ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"301"> nier siecle, un cordonnier voulant perpétuer parmi les ouvriers l'esprit de religion dont il étoit animé; d'ailleurs encouragé par quelques personnes pieuses & distinguées, dont il étoit protégé, commença dans Paris l'association des freres cordonniers & des freres tailleurs, laquelle s'est étendue ensuite en plusieurs villes du royaume, entre autres à Soissons, à Toulouse, à Lion, &c.

Leur institut consiste principalement à vivre dans la continence & dans l'exercice de leur métier, de façon qu'ils joignent à leur travail les pratiques les plus édifiantes de la piété & de la charité chrétienne, le tout sans faire aucune sorte de voeux.

Au reste, bien qu'ils ne soient pas à charge à l'état, puisqu'ils subsistent par le travail de leurs mains, il est toûjours vrai qu'ils ne portent pas les impositions publiques, autant que des ouvriers isolés & chargés de famille; & sur - tout ils ne portent pas les tutelles & les collectes, le logement de soldats, les corvées, les milices, &c. ce qui fait pour eux une différence bien favorable.

Sur quoi j'observe que les gens dévoués au célibat ont toûjours été protégés avec une prédilection également contraire à la justice & à l'économie nationale. J'observe de même qu'ils ont toûjours été fort attentifs à se procurer les avantages des communautés; au lieu qu'il est presque inoüi jusqu'à présent, que les gens mariés ayent formé quelque association considérable. Ceux - ci néanmoins obligés de pourveir à l'entretien de leurs familles, auroient plus besoin que les célibataires des secours mutuels qui se trouvent dans les congrégations.

Freres Tailleurs (Page 7:301)

Freres Tailleurs, ce sont des compagnons & garçons tailleurs unis en société, & qui travaillent pour le public, afin de faire subsister leur communauté.

Freres de la Charité (Page 7:301)

Freres de la Charité, (hist. ecclés.) c'est le nom d'un ordre de religieux institué - dans le xvj. siecle, & qui se consacre uniquement au service des pauvres malades. Ces religieux, & en général tous les ordres qui ont un objet semblable, sont sans coutredit les plus respectables de tous, les plus dignes d'être protégés par le gouvernement & considérés par les citoyens, puisqu'ils sont précieux à la société par leurs services en même tems qu'ils le sont à la religion par leurs exemples. Seroit - ce aller trop loin que de prétendre que cette occupation est la seule qui convienne à des religieux? En effet, à quel autre travail pourroit - on les appliquer? A remplir les fonctions du ministere évangélique? mais les prêtres séculiers, destinés par état à ce ministere, ne sont déjà que trop nombreux, & par bien des raisons, doivent être plus propres à cette fonction que des moines: ils sont plus à portée de connoître les vices & les besoins des hommes; ils ont moins de maîtres, moins de préjugés de corps, moins d'intérêt de communauté & d'esprit de parti. Appliquerat - on les religieux à l'instruction de la jeunesse? mais ces mêmes préjugés de corps, ces mêmes intérêts de communauté ou parti, ne doivent - ils pas faire craindre que l'éducation qu'ils donneront ne soit ou dangereuse, ou tout au moins puérile; qu'elle ne ferve même quelquefois à ces religieux de moyen de gouverner, ou d'instrument d'ambition, auquel cas ils seroient plus nuisibles que nécessaires? Les moines s'occuperont - ils à écrire? mais dans quel genre? l'histoire? l'ame de l'histoire est la vérité; & des hommes si chargés d'entraves, doivent être presque toûjours mal à leur aise pour la dire, souvent réduits à la taire, & quelquefois forcés de la déguiser. L'éloquence & la poésie latine? le latin est une langue morte, qu'aucun moderne n'est en état d'écrire, & nous avons assez en ce genre de Ciceron, de Virgile, d'Horace, de Tacite, & des autres. Les matieres de goût? ces matieres pour être traitées avec succès, demandent le commerce du monde, commerce interdit aux religieux. La Philosophie? elle veut de la liberté, & les religieux n'en ont point. Les hautes sciences, comme la Géométrie, la Physique, &c? elles exigent un esprit tout entier, & par conséquent ne peuvent être cultivées que foiblement par des personnes voüées à la priere. Aussi les hommes du premier ordre en ce genre, les Boyle, les Descartes, les Viete, les Newton, &c. ne sont point sortis des cloîtres. Reste les matieres d'érudition: ce sont celles auxquelles la vie sédentaire des religieux les rend plus propres, qui demandent d'àilleurs le moins d'application, & souffrent les distractions plus aisément. Ce sont aussi celles où les religieux peuvent le mieux réussir, & où ils ont en effet réussi le mieux. Cette occupation, quoique sort inférieure pour des religieux au soulagement des malades & au travail des mains, est au moins plus utile que la vie de ces reclus obscurs obsolument perdus pour la société. Il est vrai que ces derniers religieux paroissent suivre le grand précepte de l'évangile, qui nous ordonne d'abandonner pour Dieu notre pere, notre mere, notre famille, nos amis & nos biens. Mais s'il falloit prendre ces mots à la lettre, soit comme précepte, soit même comme conseil, chaque homme seroit obligé, ou au - moins seroit bien de s'y conformer; & que deviendroit alors le genre humain? Le sens de ce passage est seulement qu'on doit aimer & honorer l'être supreme par dessus toutes choses; & la maniere la plus réelle de l'honorer, c'est de nous rendre le plus utiles qu'il est possible à la société dans laquelle il nous a placés. (O)

Frere (Page 7:301)

Frere; ce nom étoit donné à des empereurs collegues. C'est ainsi que Marc Aurele & Lucius Aurelius Verus sont appellés freres, divi fratres, par Théophilus, & qu'ils sont représentés dans leurs médailles, se donnant la main pour marque de leur union fraternelle dans l'administration de l'empire. C'est ainsi que Dioclétien, Maximien, & Hercule qui ont regné ensemble, sont nommés freres par Lactance. Cette coûtume se pratiquoit de tous tems entre des rois de divers royaumes, comme on peut le confirmer par les auteurs sacrés & prophanes; elle avoit lieu en particulier entre les empereurs romains & les rois de Perse, témoin les lettres de Constance à Sapor dans Eusebe, & du même Sapor à Constance, fils de Constantin, dans Ammien Marcellin. (D. J.)

Frere d'Armes (Page 7:301)

Frere d'Armes, voyez Fraternité d'Armes.

Freres Blancs (Page 7:301)

Freres Blancs, secte qui parut dans la Prusse au commencement du xjv. siecle. C'étoit une société d'hommes qui prirent ce nom, parce qu'ils portoit des manteaux blancs où il y avoit une croix verte de S. André. Ils se vantoient d'avoir des révélations particulieres pour aller délivrer la terresainte de la domination des insideles. On vit quantité de ces freres en Allemagne; mais leur fanatisme ou leurs impostures ayant été dévoilés, leur secte s'éteignit d'elle - même. Harsfnoch, dissert. 14 de orig. relig. christ. in Pruss. (G)

Freres Bohémiens (Page 7:301)

Freres Bohémiens, ou Freres de Bohème, nom qu'ont pris dans le xv. siecle certains hussites, la plûpart gens de metier, qui en 1467 se séparerent publiquement des calixtins.

Ils mirent d'abord à leur tête un nommé Kelinski, maître cordonnier, qui leur donna un corps de doctrine, qu'on appella les formes de Kelenski. Ensuite ils se choisirent un pasteur nommé Matthias Convalde, simple laïc & ignorant; ils rejettoient la messe, la transubstantiation, la priere pour les morts, & rebaptisoient tous ceux qui venoient à eux des autres églises. Ils reconnoissoient cependant sept sacremens, comme il paroît par leur confession de foi présentée en 1504 au roi Ladislas. Mais dans la suite [p. 302] Luther qui vouloit les attirer à son parti, leur persuada de réduire les sacremens à deux, le baptême & la cêne. A consulter leurs autres écrits, il paroît qu'ils admettoient la présence réelle de Jesus - Christ dans l'eucharistie, quoiqu'ils ne voulussent pas qu'on l'y adorât. Ils avoient aussi conservé beaucoup de pratiques de l'église romaine, comme les fêtes, les jeûnes, le célibat des prêtres, &c. ce qui n'empêcha pas les Luthériens & les Zuingliens de Pologne de les admettre à leur communion, lorsque les freres Bohémiens eurent été chassés d'Allemagne par Charles V. contre lequel ils avoient favorisé les intérêts de l'électeur de Saxe. Bossuet, hist. des variat. (G)

Freres Polonois (Page 7:302)

Freres Polonois, nom qu'on a donné aux Sociniens ou Unitaires, Anti - trinitaires, nouveaux Ariens, & qu'ils ont pris eux - mêmes, parce qu'ils étoient en fort grand nombre en Pologne, avant qu'ils en eussent été chassés par un arrêt public rendu dans une diete générale en 1660. Nous avons un recueil des ouvrages de leurs principaux auteurs imprimé sous le titre de bibliotheque des freres Polonois. Quant à leurs opinions & à leurs erreurs, voyez Sociniens & Socinianisme. (G)

Frere servant (Page 7:302)

Frere servant, (Hist. mod.) c'est le nom que l'on donne dans l'ordre de Malte, à ceux qui sont dans la derniere des trois classes dont cet ordre est composé.

On prétend que Raymond du Puy, second maître de cet ordre, ayant fait dessein d'ajoûter aux statuts de l'ordre, l'obligation de prendre les armes pour la défense des lieux saints, & ayant amené ses confreres dans ses vûes, fit dès - lors trois classes de tout le corps des hospitaliers. On mit dans la premiere ceux qui par leur naissance & le rang qu'ils avoient tenu autrefois dans les armées, étoient destinés à porter les armes. On fit une seconde classe des prêtres & des chapelains, qui outre les fonctions ordinaires attachées à leur caractere, soit dans l'Eglise, ou auprès des malades, seroient encore obligés chacun à leur tour, de servir d'aumôniers à la guerre; & à l'égard de ceux qui n'étoient ni de maisons nobles, ni ecclésiastiques, on les appella freresservans. Ils eurent en cette qualité, des emplois où ils étoient occupés par les chevaliers, soit auprès des malades, soit dans les armées, & ils furent distingués dans la suite par une cotte d'armes de différente couleur de celle des chevaliers. Vertot, histoire de Malte, liv. I. (D. J.)

FRÉSAIE (Page 7:302)

FRÉSAIE, voyez Effraie.

FRESANGE, ou FRESSENGE (Page 7:302)

FRESANGE, ou FRESSENGE, s. f. (Jurispr.) est un droit de porc, dû en certains lieux aux officiers des eaux & forêts par le fermier des glandées & paisson.

Ce mot vient de friseinga, qui signifie porc.

Il en est parlé dans un cartulaire de Saint - Denis, de l'an 1144, dans des lettres de Louis le Jeune de l'an 1147. Il donne aux lépreux de S. Lazare decem friscingas, de trois sous chacune, qui devoient être fournies par le fermier des boucheries de Paris. Il en est aussi parlé dans l'histoire de Gand, liv. V. pag. 263.

Ce droit se changeoit souvent en argent ou autre espece. M. de Lauriere en rapporte plusieurs exemples en son glossaire, au mot fresange.

Cet auteur pense que ce droit peut être la même chose que celui qui est appellé ailleurs porcellagium ou porcelatio; mais que friscinga est quelque chose de moindre que porcus. Il y a apparence que pour chaque porc, on ne devoit pour fresange qu'un morceau d'un certain poids, ou l'équivalent. M. de Lauriere rapporte une charte de l'an 1553, suivant laquelle celui qui avoit trois porcs ou truies ne devoit que deux sous tournois pour le droit de fresange; & celui qui avoit voulu frauder le droit, devoit au seigneur soixante sous d'amende. (A)

FRESQUE (Page 7:302)

FRESQUE, s. f. (Peinture.) On appelle peindre à fresque, l'opération par laquelle on employe des couleurs détrempées avec de l'eau, sur un enduit assez frais pour en être pénétré. En italien on exprime cette façon de peindre par ces mots, dipingere à freseo, peindre à frais. C'est de - là que s'est formée une dénomination, qui dans l'orthographe françoise semble avoir moins de rapport avec l'opération, qu'avec le mot italien dont elle est empruntée.

La théorie de l'art de la Peinture étend ses droit, sur toutes les façons de peindre existantes & possibles; parce que les regles théoriques sont fondées sur l'examen de la nature, qui est le but général de toute imitation indépendante des moyens dont elle se sert. Il ne s'agit donc ici que d'exposer d'une façon claire les opérations nécessaires pour peindre à fresque.

Ce qui doit précéder ces opérations est un examen raisonné de l'endroit où l'on veut employer la fresque: il faut que l'artiste s'assûre de la parfaite construction des murailles ou des voûtes, auxquelles il est prêt de confier son ouvrage; puisqu'il n'y a d'elpérance de conserver les beautés dont, au moyen de la fresque, l'art peut embellir l'intérieur des palais ou des temples, qu'autant de tems que la construction des murs n'éprouvera aucun desordre.

La solidité de la construction reconnue, c'est d'un premier enduit, dont le mur doit être revêtu, que l'artiste doit s'occuper; les matériaux qu'on employe étant différens suivant les pays où l'on construit, il faut faire ensorte que ceux de ces matériaux qui seroient par eux - mêmes moins propres à retenir l'enduit, le deviennent par les précautions qu'on peut prendre. La brique n'a besoin d'aucun secours pour se joindre aussi solidement qu'on le peut desirer au premier enduit: c'est aussi de tous les matériaux que l'on peut employer, celui qui convient mieux pour soûtenir la fresque. Si les murs sont construits avec des pierres raboteuses & pleines de trous, on peut encore se fier à ces inégalités du soin de retenir & de conserver le mélange qu'on y appliquera; mais si la bâtisse est faite avec des pierres de taille, dont la surface est ordinairement assez lisse, il sera nécessaire de rendre cette surface inégale, d'y former pour cela de petites excavations, d'y faire entrer des clous ou des chevilles de bois qui puissent arrêter l'enduit & le joindre étroitement à la pierre. Ces précautions sont d'une extrème conséquence pour éviter les fentes ou les ardes que la moindre altération qui arriveroit aux matériaux, ou même l'effet alternatif que produit la sécheresse & l'humidité, pourroit occasionner.

Le premier enduit peut être fait avec de bonne chaux & du ciment de tuiles pilées: on employe plus ordinairement du gros sable de riviere, qu'on mêle à d'excellente chaux. Je ne doute pas que si la fresque étoit plus en usage, on ne pût trouver à composer un enduit peut - être plus compact encore, & plus indépendant des variations de l'air, tel qu'étoit, par exemple, celui dont on trouve revêtus les aqueducs & anciens réservoits construits par les Romains aux environs de Naples: quel soin n'apportoit - on pas à ces recherches de construction? & que nous sommes loin de l'industrie de ces peuples sur cet article; nous qu'un usage assez peu refléchi conduit presque toûjours dans le choix & dans l'emploi des matériaux, que la nature semble nous avoir prodigués; nous dont presque tous les bâtimens modernes portent un caractere national d'impatience & de précipitation!

Quoiqu'il soit nécessaire de dresser avec soin le premier enduit, pour que la surface qu'il compose

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