ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"287"> douceur & une facilité qui plaît à tous les peuples; & le génie de la nation se mêlant au génie de la langue, a produit plus de livres agréablement écrits, qu'on n'en voit chez aucun autre peuple.

La liberté & la douceur de la société n'ayant été long - tems connues qu'en France, le langage en a reçu une délicatesse d'expression, & une finesse pleine de naturel qui ne se trouve guere ailleurs. On a quelquefois outré cette finesse; mais les gens de goût ont sû toûjours la réduire dans de justes bornes.

Plusieurs personnes ont crû que la langue françoise s'étoit appauvrie depuis le tems d'Amiot & de Montaigne: en esset on trouve dans ces auteurs plusieurs expressions qui ne sont plus recevables; mais ce sont pour la plûpart des termes familiers auxquels on a substitué des équivalens. Elle s'est enrichie de quantité de termes nobles & énergiques, & sans parler ici de l'éloquence des choses, elle a acquis l'éloquence des paroles. C'est dans le siecle de Louis XIV. comme on l'a dit, que cette éloquence a eu son plus grand éclat, & que la langue a été fixée. Quelques changemens que le tems & le caprice lui preparent, les bons auteurs du dix - septieme & du dix - huitieme siecles serviront toûjours de modele.

On ne devoit pas attendre que le françois dût se distinguer dans la Philosophie. Un gouvernement long - tems gothique étoussa toute lumiere pendant près de douze cents ans; & des maitres d'erreurs payés pour abrutir la nature humaine, épaissirent encore les tenebres: cependant aujourd'hui il y a plus de philosophie dans Paris que dans aucune ville de la terre, & peut - être que dans toutes les villes ensemble, excepté Londres. Cet esprit de raison pénetre même dans les provinces. Enfin le génie françois est peut - être egal aujourd'hui à celui des Anglois en philosophie, peut - être supérieur à tous les autres peuples depuis 80 ans, dans la Littérature, & le premier sans doute pour les douceurs de la société, & pour cette politesse si aisée, si naturelle, qu'on appelle improprement urbanité. Article de M. de Voltaire.

FRANCOLIN (Page 7:287)

FRANCOLIN, s. m. attagen, (Hist. nat. Ornit.) oiseau de la grosseur du faisan, auquel il ressemble beaucoup par la forme du corps. Il a le bec court, noir & crochu à l'extremité. Son plumage est de différentes couleurs. Il porte sur la tête une hupe jaune avec des taches blanches & des taches noires. La prunelle des yeux est de couleur de noisette, & l'iris jaune. La membrane des sourcils est d'une belle couleur rouge, comme dans la gelinotte. Il y a au - dessous du bec une sorte de barbe, composée de plumes très déliées. Le cou, quoiqu'un peu long, est assez bien proportionné au corps; il est mince & de couleur cendrée, mêlée de taches noires & de taches blanches. On voit sur la poitrine des taches de même couleur que celles du cou, & elles sont traversées par d'auttes taches de couleur de roaille. Les plumes du ventre, de la queue, du croupion & des pattes, sont de couleur cendree ou plombee, mêlée de taches noires. Les doigts de devant sont longs, & celui de derriere est court; ils ont tous à leur extrémité un ongle crochu. Les lialiens n'ont nommé cet oiseau francolin, que parce qu'il est franc dans ce pays, c'est - à - dire qu'il est detendu au peuple d'en tuer: il n'y a que les princes qui ayent cette prérogative. La chair du francolin est ties - bonne a manger. Willughby, Ornith. Voyez Oiseau. (I)

FRANCONIE (Page 7:287)

FRANCONIE, s. f. (Géog.) selon les Allemands Franckenland; contrée d'Allemagne, bornée aunerd par la Thuringe, au sud par la Seuabe, à l'est par le haut P'alatinat, à l'oüest par le bas - Palatmat. Le milieu est très - fertile en ble, vins, fruits, pâturages & réglisse; mais les frontieres sont rempes de forêts & de montagnes incultes. Sa plus granue étencue du septentrion au midi peut être de 35 lieues, & de 38 d'orient en occident. Les diverses religions, catholique, luthérienne & protestante y ont cours. Ses rivieres sont le Mein, le Régnitz, le Sala & le Tauber, qui y prennent leurs sources. La Franconie renferme divers états ecclisiastiques; savoir les évêchés de Bamberg, de Wurtzbourg, d'Aischtat, le domaine du grand - maitre Teutonique, quelques états séculiers, & quelques villes impériales, comme Nuremberg & Weissemberg, &c. Voyez la géographue historique de M. de la Forest de Bourgon.

Entre les personnes illustres qu'a pro luit la Franconie, je ne nommerai que le sage & habile AEcolampade. Il naquit à Weinsberg en 1482, & mourut à Basle en 1531. Sa vie & ses ouvrages sont connus de tout le monde. La défense qu'il prit en main de l'opinion de Zwingle contre celle de Luther, au sujet de l'eucharistie, lui fit beaucoup d'honneur dans son parti. Erasme dit en parlant du livre d'AEcolampade sur cette matiere, qu'il l'a écrit avec tant de soin, tant de raisonnement & tant d'eloquence, qu'il y en auroit même assez pour seduire les élus, si Dieu ne l'empêchoit. (D. J.)

FRANEKER (Page 7:287)

FRANEKER, (Géog.) belle ville des Provinces - Unies, capitale de la Frise, avec une université célebre erigée en l'an 1585. Elle est assez pres du Zuyderzée, entre Leuwarden & Harlingue, à 2 lieues de chacune, 6 N. de Slooten. Longit. 23d. 81. latit. 53d. 121.

On tient que Franeker a été bâtie l'an 1191, sous le regne de l'empereur Henri VI. fils de Fréderic - Barberousse. Ce fut en 1579 qu'elle se joignit pour toûjours à l'état des Provinces - Unies. Voyez les historiens des Pays - Bas; & l'histoire partieuliere de cette ville, qui depuis ce tems - là a eté la patrie de plusieurs hommes distingues dans les Arts & dans les Sciences. (D. J.)

FRANGE (Page 7:287)

* FRANGE, s. f. (Rubannier.) vient de frangere, rompre, déchirer, endever; vient de ce qu'avant l'invention des franches & essilés, on essiloit réellement les extrémités & bords des étosses & du linge, sur - tout lorsqu'ils commençoient à s'user; & pour cacher ce défaut on effiloit plus ou moins avant suivant le besoin: de - là les différentes hauteurs des franges, les endroits usés occasionnant quelquefois des inégalités dans cet effilage, on achevoit de couper le tout suivant le contour de ces inégalités: de là les franges sestonnées. Il y a des franges d'or, d'argent ou de soie, pour les ornemens d'eglise, les garnitures de carrosse, les garnitures de juppe, qui toutes sont guipées. Enfin il y en a d'unies & de festonnees, de toutes hauteurs, coaleurs, & matieres que le métier peut employer.

Les franges pour les ornemens d'eglise, pour les carrosses & pour les tours de juppe, sont toutes faites au moule. Voyez Moule. Il s'en fait de differentes couleurs, ou d'une seule. Il y a de plusieurs sortes de façons de les faire de différentes couleurs, soit en mélangeant ensemble ces couleurs, ou en travaillant une certaine quantité de duites avec une couleur, puis avec une autre, & cela alternativement autant qu'il y a de couleurs différentes. Cette façon n'est guere d'usage que pour les ornemens d'église: cela se pratique plus volontiers, lorsque l'étoffe de ces ornemens est de plusieurs couleurs. Il se fait des franges pour les vestes en noeuds, graine d'épinards, sourcils d'hannetons, enfin de toutes les façons. La fecondité des ouvriers en ce genre est inconcevable, ils savent par mille mains - d'oeuvres ingénieuses reveiller le goût & satisfaire l'inconstance. Voyez Tisser, Guiper.

La frange est composée de trois parties, qui sont la chaînette, la tête & le corps.

Quand la frange est tout - à - fait basse, on l'appelle mollet. [p. 288]

Quand la tête en est large & ouvragée à jour, & que les fils en sont plus longs & plus pendans qu'aux franges ordinaires, on la nomme crêpine.

Il y a des franges de soie torse, & d'autres dont la soie n'est pas torse: ces dernieres se nomment franges coupées.

On attache les franges & les crêpines par la tête, & de maniere que les filets tombent toujours perpendiculairement en em - bas.

Le mollet au contraire peut s'appliquer comme on veut; parce que les fils en sont si courts, qu'ils se soûti nnent d'eux mêmes.

Il n'y a que les Tissutiers - Rubaniers qui peuvent fabriquer des franges; c'est pourquoi on les appelle aussi Frangiers, quoique les statuts de leur metier ne leur donnent point cette qualité.

Les franges & les mollets font partie du commerce des Merciers, qui peuvent même en faire fabriquer, pourvû que ce soit par les Tiffutiers - Rubaniers.

FRANGÉ (Page 7:288)

FRANGÉ, adj. terme de Blason, se dit des gonfanons qui ont des franges, dont on doit spécifier l'émail. Auvergne, d'or au gonfanon de gueules, frangé de synople.

FRANGER ou FRANGIER (Page 7:288)

FRANGER ou FRANGIER, s. m. (Comm.) ouvrier qui fait des franges, des mollets, &c. On le connoît mieux sous le nom de Tissutier - Rubanier; & c'est le véritable nom que lui donnent les statuts de sa communauté. Voyez Tissutier - Rubanier.

FRANGIPANIER (Page 7:288)

FRANGIPANIER, plumeria, (Hist. nat.) genre de plante à fleurs monopétales, faites en forme d'entonnoir & découpées. Il sort du calice un pistil, qui en're comme un clou dans la partie inférieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit ou une silique, qui est double pour l'ordinaire, qui s'ouvre d'un bout à l'autre, & qui renferme des semences oblongues, garnies de feuilles, placées comme des écailles, & attachées à un placenta. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Le frangipanier est un arbre de l'Amérique, il s'éleve d'environ 10 à 12 piés hors de terre; il pousse de longues branches d'un bon pouce de diametre bien nourries, à peu - près d'égale grosseur d'une extrémité à l'autre, & dénuées de feuilles dans toute leur longueur; ce qui, ce me semble, n'a aucun rapport au laurier - rose. Les feuilles ainsi que les fleurs, viennent par gros bouquets aux extrémités des branches, ensorte que le reste de l'arbre paroît extrèmement nud.

Les feuilles sont trois fois plus grandes que celles du lautier - rose; elles se terminent en pointe fort aiguë, ayant la figure d'une lame de poignard. Quant aux fleurs, leur forme est à - peu - près semblable à celles du jasmin, mais beaucoup plus grandes, ayant environ deux pouces & demi de diametre lorsqu'elles sont épanouies.

Il y en a de trois couleurs; savoir celles du frangipanier blanc sont blanches, & n'ont qu'une legere teinte de rouge sur un des bords: celles du frangipanier musqué sont rouges, les bords se terminant par une couleur plus chargée: enfin celles du frangipanier ordinaire sont d'une belle couleur jaune, se confondant par gradation dans un oranger très vif, qui passant par différentes nuances, se termine par un beau rouge de carmin.

L'odeur de ces fleurs est fort agréable; mais je ne trouve en Europe aucun parfum à qui je puisse la comparer pour en donner une juste idée.

Si l'on arrache les feuilles, les fleurs, ou qu'on rompe les branches du frangipanier, il sort de dessous son écorce ou espece de peau, un lait abondant, épais & d'une grande blancheur: quelques habitans l'employent pour guérir les vieux ulceres. Article de M. le Romain .

FRANKENBERG (Page 7:288)

FRANKENBERG, & par les François Framont, (Géog.) montagne de la Vosge, la plus haute de toutes celles qui séparent la Lorraine de l'Alace, située à environ six lieues de Molsheim, au pie de laquelle on rencontre un grand chemin qui la traverse. Plusieurs prétendent que Pharamond a été inhumé sur cette montagne; & si le fait n'est pas vrai, du moins la tradition n'est pas nouvelle ni même sans quelque fondement. Voyez dom Mabillon, dise. sur les ane. sépul. des rois de France, dans les mémoires de l'acad. des Inseript. tom. II. Longit. 25. 10. lat. 48. 35. (D. J.)

FRANSHERE, ou FANSHERE (Page 7:288)

FRANSHERE, ou FANSHERE, IMOURS, RANERATE, (Géog.) riviere à 25d. 18'de latitude, au sud à trois lieues du fort Dauphin, dans la province de Carcanossi, sur les côtes orientales d'Afrique. (D. J.)

Frappe (Page 7:288)

Frappe, s. f. (Fondeur de caracteres d'Imprimerie.) est l'assortiment complet de matrices pour fondre lesdits caracteres. On dit une frappe de nompareille, lorsqu'une boëte renferme toutes les matrices nécessaires pour faire une fonte de nompareille, ainsi des autres.

Un assortiment de frappes contenant les matrices nécessa res pour fondre tous les caracteres, est la richesse & le fonds d'un Fondeur. C'est en tirant l'empreinte de ces matrices avec un moule, qu'il fond tous les caracteres nécessaires pour l'impression; on les appelle frappes, parce que les matrices reçoivent la figure de la lettre par un poinçon sur lequel est gravée la lettre que l'on veut former dans la matrice; ce qui se fait en frappant avec un marteau sur le poinçon qui s'enfonce, & laisse son empreinte dans le morceau de cuivre qui s'appellera matrice: cette opération s'appelle frappe. Voyez Poinçons, Matrices.

Frappe (Page 7:288)

Frappe, terme d'ancien Monnoyage, qui exprimoit l'art de donner l'empreinte à un flanc avec le marteau. Ce mot est expressément cité dans les anciennes ordonnances du Monnoyage au marteau.

Frappe plaque (Page 7:288)

Frappe plaque, (Bijoutier.) est une piaque de fer, du contour que l'on veut donner à la piece, armée d'une poignée de fer élevée, que l'ou empoigne avec la main, & sur la téte de laquelle on frappe avec la masse.

FRAPPÉ (Page 7:288)

FRAPPÉ, en Musique; c'est le tems de la mesure où l'on baisse la main ou le pié, & où l'on frappe pour marquer la mesure. On ne frappe ordina rement que le premier tems de chaque mesure, mais ceux qui coupent en deux la mesure à quatre tems, frappent aussi le troisieme. Voyez Thesis. (S)

FRAPPER (Page 7:288)

* FRAPPER, v. act. voyez ses principales acceptions: c'est, au simple, donner un coup, soit avec la main, soit avec un instrument; il m a frappéetudement: au figuré, imprimer dans l'esprit la crainte, la terreur, ou quelqu'autre passion, par la force de l'éloquence; son discours m'a frappé. Les Mariniers frappent une manoeuvre, voyez Frapper, (Marine.) On est frappé d'une maladie; les Chasseurs frappent à route, pour remettre les chiens sur la voie; aux brisées, quand ils sont au lieu du lancer. On marque les monnoies au balancier, cependant on a retonu l'ancien mot de frapper. Voyez Frapper, (Monnoyage.) On frappe une étoffe. Voyez Frapper, (Manuf. soit en laine, soie en soie. On frappe sur l'enclume, &c.

Frapper (Page 7:288)

Frapper, (Manuf. en soie.) On dit qu'une étoffe est frappée, lorsqu'elle est bien travaillée, & qu'elle n'est ourdie ni trop serré ni trop lâche.

Frapper une Manoeuvre (Page 7:288)

Frapper une Manoeuvre, (Marine.) c'est attacher une manoeuvre à quelque partie du vaisseau, ou à une autre manoeuvre. Frapper se dit pour les manoeuvres dormantes, ou pour des cordes qui doivent être attachées à demeure; car on dit amarr r, pour celles qu'on doit détacher souvent. Le dormant

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