RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"584">
Qu'à la guerre donc & dans le conseil le génie semblable à la divinité parcoure d'un coup d'oeil la multitude des possibles, voye le mieux & l'exécute; mais qu'il ne manie pas long - tems les affaires où il faut attention, combinaisons, persévérance: qu'Alexandre & Condé soient maîtres des évenemens, & paroissent inspirés le jour d'une bataille, dans ces instans où manque le tems de délibérer, & où il faut que la premiere des pensées soit la meilleure; qu'ils décident dans ces momens où il faut voir d'un coup - d'oeil les rapports d'une position & d'un mouvement avec ses forces, celles de son ennemi, & le but qu'on se propose: mais que Turenne & Marlborough leur soient préférés quand il faudra diriger les opérations d'une campagne entiere.
Dans les Arts, dans les Sciences, dans les affaires,
le génie semble changer la nature des choses; son caractere
se répand sur tout ce qu'il touche; & ses lumieres
s'élançant au - delà du passé & du présent,
éclairent l'avenir: il dévance son siecle qui ne peut
le suivre; il laisse loin de lui l'esprit qui le critique
avec raison, mais qui dans sa marche égale ne sort
jamais de l'uniformité de la nature. Il est mieux senti
que connu par l'homme qui veu; le définir: ce seroit
à lui - même à parler de lui; & cet article que
je n'aurois pas dû faire, devroit être l'ouvrage d'un
de ces hommes extraordinaires
Genie (Page 7:584)
C'est à M. le maréchal de Vauban que l'on doit l'établissement du génie ou du corps des Ingénieurs.
Un général qui faisoit un siége avant l'établissement des corps des Ingénieurs, choisissoit parmi les officiers d'infanterie ceux qui avoient acquis quelqu'expérience dans l'attaque des places, pour en conduire les travaux; mais il arrivoit rarement, comme le remarque M. de Vauban, qu'on en trouvât d'assez habiles pour répondre entierement aux vûes du général, & le décharger du soin & de la direction de ces travaux. Henri IV. avoit eu cependant pour ingénieur Errard de Barleduc, dont le traité de fortification montre beaucoup d'intelligence & de capacité dans l'auteur. Sous Louis XIII. le
* M. de Voltaire, par exemple.
Dans le commencement du regne de Louis XIV. le comte de Pagan se distingua beaucoup dans l'art de fortifier. Il fut le précurseur de M. le maréchal de Vauban, qui dans la fortification n'a guere fait que rectifier les idées générales de ce célebre ingénjeur; mais qui a par - tout donné des marques d'un génie supérieur & inventif, particulierement dans l'attaque des places, qu'il a portée à un degré de perfection auquel il est difficile de rien ajoûter.
Le chevalier de Clerville paroît aussi, par les différens mémoires sur les troubles de la minorité du roi Louis XIV, avoir eu beaucoup de réputation dans l'attaque des places. M. de Vauban commença à servir sous lui dans plusieurs siéges; mais il s'éleva ensuite rapidement au - dessus de tous ceux qui l'avoient précédé dans la même carriere.
Par l'établissement du génie, le roi a toûjours un corps nombreux d'ingénieurs, suffisant pour servir dans ses armées en campagne & dans ses places. On ne fait point de siége depuis long - tems qu'il ne s'y en trouve trente - six ou quarante, partagés ordinairement en brigades de six ou sept hommes, afin que dans chaque attaque on puisse avoir trois brigades, qui se relevant alternativement tous les vingt quatre heures, partagent entr'eux les soins & les fatigues du travail, & le font avancer continuellement sans qu'il y ait aucune perte de tems.
C'est à l'établissement du génie que la France doit la supériorité qu'elle a, de l'aveu de toute l'Europe, dans l'attaque & la défense des places sur les nations voisines.
Le génie a toûjours eu un ministre ou un directeur
général, chargé des fortifications & de tout ce qui
concerne les Ingénieurs. Voyez
L'Artillerie qui avoit toûjours formé un corps particulier sous la direction du grand - maître de l'Artillerie, vient, depuis la suppression de cette importante charge, d'être unie à celui du génie. Par l'ordonnance du 8 Décembre 1755, ces deux corps n'en doivent plus faire qu'un seul sous la dénomination de corps royal de l'Artillerie & du Génie. (Q)
GENIES (Page 7:584)
GENIES en Architecture, figures d'enfans avec des
aîles & des attributs, qui servent dans les ornemens
à représenter les vertus & les passions, comme ceux
qui sont peints par Raphaël dans la galerie du vieux
palais Chigi à Rome. Il s'en fait de bas - reliefs, comme
ceux de marbre blanc dans les trente - deux tympans
de la colonnade de Versailles, qui sont par grouppes,
& tiennent des attributs de l'amour, des jeux,
des plaisirs, &c. On appelle génies fleuronés, ceux
dont la partie inférieure se termine en naissance de
rinceau de feuillages, comme dans la frise du frontispice
de Néron à Rome. Voyez nos
On se sert aussi du mot de génie, pour désigner le
feu & l'invention qu'un architecte, un dessinateur,
décorateur, ou tous autres Artistes mettent dans la
décoration de leurs ouvrages; c'est une partie très nécessaire
dans l'Architecture. Un homme sans génit,
quoique muni des préceptes de son art, va rarement
loin: la diversité des occasions & le detail immense
d'un bâtiment, exigent absolument des dispositions
naturelles, qui soient aidées d'un exercice labotieux
& sans relâche; qualités essentielles à un architecte
pour mériter la confiance de ceux qui lui abandonnent
leurs intérêts. Voyez
Genie (Page 7:584)
GENIOGLOSSE (Page 7:585)
GENIOGLOSSE, adj. pris s. en Anatomie, se dit
d'une paire de muscles qui prennent leur origine de
la partie interne de la symphise du menton, au - dessous des génio - hyoïdiens; ils s'élargissent ensuite, &
vont s'attacher à la base de la langue. Voyez
GENIO - HYOIDIEN (Page 7:585)
GENIO - HYOIDIEN, adj. en Anatomie, se dit
d'un muscle de l'os hyoïde, qui aussi - bien que son
pareil est court, épais & charnu; ils prennent leur
origine de la partie interne de la machoire inférieure
qu'on appelle menton; ils sont larges à leur origine;
ils se retrécissent ensuite, & vont s'attacher à la partie
supérieure de la base de l'os hyoide. Voyez
GENIO - PHARYNGIENS (Page 7:585)
GENIO - PHARYNGIENS, en Anat. se dit d'une
paire de muscles du phar ynx qui viennent de la sympnise
du menton, au - dessous des muscles genio - glosses, & qui s'attachent aux parties latérales du pharynx.
Voyez
GENIPANIER (Page 7:585)
GENIPANIER, s. m. (Hist. nat. bot.) genipa, genre
de plante observé par le P. Plumier; la fleur est
monopétale, campaniforme, évasée; il sort du calice
un pistil qui entre dans la partie postérieure de
la fleur; le calice devient un fruit qui a ordinairement
la figure d'un oeuf, qui est charnu & partagé
en deux sortes de loges, & qui renferme des semences
plates pour l'ordinaire. Tournef, rei herb. appendix.
Voyez
GENISTELLE (Page 7:585)
GENISTELLE, s. f. genistella, (Hist. nat. bot.)
genre de plante qui differe du genêt en ce que ses
feuilles naissent l'une de l'autre, & sont comme articulées
ensemble. Tournef. inst. rei herb. & élémens
de Botanique. Voyez
GENITA - MANA (Page 7:585)
GENITA - MANA, (Mythol.) déesse qui présidoit aux enfantemens; les Romains lui sacrifioient un chien, comme les Grecs en sacrifioient un à Hécate. On faisoit à cette déesse une priere conçue en termes fort singuliers: on lui demandoit la faveur que de ce qui naîtroit dans la maison rien ne devint bon. Plutarque dans ses questions romaines, quest. 52, donne deux explications de cette façon de parler énigmatique; l'une est de ne pas entendre la priere des personnes, mais des chiens, Alors, dit - il, l'on demandoit à la déesse que ces animaux qui naîtroient dans la maison, ne fussent pas doux & pacifiques, mais méchans & féroces; ou bien, selon Plutarque, en appliquant la priere aux personnes, le mot devenir bon signifioit mourir; dans ce dernier sens l'on prioit la déesse qu'aucun de ceux qui naitroient dans la maison, ne vînt à mourir dans cette même maison. Cette derniere explication, ajoûte - t - il, ne doit pas paroître étrange à ceux qui savent que dans un certain traité de paix conclu entre les Arcadiens & les Lacédémoniens, il fut stipulé qu'on ne feroit bon, c'est - à - dire, selon Aristote, qu'on ne tueroit personne d'entre les Tégates pour les secours qu'ils auroient pû prêter aux Lacédémoniens. (D. J.)
GENITAL (Page 7:585)
GENITAL, adj. dans l'économie animale, c'est ce
qui appartient à la génération. Voyez
Parties génitales dénotent les parties qui servent
à la génération dans les deux sexes. Voyez
GENITES (Page 7:585)
GENITES, adj. pl. pris sub. (Théolog.) c'est - à - dire engendrés; nom qui parmi les Hébreux signifioit ceux qui descendoient d'Abraham sans aucun mélange de sang étranger, c. à d. dont tous les ancêtres paternels & maternels étoient israëlites, & issus en droite ligne d'autres israëlites en remontant ainsi jusqu'à Abraham. Les Grecs distinguoient par le nom des genites, les Juifs nés de parens qui ne s'étoient point alliés avec les Gentils pendant la captivité de Babylone. Chambers. (G)
GENITIF (Page 7:585)
GENITIF, s. m. c'est le second cas dans les lan<cb->
Ainsi dans lumen solis, le nom solis exprime deux idées; l'une principale, désignée sur - tout par les premiers élemens du mot, sol, & l'autre accessoire, indiquée par la terminaison is: cette terminaison présente ici le soleil comme le terme auquel on rapporte le nom appellatif lumen (la lumiere), pour en déterminer la signification trop vague par la relation de la lumiere particuliere dont on prétend parler, au corps individuel d'où elle émane; c'est ici un détermination fondée sur le rapport de l'effet à la cause.
La détermination produite par le génitif peut être
fondée sur une infinité de rapports différens. Tantôt
c'est le rapport d'une qualité à son sujet, fortitudo
regis; tantôt du sujet à la qualité, puer egregioe indolis: quelquefois c'est le rapport de la forme à la matiere,
vas auri; d'autre fois de la matiere à la forme,
aurum vasis. Ici c'est le rapport de la cause à
l'effet, creator mundi; là de l'effet à la cause, Ciceronis opera. Ailleurs c'est le rapport de la partie au
tout, pes montis; de l'espece à l'individu, oppidum
Antiochioe; du contenant au contenu, modius frumenti; de la chose possédée au possesseur, bona civium; de l'action à l'objet, metus supplicü, &c. Partout le nom qui est au génitif exprime le terme du
rapport; le nom auquel il est associé en exprime
l'antécédent; & la terminaison propre du génitif annonce
que ce rapport qu'elle indique est une idée
déterminative de la signification du nom antécédent.
Voyez
Cette diversité des rapports auxquels le génitif
peut avoir trait, a fait donner à ce cas différentes
dénominations, selon que les uns ont fixé plus que
les autres l'attention des Grammairiens. Les uns
l'ont appellé possessif, parce qu'il indique souvent le
rapport de la chose possédée au possesseur, proedium
Terentii; d'autres l'ont nommé patrius ou paternus,
à cause du rapport du pere aux enfans, Cicero pater
Tuilioe: d'autres uxorius, à cause du rapport de l'épouse
au mari, Hectoris Andromache. Toutes ces dénominations
péchent en ce qu'elles portent sur un
rapport qui ne tient point directementà la signification
du génitif, & qui d'ailleurs est accidentel. L'effet général
de ce cas est de servir à déterminer la signification
vague d'un nom appellatif par un rapport
quelconque dont il exprime le terme; c'étoit dans
cette propriété qu'il en falloit prendre la dénomination,
& on l'auroit appellé alors déterminatif avec
plus de fondement qu'on n'en a eu à lui donner tout
autre nom. Celui de génitif a été le plus unanimement
adopté, apparement parce qu'il exprime
l'un des usages les plus fréquens de ce cas; il naît
du nominatif, & il est le générateur de tous les cas
obliques & de plusieurs especes de mots: c'est la remarque
de Priscien même, lib. V. de casu: Genitivus, dit - il, naturale vinculum generis possidet, nascitur
quidem à nominativo, generat autem omnes obliquos
sequentes; & il avoit dit un peu plus haut, Generalis videtur esse hic casus genitivus, ex quo ferè omnes
derivationes, & maximè apud Groecos, solent fieri.
En effet les services qu'il rend dans le système de la
formation s'étendent à toutes les branches de ce système.
Voyez
I. Dans la dérivation grammaticale, le génitif est
la racine prochaine des cas obliques; tous suivent
l'analogie de sa terminaison, tous en conservent la
figurative. Ainsi homo a d'abord pour génitif hom - inis, où l'on voit o du nominatif changé en in - is; is
est la terminaison propre de ce cas, in en est la figurative: or la figurative in demeure dans tous les
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.