ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"102"> par conséquent comprimé par le poids de l'eau AB, de sorte que sa force élastique pousse en - bas par le tuyau GL l'eau, qui se trouve dans le bassin F. L'eau coulant alors par le tuyau GL dans le second bassin inférieur M (qui est séparé du bassin C par une cloison OQ, placée entre les deux tuyaux), pousse enhaut l'air qu'il contient par le tuyau NP; cet air passe dans le second bassin supérieur, & étant alors comprimé par l'eau, qui est dans le tuyau GL, il pousse l'eau par sa force élastique dans le tuyau RS, en forme de jet. Mussch. §. 1387.

Fontaine ou vase dont on tire autant de vin que l'on y verse d'eau, de sorte que l'eau paroit changée en vin. Le petit vase BM (fig. 25. n°. 2.) a une cloison CD. On emplit d'abord la cavité inferieure avec du vin par un petit trou qui est dans le fond, & que l'on ferme à l'aide d'une vis N. Le tuyau supérieur ABP, s'étend jusqu'à la cloison CD; on y verse de l'eau, qui comprime par son poids l'air renfermé dans cette cavité supérieure, & le force de passer par l'autre petit tuyau SR, qui pénetre à - travers la cloison jusqu'à la cavité inferieure; cet air comprime par conséquent le vin de la cavité inférieure, lequel il fait monter dans le petit tuyau GC, & couler ensuite par le petit robinet O. Mussch. §. 1388.

Fontaine de Sturmius, laquelle joue ou s'arrête à la volonté de celui qui la fait aller. ABB (fig. 25. n° 3.) est un vase exagone, haut & creux, fermé en - haut & en - bas: il y a au milieu un tuyau DC, ouvert de chaque côté, & qui monte presque jusqu'en - haut dans le vase proche de C: on voit au - bas sur les côtés six petits tuyaux fort menus KK, qui sortent hors du vase, & par lesquels l'eau s'écoule. Le bout inferieur du tuyau proche de D, s'ajuste exactement en E dans un autre tuyau EF, fermement attaché au bassin M; ce tuyau EF est percé en - bas & de côté proche de F: il se trouve encore dans le bassin, directement au - dessous du tuyau EF, une autre ouverture comme G, par laquelle l'eau qui est tombée dans le bassin, après s'etre ecoulée par le trou F, commence à se dégorger dans un autre vaisseau N: on peut fermer exactement cette ouverture G à l'aide d'une longue coulisse GL. Lorsqu'on veut emplir d'eau cette fontaine, on la tire du tuyau EF, en ôtant le tuyau EC de l'ouverture E, &, après l'avoir renversée, on y verse de l'eau par le tuyau DC jusqu'à ce qu'elle soit pleine: on la retourne ensuite, & on la remet dans le tuyau EF; le poids de l'eau la fait alors couler par les petits tuyaux KK. Lorsqu'on tire la coulisse GL dehors, de sorte que le trou de la coulisse & le trou G s'ajustent l'un sur l'autre, alors l'eau qui vient des tuyaux KK peut passer librement par ces trous & tomber dans le bassin N, & la fontaine continuera de couier aussi longtems que le bassin ABB peut fournir de l'eau. Mais quand on bouche un peu le trou G par la coulisse L, en sorte que l'eau qui tombe par KK ne puisse passer en même quantité par G, le trou F se trouve enfin bouché par l'eau, ce qui empêche en même tems que l'air ne puisse pénétrer dans le tuyau DC, ni dans le vase ABB; l'eau cependant ne cesse de s'écouler par les tuyaux KK, jusqu'à ce que l'eau du vase ABB, avec l'élasticité de l'air rarefié dans ce vase, se trouve en équilibre avec la pression de l'atmosphere, qui agit contre les ouvertures des tuyaux KK, & empêche alors l'eau de s'en écouler: durant ce tems, l'eau continue de s'ecouler par les ouvertures F, G, dans le tuyau N; aussi - tôt que l'eau du bassin MM commence à devenir si basse, qu'il peut s'introdune de nouvel air par l'ouverture F dans le tuyau DC & dans le vase ABB, il agit de nouveau sur l'eau qui s'écoule par les petits tuyaux KK, comme auparavant, en plus grande quantité que les ouvertures G & F n'en peuvent absorber, ce qui est cause qu'elles se bouchent une seconde fois, & ainsi de suite, de sorte que le tarissement & l'écoulement de l'eau se font ainsi alternativement. Mussc. §. 1390.

La description de la plûpart de ces fontaines, est tirée soit en entier, soit par extrait, de l'Essai de physique de M. Muslchenbrock. Nous ne parlons point des fontaines intermittentes artificielles; on a suffisamment vû à l'article Singularités des Fontaines, comment l'art peut les imiter à l'exemple de la nature.

Les propriétés des syphons fournissent aussi des fontaines curieuses.

Soit par exemple un vase AGBF (fig. 25. n°. 5. Hydraul.), dans lequel on ait ajusté un syphon ou tuyau recourbe à branches inégales, dont la plus longue branche DE sorte du vase, & dont l'autre soit ouverte en C près du fond du vase sans toucher à ce fond; qu'on verse de l'eau dans ce vase, elle montera en même tems dans le syphon CD par l'ouverture C; & des que l'eau en s'elevant sera arrivée dans le syphon & dans le vase au niveau du point D, alors par la proprieté du syphon toute l'eau du vase s'écoulera par la jambe la plus longue DE. Si donc on place sur le haut du vase une figure dont les levres soient au niveau du coude D, il est evident que l'eau s'ecoulera des qu'elle sera arrivée à hauteur des levres de cette figure: ainsi la figure pourra representer une espece de Tantale. Voilà le principe général, dont on peut varier l'application en autant de manieres qu'on voudra, entre autres par celle qui est expliquée dans l'Fssai de physique de M. Musschenbroek, §. 1376. Il est facile par la construction de la fontaine, de derober le jeu du syphon aux spectateurs.

On peut voir dans les livres de Physique, différentes autres especes de fontaines artificielles; mais voilà les principales. (O)

Fontaines artificielles (Page 7:102)

Fontaines artificielles, (Jard.) sont aussi nécessaires à l'entretien des jardins qu'à leur embellissement. Elles forment des jets, des gerbes, des pyramides, des nappes, des cascades, des buffets, & les morceaux de sculpture qui les accompagnent ordinairement, en font à nos yeux des objets enchanteurs.

On les distribue en fontaines jaillissantes, en eaux plates, en fontaines rocaillées en bassins, à l'italienne, à l'égyptienne, & autres. Voyez l'article saiv. (K)

Fontaines (Page 7:102)

Fontaines, (Architect.) sous ce nom on entend aussi - bien la source qui produit l'eau que le monument qui la reçoit; mais par rapport à l'art de bâtir, & aux diverses formes & situations de ces monumens, on les appelle fontaines couvertes, découvertes, jaillissantes, pyramidales, rustiques, en grottes, en buffets, isolées, adossées, engagees, flanquées, angulaires, &c.

Communément le seulpteur a autant de part que l'architecte à la composition de ces sortes d'édifices, principalement lorsqu'il s'agit d'une ordonnance allegorique où symbolique; à l'usage de la decoration des jardins de propreté, comme il s'en voit à Versailles, ou à celle des fontaines jaillissantes destinées à l'embellissement des places publiques; telles qu'il s'en voit dans presque toutes les villes d'Italie, & dont l'énumération, le goût du dessein, & la perfection de l'exécution sont connus de tous.

En France, il semble que nous ayons pris soin d'ignorer ces derniers genres de monumens; car, à l'exception des fontaines qui parent nos maisons royales, & dont les desieins sont de la composit on de le Brun, & de plusieurs sculpteurs habiles du dernier siecle, toutes celles qui décorent cette capitale, prouvent notre insuffisance à cet egard. Il semble même que nos architectes ayent négligé cette parne de leur art, au point d'avoir abandonné aux entrepreneurs le dessein de ces sortes d'édifices, le plus grand [p. 103] nombre des fontaines qui se voyent à Paris dans ce dernier genre, étant d'une composition triviale, d'une construction très - négligée, & d'une ordonnance au - dessous du médiocre.

Ce qui est certain, c'est que les deux seuls monumens de cette espece, qui soient dignes de quelque considération, sont la fontaine des saints Innocens rue S. Denis, & celle de la rue de Grenelle fauxbourg S. Germain; encore faut - il convenir que la premiere a été exécutée par Jean Goujon, & la seconde par Edme Bouchardon, dont les noms seuls font l'éloge. Nous observerons néanmoins que le mérite essentiel de ces deux ouvrages, consiste dans la perfection de la Sculpture, & non dans l'ordonnance de l'Architecture; en effet, que signifient l'application de l'ordre corinthien dans la décoration de celle des saints Innocens, & l'ordre ionique employé dans la fontaine de Grenelle? Jusqu'à quand se croira - t - on permis de négliger l'esprit de convenance, dans l'ordonnance de nos édifices? Pourquoi des ouvrages qui intéressent la gloire de la nation, le progrès des Arts, & la splendeur des regnes de nos rois, ne sont - ils pas jugés, avant leur exécution, par les académies rassemblées? Quel bien ne résulteroit - il pas, pour la perfection des monumens qui ornent la capitale, si nos architectes, nos sculpteurs, nos peintres, les amateurs, les hommes à talens dans chaque genre, se communiquoient leurs productions, certains jours de l'année, pour y délibérer sur les avantages, le choix, la forme, & la composition de nos bâtimens? En un mot tous les hommes habiles ne devroient former qu'un corps. Cette réunion d'avis, de sentimens importe plus qu'on ne s'imagine. Tout ouvrage public intéresse les Artistes. C'est par ce moyen seul que la France peut se signaler, & que les soins, la vigilance de notre directeur général peuvent être secondés utilement, & tourner au profit de la société. (P)

Fontaine domestique (Page 7:103)

* Fontaine domestique; il y en a de plusieurs especes: nous allons décrire les principales. Toutes se peuvent définir, un vaisseau qui contient l'eau destinée à la boisson & aux autres usages d'une maison.

Il y a d'abord les fontaines simples: ce sont des vases de cuivre rosette, étamés en - dedans. On y distingue trois parties; celle d'en - bas, ou le pié; celle qui s'éleve au - dessus, ou la cuve de fond; & celle qui est au - dessus de la cuve de fond, à laquelle on adapte le couvercle, & qu'on appelle gorge. Elles sont chacune d'une seule piece, sans soudure sur la hauteur; le chauderonnier qui les travaille les a embouties ou retreintes selon la forme qu'elles exigent. Le pié est bordé à la partie insérieure d'un ourlet qui couvre une baguette de cuivre, & non de plomb ou de fer: c'est un réglement général pour toutes les parties couvertes d'un ouvrage de chauderonnerie: le bord supérieur du pié formé en drageoir, reçoit la cuve de fond.

La cuve de fond entre dans le drageoir du pié; elle est d'une seule piece, fond & parois: elle a donc été prise dans une plaque, emboutie, retreinte, & réduite par ce travail à la forme d'un cylindre, qui a un peu plus de hauteur que de base. A un pouce & demi, plus ou moins du fond, on pratique une ouverture; on y releve un ornement extérieur quelconque: cet ornement s'appelle la bosse; & c'est à l'ouverture que cet ornement entoure, qu'on adapte le robinet. On conçoit que la partie supérieure de la cuve de fond est en drageoir, afin de recevoir la gorge.

La gorge peut être regardée comme prise dans une cuve de fond dont on auroit percé le fond. Sa partie inférieure doit entrer juste dans le drageoir de la piece précédente: cette partie est emboutie, retreinte, & bordée d'un ourlet semblable à celui du pié; cet ourlet est reçû dans le couvercle.

Le couvercle est un dôme dont la forme varie selon le goût de l'ouvrier: il est bordé par en - bas d'un ourlet, & il porte à sa partie supérieure une poignée qu'on appelle pommelle. La pommelle est au centre du dôme, à l'extérieur, & sert à prendre & à placer le couvercle.

Aux côtés de la fontaine, vers sa partie supérieure, proche la gorge, à droite & à gauche, sont rivées à clous deux plaques de cuivre qu'on appelle porte - mains; ces plaques retiennent deux anneaux qu'on appelle mains, & qui servent à porter la fontaine.

Voilà la fontaine simple. Elle est placée sur un pié de bois. La cuve de fond est soudée au pié, & la gorge à la cuve de fond. La soudure est d'étain: on se sert de la même soudure pour fixer à demeure le robinet dans le trou de la bosse.

On voit par - là que l'intérieur d'une fontaine pareille ne peut être étamé avec trop de soin: mais jamais l'étamage ne préviendra tout le danger; parce que, quelque parfait qu'il soit, c'est toûjours un crible, dans les petits trous duquel le verd - de - gris se forme imperceptiblement: & que l'étain lui - même n'est pas un métal tout - à - fait innocent. Voyez les articles Étamer, Cuivre, & Étain : & d'ailleurs, si vous mettez de l'eau bourbeuse dans ces fontaines simples, elle n'en sortira jamais bien claire.

La salubrité a fait d'abord imaginer des fontaines de cuivre sablées, qui clarifiassent l'eau; & ensuite des fontaines de plomb, à sable & à éponge, qui eussent l'avantage des donner des eaux limpides, & d'obvier au danger du cuivre & de l'étain.

Pour se faire une idée juste de la fontaine de cuivre sablée, il faut imaginer une fontaine simple, telle que nous venons de la décrire, dont l'intérieur soit partagé en trois espaces différens par deux diaphragmes; ces diaphragmes que le chauderonnier appelle pannaches, sont des limbes du diametre de la fontaine, à l'endroit où ils doivent être fixés: ils sont percés au centre d'un trou circulaire; & les bords de ce trou sont relevés, & peuvent recevoir un couvercle. Le premier diaphragme est soudé un peu au - dessous de la jonction de la gorge & de la cuve de fond; il est traversé d'un tuyau placé à son bord; ce tuyau est d'un pouce de diametre, ou environ; il est soudé au diaphragme; il se rend au second diaphragme; il le traverse pareillement, & lui est soudé comme au premier: ce tuyau se nomme ventouse; il s'éleve jusqu'à l'ourlet de la gorge, où il est arrêté par une soudure. Son usage est de donner sortie à l'air contenu dans la partie inférieure de la fontaine, à mesure que cette cavite se remplit d'eau filtrée.

Le diaphragme supérieur doit avoir son ouverture plus grande que l'inférieur, afin que le couvercle de celui - ci puisse passer par l'ouverture de celui - là.

Le diaphragme ou pannache inférieur est soudé à la cuve de fond, comme le supérieur; sa distance au premier est d'environ cinq à six pouces: il a aussi son couvercle.

Il faut que toutes ces pieces, tuyau, pannache, couvercle, soient bien etamées.

On remplit de sable l'intervalle compris entre les deux diaphragmes; l'inferieur est fermé de son couvercle. Le sable placé, on ferme le supérieur du sien; on met encore une certaine hauteur de sable sur celui - ci, & l'eau réside sur le sable.

L'eau se filtre à - travers le premier sable, s'insinue entre le joint du couvercle du diaphragme supérieur & le rebord de ce diaphragme; descend dans la cavité comprise entre les deux diaphragmes; se filtre une seconde fois en passant à - travers le sable qui la remplit; s'insinue pareillement entre le couvercle du diaphragme inférieur & son rebord; tombe dans la partie inférieure de la fontaine, la remplit, & en chasse

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