ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"142"> pierre très - solide jointe très - fortement, cinquieme genre.

L'attelier propre à nettoyer celles du premier genre, s'appelle patouillet. Voyez les Pl. de grosses forges, parmi celles de métallurgie. Le patouillet est composé de deux chassis en bois FF, éloignés de six, sept, ou huit piés, sur trois ou quatre piés de hauteur, arrêtés par le bas par de fortes traverses G, & terminés aussi par le bas en plein ceintre H. On ménage une feuillure profonde au - dedans des chevalets, pour y attacher ou des membrures bien jointes H, ou des plaques de fonte coulées dans les fourneaux: on garnit de même les côtés L L; ce qui forme la huche. Au - dessus de la huche, du côté de la riviere, vous ajustez un canal A, tout près le côté opposé à la roue: ce canal formé de bois ou pierres, quarré ou rond, de quatre pouces de largeur, sur autant de hauteur, fournit l'eau du réservoir. Au milieu du bas de la huche, du côté opposé à ce canal, vous ménagez une ouverture C de six pouces en quarré, ferme en - dehors par sa pelle de bois C à longue queue, & appuyée par un morceau de bois traversant le dessus d'un petit canal M, qui sert de déchargeoir. Du côté du coursier, tout au - dessus de la huche, vous ménagez une ouverture E deux fois plus large & moins haute que l'entrée de l'eau, afin qu'il puisse en sortir autant qu'il en entre, sur moins de profondeur.

La huche est traversée par un cylindre de bois N, qu'on appelle l'arbre, garni aux deux bouts de tourillons O de fer ou fonte, portant sur des empoisses P, traverse des bras d'une roue qui tombe exactement dans un coursier, & garni dans l'intérieur de l'étendue de la huche, de trois barreaux R coudés à deux branches, enclavés les uns dans les autres à tiers points, de la profondeur de la huche; de façon que quand un barreau finit de travailler, le voisin commence, & de même le troisieme; ils entretiennent alternativement le mouvement dans la mine, au fond & sur les côtés de la huche.

L'ouverture du bas de la huche servant de déchargeoir, est garnie en - dehors d'un canal en bois Q, de la même dimension que l'ouverture, sur la longueur de quatre piés, garni des deux côtés d'un hérisson en pierre, ou affermi par du bois: il faut que ce canal aille un peu en pente, & aboutisse à un lavoir S de dix piés en quarré, au - dessus duquel, du côté opposé au canal, il y a une ouverture très - large sans être profonde, suffisante pour passer l'eau de la huche, quand il est nécessaire. Au bas de ce lavoir, & du même côté dans un coin, vous ménagez une ouverture fermée par une pelle T qui coule entre deux rainures. Il est avantageux ensuite de ce lavoir, d'en avoir un second V, qui recueille la mine que la force de l'eau pourroit faire échapper du premier.

Le jeu de cette machine consiste à laisser entrer l'eau par le canal A; l'ouverture B étant fermée de la pelle C, la huche s'emplit d'eau jusqu'à la hauteur D; la huche s'emplit de terre aux deux tiers; la roue mise en mouvement par l'eau du coursier, le premier barreau souleve la terre proportionnément à son étendue, puis le deux & troisieme. L'eau bourbeuse s'échappe par l'ouverture E, pendant qu'elle se renouvelle par l'ouverture A; & en très - peu de tems, on est débarrassé de la terre qui se mêle perpétuellement à l'eau, pendant que la mine plus lourde gagne toûjours le fond.

Vous connoissez avec un peu d'habitude quand la terre est lavée; mais elle l'est certainement, quand vous voyez que le mouvement de la roue est retardé au point qu'elle s'arrêteroit; parce que quand la mine est bien nettoyée, elle s'entasse si fort, que les barreaux ont grande peine à y entrer: d'où il est avantageux pour les soulager, ainsi que la roue, de les tailler en prisme, présentant un angle au travail. Alors vous tirez la pelle C, ayant soin que les pelles des lavoirs de dessous soient baissées: l'eau & la mine de la huche aidées par l'eau nouvelle & par le mouvement des barreaux, descendent dans le premier lavoir, & l'eau s'échappe par l'ouverture du dessus, faisant la même manoeuvre dans le second. Quand la mine de la huche est coulée, vous fermez la pelle C; & pendant qu'un ouvrier va remplir la huche, l'autre nettoye avec un riaule le devant des pelles des lavoirs, & les leve. Comme elles tirent l'eau du fond, la mine reste seule & à sec; de - là il va aider à emplir la huche, afin que le lavage s'opere pendant qu'ils viendront achever l'opération: pour cet effet, à quatre ou cinq piés de distance du premier lavoir, il faut en avoir un qui tire l'eau directement du réservoir. Les ouvriers tirent la mine patouillée, & la posent sur le bord de ce dernier lavoir, dans lequel un ouvrier plonge le pannier X, & le second jette la mine dedans: en remuant continuellement le papier, la mine passe au fond du lavoir, & les morceaux mal nettoyés se mettent à côté de la huche; ils ramassent la mine criblée, la tirent d'un côté du lavoir, pour la mettre en tas à côté: quand elle est égouttée, elle est prête à être mise au fourneau; pendant cette opération, celle de l'intérieur de la huche est faite.

On place le canal A tout contre le côté oppos l'ouverture D, afin que l'eau soit obligée de faine tout le tour de l'intérieur de la huche, avant de sertir; ce qui donne le tems à la mine de gagner le fond; on place l'ouverture D du côté de la roue, tout contre le dessus; & on la fait plus large & moins profonde, pour la même raison D'ailleurs les barreaux poussant toûjours la mine du côté du devant, il n'est pas possible qu'il s'en échappe, à moins que ce ne soient des minos legeres, qu'on appelle folles, qu'il est plus avantageux de perdre à l'eau que de brûler. L'arbre d'un patouillet peut être garni de six barreaux au lieu de trois, ou de cuillieres qui se succedent. Plus vous opposerez de résistance, plus il faut de force, conséquemment plus d'eau: faites établissement après calcul.

Les patouillets supposent de la mine qui ne se mette pas en poussiere, & qui soit plus chargée de terre que de pierre; sans quoi le frotement useroit la mine, sans diminuer la pierre: c'est une faute dans laquelie bien des gens sont tombés, & ont en conséquence décrié la machine.

Il faut avoir soin de beaucoup éloigner la huche du réservoir, afin que cette étendue donne lieu à une ample provision.

Il faut, pour servir un patouillet, deux ouvriers exacts, parce que s'ils retardent quand la mine est nettoyée, elle s'use par le frottement: il faut que ces ouvriers soient munis de pelles A, de pics B, de riaules, de bons paniers. Nous avons dit que les morceaux de terre qui avoient résisté à l'opération, se jettoient à côté du panier, au sortir de la huche quand les ouvriers quittent le soir l'ouvrage, & même pendant leurs repas, ils jettent ces morceaux dans la huche. La nuit, ou plus de tems, leur fait prendre l'eau; & frottés les uns contre les autres, la mine reste au fond de la huche.

Le patouillet est excellent pour les mines du premier & du troisieme genre; & des paniers bien serrés d'osier ou d'autre bois, suffisent, & ne sont pas d'une grande dépense.

Les mines du second genre veulent des lavoir & égrapoirs: les lavoirs ne sont autre chose qu'un trou quarré A, dont le fond B est garni de planches enterrées d'un pié de profondeur, sur six à sept piés d'étendue, garni de quatre costieres C de bois de trois à quatre pouces d'épaisseur, sur un pié d'élévation; elles se joignent par des encoches D, & sont serrées en - dehors par des pierres. On échancle les [p. 143] costieres du dessus & dessous E E de la largeur de six pouces, sur la profondeur detrois ou quatre; & vous tirerez un petit courant F d'eau, qui entre dans le lavoir, le remplit, & sort par l'échancrure du bas. Vous emplissez un des côtés de terre à mine; & un ou deux ouvriers sont munis de riaules. Un riaule G est un morceau de fer battu, de la largeur de six à huit pouces, recourbé H de cinq à six, pour prendre aisément le fond du lavoir sans gêner l'ouvrier, finissant dans la partie supérieure par un tuyau en écrou K, propre à recevoir un long manche de bois L.

Les ouvriers se campent du côté que vient l'eau; & ayant tiré au courant la terre la plus proche de la sortie, achevent de la faire passer de l'autre côté, en changeant de position, de - là, la reconduisent d'où elle est venue: chaque changement s'appelle un demi-tour. Suivant la connoissance que l'on acquiert aisément à l'inspection, on décide qu'une telle mine est à deux, trois, quatre, &c. demi - tours: quand elle est nettoyée suffisamment, ils la tirent avec leurs pelles, & la mettent en monceaux à côté d'eux, avec les pierres ou sable que l'eau n'a pû enlever, jusqu'à ce qu'il y en ait en assez grande quantité pour être porté à l'égrapoir; nom qui vient de ce que l'on appelle grapes les petites pierres ou sables mêlés avec la mine; ce qui est une espece de castine: autrement ce seroient des mines qu'il faudroit abandonner. Les lavoirs peuvent encore se faire en quarrés longs O O, ce qui donne de la force au courant; c'est l'affaire des yeux intelligens à voir & disposer suivant le besoin.

Plusieurs pour égraper les mines, se servent de paniers M de taule ou de cuivre percés de l'échantillon de la mine, attachés par l'anse N à une corde attachée à une perche flexible O. Ce travail est gênant & long.

L'égrapoir A (v. les Pl.) du meilleur service est composé de deux membrures B B de six piés de longueur sur six pouces de hauteur: ces membrures sont tenues par deux traverses C C, d'un pié de longueur dans l'intérieur, passant par des mortaises D D, emmertaisées elles - mêmes E en - dehors, pour être serrees par des clefs F: dans les membrures, à un pouce de hauteur, on pratique une rainure G G; vous a rangez dans ces rainures des baguettes de fer fondu H, d'un pié de longueur, dressées à la lime, & écrasées par - dessous. Vous arrêtez & séparez les baguettes par de petits morceaux de bois qui laissent des intervalles propres à laisser passer les grains de mine. Le total A A fait un grillage dont les côtés depuis les baguettes, ont quatre pouces & demi de hauteur: vous posez ce grillage sur le côté d'un lavoir , de façon que le bas soit au - delà de la costiere L; & vous élevez le dessus M où aboutit le courant d'eau, de façon que cela fasie un plan incliné de 18 ou 20 degrés. L'eau du reservoir arrive au - dessus du grillage par un canal N, auquel vous ajustez une trémie O, dans laquelle vous jettez la mine, afin qu elle ne tombe que successivement. La mine entraînée par l'eau passe àtravers les baguettes, tombe dans le lavoir; & les sables plus gros que le grain de mines, sont chassés au - delà: il faut pour cette opération deux ouvriers, dont l'un jette la mine dans la tremre, & l'autre la tire de l'autre côté du lavoir: quand ce côté est plein, les ouvriers se joignent pour la tirer & la mettre en tas; par cette manoeuvre, qui va tres - vîte, vous êtes au - moins assûrés que les sables qui restent dans la mine, ne sont que du même échantillon.

Les pierres qui sont dans les mines du quatrieme genre, ou sont par bancs dans les minieres, un de pierre, un de mines; ou sont pele mêle en gros volumes, dont on peut avec pics & marteaux séparer la mine; cette separation faite, vous les passez au lavoir, de là à l'égrapoir, abandonnant les pierres, si la miniere peut fournir d'ailleurs; sinon mettez - les à part, pour les travailler comme celles qui suivent.

Les mines en roches, ou sont assez riches pour être brûlees sans separation de la pierre, ou demandent à en être separées.

Dans le premier cas, il ne s'agit que de les mettre en plus petits volumes; ce que feront bien des boccards. Voyez Boccard. J'ajoûterai seulement que les pilons doivent être coulés en plusieurs pointes, pour diviser au lieu de mettre en poussiere; que les pilons frappent sur une taque de fonte; & que le derriere soit garni de barreaux de fer qui ne laissent passer que ce qui est assez divisé.

Dans le second cas, les lavoirs simples ne feront rien; le patouillet usera sans séparer; ie boccard écrasera la mine comme la pierre; & ce qui restera sera toûjours dans la même proportion de mine & de pierre.

Pour ces mines, il faut recourir à la macération; il y a la naturelle & l'artificielle: la naturelle s'opere en exposant en peu d'épaisseur les pierres à mines ou mines en roche déjà brisées au marteau, aux grandes chaleurs & aux gelées: cela demande bien du tems & de l'espace.

L'artificielle va plus vîte, & ne consiste que dans un certain degré de chaleur: pour cet effet, ayez proche vos minieres ou vos bois des trous prépares, comme pour la calcination des pierres; ayez - en plusieurs, & conséquemment à votre travail. Vos tours dressés avec les pierres à mines, comme les fours à chaux, faites mettre en fagots les restes des exploitations, & chauffez. Comme il y a des pierres à mines qui se fendent avec éclat au premier degré de chaleur, il faut les faire porter sur des griilages de fer, ou voûte faite de pierres calcaires: la cuisson faite, ainsi que l'expérience l'aura bien - tôt appris, vous transporterez sur les lavoirs; à la premiere eau, tout sera dessoudé. La chaux coulera avec l'eau; le grain ou les lames tomberont au fond du lavoir: si il reste beaucoup de pierres, l'égrapoir vous en débarrassera; s'il y en a qui ne soient pas assez calcinées, laissez - les à la macération naturelle, qui en peu de tems achevera la séparation.

Comme l'eau qui sort de ces mines est dangereuse pour les ruisseaux ou rivieres où elle se décharge, vous ferez faire au bas des lavoirs plusieurs grand, & spatieux trous, qui s'empl ront les uns après les autres de votre eau de mine; ce qui donnera le tems à la transpiration, l'évaporation, & au dépôt. Quand vous reprendrez le travail le matin, vous acheverez de vuider ces réceptacles avec une pelle & par un petit déchargeoir qui tire l'eau. Quand ils seront remplis, vous les ferez vuider à la pelle, & conserverez cette espece de marne pour engraisser les terres; ce qui vous dédommagera d'une partie de la dépense, moins effrayante au fond que par la nouveauté. Le reste sera amplement payé par le produit du fourneau, avec moins de charbon.

Un point essentiel pour un manufacturier, est de connoître ses mines, de les mêlanger conséquemment à leur qualité, dans la proportion convenable.

On a'expérience, que les mines venues dans l'arbue portent avec elles un degré, soit de réfraction, soit de facilité à la fusion, proportionné à l'arbue dont elles restent pénétrées ou imprégnées; & celles nees dans la castine ont les mêmes qualités dans un degré proportionné aux parties de castine que vous n'aurez pû leur ôter.

Nous avons encore observé que l'emploi de l'arbue repondoit assez à celui du soutre dans la poudre - à - canon, quatre parties sur une livre; & la castine à celui du salpetre, dix parties sur une livre.

Pour connoître ce que les mines portent d'arbue & de castine dans nos cantons, on peut se servir de la méthode suivante.

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