ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"430"> cede des graines presque rondes, applaties, d'un brun roussâtre, cannelées & bordées tout - autour d'une aile mince & membraneuse; elles ont un goût acre, aromatique & piquant; elles ressemblent aux graines de la livêche, hormis qu'elles ne sont pas sillonnées si profondément, & qu'elles ont une bordure membraneuse que n'ont point les graines de livêche.

Toute cette plante est remplie d'un suc visqueux, laiteux, clair, qui se condense en une larme, qui répond au galbanum par tous ces caracteres; il découle de cette plante en petite quantité par incision, & que lquefois de lui - même, des noeuds des tiges qui ont trois ou quatre ans: mais on a coûtume de couper la tige à deux ou trois travers de doigt de la racine, & le suc découle goutte - à - goutte; quelques heures après il s'épaissit, se durcit, & on le recueille.

Cette plante croît en Arabie, en Syrie, dans la Perse, & dans différens pays de l'Afrique, sur - tout dans la Mauritanie.

Quelques curieux la font venir aussi dans des serres, & elle a poussé heureusement durant quelques années dans le jardin royal de Paris. Pour réussir dans sa culture, il faut semer sa graine d'abord après qu'elle est mûre, dans un pot de bonne terre, qu'on placera dans un lit chaud durant l'hyver pour la préserver du froid. On transportera ensuite la plante dans de plus grands pots, à mesure qu'elle s'élevera, ce qu'on exécutera dans le mois de Septembre. On la tiendra toûjours en hyver dans une serre; on l'arrosera fréquemment en été, & alors on lui procurera de l'air autant qu'il sera possible. Au reste tous ces soins ne sont que pour la curiosité, car cette férule ne donne de larme que dans les lieux de sa naissance.

La plante que Lobel appelle ferula galbanisera, Lob. icon. 779. est bien différente de celle dont il s'agit ici; car la férule de Lobel, malgré le nom qu'il lui a imposé, ne produit point le galbanum, comme M. de Tournefort l'a observé, mais une autre sorte de gomme fort rouge, & dont l'odeur n'est point forte.

Le galbanum se dissout dans le vin, le vinaigre & dans l'eau chaude; mais difficilement dans l'huile, ou l'esprit - de - vin. Il abonde en sel tartareux, & en une huile épaisse, fétide, que l'esprit - de - vin, comme trop délié, n'extrait qu'à peine, tandis qu'elle s'enleve & se dégage avec le vinaigre, le vin, & l'eau chaude.

Les auteurs modernes n'ont fait que copier ce que Dioscoride a dit de ses vertus, dont il a parlé fort au long & en général assez bien contre son ordinaire. Sa saveur est acre, amere, nauséabonde; son odeur forte & desagréable, dépendantes de son huile & de son sel tartareux, indiquent que ses propriétés sont analogues à celles des autres gommes de son espece, le bdellium, l'opopanax, le sagapenum, l'assa foetida & la gomme ammoniaque, qui sont échauffantes, pénétrantes, stimulantes, résolutives, propres pour les maladies froides du genre nerveux. Cependant le galbanum est plus foible que la gomme ammoniaque pour purger; mais il resserre ensuite un peu davantage.

On l'employe intérieurement & extérieurement. Il faut en user avec reserve pour l'intérieur. Sa dose en substance est depuis un scrupule jusqu'à demi dragme: on le méle comme on veut avec les autres gommes & purgatifs, & on en fait des pilules, dont je donnerai tout - à - l'heure des exemples.

Le galbanum est un très - bon médicament en qualité d'anti - hystérique, d'emmenagogue & de fondant, quand il n'y a point d'inflammation, & qu'il est besoin d'échauffer, de stimuler, de dissoudre une pituite tenace, glutineuse, abondante, qui cause des obstructions dans les intestins, dans l'utérus, & dans les autres parties du corps; ce qui est sort commun dans les pays septentrionaux.

En ce cas on peut prendre galbanum, gomme ammoniaque, de chacun deux onces; vitriol de mars de riviere demi - once; diagrede trente grains; du sirop de nerprun, s. q. faire d'abord une masse de pilules dont la dose sera depuis cinq grains jusqu'à vingt, quand il s'agira de fondre des humeurs, de desobstruer, d'exciter les regles, &c. Ou bien alors dans les mêmes cas, prenez galbanum, assa foetida, myrrhe, de chacun une dragme; camphre, sel de succin, de chacun demi - scrupule; borax deux scrupules; sirop d'armoise s. q. faire d'abord une masse de pilules, dont la dose sera d'un scrupule. S'il est besoin d'agir plus puissamment, prenez galbanum un scrupule; succin pulvérisé douze grains; scammonée dix grains; formez - en un bol avec conserve de fleurs de chicorée, s. q. En un mot on peut diversifier le mélange du galbanum avec les autres gommes & purgatifs à l'infini, suivant les vûes qu'on se propose.

Le galbanum s'employe extérieurement sans danger & sans limites; il incise, il attire puissamment, il amollit, & fait mûrir: c'est pour cela qu'on le mêle dans la plûpart des emplâtres émolliens, digestifs & résolutifs. Appliqué sur la région du bas - ventre en maniere d'emplâtre, il adoucit quelquefois les maladies hystériques, & les mouvemens spasmodiques des intestins. C'est dans la même intention qu'on prend parties égales de galbanum, d'assa foetida, de castoreum, dont on forme des trochisques, pour en faire des fumigations dans les accès hystériques.

On peut aussi dissoudre le galbanum dans l'huile d'aspic, & en faire un liniment nervin. On se sert aussi beaucoup de l'emplâtre de galbanum dans plusieurs cas, & du galbanum de Paracelse dans des commencemens de paralysie. Or voici comme on prépare le galbanetum de Paracelse, qui passe pour un bon remede externe dans la contraction des nerfs & la suspension de leur action. prenez une livre de galbanum, demi - livre d'huile de térébenthine, deux onces d'huile d'aspic; digérez le tout pendant deux ou trois jours; distillez - le ensuite dans la cornue, & gardez la liqueur distillée dans un vase bien bouché pour l'usage.

On employe le galbanum dans la thériaque, le mithridat, le diascordium, l'onguent des apôtres, l'onguent d'althaea, le diachylon avec les gommes, l'emplâtre de mucilage, le manus - Dei, le divin, l'oxicroceon, le diabotanum & autres; car cette larme gommeuse n'est d'usage qu'en Medecine. Il en arrive du Levant chaque année trente ou quarante quintaux, par la voie de Marseille en France, dont elle fait en partie la consommation, & en partie la vente dans les pays étrangers. (D. J.)

GALBE (Page 7:430)

GALBE, s. m. (Architecture.) c'est le contour des feuilles d'un chapiteau ébauche, prêtes à être refendues. Ce mot se dit aussi du contour d'un dôme, d'un vase, d'un balustre, & de tout ornement dont le galbe est l'ame. C'est pour parvenir à donner à teus morceaux d'architecture de forme réguliere ou irréguliere un beau galbe, qu'il faut savoir dessiner l'ornement, la figure, &c. afin que par ce secours on puisse éviter les jarrets, & donner à chaque forme le caractere & l'expression qui lui convient. Voyez Dfssinateur. (P)

GALE (Page 7:430)

GALE, s. f. (Medecine.) maladie qui corrompt la peau par l'écoulement de certaines humeurs acres & salines, qui s'amassent en forme de pustules, & occasionnent des demangeaisons.

Il y a deux especes de gale, la seche & l'humide: la premiere est appellée gale canine, scabies canina, parce que les chiens y sont sujets; ou seche, sicca, à cause qu'elle suppure peu; prurigineuse, prunginosa, à pruritù, demangeaison; car elle en cause une qui est très - importune; gratelle, parce qu'on se gratte sans cesse: on lui donne encore les noms d'impe - [p. 431] tigo, lichen, mentagara: la seconde est nommée grosse gale ou gale humide, scabies crassa & humida, parce qu'elle est plus grosse que la premiere, & qu'elle forme des pustules circonscrites qui suppurent comme autant de petits phlegmons qui dégenerent en abcès. On attribue ordinairement la premiere à une humeur atrabilaire, & la derniere à une pituite saline; elles sont toutes deux contagieuses. Voyez l'art. suiv.

Le docteur Bononio prétend avoir beaucoup mieux expliqué la cause de cette maladie, qu'aucun de ceux qui l'ont précédé: voici son hypothese.

Il examina plusieurs globules de matiere, qu'il fit fortir avec une épingle des pustules d'une personne qui étoit attaquée de cette maladie, avec un microscope, & les trouva remplis de petits animaux vivans semblables à une tortue, fort agiles, ayant six piés, la tête pointue, & deux petites cornes au bout du museau. Fondé sur cette découverte, il ne craint pas d'attribuer la cause de cette maladie contagieuse aux morsures continuelles que ces animaux font à la peau, & qui donnant passage à une partie de la sérosité, occasionne de petites vessies, dans lesquelles ces insectes continuant à travailler, ils obligent le malade à se gratter, & à augmenter par - là le mal, en déchirant non - seulement les petites pustules, mais encore la peau & quelques petits vaisseaux sanguins; ce qui occasionne la gale, les croûtes, & les autrès symptomes desagréables dont cette maladie est accompagnée.

On voit par - là d'où vient que la gale se communique si aisément; car ces animaux peuvent passer d'un corps dans un autre avec beaucoup de facilité, par le simple attouchement. Comme leur mouvement est extrèmement rapide, & qu'ils se glissent aussi - bien sur la surface du corps que sous l'épiderme; ils sont très - propres à s'attacher à tout ce qui les touche; & il suffit qu'il y en ait un petit nombre de logés, pour se multiplier en peu de tems.

On voit donc par - là d'où vient que les lixiviels, les bains, & les onguens faits avec les sels, le soufre, le mercure, &c. ont la vertu de guerir cette maladie; car ils ne peuvent que tuer la vermine qui s'est logée dans les cavités de la peau; ce qu'on ne sauroit faire en se grattant, à cause de leur extrème petitesse, qui les dérobe aux ongles. Que s'il arrive quelquefois dans la pratique que cette maladie revienne lorsqu'on la croit tout - à - fait guérie par les onctions, on n'en doit pas être surpris: car quoique les onguens puissent avoir tué tous ces animaux, il n'est pas cependant probable qu'ils ayent détruit tous les oeufs qu'ils ont laisses dans la peau, comme dans un nid ou ils éclosent de nouveau pour renouveller la maladie. Chambers.

On peut, sans manquer à la Medecine, ne pas se déclarer partisan de cette opinion, & regarder la gale comme une indisposition de la peau, par l'alteration de l'humeur séreuse des giandes de cette partie, dont le vice se communique bien - tôt à toute la masse du sang. L'humeur cutanée peut être viciée par contagion, en couchant avec un galeux, ou dans le même lit où il a couché: on a même des exemples de personnes qui ont gagné la gale parce que leur linge avoit été lavé avec celui d'un galeux.

La stagnation de l'humeur cutanée peut acquérir par son sejour la nature d'un levain acre & en quelque sorte corrosif, qui cause non - seulement la gale, mais souvent des éruptions ulcéreuses. De - là vient que sans communiquer avec des galeux, ceux qui ont été détenus long - tems en prison, ceux qui ont mené une vie sédentaire, les personnes mal - propres, celles enfin qui ont été exposées aux ordures, &c. sont sujets à contracter cette maladie.

Les principales indications se réduisent à corriger le vice de l'humeur des glandes de la peau, & à rec<cb-> tisier cet organe. Les applications locales peuvent l'effectuer; & lorsque la maladie est récente ou nouvellement contractée, elle est souvent guérie avec sûreté par les seuls topiques: mais si le vice a pénétré, & qu'il ait été transmis dans le sang par les voies de la circulation, il y a du danger à guérir la gale sans les préparations convenables: il faut d'abord travailler à la dépuration du sang par la saignée, les purgatifs, & les altérans convenables, tels que le petit - lait avec le suc de fumeterre, la creme de tartre mêlée avec la fleur de soufre, les bouillons de vipere, &c. Dans les gales opiniâtres, on est quelquefois obligé, après l'usage des bains, de faire usage des remedes mercuriels.

La gale scorbutique demande l'administration des remedes propres à détruire le vice du sang dont elle est un symptome.

Il y a beaucoup de bons auteurs qui ont traité de la gale; on ne peut faire trop d'attention aux observations qu'ils rapportent; & quoique cette maladie soit souvent consiée sans danger aux soins de personnes peu éclairées, les suites fâcheuses d'un traitement mauvais ou négligé devroient avoir appris par de tristes expériences, à se mettre en garde contre les gens qui conseillent & administrent des remedes sans connoissance de cause.

Les remedes qui dessechent les pustules de gale, sans prendre de précautions par l'usage des medicamens intérieurs, peuvent n'avoir aucun inconvénient, lorsque le caractere de la maladie est doux, qu'elle est récence & gagnée par contagion: il n'en est pas de même, lorsque la gale est occasionnée ou entretenue par quelque disposition cacochymique du sang & des humeurs: dans ce cas, la répercussion de l'humeur nuisible peut causer plusieurs indispositions mortelles, parce qu'elle se porte sur le poumon, sur le cerveau, & autres parties nobles. Plusieurs personnes ont eu le genre nerveux attaqué par l'usage de la ceinture mercurielle.

Les pauvres gens se traitent & se guérissent de la gale en se faisant saigner & purger; ils prennent ensuite de la fleur de sousre dans un oeuf ou dans du petit lait; & ils en mêlent dans du beurre ou de la graisse, pour se frotter les pustules galeuses: on sait qu'elles se manifestent principalement entre les doigts, où est le siége propre & patognomonique de la maladie, aux jarrets, sur les hanches, & autres parties du corps, où l'humeur acre retenue, produit des tubercules qui excitent une demangeaison qui porte à se gratter jusqu'à la douleur. (Y)

Gale (Page 7:431)

Gale, (Manége & Maréchallerie.) maladie prurigineuse & cutanée; elle se manifeste par une éruption de pustules plus ou moins volumineuses, plus ou moins dures, précédées & accompagnées d'une plus ou moins grande demangeaison.

Nous pouvons admettre & adopter ici la distinction reçûe & imaginée par les Medecins du corps humain, c'est - à - dire reconnoitre deux especes de gale; l'une que nous nommerons, à leur imitation, gale seche, & l'autre que nous appellerons gale humide.

Les productions pustuleuses qui annoncent la premiere, sont en quelque façon imperceptibles; leur petitesse est extrème; elles suppurent peu & très rarement; elles provoquent néanmoins la chûte des poils dans les lieux qu'elles occupent & qui les environnent; & le prurit qu'elles excitent est insupportable.

Les exanthèmes qui décelent la seconde sont toûjours sensibles; ils sont plus ou moins élevés, & paroissent comme autant de petits abcès contigus, d'où suinte une matiere purulente, dont le desséchement forme la sorte de croûte qui les recouvre: dans celle - ci, le sentiment incommode qui résulte de l'irritation des fibres nerveuses répandues dans le tissu de

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