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FUREUR (Page 7:377)
* FUREUR, s. f. (Gramm. & Moral.) il se dit au
singulier des passions violentes: c'en est le degré extreme;
il aime à la fureur. Mais il est propre à la cosere.
Au plurier, l'acception du terme change un
peu. Il paroit marquer plutôt les effets de la passion
que son degré; exemple, les fureurs de la jalousie,
les fureurs d'Oreste. On dit par métaphore que la mer
entre en fureur; c'est lorsqu'on voit ses eaux s'agiter,
se gonfler, & qu'on les entend mugir au loin. Quand
on dit la fureur des vents, on les regarde comme des
êtres animés & violens. Il y a une fureur particuliere
qu'on appelle fureur poétique; c'est l'enthousiasnie,
voyez
Fureur (Page 7:377)
. . . . . . abruptis ceu liber habenis, Sanguineum latè tollit caput, ora. . . mille Vulneribus confossa cruenda casside velat Hoeret. . . . loevoe. . . . umbo, Innumerabilious telis gravis; atque flagranti Stipite dextra minax, terris incendia portat.
(D. J.)
Fureur (Page 7:377)
On ne doit donc pas confondre la fureur avec la manie, quoiqu'il n'y ait point de manie sans fureur; puisque ce symptome a aussi lieu essentiellement dans la phrénésie, assez souvent dans l'hydrophobie, & quelquefois jusqu'à la rage dans chacune de ces maladies; mais aucune d'entr'elles n'étant aussi durable que la manie, parce qu'elle est la seule qui soit constamment sans fievre; c'est aussi dans la manie que la fureur qui la distingue de la simple folie, subsiste le plus long - tems.
Ainsi, comme on ne peut pas traiter de la manie
sans traiter de la fureur, comme du symptome qui en
est le signe caractéristique, en tant qu'il est joint à un
délire universel sans fievre; pour éviter les repétitions,
voyez
Fureur utérine (Page 7:377)
Ainsi comme la faim, ce sentiment qui fait sentir le besoin de prendre de la nourriture, & qui porte à le satisfaire, peut, par la privation des moyens trop long - tems continués, dégénérer en fureur jusqu'à la rage; de même le desir de l'acte vénérien qui est un vrai besoin naturel dans certaines circonstances, eu égard au tempérament ou à d'autres causes propres à faire naître ou augmenter la disposition à ressentir vivement les aiguillons de la chair, peut être porté jusqu'à la manie, jusqu'aux plus grands excès physiques & moraux, qui tendent tous à la joüissance de l'objet, par le moyen duquel peut être assouvie la passion ardente pour le coit.
Si l'observation avoit fourni des exemples d'hommes affectés d'une envie déréglée de cette espece, poussée à une pareille extrémité, on auroit pû appeller la lésion des fonctions animales qui en seroit l'ef. fet, fureur vénérienne; nom qui auroit convenu à cette sorte de délire considéré dans les deux sexes: mais les hommes n'y sont pas sujets comme les femmes; soit parce qu'en général les moeurs n'exigent nulle part d'eux la retenue, la contrainte, en quoi consiste la pudeur, cette vertu si recommandée aux femmes dans presque toutes les nations, même dans celles qui sont le moins civilisées; parce qu'elle est une sorte d'attrait à l'égard des hommes, qui leur fait un plaisir de surmonter les obstacles opposés à leur desir, & qui contribue par conséquent davantage à entretenir le penchant des hommes pour les femmes, à favoriser la propagation de l'espece humaine; soit aussi parce que les hommes sont constitués relativement aux organes de la génération, de maniere qu'il peut s'y exciter des mouvemens spontanés; d'où s'ensuivent des effets propres à faire [p. 378]
La mélancolie érotique n'a pas pour objet immédiat
l'acte vénérien en général, mais le desir d'y
procéder avec une personne déterminée que l'on
aime éperdument. Voyez
Il ne faut pas non plus confondre le prurit du
vagin avec la fureur utérine; celui - là peut être une
disposition à celle - ci, mais il n'en est pas toûjours
suivi; il excite, il force à porter les mains aux parties
asfectées, à les frotter pour se procurer du soulagement,
comme il arrive à l'égard de la demangeaison
dans toute autre partie du corps, que l'on
gratte dans la même vûe, c'est - à - dire pour en enlever
les causes irritantes. Mais dans le cas dont il s'agit
ici, les attouchemens se font sans témoin, sans indécence
(voyez
L'appétit vénérien, oestrum venereum (dont il a été
omis de traiter en son lieu, à quoi il va être un peu
suppléé ici, parce que le sujet l'exige; voyez d'ailleurs
Si l'appétit vénérien est modéré, on peut suspendre
les effets des sentimens qu'il inspire, des desseins
qu'il suggere pour se procurer le moyen de le
satisfaire; comme on ne se porte pas à manger
toutes les fois qu'on en a envie; comme on se
fait violence pendant quelque tems pour supporter
la faim, lorsqu'on ne peut pas se procurer des alimens,
ou qu'on a des raisons de s'en abstenir, enfin
lorsque la faim n'est pas canine. Voyez
Mais ainsi que selon le proverbe ventre assamé n'a point d'oreilles, & qu'on n'écoute plus la raison qui exhorte à ne pas manger ou à prendre patience, dans les cas où on ne peut avoir des alimens à sa disposition, le sentiment du besoin pressant de nourriture l'emportant alors sur toute autre considération,
C'est ce qui a lieu sur - tout dans les femmes qui sont doüées d'un tempérament plus délicat & plus sensible, dont la plûpart des organes sont aussi plus irritables, tout étant égal, que ceux des hommes, surtout ceux des parties génitales.
Ainsi cet excès d'appétit vénérien qui est à cet appétit régle ce que la faim canine, la boulimie, sont au desir ordinaire de manger, forme une vraie maladie, la salacité immodérée, dont le degré extreme dans les femmes, lorsqu'elle va jusqu'à déranger l'imagination, & porte à des actions violentes, est, ainsi qu'il a été dit ci - devant, la fureur utérine.
Les anciens attribuoient la cause de l'appétit vénérien excessif dans les deux sexes, à une vapeur qu'ils imaginoient s'élever en grande abondance de la liqueur séminale trop retenue & corrompue dans les testicules, qu'ils croyoient être portée par la moëlle épiniere dans le cerveau, & y troubler les esprits animaux; d'où doit, selon eux, s'ensuivre le desordre des idées, le délire relatif à celles qui sont dominantes.
Mais comme il n'est plus question depuis longtems de vraie semence par rapport aux femmes, ou au - moins d'aucune liqueur vraiment analogue à la liqueur séminale virile, on a cherché ailleurs la cause prochaine commune aux deux sexes du sentiment qui les porte à l'acte vénérien; il paroît que l'on ne peut en concevoir d'autre que l'érétisme, la tension de toutes les fibres nerveuses des parties génitales, qui les rend plus susceptibles de vibrations, par les contacts physiques ou méchaniques; ensorte que ces vibrations excitées par quelque moyen que ce soit, transmettent au cerveau des impressions proportionnées, auxquelles il est attaché de représenter à l'ame, ou de lui faire former des idées relatives aux choses vénériennes; d'où s'ensuit une sorte de réaction du cerveau sur les organes de la génération, vers lesquels il se fait une nouvelle évasion de fluide nerveux, comme il arrive à l'égard de toutes les parties où s'exerce quelque sentiment stimulant, de quelque nature qu'il soit; desorte que par cette émission l'érétisme se soûtient & augmente, au point que l'ame toûjours plus affectée par la sensation qui en résulte, semble en être uniquement & entierement occupée, & n'être unie qu'aux parties dont elle éprouve de si fortes influences.
Telle est l'idée générale que l'on peut prendre de ce qui produit immédiatement le desir des actes vénériens; il reste à déterminer les différentes causes occasionnelles qui établissent l'érétisme des parties génitales dont il vient d'être parlé; l'observation constante a appris qu'elles peuvent consister dans l'effet des douces irritations procurées à ces organes, & à ceux qui y ont rapport; par les attouchemens, par le coït, ou par l'action stimulante de quelques humeurs acres, dont ils sont abreuvés, humectés, ou par tout autre effet externe ou interne qui peut exciter l'orgasme; tout cela joint à la sensibilité habituelle de ces mêmes organes.
Ainsi ces causes peuvent avoir leur siége dans les
parties génitales mêmes, ou elles consistent dans la
disposition des fibres du cerveau relatives à ces parties,
indépendamment d'aucune affection immédiate
de celles - ci; dans la tension dominante de ces fibres
excitée par tout ce qui peut échauffer l'imagination
& la remplir d'idées voluptueuses, lascives; ainsi que
la fréquentation de personnes de sexe différent, ><->
nes, de belle figure, qui font profession de galante<pb->
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