deux pouces & demi, bien cousue, sans clous ni piquûre. La bandouliere a un porte - hache & un porte - fourniment ou pulverin; une traverse, avec le porte - bayonnette & le portebonnet. La poche sert à porter des cartouches de provision, ou des grenades; lorsque le service l'exige. Elle a intérieurement une petite poche à balles, & plusieurs divisions, pour y placer une phiole à huile ou une petite boîte à graisse; une piece grasse de cuir ou de drap; le tampon du bassinet avec sa chaînette; plusieurs pierres de rechange; une pierre de bois pour les exercices, & un tire bourre; effets dont elle doit toûjours être garnie. La giberne ne differe de la demi - giberne ou cartouche du soldat, que par la grandeur de la poche; elle est soûtenue par la bandouliere, qui se porte de gauche à droite. Article de M. Durival le cadet.

GIBET (Page 7:658)

GIBET, s. m. (Jurisprud.) est le lieu destiné pour exécuter les criminels, ou le lieu dans lequel on expose leurs corps au public.

Ce mot vient de l'arabe gibel, qui signifie montagne ou élevation, parce que les gibets sont ordinairement dressés sur des hauteurs, afin d'être plus en vûe.

Les échelles & fourches patibulaires sont aussi des gibets. Voyez Échelles patibulaires & Fourches . (A)

GIBIER (Page 7:658)

GIBIER, s. m. (Chasse.) c'est en général tout ce qui est la proie du chasseur; ainsi les loups, les renards, &c. sont gibier pour ceux qui les chassent; les buzes, les corneilles, sont gibier dans la Fauconnerie, &c. Cependant ce nom est plus particulierement affecté aux animaux sauvages qui servent à la nourriture de l'homme. Si l'on parle d'une forêt bien peuplée de gibier, on veut dire qu'il y a beaucoup de cerfs, de daims, de chevreuils, &c. Une terre giboyeuse est celle où l'on trouve abondamment des lievres, des lapins, des perdrix, &c.

La propriété des terres étant établie, il paroît que celle du gibier qu'elles nourrissent devroit en être une suite: mais le droit naturel a depuis long - tems cédé à la force; il est d'usage presque par - tout que les seigneurs seuls ayent le droit de giboyer. A l'égard du paysan il cultive la terre; & après des travaux pénibles, il voit dévorer par le gibier le grain qu'il a semé sans pouvoir s'y opposer, & souvent sans oser s'en plaindre. Voyez Chasse.

La reserve de la chasse à la classe des nobles, a dû être une suite naturelle du gouvernement militaire. Les cultivateurs étoient serfs; les nobles avoient en main l'autorité & la force: il leur falloit bien pendant la paix un exercice indépendant, qui ne leur laissât pas oublier la guerre. Cette police est peut - être fort avantageuse en elle - même; la liberté de chasser donnée à tout le monde, pourroit enlever beaucoup de bras à l'Agriculture, qui déjà n'en a pas assez. Mais ce qui ne peut être utile à rien, c'est la conservation d'une excessive quantité de gibier, surtout des especes qui détruisent les récoltes. Quelques êtres accablés du poids de leur inutilité, pour se ménager des occasions de se fuir, font gémir sous le poids de l'amertume & de la misere, une foule d'hommes respectables par leurs travaux & leur honnêteté: mais en blâmant les goûts excessifs, nous devons servir ceux qui sont raisonnables. La conservation de certaines especes de gibier peut être agréable & utile sans beaucoup d'inconvéniens. On en a fait un art qui a des regles, & qui demande quelques connoissances. Nous allons dire ce qu'il est essentiel de savoir là - dessus.

Il y a plusieurs especes qui ne demandent que des soins ordinaires. La nature a destiné un certain nombre d'animaux à servir de nourriture à quelques autres; retranchez seulement les animaux carnassiers, vous porterez très loin la multiplication des autres: ainsi en détruisant les loups, vous aurez des cerfs, des chevreuils, &c. faites périr les renards, les fouines, les belettes, &c. vos bois se peupleront de lapins, vos plaines se couvriront de lievres, de maniere à vous incommoder vous même. La destruction des animaux carnassiers est donc le point le plus essentiel pour la conservation de toute espece de gibier; & le retranchement de ces animaux nuisibles, est un dédommagement du mal que le gibier peut faire lorsqu'il n'est pas excessivement abondant. La moindre négligence là - dessus rend inutiles tous les soins qu'on pourroit prendre d'ailleurs, & cela demande de la part de ceux qui en sont chargés beaucoup d'attention & d'habitude.

Ce soin principal n'est cependant pas le seul qu'exigent les especes de menu gibier qu'on peut conserver avec le moins d'inconvéniens; je parle des perdrix grises, des perdrix rouges & des faisans. Nous avons donné la maniere de les élever familierement pour en peupler promptement une terre. Voyez Faisanderie.

Chacune de ces especes demande un pays disposé d'une maniere particuliere, & des soins propres que nous allons indiquer séparement. En réunissant ces dispositions & ces soins, on peut réunir & conserver les trois especes ensemble.

Les perdrix grises se plaisent principalement dans les plaines fertiles, chaudes, un peu sablonneuses, & où la récolte est hâtive. Elles fuyent les terres froides, ou du moins elles ne s'y multiplient jamais à un certain point. Cependant si des terres naturellement froides sont échauffées par de bons engrais, si elles sont marnées, &c. l'abondance des perdrix peut y devenir très - grande: voilà pourquoi les environs de Paris en sont peuplés à un point qui paroit prodigieux. Tous les engrais chauds que fournit cette grande ville, y sont répandus avec profusion, & il favorisent autant la multiplication du gibier, que la fécondité des terres. En supposant les mêmes soins,

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