ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Futaille en botte, c'est celle dont les douves sont toutes préparées, & à qui il ne reste qu'à les monter & y mettre des cerceaux.

FUTAINE (Page 7:402)

* FUTAINE, s. f. terme de Commerce, étoffe de fil & de coton, qui paroît comme piquée d'un côté. Voyez Coton. Il y a de la futaine à poil, & de la futaine à grain d'orge. Il y a aussi de la futaine à deux envers, qu'on appelle autrement bombasin, qui vient de Lyon, & qui est doublement croisée. Il y a aussi un grand nombre de futaines dont la trame est de lin, ou même de chanvre. Voyez les dictionnaires de Trévoux & du Commerce.

FUTAIE (Page 7:402)

FUTAIE, s. f. (Econ. rustiq.) c'est le nom qu'on donne en général à tous les vieux bois. On dit jeune futaie, depuis quatre - vingts jusqu'à cent vingt ans; haute futaie, depuis cet âge jusqu'au dépérissement marqué, qu'on désigne par le nom de vieille futaie.

Les futaies sont l'ornement des forêts. La hauteur des arbres qui les composent, leur vieillesse, le silence & une sombre fraicheur, y pénetrent l'ame d'une émotion sacrée, fort voisine de l'enthousiasme: mais leur utilité doit encore les rendre infiniment recommandables. Les futaies seules peuvent fournir la charpente aux grands édifices, & les bois précieux à la navigation. On ne peut attendre d'ailleurs aucun secours pour ces grands objets. Voyez Bois & Forêt.

On peut avec succès laisser croître en futaies plusieurs especes de bois; le chêne, le chataigner, le hêtre, le sapin, sont celles dont on tire le plus d'utilité. Les futaies de hêtre & de sapin ne peuvent être composées que d'arbres de brins; laissez vieillir au contraire des taillis de chêne & de chataigner dans un bon fonds, vous en aurez de belles futaies: chaque sepée se trouve alors composée de plusieurs brins, dont un petit nombre s'éleve aux dépens des autres. Dans ce cas - là, si vous voulez hâter l'accroissement des principaux arbres de votre futaie, il faut retrancher peu - à - peu ces brins, que leur foiblesse destine à être étouffés. Pour ne point vous y méprendre, vous pouvez tous les vingt ans choisir & couper ceux qui languissent d'une maniere marquée; par ce moyen, les brins que leur vigueur naturelle aura distingués, auront plus de nourriture & plus d'air; ils grossiront & s'éleveront plus promptement. L'économie n'indique pas d'autres moyens d'avancer les futaies. La nature fait le reste, & il faut la laisser faire. Si vous vouliez élaguer vos chênes, afin que le tronc profitât de la suppression des branches, le tronc lui - même pourriroit. Les branches inutiles meurent peu - à - peu, sans que l'arbre en souffre. Ayez donc attention que les arbres de vos futaies ne soient point élagués: c'est le genre de déprédation le plus ordinaire & le plus dangereux. Cet article est de M. Le Roy, lieutenant des chasses du parc de Versailles.

FUTILE (Page 7:402)

* FUTILE, adj. (Gramm.) qui n'est d'aucune importance. Il se dit des choses & des personnes. Un raisonnement est futile, lorsqu'il est fondé sur des faits minutieux, ou sur des suppositions vagues. Un objet est futile lorsqu'il ne vaut pas le moindre des soins qu'on pourroit prendre, ou pour l'acquérir, ou pour le conserver. C'est dans le même sens qu'on dit d'un homme qu'il est futile. Une futilité, c'est une chose de nulle valeur. Voyez l'article suivant.

Futile (Page 7:402)

* Futile, (Antiq.) vase à large orifice & à fond très - étroit, dont on faisoit usage dans le culte de Vesta. Comme c'étoit une faute que de placer à terre l'eau qui y étoit destinée, on termina en pointe les vases qui devoient la contenir: d'où l'on voit l'origine de l'adjectif futilis. Homme futile, c'est - à - dire homme qui ne peut rien retenir, qui a la bouche large & peu de fond, & qu'il ne faut point quitter, si l'on ne veut pas qu'il répande ce qu'on lui a confié. Le futile fut aussi une coupe que portoient à leurs mains les vierges qui entouroient le flament dans ses fonctions sacerdotales, les femmes qui étoient au service des vestales, & les jeunes enfans qui assistoient le flamen à l'autel, & qu'on appelloit camilles. Les Romains alloient chercher à la fontaine de Juturne, l'eau dont ils remplissoient les futiles. Cette eau guérissoit les malades qui en bûvoient, ainsi que l'assûre Varron (auteur grave).

FUTUR (Page 7:402)

FUTUR, adj. il se dit d'une chose qui doit être, qui doit arriver, qui est à venir. M. de Vaugelas dit (élém. p. 436.) que ce mot est plus de la Poésie que de la bonne Prose, & le bannit du beau style. Le P. Bouhours soûtient le contraire (élém. nouv. p. 596.), mais il ajoûte qu'il faut éviter de donner dans le style de Notaire, futur époux, future épouse. Cette derniere restriction est favorable au sentiment de M. de Vaugelas. En effet on dira plûtôt, le voyage que nous devons faire, qu'on ne dira, notre voyage futur, &c. Il est établi qu'on dise les biens de la vie future, par opposition à ceux de la vie présente. On dit aussi, les présages de sa grandeur future. Malherbe a dit:

Que direz - vous, races futures, Quand un véritable discours Vous apprendra les avantures De nos abominables jours? (F)

Futur (Page 7:402)

Futur, en termes de Grammaire, est pris substantivement: c'est une forme particuliere ou une espece d'inflexion qui désigne l'idée accessoire d'un rapport au tems à venir, ajoûtée à l'idée principale du verbe.

On trouve dans toutes les langues différentes sortes de futur, parce que ce rapport au tems à venir y a été envisagé sous différens points de vûe; & ces futurs sont simples ou composés, selon qu'il a phû à l'usage de désigner les uns par de simples inflexions, & les autres par le secours des verbes auxiliaires.

Il semble que dans les diverses manieres de considérer le tems par rapport à l'art de la parole, on se soit particulierement attaché à l'envisager comme absolu, comme relatif, & comme conditionnel. On trouve dans toutes les langues des inflexions équivalentes à celles de la nôtre, pour exprimer le présent absolu, comme j'aime; le présent relatif, comme j'aimois; le présent conditionnel, comme j'aimerois. Il en est de même pour les trois prétérits; l'absolu, j'aiaimé; le relatif, j'avois aimé; & le conditionnel, j'aurois aimé. Mais on n'y trouve plus la même unanimité pour le futur; il n'y a que quelques langues qui ayent un futur absolu, un relatif, & un conditionnel: la plûpart ont saisi par préférence d'autres faces de cette circonstance du tems.

Les Latins ont en général deux futurs, un absolu & un relatif.

Le futur absolu marque l'avenir sans aucune autre modification; comme laudabo, je louerai; accipiam, je recevrai.

Le futur relatif marque l'avenir avec un rapport à quelque autre circonstance du tems; il est composé du futur du participe actif ou passif, selon la voix que l'on a besoin d'employer, & d'une inflexion du verbe auxiliaire sum; & le choix de cette inflexion dépend des différentes circonstances de tems avec lesquelles on combine l'idée fondamentale d'avenir. En voici le tableau pour les deux voix.

      Voix active.            Voix passive.
 Laudaturus sum.           Laudandus sum.
 Laudaturus eram.          Laudandus eram.
 Laudaturus essem.         Laudandus essem.
 Laudaturus fui.           Laudandus fui.
[p. 403]

 Laudaturus fueram.        Laudandus fueram.
 Laudaturus fuissem.       Laudandus fuissem.
 Laudaturus ero.           Laudandus ero.
 Laudaturus fuero.         Laudandus fuero.

Comme la langue latine fait un des principaux objets des études ordinaires, elle exige de notre part quelque attention plus particuliere. Nous remarquerons donc que les huit futurs relatifs que l'on présente ici, ne se trouvent pas dans les tables ordinaires des conjugaisons, non plus que les tems composés du subjonctif qui ont un rapport à l'avenir, comme laudaturus sim, laudaturus essem, laudaturus fuerim, laudaturus fuissem. Il en est de même des tems correspondans de la voix passive; mais c'est un véritable abus. Ces tables doivent être des listes exactes de toutes les formes analogiques, soit simples, soit composées, que l'usage a établies pour exprimer uniformément les accessoires communs à tous les verbes. Il est assez difficile de déterminer ce qui a pu donner lieu à nos méthodistes de retrancher du tableau de leurs conjugaisons, des expressions d'un usage si nécessaire, si ordinaire, & si uniforme. Si c'est la composition de ces tems, il n'ont pas assez étendu leurs conséquences; il falloit encore en bannir les futurs qu'ils ont admis à l'infinitif, & tous les tems composés qui marquent un rapport au passé dans la voix passive.

Ce n'est pas la seule faute qu'on ait faite dans ces tables; on y place comme futur au subjonctif, un tems qui appartient assûrément à l'indicatif, & qui paroît être plûtôt de la classe des prétérits, que de celle des futurs: c'est laudavero, j'aurai loüé, pour la voix active; & laudatus ero, j'aurai été loüé, pour la voix passive.

1°. Ce tems n'appartient pas au subjonctif, & il est aisé de le prouver aux méthodistes par leurs propres regles. Selon eux, la conjonction dubitative an étant placée entre deux verbes, le second doit être mis au subjonctif: qu'ils partent de - là, & qu'ils nous disent comment ils rendront cette phrase, je ne sai si je loüerai; en conséquence de la loi, je loi erai doit être au subjonctif en latin, & le seul futur du subjonctif autorisé par les tables ordinaires, est audavero: cependant nos Grammatistes n'auront garde de dire nescio an laudavero; ils rendront cet exemple par nescio an laudaturus sim. Chose singuliere! Cette locution autorisée par l'usage des meilleurs auteurs latins, devoit faire conclure naturellement que laudarurus sim, ainsi que les autres expressions que nous avons indiquées plus haut, étoient du mode subjonctif; & l'on a mieux aimé imaginer des exceptions chimériques & embarrassantes, que de suivre une conséquence si palpable. Au centraire on n'a jamais pu employer laudavero dans les cas où l'usage demande expressément le mode subjonctif, & néanmoins on y a placé ce tems avec une persévérance qui prouve bien la force du préjugé.

2°. Ce tems est de l'indicatif; puisque, comme tous les autres tems de ce mode, il indique la modification d'une maniere positive, déterminée, & indépendante: de même que l'on dit coenabam ou coenaveram cùm intrasti, on dit coenabo ou coenavero cùm intrabis: coenabam marque l'action de souper comme présente, & coenaveram l'énonce comme passée relativement à l'action d'entrer qui est passée: la même analogie se trouve dans les deux autres tems; coenabo marque l'action de souper comme présente, & coenavero l'énonce comme passée à l'egard de l'action d'entrer qui est future. Coenavero a donc les mêmes caracteres d'énonciation que coenabo, coenabam, & coenaveram, & par conséquent il appartient au même mode. Les usages de toutes les langues déposent unaniment cette vérité. Consultons la nôtre. Nous di<cb-> sons invariablement, je ne sai si je dormois, si j'ai dormi, si j'avois dormi, si je dormirai; & tous ces tems du verbe dormir sont à l'indicatif: j'aurai dormi est donc au même mode, car nous disons de même, je ne sai si j'aurai dormi suffisamment lorsque, &c. mais j'aurai dormi est, de l'aveu de tous les méthodistes, la traduction de dormivero; dormivero est donc aussi à l'indicatif. Eh à quel autre mode appartiendroit - il, puisqu'il est prouvé d'ailleurs qu'il n'est pas du subjonctif?

3°. Ce tems est de la classe des prétérits, plûtôt que de celle des futurs. Quelle est en effet l'intention de celui qui dit j'aurai soupé quand vous entrerez, coenavero cum intrabis? c'est de fixer le rapport du tems de son souper au tems de l'entrée de celui à qui il parle, c'est de présenter son action de souper comme passée à l'égard de l'action d'entrer qui est future; & par conséquent l'inflexion qui l'indique est de la classe des prétérits. C'est par une raison analogue que coenabam, je soupois, est de la classe des présens; & aujourd'hui tous nos meilleurs grammairiens l'appellent présent relatif; parce qu'il exprime principalement la coexistence des deux actions comparées. S'il renferme un rapport au tems passé, ce rapport n'est qu'une idée secondaire, & seulement relative à la circonstance du tems à laquelle on fixe l'autre évenement qui sert de terme à la comparaison. C'est la même chose dans coenavero; ce n'est pas l'action de souper comme avenir que l'on a principalement en vûe, mais l'antériorité du souper à l'égard de l'entrée: cette anteriorité est donc en quelque sorte l'idée principale; & le rapport à l'avenir, une idée accessoire qui lui est subordonnee. L'analyse des phrases suivantes achevera d'établir cette vérité.

Coenabam, cùm intrasti; c'est - à - dire cùm intrasii, potui dicere coeno, présent ab olu.

Coenaveram, cùm intrasti; c'est - à - dire cùm intrasti, potui dicere coenavi, prétérit absolu.

Coenabo, cùm intrabis; c'est - à - dire cùm intrabis, potero dicere coeno, présent absolu.

Coenavero, cùm intrabis; c'est - à - dire cùm intrabis, potero dicere coenavi, préterit absolu.

Il paroit inutile de développer la conséquence de cette analyse; elle est frappante: mais il est remarquable que ce tems que nous plaçons ici parmi les prétérits, en conserve la caractéristique en latin; laudavi, laudavero; dixi, dixero; qu'il en suit l'analogie en françois. Il est composé d'un auxiliaire comme les autres prétérits; on dit j'aurai soupé, comme l'on dit j'ai soupé, j'avois soupé, j'aurois soupé: & qu'enfin son correspondant au subjonctif est dans notre langue le prétérit absolu de ce mode; on dit également & dans le même sens, je ne sai si j'aurai soupé quand vous entrerez, & je ne crois pas que j'aye soupé quand vous entrerez.

L'erreur que nous combattons ici n'est pas nouvelle; elle prend sa source dans les ouvrages des anciens grammairiens. Scaliger après avoir observé que les Grecs divisoient le futur, & qu'ils avoient un futur prochain, dit, nos non divisimus; & ajoûte ensuite, nisi putemus in modo subjunctivo extare vestigia & vim hujus significatûs, ut fecero. Lib. V. cap. cxiij. de causis ling. lat. Priscien long - tems auparavant s'étoit encore expliqué plus positivement, lib. VIII. de cognai. temp. Apres avoir fait l'énumération des tems qui ont quelque affinité avec le prétérit, il ajoûte, sed tamen in subjunctivo futurum quoque proeteriti perfecti servat consonantes, ut dixi, dixero. Nous avons fait usage plus haut de cette remarque même, pour rappeller ce tems à la classe des prétérits; & il est assez surprenant que Priscien avec du jugement l'ait faite sans conséquence.

Nos premiers méthodistes qui vivoient dans un

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