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GLACIAL (Page 7:688)
GLACIAL, adj. (Physiq.) se dit de ce qui a rapport
à la glace, & sur - tout d'un lieu qui abonde en glace;
ainsi nous appellons mer glaciale la partie de la mer
du nord qui est pleine de glace. Les zones glacées ou
froides sont appellées aussi quelquefois zones glaciales.
Voyez
Plusieurs anciens n'ont pas cru que la mer pût se geler; mais la mer Baltique & la mer Blanche se gelent presque tous les ans, & les mers plus septentrionales se gelent tous les hyvers, Le Zuiderzée même se gele souvent en Hollande.
Les fleuves du nord transportent dans les mers une prodigieuse quantité de glaçons, qui venant à s'accumuler, forment ces masses énormes de glace si funestes aux voyageurs; un des endroits de la mer glaciale où elles sont le plus abondantes, est le détroit de Waigats qui est gelé en entier pendant la plus grande partie de l'année; ces glaces sont formées des glaçons que le fleuve Oby transporte presque continuellement. Elles s'attachent le long des côtes, & s'élevent à une hauteur considérable des deux côtes du détroit: le milieu du détroit est l'endroit qui gele le dernier, & où la glace est la moins élevée; lorsque le vent cesse de venir du nord, & qu'il souffle dans la direction du détroit, la glace commence à fondre & à se rompre dans le milieu; ensuite il s'en détache des côtes de grandes masses qui voyagent dans la haute mer.
Les vaisseaux qui vont au Spitzberg pour la pêche de la baleine, y arrivent au mois de Juillet, & en partent vers le 15 d'Août. On y trouve des morceaux prodigieux de glaces épaisses de 60, 70 & 80 brasses; il y a des endroits où il semble que la mer soit glacée jusqu'au fond; ces glaces qui sont élevées au - dessus du niveau de la mer, sont claires & luisantes comme du verre.
Il y a aussi beaucoup de glaces dans les mers du
Nord, de l'Amérique, &c. Robert Lade nous assûre
que les montagnes de Frisland sont entierement couvertes
de neige, & toutes les côtes de glace, comme
d'un boulevard qui ne permet pas d'en approcher.
Voici un petit journal historique au sujet des glaces
de la nouvelle Zemble.
Le 10 Août les glaces s'étant séparées, les glaçons
commencerent à flotter; & alors on remarqua
que le gros banc de glace auquel le vaisseau
avoit été amarré, touchoit au fond, parce que
Après le repas pendant le premier quart, les
glaces commencerent à se rompre avec un bruit si
terrible, qu'il n'est pas possible de l'exprimer. Le
vaisseau avoit le cap au courant qui charrioit les
glaçons, si bien qu'il fallut filer du cable pour se
retirer; on compta plus de quatre cents gros bancs
de glace qui enfonçoient de dix brasses dans l'eau,
& paroissoient de la hauteur de deux brasses au - dessus.
Ensuite on amarra le vaisseau à un autre banc
qui enfonçoit de six grandes brasses, & l'on y
mouilla en croupiere. Dès qu'on y fut établi, on
vit encôre un autre banc peu éloigné de cet endroit - là, dont le haut s'élevoit en pointe tout de
même que la pointe d'un clocher, & il touchoit
le fond de la mer; on s'avança vers ce banc, &
l'on trouva qu'il avoit 20 brasses de haut dans
l'eau, & à - peu - près 12 brasses au - dessus.
Le 11 Août on nagea encore vers un autre banc
qui avoit 18 brasses de profondeur, & 10 brasses
au - dessus de l'eau.
Le 21 les Hollandois entrerent assez avant dans
le port des glaces, & y demeurerent à l'ancre pendant
la nuit; le lendemain matin ils se retirerent,
& allerent amarrer leur bâtiment à un banc de glace
sur lequel ils monterent, & dont ils admirerent
la figure comme une chose très - singuliere; ce banc
étoit couvert de terre sur le haut, & on y trouva
près de quarante oeufs; la couleur n'en étoit pas
non plus comme celle de la glace, elle étoit d'un
bleu céleste. Ceux qui étoient là raisonnerent beaucoup
sur cet objet; les uns disoient que c'étoit un
effet de la glace, & les autres soûtenoient que c'étoit
une terre gelée. Quoi qu'il en fût, ce banc étoit
extrèmement haut; il avoit environ dix - huit brasses
sous l'eau, & dix brasses au - dessus.»
Wafer rapporte que près de la terre de Feu il a rencontré plusieurs glaces slottantes très - élevées, qu'il prit d'abord pour des îles: quelques - unes, ditil, paroissoient avoir une lieue ou deux de long, & la plus grosse de toutes lui parut avoir quatre ou cinq cents piés de haut. Voyez le voyage de Wafer imprimé à la suite de ceux de Dampier, tom. IV. pag. 304. Tout ceci est tiré de l'Hist. naturelle, générale & particuliere, tome I.
Nous terminerons cet article par deux réflexions sur les mers glaciales du nord & sur les mers glaciales du midi; ces observations pourront être utiles aux navigateurs.
On a cherché long - tems, & l'on cherche encore un passage aux Indes par les mers du nord; mais dans la crainte d'un trop grand froid si on s'approchoit trop du pole, on ne s'est pas assez éloigné des terres, & on a trouvé les mers fermées par les glaces. Il y a cependant apparence qu'il y a moins de glace en plaine mer que près des côtes, parce que les glaces sont apportées principalement par les fleuves. Quelques relations assûrent d'ailleurs que des Hollandois s'étant fort approchés du pole, y avoient trouvé une mer ouverte & tranquille, & un air tempéré; ce qui n'est peut - être pas impossible en été, à cause de la présence continuelle du soleil au pole boréal pendant six mois.
La seconde observation regardé les mers glaciales de l'hémisphere austral. Les glaces, comme l'on sait, [p. 689]
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