ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"727"> nes circonstances, étoient néanmoins d'accord sur les principes: tels furent les Valentiniens, les Simoniens, les Carpocratiens, les Nicolaïtes, & autres hérériques.

Quelquefois c'est un nom particulier que l'on donne aux successeurs des premiers Nicolaïtes & des premiers Carpocratiens qui parurent dans le second siecle, & quitterent le nom des auteurs de leur secte. Voyez Carpocratiens, &c.

Ceux qui voudront apprendre à fond leur doctrine & leurs visions, n'ont qu'à consulter S. Irénée, Tertullien, Clément d'Alexandrie, Origene, & S. Epiphane, & sur - tout le premier, qui a rapporté au long leurs sentimens qu'il réfute en même tems. Quoique S. Irénée parle plus en détail des Valentiniens que des autres Gnostiques, on trouve cependant dans ses ouvrages les principes généraux sur lesquels ces hérétiques établissoient leurs fausses opinions, & la méthode qu'ils suivoient en expliquant l'Ecriture; il les accuse d'avoir introduit dans la religion de vaines & ridicules généalogies, c'est - à - dire de certaines émanations ou processions divines, qui n'ont d'autre fondement que leur imagination. Voy. Eons.

En effet les Gnostiques avoüoient que ces émanations n'étoient point expliquées clairement dans les livres sacrés; mais ils disoient en même tems que J. C. les y avoit indiquées mystiquement sous des paraboles à ceux qui pouvoient les comprendre.

Ils n'appuyoient pas seulement sur les évangiles & sur les épitres de S. Paul leur fausse théologie, mais encore sur la loi de Moïse & sur les prophetes. Comme il y a dans ces derniers plusieurs paraboles ou allégories qui peuvent être interprétées différemment, ils s'en servoient avec adresse pour cacher plus facilement l'ambiguité de leurs interprétations.

Ils faisoient grand fond sur le commencement de l'évangile de S. Jean, où ils prétendoient trouver une partie de leurs émanations, parce qu'il y est parlé du Verbe, de la vie, de la lumiere, & de plusieurs autres choses qu'ils expliquoient selon leurs idées: ils distinguoient aussi trois sortes d'hommes, le matériel, l'animal, & le spirituel. Ils divisoient parcillement la nature en trois sortes d'êtres, en hylique ou matériel, en psychique ou animal, & en pneumatique ou spirituel.

Les premiers hommes, qui étoient matériels & incapables de connoissance, périssoient selon le corps & selon l'ame; les spirituels, au contraire, tels que se disoient les Gnostiques, étoient tous sauvés naturellement, sans qu'il en pérît aucun. Les psychiques ou animaux, qui tenoient le milieu entre les deux ordres, pouvoient se sauver ou se damner, selon les bonnes ou mauvaises actions qu'ils faisoient.

Le nom de Gnostique se prend quelquefois en bonne part dans les anciens écrivains ecclésiastiques, principalement dans Clément d'Alexandrie, qui décrit en la personne de son gnostique, les qualités d'un parfait chrétien, dans le septieme livre de ses stromates, où il prétend qu'il n'y a que le gnostique ou l'homme savant qui ait une véritable religion; il assûre que s'il se pouvoit faire que la connoissance de Dieu fût séparée du salut éternel, le gnostique ne se feroit pas un scrupule de préférer la connoissance; & que quand même Dieu lui promettroit l'impunité s'il agissoit contre ses commandemens, ou lui offroit le ciel à ces conditions, il ne voudroit pas l'accepter à ce prix, ni changer de conduite.

C'est en ce sens qu'il oppose les Gnostiques aux hérétiques de ce nom, assûrant que le vrai gnostique a vieilli dans l'étude de l'Ecriture - sainte, & qu'il garde la doctrine orthodoxe des apôtres & de l'Eglise; au lieu que les faux gnostiques abandonnent les tradi<cb-> tions apostoliques, s'imaginant être plus habiles que les apôtres.

Le nom de gnostique, qui est si beau dans sa vraie étymologie, est devenu infame par les desordres auxquels s'abandonnerent ceux qui se disoient gnostiques, comme nous avons vû de nos jours le quiétisme & le piétisme décrié & condamné à cause des desordres de ceux de cette secte. Voyez Quiétisme, &c.

Ce que le Chambers vient de dire des faux gnostiques, d'après le Trévoux, étant trop général pour donner au lecteur une idée bien distincte de leur doctrine & de leurs moeurs, il est bon d'ajoûter que quoique les Gnostiques composassent différentes sectes, ils convenoient pourtant presque tous sur certains chefs dont voici les principaux. 1°. Ils admettoient tous une production chimérique d'éons qui composoient une même divinité, & ils ne varioient que sur le nombre; les uns le réduisant à huit, & les autres en comptant jusqu'à trente. 2°. Ils attribuoient la création & le gouvernement du monde visible à ces éons, & non pas au dieu souverain. 3°. Ils croyoient que la loi de Moyse, les prophéties, & généralement toutes les lois, étoient l'ouvrage du créateur de ce monde qu'ils distinguoient du souverain ou de la collection des éons qui composoit la divinité. 4°. Ils enseignoient que le Christ envoyé d'en - haut pour sauver les hommes, n'avoit pas pris une véritable chair ni souffert véritablement, mais seulement en apparence; ce qui les avoit fait appeller docetes.

Leurs principes les conduisoient tous au déréglement & au libertinage; ils enseignoient qu'il étoit permis & même loüable de s'abandonner aux plaisirs de la chair; ils se nourrissoient de viandes délicieuses & de vins exquis, se baignoient & se parfumoient le corps avec une extrème sensualité: souvent ils faisoient leurs prieres entierement nuds, comme pour marque de liberté. Les femmes étoient communes entre eux; & quand ils recevoient un étranger qui étoit de leur secte, d'abord ils lui faisoient la meilleure chere qu'il leur étoit possible; après le repas, le mari lui offroit lui - même sa femme, & cette infamie se couvroit du beau nom de charité. Ils nommoient aussi leurs assemblées agapes, où l'on dit qu'après les excès de bouche, ils éteignoient la lumiere, & suivoient indifféremment tous leurs desirs: toutefois ils empêchoient la génération autant qu'ils pouvoient; on les accusoit même de faire avorter les femmes, de piler un enfant nouveau né dans un mortier, & d'en manger les membres ensanglantés; d'offrir une eucharistie infame, & de commettre plusieurs autres abominations sacrileges dont on trouve le détail dans S. Epiphane, qui avoit vû en Egypte des restes de ces sectes; car elles s'étoient répandues en diverses contrées, & subsisterent jusqu'au jv. siecle.

Les noms que l'on donnoit aux Gnostiques ont été fort différens & presque tous relatifs ou à leurs dogmes ou à la dépravation de leurs moeurs. Les plus anciens appellés eutuchiles ou eutuchites, étoient disciples des Simoniens, dont il est parlé dans le VII. livre des stromates de Clément Alexandrin, & dans l'apologie de Pamphile pour Origene, où il est dit qu'ils opposoient le nom de l'évangile à celui de la loi & des prophetes, & qu'ils vouloient que J. C. fût fils, non du Dieu auteur de l'ancien Testament, mais d'un autre dieu inconnu. On appelloit aussi les Gnostiques barbelonites, phibionites, borborites, stratiotiques, zachéens, coddiens, lévites, ou lévitiques; ces derniers sur - tout commettoient entre eux les plus infames abominations.

Ils avoient plusieurs ouvrages apocryphes sur lesquels ils fondoient leurs impiétés, entr'autres le livre des révelations, ou l'apocalypse d'Adam; l'histoire de Noria, femme de Noé; quelques livres supposés [p. 728] sous le nom de Seth; la prophétie de Bahuba; l'évangile de perfection, qui contenoit quantité d'impuretés; l'évangile d'Eve, remplie de rêveries & de visions; l'accouchement & les interrogations de Marie, dont S. Epiphane rapporte quelques passages pleins de fictions & d'infamies; l'évangile de Philippe, & divers autres évangiles qu'ils attribuoient aux apôtres pour accréditer leurs erreurs. Dupin, bibliotheq. ecclésiast. des auteurs des trois premiers siecles. Fleury, histoire ecclésiastique, liv. III. n°. 20. pp. 333 & 334. (G)

GOA (Page 7:728)

GOA, (Géog.) ville d'Asie dans la presqu'ile en - deçà du Gange; Alphonse d'Albuquerque l'enleva au roi de Décan en 1508, & la conserva pour son maître en 1529: elle fut érigée en archevêché en 1552, & son archevêque eut le titre magnifique de primat des Indes.

Goa étoit alors la clé du commerce d'orient, & l'une des plus opulentes villes du monde: c'étoit encore l'endroit où il se vendoit le plus d'esclaves, & l'on y trouvoit même à acheter les plus belles femmes de l'Inde. Tout cela n'a plus lieu; il ne reste à Goa qu'un viceroi, un inquisiteur, des moines, & une dixaine de mille habitans de nations & de religions différentes, tous réduits à une extreme misere; mais l'on y garde toûjours dans un superbe tombeau de l'église des Jésuites, le corps de S. François Xavier, surnommé l'apôtre des Indes. On sait que cet ami d'Ignace de Loyola, né au pie des Pyrenées, se rendit à Goa le 6 Mai 1542, pour y precher l'évangile, & qu'il mourut dans l'ile de Sancian, à 23 lieues des côtes de la Chine, le 2 Decembre 1552, âgé de quarante - six ans.

La ville de Goa est sous la zone torride, dans une île de neus lieues de tour, qui renferme plusieurs villages sur la Mandoua, avec un port admirable & quelques forteresses. Long. suivant le P. Noël & Cassini, 91d. 16'. 30''. & suivant le P. Bouchet, 93d. 55'. latit. 15d. 31'. (D. J.)

GOAR (Page 7:728)

GOAR (Saint - ), ou S. GOWER, sancti Goaris villa, (Géog.) est une petite ville dans le cercle du haut Rhin, capitale du comté de Catzenellbogen, avec un château pour défense; elle est sur le Ruin, à six lieues sud - est de Coblents, sept nord - oüest de Mayence, dix - neuf nord - est de Treves. Long. 25. 19. latit. 50. 2. (D. J.)

GOBE (Page 7:728)

GOBE, s. f. (Econ. rustiq. & Chasse.) ce sont des pâtées ou morceaux de viande empoisonnés, qu'on répand dans les greniers, les caves, les champs, pour détruire les animaux qui attaquent les denrées utiles à la vie de l'homme. On donne le même nom aux viandes ou autres substances qui leur servent d'appât & qui les attirent dans les piéges qu'on leur a tendus.

Gobe - Mouche (Page 7:728)

Gobe - Mouche, s. m. (Hist. nat. Zoolog.) petit lezard des Antilles qui n'est guere plus gros que le doigt, mais un peu plus grand; le mâle est verd & la femelle est grise & d'un tiers plus petite que le mâle; ces lezards ne vivent que de mouches & de ravets; ils les poursuivent avec tant d'avidité, qu'ils se précipitent du haut des arbres pour les saisir; ils se tiennent souvent pendant une demi - journée sans se remuer pour découvrir une mouche; ils sont très communs non - seulement sur les arbres des forêts, mais encore dans les maisons. Hist. nat. des Antilles, par le P. du Tertre, tome II. page 213. (I)

GOBELET (Page 7:728)

* GOBELET, s. m. (Economie domestiq.) vaisseau de verre ou de quelque substance métallique, qui est plus haut que large, ordinairement rond & sans anses, soit qu'il soit de verre ou de métal, & sans pié quand il est de verre, d'une capacité à pouvoir être embrassé commodément par la main, & dont on se sert pour prendre les liqueurs qui nous servent de boisson, soit en santé soit en maladie. Comme les liquêurs dont on remplit le vaisseau, sur - tout quand il est d'argent, sont quelquefois si chaudes qu'on auroit de la peine à tenir le gobelet, on le revêt quelquefois d'un bois mince & leger creusé autour, de la forme même du gobelet: cette enveloppe s'echausse difficilement, & par sa nature & par l'interruption; car il est d'expérience que la chaleur se répand avec moins de force & de facilité dans un corps fait de plu sieurs pieces, que s'il étoit d'une seule, dans le cas même où les pieces différentes seroient toutes le la même matiere. Cette idée que nous jettons ici, peut avoir son application dans un grand nombre d'autres cas plus importans, soit pour la construction de certaines machines, telles que les tourneaux (voyez l'article Fourneau), soit pour l'explication de plusieurs phénomenes.

Tours de Gobelets, (Art d'eseamotage.) On appelle ainsi des especes de tours de gibeciere, qui consistent en une douzaine de passes qu'on exécute avec des balles & des gobelets faits exprès. M. Ozanam s'est amusé dans ses récréations mathematiques, à expliquer toutes ces sortes de jeux de main.

Les gobelets dont on se sert ordinairement pour les exécuter, sont de ser - blanc; il est bon qu'ils ayent deux pouces & sept lignes de hauteur, deux pouces & demi de largeur par l'ouverture, & un pouce deux lignes par le fond. Le fond doit être en forme de calotte renversée, & avoir trois lignes & demie de profondeur: il y aura deux cordons, l'un fixé dans le bas, pour rendre les gobelets plus forts, & l'autre à trois lignes du bas, pour empêcher que les gobelets ne tiennent ensemble quand on les met l'un dans l'autre. Au reste, les dimensions ici proposées pour le gobelet ne sont pas absolument nécessaires; il suffit d'observer que ceux dont on joue ne sorent pas trop grands; que le fond n'en soit pas trop petit, & qu'ils ne tiennent pas fermement l'un dans l'autre.

On fait les balles à escamoter de liége; & on leur donne la grosseur d'une noisette; ensuite on les brûle à la chandelle; & quand elles sont rouges, on les tourne dans les mains, pour les rendre bien rondes.

Personne n'ignore que la principale difficulté du jeu des gobelets ne consiste que dans l'escamotage, & que ce petit art demande de l'exercice joint à quelque méthode: il faut, par exemple, pour bien escamoter, prendre la balle avec le milieu du pouce & le bout du premier doigt, & la faire rouler avec le pouce entre le second & le troisieme doigt, où l'on tient la balle en serrant les deux doigts & en ouvrant la main; tenir les doigts les plus étendus que l'on peut, afin de faire paroitre qu'on n'a rien dans les mains. Lorsqu'on veut mettre sous un gobelet la balle que l'on a escamotée, on la fait sortir d'entre les deux premiers doigts, en la poussant avec le second doigt dans le troisieme; on leve le gobelet en l'air, & en le rabaissant vîte, on met la balle dedans.

Le joüeur de gobelets doit se placer derriere la table pour joüer, & ceux qui regardent doivent être devant du côté des balles que le joüeur tient dans sa gibeciere. Voyez Gibeciere. (D. J.)

GOBLETTES (Page 7:728)

GOBLETTES, s. f. ou HEULOTS, (Pêche.) bateaux plats servant à la Pêche; ils sont en utage dans le ressort de l'amirauté de S. Vallery en Somme.

GOBELINS (Page 7:728)

GOBELINS (les) Hist. des Arts; lieu particulier du faubourg S. Marceau à Paris, où coule la petite riviere de Bievre: ce lieu est ainsi nommé de Gilles Gobelin, teinturier en laine, qui mit en usage sous le regne de François I. l'art de teindre la belle écarlate, appellée depuis écarlate des Gobelins. Jans, fameux tapissier de Bruges, exécuta les premieres tapisseries de haute & basse lisse qu'on y ait fabriquées: mais Louis XIV. a tait bâtir dans ce lieu un

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