ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"687"> lité; & c'est ce qui arrive dans le procédé qu'on vient d'indiquer. (D. J.)

Glace (Page 7:687)

Glace; on appelle ainsi un verre poli, qui par le moyen du teint, sert dans les appartemens à réfléchir la lumiere, à représenter fidelement & à multiplier les objets: ce verre est disposé par miroirs ou par panneaux, & l'on en fait des lambris de revêtement. On a trouvé depuis peu le secret d'en fondre & polir d'une très - grande hauteur. Voyez la fabrication des glaces, au mot Verrerie.

Glace (Page 7:687)

Glace, en terme de Joüaillier, se dit de certains défauts qui se rencontrent dans les diamans, pour avoir été tirés avec trop de violence des veines de la mine. Lorsque les glaces sont trop considérables dans les diamans, on est obligé de les scier ou de les cliver. Voyez Diamant & Cliver. Dict. de Comm.

GLACE (Page 7:687)

GLACE, adj. (Physique.) zone glacée ou froide; c'est le nom qu'on a donné à deux parties de la terre, l'une méridionale, l'autre septentrionale, dont les poles occupent le milieu, & qui s'étendent de - là à vingt - trois degrés & demi environ de part & d'autre. M. de Maupertuis, dans son discours sur la figure de la terre, nous a donné une idée du froid qu'on éprouve dans ces zones; l'ayant éprouvé lui - même pendant l'hyver de 1736 à 1737, qu'il passa à Torneo en Laponie, sous le cercle polaire, avec MM. Clairaut, Camus, le Monnier, &c. Dès le 19 Septembre, on vit de la glace, & de la neige le 21; plusieurs endroits du grand fleuve qui passe à Torneo, étoient déjà glacés: le premier Novembre, il commença à geler très - fort; & dès le lendemain tout le grand fleuve fut pris, & la neige vint bien - tôt couvrir la glace.

Pendant une opération qui fut faite sur la glace le 21 Décembre, le froid fut si grand que les doigts gelerent à plusieurs de ceux qui la faisoient; la langue & les levres se colloient & se geloient contre la tasse, lorsqu'on vouloit boire de l'eau - de - vie, qui étoit la seule liqueur qu'on pût conserver assez liquide pour la boire, & ne s'en arrachoient que sanglantes. Si on creusoit des puits profonds dans la glace pour avoir de l'eau, ces puits étoient presque aussi - tôt refermés; & l'eau pouvoit à - peine parvenir liquide jusqu'à la bouche.

Les maisons basses de Torneo se trouvoient enfoncées jusqu'au toît dans les neiges; & ces neiges toûjours tombantes ou prêtes à tomber, ne permettoient guere au soleil de se faire voir pendant quelques inomens à l'horison vers le midi. Le froid fut si grand dans le mois de Janvier, que des thermometres de mercure, ces thermometres qu'on fut surpris de voir descendre en 1709 à Paris à quatorze degrés au - dessous de la congelation, descendirent alors à trente - sept degrés; ceux d'esprit - de - vin gelerent. Lorsqu'on ouvroit la porte d'une chambre chaude, l'air de dehors convertissoit sur le champ en neige la vapeur qui s'y trouvoit, & en formoit de gros tourbillons blancs: lorsqu'on sortoit, l'air sembloit déchirer la poitrine; les habitans d'un pays si dur y perdent quelquefois le bras ou la jambe.

Quelquefois il semble que le vent souffle de tous les côtés à la fois, & il lance la neige avec une telle impétuosité, qu'on un moment tous les chemins sont perdus. Sur les autres phénomenes de ces climats pendant l'hyver, voyez Aurore boréale.

Le vent qui pendant tout l'hyver vient du nord & passe sur les terres gelées de la Nouvelle - Zemble, rend le pays arrosé par l'Oby & toute la Sibérie si froids, qu'à Tobolsk même, qui est au cinquanteseptieme degré, il n'y a point d'arbres fruitiers; tandis qu'en Suede, à Stockholm, & même à de plus hautes latitudes, on a des arbres fruitiers & des légumes: cette différence vient, dit M. de Busson, de ce que la mer Baltique & le golphe de Bothnie adoucis<cb-> sent un peu la rigueur des vents du nord; au lieu qu'en Sibérie il n'y a rien qui puisse tempérer l'activité du froid: il ne fait jan ais aussi froid, continue - til, sur les côtes de la mer que dans l'intérieur des terres; il y a des plantes qui passent l'hyver en plein à Londres, & qu'on ne peut conserver à Paris.

Le pays du monde le plus froid est le Spitzberg; c'est une terre au soixante - dix - huitieme degré de latitude, toute formée de petites montagnes aiguës: ces montagnes sont composées de gravier & de certaines pierres plates semblables à de petites pierres d'ardoise grise, entassées les unes sur les autres. Ces collines se forment, disent les voyageurs, de ces petites pierres ou de ces graviers que les vents ainoncellent; elles croissent à vûe d'oeil, & les matelots en découvrent tous les ans de nouvelles. On ne trouve dans ce pays que des rennes qui paissent une petite herbe fort courte & de la mousse. Au - dessus de ces petites montagnes, & à plus d'une lieue de la mer, on a trouvé un mât qui avoit une poulie attachée à un de ses bouts; ce qui a fait penser que la mer passoit autrefois sur ces montagnes, & que ce pays est formé nouvellement; il est inhabité & inhabitable: le terrein qui forme ces petites montagnes n'a aucune liaison; & il en sort une vapeur si froide & si pénétrante, qu'on est gelé pour peu qu'on y demeure. Voyez Froid & Glace. Hist. nat. génér. & particul. tome I. (O)

GLACER (Page 7:687)

GLACER, v. act. voyez ci - après Glacis.

Nous observerons seulement ici, 1°. qu'on prépare les fonds sur lesquels on veut glacer, beaucoup plus clairs que les autres, particulierement les grandes lumieres qu'on fait quelquefois de blanc pur. On laisse sécher ce fond; après quoi on passe dessus un glacis de la couleur qu'on juge convenable.

2°. Qu'il y a une façon de glacer qu'on nomme quelquefois frottis, plus legere, mais dont on ne se sert guere que lorsque l'on a fait quelque méprise, telles que d'aveir fait dans un tableau des parties de couleur trop entieres: alors on trempe une brosse avec laquelle on a pris très - peu de la couleur qui convient dans une huile ou vernis qui la rend extrèmement liquide; & on laisse plus ou moins de cette couleur ou glacis, en frottant la brosse sur les parties viciées de ce tableau, pour les raccorder avec les autres.

3°. Que dans la Peinture en détrempe; en prenant la précaution, en glaçant, de passer une couche de colle chaude sur le fond qu'on veut glacer; & lorsqu'elle est seche, de passer dessus le glacis le plus promptement qu'on peut, crainte de détremper le dessous.

4°. Qu'il est encore une espece de glacis qu'on appelle communément frottis, qui se fait avec une brosse dans laquelle il n'y a presque point de couleur, sur les endroits où on le croit nécessaire. (R)

Glacer (Page 7:687)

* Glacer, c'est coller des étoffes, & leur donner le lustre après les avoir collées. Pour les coller on prend les rognures & les raclures de parchemin; on en fait de la colle; on passe cette colle quand elle est faite à - travers un tamis. Il faut qu'elle soit bien fine, bien pure & bien transparente; on en étend legerement sur l'étoffe à coller avec un pinceau, ou plûtôt quand elle est assez délayée on y trempe l'étoffe; on lui laisse prendre la colle, & ensuite on la lisse: c'est un travail dur & pénible que celui de lisser. La lisse des ouvriers qui glacent les étoffes n'est pas différente de celle des Cartiers; c'est une presse arboutée par en - haut contre une solive, se mouvant à charniere faisant ressort, & garnie par en - bas d'un corps dur & poli comme une pierre, un plateau de verre qu'on fait aller & venir à force de bras sur le corps à lisser, qui se trouve fortement pressé entre la lissoire & un marbre, ou une table unie, solide & d'un bois dur & compact. [p. 688] Voyez ces articles. On glace les perses, les indiennes, les roiles peintes, &c.

Glacer (Page 7:688)

Glacer, en terme de Confiseur, c'est orner des plats de dessert d'une sorte de garniture de sucre, & autres ingrédiens semblables.

Glacer (Page 7:688)

Glacer, terme de Tailleur, qui signifie unir une étoffe avec sa doublure, en y faisant d'espace à autre un basti de soie ou de fil, afin qu'elles soient plus unies ensemble & ne plissent point.

GLACIAL (Page 7:688)

GLACIAL, adj. (Physiq.) se dit de ce qui a rapport à la glace, & sur - tout d'un lieu qui abonde en glace; ainsi nous appellons mer glaciale la partie de la mer du nord qui est pleine de glace. Les zones glacées ou froides sont appellées aussi quelquefois zones glaciales. Voyez Froid, Glace & Glacé

Plusieurs anciens n'ont pas cru que la mer pût se geler; mais la mer Baltique & la mer Blanche se gelent presque tous les ans, & les mers plus septentrionales se gelent tous les hyvers, Le Zuiderzée même se gele souvent en Hollande.

Les fleuves du nord transportent dans les mers une prodigieuse quantité de glaçons, qui venant à s'accumuler, forment ces masses énormes de glace si funestes aux voyageurs; un des endroits de la mer glaciale où elles sont le plus abondantes, est le détroit de Waigats qui est gelé en entier pendant la plus grande partie de l'année; ces glaces sont formées des glaçons que le fleuve Oby transporte presque continuellement. Elles s'attachent le long des côtes, & s'élevent à une hauteur considérable des deux côtes du détroit: le milieu du détroit est l'endroit qui gele le dernier, & où la glace est la moins élevée; lorsque le vent cesse de venir du nord, & qu'il souffle dans la direction du détroit, la glace commence à fondre & à se rompre dans le milieu; ensuite il s'en détache des côtes de grandes masses qui voyagent dans la haute mer.

Les vaisseaux qui vont au Spitzberg pour la pêche de la baleine, y arrivent au mois de Juillet, & en partent vers le 15 d'Août. On y trouve des morceaux prodigieux de glaces épaisses de 60, 70 & 80 brasses; il y a des endroits où il semble que la mer soit glacée jusqu'au fond; ces glaces qui sont élevées au - dessus du niveau de la mer, sont claires & luisantes comme du verre.

Il y a aussi beaucoup de glaces dans les mers du Nord, de l'Amérique, &c. Robert Lade nous assûre que les montagnes de Frisland sont entierement couvertes de neige, & toutes les côtes de glace, comme d'un boulevard qui ne permet pas d'en approcher. « Il est, dit - il, fort remarquable que dans cette mer on trouve des îles de glace de plus d'une demi-lieue de tour extrèmement élevées, & qui ont 70 ou 80 brasses de profondeur dans la mer; cette glace qui est douce est peut - être formée dans les détroits des terres voisines, &c. Ces îles ou montagnes de glace sont si mobiles, que dans les tems orageux elles suivent la course d'un vaisseau comme si elles étoient entraînées dans le même sillon; il y en a de si grosses que leur superficie au - dessus de l'eau surpasse l'extrémité des mâts des plus gros navires, &c.» Voyez la traduction des voyages de Lade, par M. l'abbé Prevost, tome. II. page 305 & suivant.

Voici un petit journal historique au sujet des glaces de la nouvelle Zemble. « Au Cap de Troost le tems fut si embrumé, qu'il fallut amarrer le vaisseau à un banc de glace qui avoit 36 brasses de profondeur dans l'eau, & environ 16 brasses au - dessus, si bien qu'il avoit 52 brasses d'épaisseur.

Le 10 Août les glaces s'étant séparées, les glaçons commencerent à flotter; & alors on remarqua que le gros banc de glace auquel le vaisseau avoit été amarré, touchoit au fond, parce que tous les autres passoient au long, & le heurtoient sans l'ébranler; on craignit donc de demeurer pris dans les glaces, & on tâcha de sortir de ce parage, quoiqu'en passant on trouvât déjà l'eau prise, le vaisseau faisant craquer la glace bien loin autour de lui: enfin on aborda un autre banc où l'on porta vîte l'ancre de toüe, & l'on s'y amarra jusqu'au soir.

Après le repas pendant le premier quart, les glaces commencerent à se rompre avec un bruit si terrible, qu'il n'est pas possible de l'exprimer. Le vaisseau avoit le cap au courant qui charrioit les glaçons, si bien qu'il fallut filer du cable pour se retirer; on compta plus de quatre cents gros bancs de glace qui enfonçoient de dix brasses dans l'eau, & paroissoient de la hauteur de deux brasses au - dessus.

Ensuite on amarra le vaisseau à un autre banc qui enfonçoit de six grandes brasses, & l'on y mouilla en croupiere. Dès qu'on y fut établi, on vit encôre un autre banc peu éloigné de cet endroit - là, dont le haut s'élevoit en pointe tout de même que la pointe d'un clocher, & il touchoit le fond de la mer; on s'avança vers ce banc, & l'on trouva qu'il avoit 20 brasses de haut dans l'eau, & à - peu - près 12 brasses au - dessus.

Le 11 Août on nagea encore vers un autre banc qui avoit 18 brasses de profondeur, & 10 brasses au - dessus de l'eau.

Le 21 les Hollandois entrerent assez avant dans le port des glaces, & y demeurerent à l'ancre pendant la nuit; le lendemain matin ils se retirerent, & allerent amarrer leur bâtiment à un banc de glace sur lequel ils monterent, & dont ils admirerent la figure comme une chose très - singuliere; ce banc étoit couvert de terre sur le haut, & on y trouva près de quarante oeufs; la couleur n'en étoit pas non plus comme celle de la glace, elle étoit d'un bleu céleste. Ceux qui étoient là raisonnerent beaucoup sur cet objet; les uns disoient que c'étoit un effet de la glace, & les autres soûtenoient que c'étoit une terre gelée. Quoi qu'il en fût, ce banc étoit extrèmement haut; il avoit environ dix - huit brasses sous l'eau, & dix brasses au - dessus.» Pag. 46. &c. tom. I. Voyage des Hollandois par le Nord.

Wafer rapporte que près de la terre de Feu il a rencontré plusieurs glaces slottantes très - élevées, qu'il prit d'abord pour des îles: quelques - unes, ditil, paroissoient avoir une lieue ou deux de long, & la plus grosse de toutes lui parut avoir quatre ou cinq cents piés de haut. Voyez le voyage de Wafer imprimé à la suite de ceux de Dampier, tom. IV. pag. 304. Tout ceci est tiré de l'Hist. naturelle, générale & particuliere, tome I.

Nous terminerons cet article par deux réflexions sur les mers glaciales du nord & sur les mers glaciales du midi; ces observations pourront être utiles aux navigateurs.

On a cherché long - tems, & l'on cherche encore un passage aux Indes par les mers du nord; mais dans la crainte d'un trop grand froid si on s'approchoit trop du pole, on ne s'est pas assez éloigné des terres, & on a trouvé les mers fermées par les glaces. Il y a cependant apparence qu'il y a moins de glace en plaine mer que près des côtes, parce que les glaces sont apportées principalement par les fleuves. Quelques relations assûrent d'ailleurs que des Hollandois s'étant fort approchés du pole, y avoient trouvé une mer ouverte & tranquille, & un air tempéré; ce qui n'est peut - être pas impossible en été, à cause de la présence continuelle du soleil au pole boréal pendant six mois.

La seconde observation regardé les mers glaciales de l'hémisphere austral. Les glaces, comme l'on sait,

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