ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"580"> autre précaution, sans arrosement & sans amender cette terre, l'arbuste prospere, s'éleve en arbre qui, par sa hauteur & sa verdure, ne déplaît dans aucune plantation.

Le genévrier des Bermudes ne demande qu'un peu plus de soin dans les premiers tems, à cause de sa délicatesse. Le bois de l'un & de l'autre tire sur le rouge, & abonde en résine d'une odeur charmante. On honore communément leur bois, sur - tout celui des Bermudes, du nom de bois de cedre, quoiqu'il y ait dans la Grande - Bretagne d'autres bois de ce même nom, qui viennent d'arbres bien différens des Indes occidentales; cependant c'est du bois de ces espec de genévrier, qu'on fait en Angleterre des escaliers, des boiseries, des lambris, des commodes, & meubles pareils. La durée de ce bois l'emporte sur tout autre; ce qu'il faut peut - être attribuer à l'extrème amertume de sa résine. On l'employe dans l'Amérique à la construction des vaisseaux marchands; c'est dommage qu'il ne convienne pas à la bâtisse des vaisseaux de guerre, parce qu'il est si cassant qu'il se fendroit au premier coup de canon.

Le bois de nos genévriers n'est d'aucun usage en charpenterie ni en menuiserie; il ne sert qu'à être brûle à cause de sa bonne odeur, pour corriger l'air corrompu par de mauvaises exhalaisons. Voyez donc ci - après Genievre. (D. J.)

Genevrier (Page 7:580)

Genevrier, (Chimie & Mat. méd.) Toutes les parties du genévrier contiennent une huile essentielle qui se manifeste par une odeur forte: cette huile est unie dans les bois & dans les racines, à une substance résineuse qui en découle dans les pays chauds, par l'incision que l'on fait à son écorce. Cette matiere abonde sur - tout dans le grand genévrier qui croît dans les provinces méridionales du royaume, & qui y est connu sous le nom de cade.

On retire dans ces pays de cette derniere espece de genévrier, une huile empyreumatique, noire & épaisse, en distillant le tronc & les branches de cet arbrisseau dans un appareil où le fourneau sert en même tems de vaisseau contenant, & qui est construit sur les mêmes principes que celui dans lequel on prépare la poix noire. Nous décrirons cette manoeuvre à l'article Poix. Cette huile empyreumatique qui est connue sous le nom d'huile de cade, est fort usitée dans nos provinces méridionales contre les maladies extérieures des bestiaux, & surtout dans la maladie éruptive des moutons, appellée petite vérole ou picote.

Cette huile antre dans la composition du baume vert; elle est véritablement caustique, si l'on en touche l'intérieur d'une dent creuse, elle cautérise le nerf & calme la douleur: mais si l'on continue à l'appliquer, elle fait bien - tôt tomber la dent en pieces. Quelques uns ont osé la donner intérieurement contre la colique & les vers; mais on ne peut avoir recours à ce remede sans témérité. C'est - là l'unique médicament que le grand genévrier fournit à la Medecine; médicament encore dont les usages sont très peu étendus comme l'on voit.

C'est du petit genévrier, du genévrier commun, de celui qui croît dans toute l'Europe, que nous allons parler dans le reste de cet article. Ce sont ses baies que l'on employe principalement en Medecine.

On retire des baies de genievre une eau distillée, une huile essentielle; on en prépare un vin & un rob ou extrait. Voyez Eau distillée, Huile essentielle, Vin, Rob & Extrait .

Les Allemands employent fréquemment dans leurs cuisines les baies de genievre à titre d'assaisonnement. Etmuller les appelle l'aromate des Allemands. Nous en faisons un fréquent usage, mais seulement à titre de médicament. Nous les employons principalement dans les maladies de l'estomac, qui dépendent de relâchement, de foiblesse & d'un amas de glaires tenaces & épaisses. Nous les regardons comme souveraines contre les vents, les coliques venteuses, les digestions languissantes. Elles passent aussi pour déterger les reins & la vessie, pour faire chasser les glaires des voies urinaires, & pour faire sortir hors du corps les sables & les calculs. Elles sont célébrées aussi comme béchiques & comme principalement utiles dans l'asthme humide: on leur a accordé aussi la qualité sudorifique, emménagogue & alexipharmaque: c'est à ce dernier titre que quelques - uns les ont appellées la thériaque des gens de la campagne.

On prescrit les baies de genievre à la dose d'un gros ou de deux, que l'on mange de tems en tems dans la journée, ou que l'on prend en insusion dans de l'eau ou dans du vin.

L'extrait ou le rob de genievre, qui est aussi appellé la thériaque des Allemands, se prescrit dans les mêmes vûes à la dose d'un gros dans du vin d'Espagne, dans de l'eau de genievre, ou dans quelqu'autre liqueur convenable: on le fait entrer aussi avec d'autres remedes dans les électuaires magistraux.

L'eau distillée des baies de genievre est fort vantée par Etmuller pour les coliques & la néphrétique; elle excite doucement l'excrétion de l'urine, selon cet auteur; & elle corrige sur - tout la disposition au calcul, si on en boit à jeun pendant un certain tems quatre ou six onces. On ne sauroit compter sur l'efficacité de l'eau distillée de genievre, comme sur l'extrait ou sur le fruit même pris en substance.

On retire du vin de genievre par la distillation un esprit ardent, auquel on accorde communément des vertus particulieres; mais on ne peut en attendre raisonnablement que les effets communs des esprits ardens. Voyez Esprit ardent.

L'huile essentielle de genievre dissoute dans l'esprît - de - vin, ou donnée sous forme d'aleo - saccharum dans une liqueur convenable, est fort diurétique, emménagogue & carminative: mais, selon Michel Albert cité par Geoffroi, on ne doit pas en permettre trop facilement l'usage intérieur, parce qu'elle échauffe beaucoup. On peut l'employer à l'extérieur dans les onguens nervins & fortifians.

Les auteurs de Pharmacopée recommandent de brûler le marc de la préparation du rob, & d'en retirer un sel, auquel ils attribuent plusieurs vertus particulieres, & analogues pour la plûpart aux propriétés du fruit dont il est retiré: mais nous ne croyons plus que les sels préparés par la combustion des vegétaux, retiennent les propriétés de la matiere qui les a fournis; & nous ne reconnoissons dans ces sels que des qualités communes. Voyez Sel Lixiviel.

On fait un elixir de genievre avec l'extrait délayé dans l'esprit ardent, c'est un bon stomachique & un diurétique actif. La dose est d'une cuilleréc.

Le ratafia préparé par l'infusion des baies de genievre dans de l'eau - de - vie, est un cordial stomachique fort usité, & qui produit réellement de bons effets.

M. Chomel recommande fort pour la teigne, un onguent fait avec les baies de genievre pilées & bouillies, & le saindoux.

De toutes ces vertus du genievre que nous venons de rapporter, les plus évidentes sont sa qualité stomachique, carminative & diurétique. M. Geoffroi observe très - judicieusement que si on l'employe sans distinction de cas dans toutes les maladies de l'estomac & des voies urinaires, on causera quelquefois des ardeurs ou des suppressions d'urine, des distensions dans l'estomac, des rots, & une plus grande quantité de vents qu'auparavant: mais cela même est le plus grand éloge qu'on puisse faire de ce remede; car ces médicamens innocens qui, s'ils ne font point de bien ne peuvent jamais faire du mal [p. 581] selon l'expression vulgaire, peuvent être très - raisonnablement soupçonnés d'être dans tous les cas aussi inutiles que peu dangereux.

Les baies de genievre entrent dans les compositions suivantes de la pharmacopée de Paris; savoir l'eau thériacale, l'eau genérale, l'eau prophy lactique, l'opiate de Salomon, l'orviétan, le trochisque de Cyphi, l'huile de scorpion compotée, le baume oppodeldoc, leur extrait dans la theriaque diatessaron, l'orviétan ordinaire, l'orvietanum prastantius; leur huile distillée dans la thériaque celeste, le baume de Leictoure, le baume verd de Metz, l'emplâtre stomacal, l'emplâtre styptique.

La résine de genievre entre dans les pilules balsamiques de Stanl.

On brûle dans les hôpitaux & dans les chambres des malades, le bois & les baies de genievre, pour en chasier le mauvais air. (b)

GENGOUX (Page 7:581)

GENGOUX, (Le royal saint - ) Géog. Gengulsinum , ville de France en Bourgogne au diocese de Châlos, avec une châtellenie royale; elle est au pié d'une montagne pres de la riviere de Grône, à huit lieues nord - ouest de Mâcon, sept sudouest de Châlons, soivante - six sud - est de Paris. Long. 22. 8. . 46. 40. (D. J.)

GENIAL (Page 7:581)

GENIAL, adject. (Histoire anc.) mot dérivé du latin, dont on est obligé de se servir dans notre langue; c'est une épithete que l'on donnoit dans le paganisme à quelques dieux qui présidoient à la génélation.

Ils etoient ainsi appelles à gerendo, ou, selon la correction de Scâliger & de Vossius, a genendo, qui dans l'ancienne latinité signifie proâuire. Cependant Festus ajouie que de - là on les nomma aussi dans la suite geluil; ce qui demande qu'on lise à gerendo. M. Dacier prétend que gerere a le sens de W=RA/TTEIN.

Les dieux géniales, dit Festus, étoient l'eau, la terre, le feu, & l'air, que les Grecs appellent élémens. On mettoit aussi au nombre de ces dieux les douze signes, la lune & le soleil. Dictionn. de Trév. & Chaners. (G)

GENIANE (Page 7:581)

GENIANE, s. f. (Hist. nat.) pierre fabuleuse dont il est parlé dans Pline & quelques auteurs anciens, & dont on ne trouve aucune description; on nous dit seulement qu'elle avoit la vertu de chagriner les ennemis. Boetius de Boot.

GENIE (Page 7:581)

GENIE, s. m. genius, (Mythologie. L ttérat. Antiq.) esprit d'une nature très - subtile & très - déliée, que l'on croyoit dans le paganisme, présider à la naissance des hommes, les accompagner dans le cours de leur vie, veiller sur leur conduite, & être commis à leur garde jusqu'à leur mort.

La tradition la plus ancienne, la plus générale, & la plus constamment répandue, puisqu'elle subsiste encore, est que le monde soit rempli de génies. Cette opinion chimérique, après avoir si souvent changé de forme, successivement adoptée sous le nom de démons, de manes, de lares, de lémures, de pénates, a finalement donné lieu à l'introduction des fées, des gnomes, & des sylphes; tant est singuliere la propagation permanente des erreurs superstitieuses sous diffétentes métamorphoses! mais nous nous arrêtons aux siecles de l'antiquité, & nous tirons le rideau sur les nôtres.

Les génies habitoient dans la vaste étendue de l'air, & dans tout cet espace qui occupe le milieu entre le ciel & la terre; leur corps étoit de matiere aérienne. On regardoit ces esprits subtils comme les ministres des dieux, qui ne daignant pas se mêler directement de la conduite du monde, & ne voulant pas aussi la négliger tout - à - fait, en commettoient le soin à ces êtres inserieurs. Ils étoient envoyes sur la terre par un maitre commun, qui leur assignoit leur poste auprès des hommes pendant cette vie, & la conduite de l'ame après leur mort.

Ces sortes de divinités subalternes avoient l'immortalité des dieux & les passions des hommes, se réjoüissoient & s'affligeoient selon l'état de ceux à qui elles étoient liées.

Les génies accordés à chaque particulier ne joüissoient pas d'un pouvoir égal, & les uns étoient plus puissans que les autres; c'est pour cela qu'un devin répondit à Marc - Antoine, qu'il feroit sagement de s'éloigner d'Auguste, parce que son génie craignoit celui d'Auguste.

De plus on pensoit qu'il y avoit un bon & un mauvais génie attaché à chaque personne. Le bon génie étoit censé procurer toutes sortes de félicités, & le mauvais tous les grands malheurs. De cette maniere, le sort de chaque particulier dépendoit de la supériorité de l'un de ces génies sur l'autre. On conçoit bien de - là que le bon génie devoit être très - honoré. Dès que nous naissons, dit Servius commentateur de Virgile, deux génies sont députés pour nous accompagner; l'un nous exhorte au bien, l'autre nous pousse au mal; ils sont appellés génies fort à - propos, parce qu'au moment de l'origine de chaque mortel, cum unusquisque genitus fuerit, ils sont commis pour observer les hommes & les veiller jusqu'après le trépas; & alors nous sommes ou destinés à une meilleure vie, ou condamnés à une plus fâcheuse.

Les Romains donnoient dans leur langue le nom de génies à ceux - là seulement qui gardoient les hommes, & le nom de junons aux génies gardiens des femmes.

Ce n'est pas - là toute la nomenclature des génies: il y avoit encore les génies propres de chaque lieu; les génies des peuples, les génies des provinces, les génies des villes, qu'on appelloit les grands génies. Ainsi Pline a raison de remarquer qu'il devoit y avoir un bien plus grand nombre de divinités dans la région du ciel, que d'hommes sur la terre.

On adoroit à Rome le génie public, c'est - à - dire la divinité tutélaire de l'empire; rien n'est plus commun que cette inscription sur les médailles, genius pop. rom. le génie du peuple romain, ou genio pop. rom. au génie du peuple romain.

Après l'extinction de la république, la flaterie fit qu'on vint à jurer par le génie de l'empereur, comme les esclaves juroient par celui de leur maitre; & l'on faisoit des libations au génie des césars, comme à la divinité de laquelle ils tenoient leur puissance.

Mais personne ne manquoit d'offrir des sacrifices à son génie particulier le jour de sa naissance. Ces sacrifices étoient des fleurs, des gâteaux & du vin; on n'y employoit jamais le sang, parce qu'il paroissoit injaste d'immoler des victimes au dieu qui présidoit à la vie, & qui étoit le plus grand ennemi de la mort: quand le luxe eut établi des recherches sensuelles, on crut devoir ajoûter les parfums & les essences aux fleurs & au vin; prodiguer toutes ces choses un jour de naissance, c'est, dans le style d'Horace, appaiser son génie. « Il faut, dit - il, travailler à l'appaiser de cette maniere, parce que ce dieu nous avertissant chaque année que la vie est courte, il nous presse d'en profiter, & de l'honorer par des fêtes & des festins. Que le génie vienne donc lui - même assister aux honneurs que nous lui rendons, s'écrie Tibuile; que ses cheveux soient ornés de bouquets de fleurs; que le nard le plus pur coule de ses joues; qu'il soit rassasié de gâteaux; & qu'on lui verse du vin à pleines coupes ».

Ipse suos adsit genius visurus honores, Cui decorent sanctas mollia serta comas, Illius puro distillent tempora nardo; Atque satur libo sit madeatque mero.

Le platane étoit spécialement consacré au génie; on lui faisoit des couronnes de ses feuilles & de ses fleurs; on en ornoit ses autels.

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