ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"299">

Les fréquentatifs naturels à la langue françoise lui viennent de son propre fonds, & sont en genéral terminés en ailler: tels sont les verbes criailler, tirailler, qui ont pour primitifs crier, tirer, & qui répondent aux fréquentatifs latins clamitare, tractare. On y apperçoit sensiblement l'idée accessoire de répétition, de même que dans brailler, qui se dit plus particulierement des hommes, & dans piailler, qui s'applique plus ordinairement aux femmes; mai elle est encore plus marquée dans ferrailler, qui ne veut dire autre chose que mettre souvent le ser a la main.

Les fréquentatifs françois faits à l'imitation de l'analogie latine, sont des primitifs françois auxquels on a donné une inflexion ressemblante à celle des frequentatifs latins; cette inflexion est oter, & désigne comme le tare latin, l'idée accessoire de repétition: comme dans crachoter, clignoter, chuchoter, qui ont pour correspondans en latin sputare, nictare, mussitare.

Les fréquentatifs étrangers dans la langue françoise lui viennent de la langue latine, & ont seulement pris un air françois par la terminaison en er: tels sont habiter, dicter, agiter, qui ne sont que les fréquentatifs latins habitare, dictare, agitare.

C'est le verbe visiter que R. Etienne employe pour prouver que nous n'avons point de fréquentatifs. Car, dit - il, combien que visiter soit tiré de visito latin & fréquentatif, il n'en garde pas toutefois la signification en notre langue: tellement qu'il a besoin de l'adverbe souvent: comme je visite souvent le palais & les prisonniers.

Mais on peut remarquer en premier lieu, que quand ce taisonnement seroit concluant, il ne le seroit que pour le verbe visiter: & ce seroit seulement une preuve que sa signification originelle auroit été dégradée par une fantaisie de l'usage.

En second lieu, que quand la conséquence pourroit s'étendre à tous les verbes de la même espece, il ne seroit pas possible d'y comprendre les frequentatifs naturels & ceux d'imitation, où l'idée accessoire de répétition est trop sensible pour y etre méconnue.

En troisieme lieu, que la raison alléguée par R. Etienne ne prouve absolument rien. un adverbe fréquentatif ajoûté à visiter, n'y détruit pas l'idée accessoire de répétition, quoiqu'elle semble d'abord supposer qu'elle n'y est point renfermée; c'est un pur plécnasme qui éleve à un nouveau degré d'énergie le sens fréquentatif, & qui lui donne une valeur semblable à celle des phrases latines, itat ad eam frequen, (Plaute) frequenter in officinam ventitanti (Plin.); soepius sumpsitaverunt (Id.). On ne diroit pas sans doute que itare n'est pas sréquentatif à cause de srequens, ni ventitare à cause de frequenter, ni sumpsitare à cause de soepius.

La décision de R. Etienne n'a donc pas toute l'exactitude qu'on a droit d'attendre d'un si grand homme; c'est que les esprits les plus éclairés peuvent encore tomber dans l'erreur, mais ils ne doivent rien perdre pour cela de la considération qui est dûe aux talens. (E. R. M.)

FREQUIN (Page 7:299)

FREQUIN, s. m. (Commerce.) sorte de futaille. L'article vj. du nouveau réglement de 1723, concernant les declarations des Marchands aux bureaux d'entrée & de sortie, met le frequin au nombre des futailles qui servent à entonner les sucres, bouts, les syrops, les suifs, les beurres, & autres telles marchandises qui sont sujettes à déchet & à coulage. Dict. de Comm. & de Trév. (G)

FRERAGE (Page 7:299)

FRERAGE, s. m. (Jurisprud.) c'est le nom que l'on donne en certaines coûtumes aux partages de fiefs dans lesquels les freres & soeurs puinés ou autres co partageans tiennent leur part en foi & hommage de l'aîné, ou si ce n'est pas entre freres, de l'un des co - partageans. Voyez ci - devant Frarescheurs. (A)

FRERE (Page 7:299)

FRERE, s. m. (Jurispr.) ce terme signifie ceux qui sont nés d'un même pere & d'une même mere, ou bien d'un même pere & de deux meres differentes, ou enfin d'une même mere & de deux peres différens.

On distingue les uns & les autres par des noms différens; ceux qui sont procréés de mêmes pere & mere, sont appellés freres germains; ceux qui sont de même pere seulement, sont freres consanguins, & ceux qui sont de même mere, freres utérins.

La qualité de frere naturel procede de la naissance seule; la qualité de frere légitime procede de la loi, c'est - à dire qu'il faut être né d'un même mariage valable.

On ne peut pas adopter quelqu'un pour son frere, mais on peut avoir un frere adoptif dans les pays où l'adoption a encore lieu. Lorsqu'un homme adopte un enfant, cet enfant devient frere adoptif des enfans naturels & légitimes du pere adoptif.

L'étroite parenté qui est entre deux freres, fait que l'un ne peut épouser la veuve de l'autre.

Les freres étant unis par les liens du sang, sont obligés entr'eux à tous les devoirs de la société encore plus étroitement que les étrangers ou que les parens plus éloignés: cependant il n'arrive que trop souvent que l'intérêt les sépare, rara concordia fratrum.

La condition des freres n'est pas toûjours égale; l'un peut être libre, & l'autre esclave ou serf de main - morte.

Dans le partage des biens nobles, le frere aîné a selon les coûtumes divers avantages contre ses puînés mâles; les freres excluent leurs soeurs de certaines successions.

En pays de droit écrit, les freres germains succedent à leur frere ou soeur décédé, concurremment avec les pere & mere; ils excluent les freres & soeurs consanguins & utérins; ceux - ci, c'est - à - dire les fieres consanguins & utérins, concourent entr eux sans distinguer les biens paternels & maternels.

En pays coûtumier les freres & soeurs, même germains, ne concourent point avec les ascendans pour la succession des meubles & acquêts; mais dans les coûtumes de double lien, les freres & soeurs germains sont préférés aux autres. Du reste pour les propres, les freres, soit germains, consanguins, ou utérins, ne succedent chacun qu'à ceux qui sont de leur ligne.

Quelque union qu'il y ait naturellement entre les freres & soeurs, un frere ne peut point engager son frere ou sa soeur sans leur consentement; un frere ne peut pas non plus agir pour l'autre pour venger l'injure qui lui a été faite, mais il peut agir seul pour une affaire qui leur est commune.

Le frere majeur est tuteur légitime de ses freres & soeurs qui sont mineurs, ou en démence. On peut aussi le nommer tuteur ou curateur.

Suivant les lois romaines, un frere peut agir contre son frere pour les droits qu'il a contre lui; mais il ne peut pas l'accuse, d'un crime capital, si ce n'est pour cause de plagiat ou d'adultere.

Le fratricide ou le meurtre d'un frere est un crime grave. Voyez Fratricide.

Frere adoptif (Page 7:299)

Frere adoptif, est celui qui a été adopté par le pere naturel & légitime d'un autre enfant.

Frere (Page 7:299)

Frere, (beau - ) c'est celui qui a épousé la soeur de quelqu'un. Voyez le mot Beau - Frere.

Frere conjoint des deux côtés (Page 7:299)

Frere conjoint des deux côtés, c'est un frere germain. Voyez ci - après Freree Germain.

Frere consanguin (Page 7:299)

Frere consanguin, est celui qui est procréé d'un même pere, mais d'une mere différente.

Frere (Page 7:299)

Frere, (demi - ) on appelle ainsi dans quelques coûtumes & provinces les freres consanguins & uté<pb-> [p. 300] rins, parce qu'ils ne sont joints que d'un côté seulement.

Freres germains (Page 7:300)

Freres germains, sont ceux issus des mêmes pere & mere. Voyez Frere consanguin & Frere unérin .

Frere de lait (Page 7:300)

Frere de lait: on donne ainsi improprement le titre de freres & soeurs de lait aux enfans de la femme qui a alaité l'enfant d'un autre, quoiqu'il n'y ait aucune parenté ni affinité entre les enfans de cette femme & les enfans étrangers qu'elle nourrit.

Frere légitime (Page 7:300)

Frere légitime, est celui qui est procréé d'un mariage valable, de même qu'un autre frere ou soeur; la qualité de frere légitime est opposée à celle de frere naturel.

Frere légitime (Page 7:300)

Frere légitime, est celui qui n'est pas procréé d'un mariage valable, & qui n'est joint que par les liens du sang & selon la nature.

Frere patruel (Page 7:300)

Frere patruel, frater patruelis, c'est un cousin germain du côté paternel.

Frere utérin (Page 7:300)

Frere utérin, est celui qui procede d'une même mere.

Sur les freres en général il y a plusieurs textes répandus dans le droit, qui sont indiqués par Brederode au mot frater. Voyez aussi le traité de duobus fratribus per Petrum de Ubaldis, & au mot Succession.

Frere (Page 7:300)

Frere, (Histoire.) ce terme a encore différentes significations.

Les premiers chrétiens s'appelloient mutuellement freres, comme étant tous enfans d'un même Dieu, professans la même foi, & appellés au même héritage.

Les empereurs traitoient de freres les gouverneurs des provinces & les comtes.

Les rois se traitoient encore de freres.

La même chose se pratique aussi entre les prélats.

Les religieux qualifient chez eux de freres ceux qui ne sont pas du haut choeur; dans les actes publics tous les religieux, même ceux qui sont dans les ordres & bénéficiers, ne sont qualifiés que de freres; on en use de même pour les chevaliers & commandeurs de l'ordre de Malte.

Freres barbus (Page 7:300)

Freres barbus, voyez ci - après Freres convers.

Freres cliens (Page 7:300)

Freres cliens, fratres clientes, qu'on appelle communément freres servans. Voyez Freres servans.

Freres convers (Page 7:300)

Freres convers, sont des laïcs retirés dans des monasteres, qui y font profession, portent l'habit de l'ordre, & en observent la regle; ils sont ordinairement employés pour le service du monastere. Dans les premiers tems on nommoit convers, quasi conversi ad Dominum, c'est - à - dire convertis, ceux qui embrassoient la vie monastique étant déjà parvenus à l'âge de raison, pour les distinguer des oblats que leurs parens y consacroient dès l'enfance. Dans le xj. siecle on nomma freres laics ou convers dans les monasteres ceux qui ne pouvoient devenir clercs, & qui étoient destinés au travail corporel & aux oeuvres extérieures. On les nomme aujourd'hui dans nos monasteres freres lais ou simplement freres. Voy. Freres lais. L'abbé Guillaume est regardé par quelques-uns comme l'instituteur de cette espece de religieux. Les Chartreux en avoient aussi, & les nommoient freres barbus. Cette institution vient de ce qu'alors les laïcs ignoroient les lettres, & n'apprenoient même pas à lire, de sorte qu'ils ne pouvoient être clercs. Voyez l'hist. ecclés. de Fleury, édition de 1724. tome XIII. liv. LXIII. page 495. (G)

Freres extérieurs (Page 7:300)

Freres extérieurs, fratres exteriores, sont la même chose que les freres lais, monachi laici; on les a nommés exteriores, parce qu'ils s'occupent des affaires du dehors. Les moines lais sont différens de ces freres lais. Voyez Oblats & Moines Laïcs

Freres externes (Page 7:300)

Freres externes, sont des clercs & chanoines qui sont affiliés aux prieres & suffrages d'un monastere, ou des religieux d'un autre monastere qui sont de même affiliés.

Freres laïcs (Page 7:300)

Freres laïcs, sont la même chose que freres lais. Voyez Freres lais.

Freres lais (Page 7:300)

Freres lais, s. m. pl. (hist. ecclés.) qui sont la même chose que freres laics, & qu'on appelle aussi freres convers, ou simplement freres, sont dans nos couvens des religieux subalternes non engagés dans les ordres, mais qui font les voeux monastiques, & qui sont proprement les domestiques de ceux qu'on nomme moines du choeur ou peres. S. Jean Gualbert fut le premier, dit - on, qui institua des freres lais en 1040 dans son monastere de Vallombreuse; jusqu'alors les moines se servoient eux - mêmes. On prétend que cette distinction est venue de l'ignorance des laies, qui ne sachant pas le latin, ne pouvoient apprendre les pseaumes par coeur, ni profiter des lectures latines qui se faisoient à l'office divin; au lieu que les moines étoient clercs pour la plûpart, ou destinés à le devenir. Ainsi, dit - on, les moines clercs avoient soin de prier Dieu à l'église, & les freres lais étoient chargés des affaires du dehors. Mais cette raison ne paroît pas trop recevable, puisqu'une pareille distinction a eu lieu chez les religieuses qui ne savent pas plus de latin les unes que les autres. Il y a donc beaucoup d'apparence que cette institution est uniquement l'effet de la vanité humaine, qui dans le sejour de l'humilité même a cherché encore des moyens de se satisfaire & de se reprendre après s'être quittée. Aussi, dit M. Fleury, l'institution des freres lais a été pour les religieux une grande source de relâchement & de division: d'un côté les moines du choeur traitoient les freres lais avec mépris comme des ignorans & des valets, & se regardoient comme des seigneurs; car c'est ce que signifie le titre de dom, qu'ils prirent vers le xj. siecle: de l'autre, les freres lais nécessaires au temporel, qui suppose le spirituel (car il faut vivre pour prier), ont voulu se révolter, dominer, & regler même le spirituel; c'est ce qui a obligé en général les religieux à tenir les freres fort bas: mais l'humilité chrétienne s'accommode - t - elle de cette affectation de supériorité dans des hommes qui ont renoncé au monde? Voyez Fleury, discours sur les ordres religieux. (O)

Freres Mineurs (Page 7:300)

Freres Mineurs, sont des religieux de l'ordre de S. François, appellés vulgairement Cordeliers; ils prirent ce titre de mineurs par humilité, pour dire qu'ils étoient moindres que les autres sreres ou religieux des autres ordres. Voyez Cordeliers & Ordre de S. François

Freres Prêcheurs (Page 7:300)

Freres Prêcheurs. Voyez Dominicains.

Freres servans (Page 7:300)

Freres servans, dans les ordres de Malte & de S. Lazare, sont des chevaliers d'un ordre insérieur aux autres, & qui ne sont pas nobles Ils sont aussi appellés servans d'armes, quasi servientes. Voyez Ordre de Malte & Ordre de S. Lazare , & ci - après Frere Servant.

Freres spirituels (Page 7:300)

Freres spirituels, on donna ce nom à des laics qui étoient affiliés à une maison religieuse, ou qui s'adoptoient mutuellement pour freres dans un esprit de religion & de charité; mais cette adoption n'avoit point d'effets civils. Voyez ce qui a été dit ci - devant au mot Frere adoptif. (A)

Freres (Page 7:300)

Freres, terme qui semble consacré à certaines congrégations religieuses, telles que les freres de la charité, les freres de l'observance. Voyez Freres de la Charité . On connoît assez toutes ces compagnies; mais il est des sociétés laïques assez obscures, auxquelles on donne le nom de freres, & qui mérteroient d'être plus connues, comme les freres cordonniers, les freres tailleurs, & quelques autres.

Freres Cordonniers (Page 7:300)

Freres Cordonniers. Vers le milieu du der<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.