ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"248 - 9"> che de cette pelle est reçûi. Cette pelle sert à rompre la trempe, &c. Voyez l'article & les figures de la Brasserie.

FOURRAGE (Page 7:248-9)

FOURRAGE, s. m. (Maréchall.) nourriture des chevaux. Ce mot généralement pris, renterme tous les herbages qui servent de pâture aux animaux qui vivent de végétaux.

Le fourrage du cheval comprend le foin, la paille & l'avoine, le sainfoin, la luserne & le son. Cet article seroit sulceptible de bien des details relatits à la Botanique, à la Physique, à la Chimie, au Commerce & à l'Agriculture; c'est aux Savans a les approfondir. Nous ne considérerons ici le fourrage que relativement à la santé, aux forces, & aux maladies des chevaux.

La bonne nourriture moderément donnée, concourt à entretenir dans le cheval, comme dans tous les animaux, un juste équilibre entre les solides & les fluides. Il reue de cet accord une sante ferme & vigoureuse: au contraire les mauvais alimens troublent cette harmonie: d'ou suivent quantite de maladies dangereuses & quelquefois mottelles. Ce sont ces mêmes maladies qui nous ont fait scrupuleusement méduter sur leur genre & leur cause; & c'est d'après leurs symptomes, leurs progres, & les impressions qu'elles font sur les viseeres du cheval, que nous avons attribue la plûpart de ces accidens à une nourriture acide, acre, corrosive, en un mot pernicieuse, & rendue telie tantot par le melange du fourrage, tantot par sa corruption. Les chevaux ne sont exposes à prendre une mauvaise nourriture que dans leur état de domesucite: libres & abandonnés à eux - mêmes pour chercher leur pature dans les prairies, dans les bois, &c. ils n'ont garde de brouter parmi les plantes celles qui de leur nature peuvent être nuisibles à leur santé; leur instinct seul les guide, & dirige leur appetit vers les plantes propres à leur entretien. Il en est tout autrement dans leur état d'esclayage; ils sont obliges de se nourrir de ce que l'aveugle industrie de l'homme leur prépare & leur présente. La nécessité leur fait prendre la plûpart du ems des alimens qui leur sont contraires; & leur appétit naturel irrité par la faim, n'a pas la liberte du choix: ainsi quelque bien intentionné que l'homme doive être pour la conservation de cet animal si secourable, il contribue en bien des cas à sa destruction, par les soms peu éclairés qu'il prend de le nourrir. La disette du fourrage, une epargne mal - entendue, la falsification que la cupidité des marchands de foin n'a que trop mise en usage, font que l'on donne la piupart du tems aux chevaux un foin moisi ou pourri, par quelque altération qu'il a soufferte ou dans le pré pendant la fenaison, ou dans le grenier après la recolte. Cette nourriture corrompue engendre après un certain tems le farcin, la gale, la maladie du seu, & souvent même la morve. Ces genres de maladies qui tirent leur cause primitive d'une dépravation des humeurs occasionnée par ces mauvais alimens, deviennent la plûpart épidémiques, s'etendent, se multiplient & font les plus grands ravages dans les armées, dans les villes, & dans les campagnes. Si la corruption du fourrage est si pernicieuse, son mélange avec des plantes ne l'est pas moins: de ce melange il en nait aussi des maladies bien aigues & bien sunestes.

Le foin est la nourriture du cheval la plus commune; elle est aussi la plus suspecte. Les differens genres de plantes qui naissent dans les pres & dans les pâturages, & qui entrent dans la compesition du foin, peuvent être distingués en trois differentes classes. La premiere contient celles qui sont bienfaisantes, appétissantes, rafraichissantes, succulentes, humectantes, adoucissantes, &c. telles sont la jacée noire, la grassete des pres, qui perdent leurs feuilles avant la récolte, mais dont les tiges s'élevent, se mêlent au fourrage, & sont la base du meilleur foin; la pimprenelle des prés, les paquerettes, le tussilage, la pédiculaire, tous les chiendents, les deux especes de préles, l'ulmaria ou reme des prés, la scabieuse, le carvi, le sainfoin. la arriete, la petite chélidloine, les especes d'orchis ou satyrion, le trefle des prés. Si le foin n'étoit compese que de telles plantes, qu'il fût fauché dans sa juste maturité, c'est - à - dire avant qu'il eût seché sur pie, & qu'il sût possible de le faner & de le serrer dans un tems sec, il seroit pour le cheval une nourrture tres - salutaire.

La seconde classe des plantes qui se trouvent dans les pres, compose un foin d'une qualité inferieure au premier, sans être cependant pernicieux à la sante du cheval. Ces plantes sont la cardamine, l'auinée, se daucus, l'eupatoire, l'euphraise, les especes de pentaphilloides, la jacobée, la campanula, le juncago, la leche, la linaire, la lisirnachia, les marguerites, le morsus diaboli, la mousse terrestre, la dent de lion, le pouillot, les primeveres, le butomus ou jonc fleuri, le scordium, l'oliet ou trefle sauvage jaune.

La derniere classe est celle des plantes pernicieuses à la santé du cheval, & qu'on doit regarder comme utant de poisons. Ces plantes sont l'aconit, toutes les especes de titimale, la gratiole, la ptarmique, les persicaires, la catapuce, la thlaspic, la thora, le peplus, la sardonia, enfin la douve appellée ranonculus longisolius palustris. Ces plantes malfaisantes, confondues avec les bonnes, brisées, desséchees & bottelées ensemble, ôtent à l'animal le moyen de faire la distinction & le choix des bonnes d'avec les mauvaises; il mord indiféremment çà & là dans la botte de foin qu'il a devant lui & avec avidite, selon que la faim le presse. Le cheval ayant mange une certaine quantite de ces mauvaises plantes, il lui survient des tranchées de differens genres; si elles sont flatueuses, le ventre lui ensle à un degre extraordnaire; & s'il n'evacue ses vents, il périt en fort peu de tems: si elles sont convulsives, elles sont accompagnées d'une si grande constipation, qu'il ne peut recevoir ou du moins retenir les lavemens qu'on lui donne, ni laisser échapper les matieres stercorales, symptomes presque toujours morteis. Souvent ce sont des douleurs néphretiques, que l'on appelle retention d'urine; accident occasionne par une inflammation au cou de la vessie, ou à son sphincter. Enfin les accidens sont differens, selon la qualite de la matiere qui les produit. Nous traiterons de chacune de ces maladies, de leur cause & de leurs remedes, en leurs articles. Nous ne les indiquons ici, que pour prouver la malignité d'un foin melé de mauvais herbages.

La paille est une espece de fourrage convenable à beaucoup d'animaux domestiques; elle leur sert à deux usages, à la litiere, & à la nourriture; & dans l'une & l'autre, elle est essentielle au cheval. Ceux auxquels on en donne le plus au lieu de foin, sont les chevaux qui par leur tempérament ou à cause de leur exercice, demandent une nourriture moins forte & plus legere que le foin: tels sont les chevaux naturellement gros, & les chevaux destinés à la chasse & à la course.

On ne doit leur donner que fort peu de foin, & point du tout à ceux qui sont menacés de la pousse.

Les Espagnols & bien des nations méridionales & orientales, ne donnent à leurs chevaux que de la pailie, à cause du peu de soin que ces contrées produisent. Leur paille est fort menue, parce qu'elle est brisée aux piés des chevaux ou des mulet, avec lesquels ils battent leurs grains dans une aire que l'on sait en plaine campagne. [p. 248 - 9B]

La paille que l'on donne à manger à ces animaux à Paris & aux environs, est la paille de froment; la plus nourrissante & la plus appétissante est celle qui est blanche, menue & fourrageuse, c'est - à - dire mélangée de bonnes plantes: telles que sont la gesse, le fetu, la fumeterre, le grateron, le laitron, le lisseron, le melilot, l'orobanche, la percepierre, la percefeuille, la tribulle, le pié - de - lievre, la varianella, la scabieuse, la niele, les especes de psyllium, le rapistrum, la vesce, la bourse à pasteur, la velvote, le coquelicot, &c. Observons cependant que la bonté que ces genres de plantes communiquent à la paille, ne peut compenser le dommage que leurs graines causent au blé & à l'avoine.

La paille peut être gâtée & corrompue par quelqu'orage qui aura verse les blés dans les champs, ou par une pluie continue qui surviendra pendant la moisson, ou parce qu'on l'aura serrée encore humide dans la grange. Cette sorte de paille n'est ni bien - faisante, ni appétissante pour les chevaux.

On donne la paille de différentes manieres. Les Hollandois, les Flamands, les Allemands, & une partie de nos marchands de chevaux la donnent hachée fort menue; on a pour cela un instrument fait exprès, & un homme exercé à cette manoeuvre; on mêle cette paille avec du son & de l'avoine; on prétend que ce mélange engraisse les chevaux, & les remplit. L'expérience des étrangers & des marchands n'a pû nous faire adopter cette espece d'économie, si c'en est une. Non que nous n'ayons fait des tentatives pour la constater; mais elles n'ont fait que nous persuader le danger qu'il y auroit à suivre dans ce pays - ci la méthode des Hollandois & des Allemands, vû la différence qu'il y a entre le travail que ces genslà font faire à leurs chevaux, & celui que nous exigeons des nôtres. Ces nations menent leurs chevaux au pas, ou tout au plus au petit trot; cet exercice modéré ne leur cause point de forte transpiration, il est très - propre à entretenir une parfaite intégrité dans les excrétions & les secrétions, à donner de l'appétit au cheval, & par conséquent à les maintenir gras; mais d'une graisse sans consistence. Il est avéré que les marchands de chevaux ne font point travailler les leurs, soit crainte qu'il ne leur arrive quelqu'accident, soit pour les entretenir gras, pleins, & polis, & d'une plus belle apparence.

Il est aisé de voir que la paille hachée n'est pas propre à donner de la force aux chevaux: 1°. il faut six mois, & quelquefois un an pour engrainer les chevaux ainsi nourris, au sortir de chez les marchands, avant d'en pouvoir tirer un travai! pénible & suivi. 2°. On dresse & l'on éduque les chevaux plus facilement au sortir de chez les marchands, que lorsqu'ils ont été nourris un certain tems avec de l'avoine pure au lieu de paille hachée, & la docilité est souvent chez les chevaux comme ailleucs, une preuve de foiblesse. 3°. Nous observons que la plûpart des chevaux qui sont harassés après un travail outré, soit pour avoir poussé des relais à la chasse, ou au carrosse, soit pour avoir fait quelque course longue & rapide, pour peu qu'ils soient délicats de leur naturel, peuvent à peine manger du foin le plus choisi, & de la meilleure avoine; à plus forte raison comment pourroient - ils manger ce mélange volumineux de paille hachée avec un picotin d'avoine? Les plus affamés en mangent à la vérité une petite partie: mais dans ce qu'ils mangent, c'est l'avoine qu'ils choisissent autant qu'il leur est possible, & la paille hachée & le reste de l'avoine sont en pure perte dans la mangeoire, lorsqu'ils ont soufflé dessus. 4°. Il ne peut résulter de cette nourriture que fort peu de chyle, parce qu'il est impossible, comme il est d'expérience, que l'avoine enveloppee dans les parties rameuses du son & les parties irregulieres de la paille hachée, puisse se triturer assez dans la mastication, pour prôcurer à l'animal une réparation proportionnée à l'epuisement; de - là vient que la plûpart des chevaux qui mangent de ce mélange frauduleux, rendent une portion de l'avoine sans être digérée, ni même mâchee. Cette nourriture n'est donc propre que pour les chevaux qui font peu d'ouvrage, & qui sont d'ailleurs grands mangeurs.

L'avoine est sans contredit la principale & la meilleure nouriture des chevaux; nous en avons de deux especes: la blanche & la noire. Celle - ci est la meilleure, sur - tout si elle est bien nourrie, bien luisante, pesante à la main, sans melange de mauvaues graines que certaines plantes y deposent; & si elle n'a point souffert d'alteration dans le champ ou dans le grenier.

Les graines étrangeres qui se rencontrent fort souvent melées avec l'avoine, & qui dégoûtent le cheval, sont celles de coquelicot, de cardamine, de se nevé, de nielle, d'orobanche, de percepierre, de psyllium, de colsas, &c.

Quelque bonne qualité que l'avoine ait par elle - même, ces sortes de graines diminuent beaucoup de sa bonté, au point que les chevaux ne la mangent que difficilement. Le semaille de l'avoine, sa culture & sa moisson méritent beaucoup d'attention de la part du laboureur; il doit sur - tout choisir pour ensemencer son champ, l'avoine pure & exempte des mauvaises graines que nous venons d'indi juer. Mais si malgré son attention quelques - unes de ces sortes de graines se sont glissées dans la semence, ou que le champ en soit insecté d'ailleurs, il doit avoir le soin de les extirper des qu'elles sont parvenues à une certaine grandeur.

Quand l'avoine a acquis sa parfaite maturité, le laboureur après l'avoir fauchée ou sciée, doit la laisser étendue sur le champ, pour lui donner le tems de ce qu'on appelle javeller, au moyen de la pluie ou de la rosée. Cette préparation sert à gonfler & à affermir les grains dans leurs épis: mais s'il arrive que la pluie soit abondante & de longue durée, ensorte que l'on soit obligé de laisser l'avoine coupée étendue dans les champs, elle y germe, & souvent une partie y pourrit. Cette altération la rend pernicieuse à la nourriture des chevaux.

Ce n'est point dans les champs que l'avoine acquiert son dernier degré de perfection; elle demande encore beaucoup de soin dans le grenier. On doit la remuer souvent, non seulement pour sa conservation, mais encore pour sa perfection. Si l'on néglige cette manoeuvre, qui doit s'exécuter toutes les trois semaines, ou du - moins tous les mois, l'avoine fermente & s'échauffe; ses principes se developpent, son sel volatil s'exhale en parties; son huile devient rance, fetide, & acide; enfin elle tombe dans une espece de putréfaction qui cause aux chevaux les mêmes maladies que le foin corrompu: telles que le farcin, la maladie du feu, la gale, & quelquefois la morve.

Quoique sous le nom de fourrage on n'entende communément que le foin, la paille, & l'avoine, on en cultive cependant deux autres especes, le sainfoin & la luzerne.

Le sainfoin ou bourgogne, est une pâture qui demande un terrein chaud, crayonneux, & sec. On doit le faucher si - tôt qu'il est en graine, sans quoi il depérit, ses feuilles tombent, il ne lui reste que la tige; pour lors les bestiaux ne le mangent que dithcilement, par la raison que cette tige devient seche & coriasse, & destituée de sucs nourriciers. Un champ semé de sainfoin dure trois ou quatre ans sans le semer de nouveau; après ce tems il degenere en pâturage qui n'est pas même des meilleurs. Le sainfoin ne produit qu'une récolte par an; le regain

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