ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
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terminée, comme toutes les vertus altérantes. Celle - ci ressemble assez à la qualité atténuante, incisive,
apéritive. Voyez
Incisif, Apéritif, Atténuant
Les remedes désignés spécialement par le nom de
fondant, sont tous des presens de la Chimie; ce font
1°. l'un & l'autre alkali fixe; 2°. plusieurs sels neutres,
tels que le sel végétal; le sel de Seignette, le
sel fixe ammoniac, les sels d'Epsom & de Seidlitz,
le sel de Glauber, mais principalement le tartre vitriolé
& ses diverses especes: savoir le sel polichreste
de Glaser, le sel de duobus, & le nitre antimonié,
3°. Les teintures antimoniales tirées avec les esprirs
ardens ou avec les acides végétaux. Voyez Antimoine. Le fameux fondant de Rotrou est de l'antimoine
diaphorétique non lavé, & qui a été préparé
avec l'antimoine crud ou entier. 4°. Plusieurs préparations
mercurielles: savoir le mercure sublimé
doux, la panacée, le précipité blanc, le précipité
jaune, l'aethiops minéral, & même le mercure coulant.
5°. Enfin le savon ordinaire.
On peut grossir cette liste de fondans en ajoûtant
aux remedes chimiques que nous venons de nommer,
l'aloës & les gommes résines qui sont des produits
naturels.
Tous ces temedes donnés en dose convenable,
sont des purgatifs; mais quand les Medecins les employ
ent à titre de fondans, c'est toûjours en une dose
trop foible pour qu'ils puissent produire une purgation
pleine & entiere. Cependant on estime leur
action, même dans ce cas, par des legeres évacuations qu'ils ne manquent pas de procurer ordinairement.
Un gros de sel de Glauber ou un demi - gros de
tartre vitriolé pris le matin dans un bouillon, procure
communément une ou deux selles dans la matinée.
La dose moyenne de mercure doux ou de panacée,
une pilule aloetique fondante, vingt gouttes
de teinture des scories succinées de Sthal, &c. produisent
le même effet dans le plus grand nombre de
sujets.
On pourroit peut - être déduire de ces évacuations
l'action médicinale des fondans; cette théorie paroitroit
très - raisonnable à ceux qui pensent que toute
action médicamenteuse véritablement curative, se
borne à exciter des évacuations, & qui ne croyent
point à la plûpart des altératious prétendues procurées
au corps même des humeurs par des remedes.
Mais ce sentiment, tout plausible qu'il pourra paroître
à quelques medecins, n'est pas celui du grand
nombre.
Selon la théorie régnante, les fondans agissent sur
la substance même des humeurs, les divisent, les brisent,
les mettent dans une sonte réelle.
On ordonne les fondans contre le prétendu épaississement des humeurs, leur disposition aux concrétions,
aux hérences; que cette disposition le trouve
ou non dans les sujets attaqués des maladies suivantes,
les fondans sont toûjours leur véritable remede.
Leur bon effet est constaté par l'observation
toûjours supérieure aux lumieres théoriques, & peut - être
suffisante sans elles.
Les maladies dont nous voulons parler, sont le
obstructions proprement dites des glandes & des vis
ceres, les tumeurs écroüelleuses & vénériennes, les
concrétions & les dépôts laiteux; certaines hydropisies
& bouffissures des parties extérieures; cortaines
suppressions de regles, &c. Voyez les articles
particuliers de ces maladies.
Les fondans sont contre indiqués dans tous les cas
où les humeurs sont censées en dissolution ou en fonte;
tous ces cas sont compris dans l'extension qu'on
donne aujourd'hui à la classe des affections scorbutiques.
Voyez Scorbut. (b)
Fondant
(Page 7:72)
Fondant, (Peinture en émail.) matiere servant
pour les émaux. Voyez Pfinture en Email; voyez
aussi les articles Porcelaine & Fayence.
FONDATEUR
(Page 7:72)
FONDATEUR, s. m. (Jurispr.) est celui qui fait
construire ou qui a dotë quelque églite, collége, hôpital,
ou fait quelqu'autre établissement; comme des
prieres & services qui doivent s'acquitter dans une
eglise. Voyez ci - après Fondation. (A)
FONDATION
(Page 7:72)
FONDATION, s. f. (Arch.) ce mot dans son sens
primitif, s'applique à la construction de cette partie
des édifices qui leur sert de base ou de fondement,
& qui est plus ou moins enfoncée au - dessous du sol,
suivant la hauteur de l'édifice, ou la solidité du terrein.
Quoique le mot de fondation, suivant l'analogie
grammaticale, ne doive signifier que l'action de
poser les fondemens d'un édifice, il a cependant passé
en usage parmi les Architectes & les Maçons, de
donner le nom de fondations aux fondemens eux - mêmes: ainsi l'on dit, ce bàtiment a douze piés de fondation. Malgré cet usage, je crois qu'on doit préférer
en écrivant le mot de fondement, plus conforme à
l'analogie. Voyez Fondement (Architect.)
Fondation
(Page 7:72)
Fondation, (Politique & Droit naturel.) Les
mots fonder, fondement, fondation, s'appliquent à
tout établissement durable & permanent, par une
métaphore bien naturelle, puisque le nom même
d'établissement est appuyé precisément sur la même
métaphore. Dans ce sens on dit, la fondation d'un
empire, d'une république. Mais nous ne parlerons
point dans cet article de ces grands objets: ce que
nous pourrions en dire, tient aux principes primitifs
du Droit politique, à la premiere institution des gouvernemens
parmi les hommes. Voyez
Gouvfrnenent, Conquète, & Législation
. On dit aussi
fonder une secte. V. Secte. Enfin on dit fonder une académie,
un collége, un hôpital, un couvent, des messes,
des prix à distribuer, des jeux publics, &c. Fonder dans
ce sens, c'est assigner un fond ou une somme d'argent,
pour être employée à perpétuité à remplir
l'objet que le fondateur s'est proposé, soit que cet
objet regarde le culte divin ou l'utilité publique,
soit qu'il se borne à satisfaire la vanité du fondateur,
motif souvent l'unique véritable, lors même que les
deux autres lui servent de voile.
Les formalités néceslaires pour transporter à des
personnes chargées de remplir les intentions du fondateur
la propriété ou l'usage des fonds que celui
ci y a destinés; les précautions à prendre pour assûrer
l'exécution perpetuelle de l'engagement contracté
par ces personnes; les dédommagemens dûs
à ceux que ce transport de propriété peut intéresser,
comme, par exemple, au suzerain privé
pour jamais des droits qu'il percevoit sur le fond
donne à chaque mutation de propriétaire; les bornes
que la politique a sagement voulu mettre à l'excessive
mul>plication de ces libéralités indiscretes;
enfin differentes circonstances essentielles ou accessoires
aux fondations, ont donné lieu à différentes
lois, dont le détail n'appartient point à cet atticle,
& sur lesquelies nous renvoyons aux articles Fondation, (Jurispr.) Main - morte, Amortissement, &c. Noire but n'est dans celui - ci que d'examiner
l'utilité des fondations en général par rapport
au bien public, ou plûtôt d'en montrer les inconvéniens: puissent les considérations suivantes concourir
avec l'esprit philosophique du siecle, à dégoûter
des fondations nouvelles, & à détruire un reste de
respect superstitieux pour les anciennes!
1°. Un fondateur est un homme qui veut éterniser l'effet de ses volontés: or quand on lui supposeroit
toûjours les intentions les plus pures, combien
n'a - t - on pas de raisons de se defier de ses lumieres?
combien n'est - il pas aisé de faire le mal en voulant
fire le bien? Prévoir avec certitude si un établisiement produira l'effet qu'on s'en est promis, & n'en
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aura pas un tout contraire; démêler à - travers l'illusion
d'un bien prochain & apparent, les maux réels
qu'un long enchainement de causes ignorées amenera
à sa suite; connoître les véritables plaies de la
société, remonter à leurs causes; dissinguer les remedes
des palliatifs; se défendre enfin des prestiges de
la séduction; porter un regard sévere & tranquille
sur un projet au milieu de cette atmolphere degloire,
dont les éloges d'un public aveugle & notre propre
enthousiasme nous le montrent environné: ce seroit
l'effort du plus profond génie, & peut - être la politique
n'est - elle pas encore assez avancee de nos jours
pour y réussir. Souvent on présentera à quelques
particuliers des secours contre un mal dont la canse
est générale; & quelquefois le remede même qu'on
voudra opposer à l'effet, augmentera l'influence de
la cause. Nous avons un evemple frappant de cette
espece de mal - adresse, dans quelques maisons destinées
à servir d'asyle aux femmes repenties. Il faut
faire preuve de debauche pour y entrer. Je sais bien
que cette ptécantion a dû être imaginée pour empêcher
que la fondation ne soit détournée à d'autres objets: mais cela seul ne prouve - t - il pas que ce n'étoit
pas par de pareils etablissemens étrangers aux véritables
causes du libertinage, qu'il falloit le combattre?
Ce que je dis du libertinage, est vrai de la pauvreté.
Le pauvre a des droits incontestables sur l'abondance
du riche; l'humanité, la religion nous sont
également un devoir de soulager nos semblables dans
le malheur: c'est pour accomplir ces devoirs indispensables,
que tant d'etablissemens de charite ont
été elevés dans le monde chrétien pour soulager des
besoins de toute espece; que des pauvres sans nombre
sont rassembles dans des hôpitaux, nourris à la
porte des couvens par des distributions journalieres.
Qu'est - il arrivé? c'est que précisément dans les pays
où ces ressources gratuites sont les plus abondantes,
comme en Espagne & dans quelques parties de l'Italie, la misere est plus commune & plas générale
qu'ailleurs. La raison en est bien simple, & mille
voyageurs l'ont remarquée. Faire vivre gratuitement
un grand nombre d'hommes, c'est soudover
l'oisiveté & tous les desordres qui en sont la suite;
c'est rendre la condition du faineant préférable à
celle de l'homme qui travaille; c'est par conséquent
diminuer pour l'état la somme du travail & des productions
de la terre, dont une partie devient necessairement
inculte: de - là les disettes fréquentes,
l'augmentation de la misere, & la dépopulation qui
en est la suite; la race des citoven, industrieux est
remplacée par une populace vile, composée de
mendians vagabonds & livrés à toutes sortes de crimies.
Pour sentir l'abus de ces aumônes mal dirigées,
qu'on suppose un état si bien administre, qu'il
ne s'y trouve aucun pauvre (chose possible sans doute,
pour tout état qui a des colonies à peupler, voy.
Mendicité.); l'établissement d'un secours gratuit
pour un certain nombre d'hommes y crécroit toutaussi
tôt des pauvres, c'est - à - dire donneroit à autant
d'hommes un intérêt de le devenir, en abandonnant
leurs occupations: d'où résulteroient un vuide dans
le travail & la richesse de l'état, une augmentation
du poids des charges publiques sur la tête de l'homme
industrieux, & tous les desordres que nous remarquons
dans la constitution presente des sociétés.
C'est ainsi que les vertus les plus pures peuvent
tromper ceux qui se livrent sans précaution à tout
ce qu'elles leur inspirent: mais si des desseins pieux
& respectables démentent toutes les espérances
qu'on en avoit conçûes, que faudra - t - il penser de
toutes ces fondations qui n'ont eu de motif & d'objet
véritable que la satisfaction d'une vanité frivole,
& qui sont sans doute les plus nombreux? Je ne craindrai
point de dire que si on comparoit les axantages
& les inconvéniens de toutes les fondations qui existent
aujourd'hui en Europe, il n'y en auroit peut - être
pas une qui soûtînt l'examen d'une politique
éclairee.
2°. Mais de quelque utilité que puisse être une
fondation, elle porte dans elle - même un vice irremédiable,
& qu'elle tient de sa nature, l'impossibilité
d'en maintenir l'exécution. Les fondateurs s'abusent
bien grossierement, s'ils imaginent que leur
zele se communiquera de siecle en siècle aux personnes
chargées d'en perpétuer les effets. Quand elles
en auroient été animées quelque tems, il n'est point
de corps qui n'ait à la longue perdu l'esprit de sa
premiere origine. Il n'est point de semiment qui ne
s'amortisse par l'habitude même & la familiarité
avec les objets qui l'excitent. Quels mouvemens
confus d'horreur, de tristesse, d'attendrissement sur
l'humanité, de pitié pour les malheureux qui souffrent,
n'éprouve pas tout homme qui entre pour la
premiere fois dans une salle d'hôpital! Eh bien qu'il
ouvre les yeux & qu'il voye: dans ce lieu même,
au milieu de toutes les miseres humaines rassemblées,
les ministies destines à les secourir se promenent
d'un air inattentit & distrait; ils vont machinatement
& sans intérêt distribuer de malade en malade
des alimens & des remedes prescrits quelquefois
avec une négligence meurtriere; lem ame se prête à
des conversations indifférentes, & peut - être aux
idees les plus gaies & les plus folles; la vanité, l'envie,
la haine, toutes les passions, regnent - là comme
ailleurs, s'occupent de leur objet, le poursuivent; &
les gémissemens, les cris aigus de la douleur ne les
detournent pas davantage, que le murmure d'un
roisseau n'interromproit une conversation animée.
On a peine à le concevoir; mais on a vû le même lit
être à - la - fois le lit de la moit & le lit de la debauche.
Voyez Hopital. Tels sont les effets de l'habitude
par rapport aux objets les plus capables d'émouvoir
le coeur humain. Voilà pourquoi aucun enthousiasme
ne se soùtient; & comment sans enthousiasme,
les ministres de la fondation la rempliront - ils
toùjours avec la même exactitude? Quel interêt
l'alancera en eux la paresse, ce poids attaché à la nature
humaine, qui tend sins cesse à nous retenir dans
l'inaction! Les précautions même que le fondateur a
prises pour leur assurer un revenu constant, les dispensent
de le mériter. Fondera t il des surveillans, des
inspecteurs. pour faire executer les conditions de la
fondation? Il en sera de ces inspecteurs comme de
tous ceux qu'on établit pour maintenir quelque regle
que ce soit. Si l'obstacle qui s'oppose à l'exécution
de la regle vient de la paresse, la même paresse
les empêchera d'y veiller; si c'est un intérêt pécuniaire,
ils pourront aisément en partager le profit.
Voyez Inspectfurs. Les surveillans eux - mêmes
autoient donc besoin d'être surveillés, & où s'arrêteroit
cette progression ridicule? Il est vrai qu'on a
obligé les chanoines à être assidus aux offices, en
réduisant presque tout leur revenu à des distributions
manuelles; mais ce moyen ne peut obliger qu'à
une assistance purement corporelle: & de quelle utilité
peut il être pour tous les autres objets bien plus
importans des fondations? Aussi presque toutes les
fondations anciennes ont - elles dégénéré de leur institution
primitive: alors le même esprit qui avoit
fait naître les premieres. en a fait etablir de nouvelles
sur le même plan, ou sur un plan différent; lesquelles,
après avor degénéré à leur tour, sont aussi
remplacces de la même maniere. Les mesures sont
ordinaitement si bien prises par les fondateurs, pour
mettre leurs établissemens à l'abri des innovations
extérieures, qu'on trouve ordinairement plus aisé,
& sans doute aussi plus honorable, de fonder de
nouveaux établissemens, que de réformer les an<pb->
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