ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"72"> terminée, comme toutes les vertus altérantes. Celle - ci ressemble assez à la qualité atténuante, incisive, apéritive. Voyez Incisif, Apéritif, Atténuant

Les remedes désignés spécialement par le nom de fondant, sont tous des presens de la Chimie; ce font 1°. l'un & l'autre alkali fixe; 2°. plusieurs sels neutres, tels que le sel végétal; le sel de Seignette, le sel fixe ammoniac, les sels d'Epsom & de Seidlitz, le sel de Glauber, mais principalement le tartre vitriolé & ses diverses especes: savoir le sel polichreste de Glaser, le sel de duobus, & le nitre antimonié, 3°. Les teintures antimoniales tirées avec les esprirs ardens ou avec les acides végétaux. Voyez Antimoine. Le fameux fondant de Rotrou est de l'antimoine diaphorétique non lavé, & qui a été préparé avec l'antimoine crud ou entier. 4°. Plusieurs préparations mercurielles: savoir le mercure sublimé doux, la panacée, le précipité blanc, le précipité jaune, l'aethiops minéral, & même le mercure coulant. 5°. Enfin le savon ordinaire.

On peut grossir cette liste de fondans en ajoûtant aux remedes chimiques que nous venons de nommer, l'aloës & les gommes résines qui sont des produits naturels.

Tous ces temedes donnés en dose convenable, sont des purgatifs; mais quand les Medecins les employ ent à titre de fondans, c'est toûjours en une dose trop foible pour qu'ils puissent produire une purgation pleine & entiere. Cependant on estime leur action, même dans ce cas, par des legeres évacuations qu'ils ne manquent pas de procurer ordinairement. Un gros de sel de Glauber ou un demi - gros de tartre vitriolé pris le matin dans un bouillon, procure communément une ou deux selles dans la matinée. La dose moyenne de mercure doux ou de panacée, une pilule aloetique fondante, vingt gouttes de teinture des scories succinées de Sthal, &c. produisent le même effet dans le plus grand nombre de sujets.

On pourroit peut - être déduire de ces évacuations l'action médicinale des fondans; cette théorie paroitroit très - raisonnable à ceux qui pensent que toute action médicamenteuse véritablement curative, se borne à exciter des évacuations, & qui ne croyent point à la plûpart des altératious prétendues procurées au corps même des humeurs par des remedes. Mais ce sentiment, tout plausible qu'il pourra paroître à quelques medecins, n'est pas celui du grand nombre.

Selon la théorie régnante, les fondans agissent sur la substance même des humeurs, les divisent, les brisent, les mettent dans une sonte réelle.

On ordonne les fondans contre le prétendu épaississement des humeurs, leur disposition aux concrétions, aux hérences; que cette disposition le trouve ou non dans les sujets attaqués des maladies suivantes, les fondans sont toûjours leur véritable remede. Leur bon effet est constaté par l'observation toûjours supérieure aux lumieres théoriques, & peut - être suffisante sans elles.

Les maladies dont nous voulons parler, sont le obstructions proprement dites des glandes & des vis ceres, les tumeurs écroüelleuses & vénériennes, les concrétions & les dépôts laiteux; certaines hydropisies & bouffissures des parties extérieures; cortaines suppressions de regles, &c. Voyez les articles particuliers de ces maladies.

Les fondans sont contre indiqués dans tous les cas où les humeurs sont censées en dissolution ou en fonte; tous ces cas sont compris dans l'extension qu'on donne aujourd'hui à la classe des affections scorbutiques. Voyez Scorbut. (b)

Fondant (Page 7:72)

Fondant, (Peinture en émail.) matiere servant pour les émaux. Voyez Pfinture en Email; voyez aussi les articles Porcelaine & Fayence.

FONDATEUR (Page 7:72)

FONDATEUR, s. m. (Jurispr.) est celui qui fait construire ou qui a dotë quelque églite, collége, hôpital, ou fait quelqu'autre établissement; comme des prieres & services qui doivent s'acquitter dans une eglise. Voyez ci - après Fondation. (A)

FONDATION (Page 7:72)

FONDATION, s. f. (Arch.) ce mot dans son sens primitif, s'applique à la construction de cette partie des édifices qui leur sert de base ou de fondement, & qui est plus ou moins enfoncée au - dessous du sol, suivant la hauteur de l'édifice, ou la solidité du terrein. Quoique le mot de fondation, suivant l'analogie grammaticale, ne doive signifier que l'action de poser les fondemens d'un édifice, il a cependant passé en usage parmi les Architectes & les Maçons, de donner le nom de fondations aux fondemens eux - mêmes: ainsi l'on dit, ce bàtiment a douze piés de fondation. Malgré cet usage, je crois qu'on doit préférer en écrivant le mot de fondement, plus conforme à l'analogie. Voyez Fondement (Architect.)

Fondation (Page 7:72)

Fondation, (Politique & Droit naturel.) Les mots fonder, fondement, fondation, s'appliquent à tout établissement durable & permanent, par une métaphore bien naturelle, puisque le nom même d'établissement est appuyé precisément sur la même métaphore. Dans ce sens on dit, la fondation d'un empire, d'une république. Mais nous ne parlerons point dans cet article de ces grands objets: ce que nous pourrions en dire, tient aux principes primitifs du Droit politique, à la premiere institution des gouvernemens parmi les hommes. Voyez Gouvfrnenent, Conquète, & Législation . On dit aussi fonder une secte. V. Secte. Enfin on dit fonder une académie, un collége, un hôpital, un couvent, des messes, des prix à distribuer, des jeux publics, &c. Fonder dans ce sens, c'est assigner un fond ou une somme d'argent, pour être employée à perpétuité à remplir l'objet que le fondateur s'est proposé, soit que cet objet regarde le culte divin ou l'utilité publique, soit qu'il se borne à satisfaire la vanité du fondateur, motif souvent l'unique véritable, lors même que les deux autres lui servent de voile.

Les formalités néceslaires pour transporter à des personnes chargées de remplir les intentions du fondateur la propriété ou l'usage des fonds que celui ci y a destinés; les précautions à prendre pour assûrer l'exécution perpetuelle de l'engagement contracté par ces personnes; les dédommagemens dûs à ceux que ce transport de propriété peut intéresser, comme, par exemple, au suzerain privé pour jamais des droits qu'il percevoit sur le fond donne à chaque mutation de propriétaire; les bornes que la politique a sagement voulu mettre à l'excessive mulplication de ces libéralités indiscretes; enfin differentes circonstances essentielles ou accessoires aux fondations, ont donné lieu à différentes lois, dont le détail n'appartient point à cet atticle, & sur lesquelies nous renvoyons aux articles Fondation, (Jurispr.) Main - morte, Amortissement, &c. Noire but n'est dans celui - ci que d'examiner l'utilité des fondations en général par rapport au bien public, ou plûtôt d'en montrer les inconvéniens: puissent les considérations suivantes concourir avec l'esprit philosophique du siecle, à dégoûter des fondations nouvelles, & à détruire un reste de respect superstitieux pour les anciennes!

1°. Un fondateur est un homme qui veut éterniser l'effet de ses volontés: or quand on lui supposeroit toûjours les intentions les plus pures, combien n'a - t - on pas de raisons de se defier de ses lumieres? combien n'est - il pas aisé de faire le mal en voulant fire le bien? Prévoir avec certitude si un établisiement produira l'effet qu'on s'en est promis, & n'en [p. 73] aura pas un tout contraire; démêler à - travers l'illusion d'un bien prochain & apparent, les maux réels qu'un long enchainement de causes ignorées amenera à sa suite; connoître les véritables plaies de la société, remonter à leurs causes; dissinguer les remedes des palliatifs; se défendre enfin des prestiges de la séduction; porter un regard sévere & tranquille sur un projet au milieu de cette atmolphere degloire, dont les éloges d'un public aveugle & notre propre enthousiasme nous le montrent environné: ce seroit l'effort du plus profond génie, & peut - être la politique n'est - elle pas encore assez avancee de nos jours pour y réussir. Souvent on présentera à quelques particuliers des secours contre un mal dont la canse est générale; & quelquefois le remede même qu'on voudra opposer à l'effet, augmentera l'influence de la cause. Nous avons un evemple frappant de cette espece de mal - adresse, dans quelques maisons destinées à servir d'asyle aux femmes repenties. Il faut faire preuve de debauche pour y entrer. Je sais bien que cette ptécantion a dû être imaginée pour empêcher que la fondation ne soit détournée à d'autres objets: mais cela seul ne prouve - t - il pas que ce n'étoit pas par de pareils etablissemens étrangers aux véritables causes du libertinage, qu'il falloit le combattre? Ce que je dis du libertinage, est vrai de la pauvreté. Le pauvre a des droits incontestables sur l'abondance du riche; l'humanité, la religion nous sont également un devoir de soulager nos semblables dans le malheur: c'est pour accomplir ces devoirs indispensables, que tant d'etablissemens de charite ont été elevés dans le monde chrétien pour soulager des besoins de toute espece; que des pauvres sans nombre sont rassembles dans des hôpitaux, nourris à la porte des couvens par des distributions journalieres. Qu'est - il arrivé? c'est que précisément dans les pays où ces ressources gratuites sont les plus abondantes, comme en Espagne & dans quelques parties de l'Italie, la misere est plus commune & plas générale qu'ailleurs. La raison en est bien simple, & mille voyageurs l'ont remarquée. Faire vivre gratuitement un grand nombre d'hommes, c'est soudover l'oisiveté & tous les desordres qui en sont la suite; c'est rendre la condition du faineant préférable à celle de l'homme qui travaille; c'est par conséquent diminuer pour l'état la somme du travail & des productions de la terre, dont une partie devient necessairement inculte: de - là les disettes fréquentes, l'augmentation de la misere, & la dépopulation qui en est la suite; la race des citoven, industrieux est remplacée par une populace vile, composée de mendians vagabonds & livrés à toutes sortes de crimies. Pour sentir l'abus de ces aumônes mal dirigées, qu'on suppose un état si bien administre, qu'il ne s'y trouve aucun pauvre (chose possible sans doute, pour tout état qui a des colonies à peupler, voy. Mendicité.); l'établissement d'un secours gratuit pour un certain nombre d'hommes y crécroit toutaussi tôt des pauvres, c'est - à - dire donneroit à autant d'hommes un intérêt de le devenir, en abandonnant leurs occupations: d'où résulteroient un vuide dans le travail & la richesse de l'état, une augmentation du poids des charges publiques sur la tête de l'homme industrieux, & tous les desordres que nous remarquons dans la constitution presente des sociétés. C'est ainsi que les vertus les plus pures peuvent tromper ceux qui se livrent sans précaution à tout ce qu'elles leur inspirent: mais si des desseins pieux & respectables démentent toutes les espérances qu'on en avoit conçûes, que faudra - t - il penser de toutes ces fondations qui n'ont eu de motif & d'objet véritable que la satisfaction d'une vanité frivole, & qui sont sans doute les plus nombreux? Je ne craindrai point de dire que si on comparoit les axantages & les inconvéniens de toutes les fondations qui existent aujourd'hui en Europe, il n'y en auroit peut - être pas une qui soûtînt l'examen d'une politique éclairee.

2°. Mais de quelque utilité que puisse être une fondation, elle porte dans elle - même un vice irremédiable, & qu'elle tient de sa nature, l'impossibilité d'en maintenir l'exécution. Les fondateurs s'abusent bien grossierement, s'ils imaginent que leur zele se communiquera de siecle en siècle aux personnes chargées d'en perpétuer les effets. Quand elles en auroient été animées quelque tems, il n'est point de corps qui n'ait à la longue perdu l'esprit de sa premiere origine. Il n'est point de semiment qui ne s'amortisse par l'habitude même & la familiarité avec les objets qui l'excitent. Quels mouvemens confus d'horreur, de tristesse, d'attendrissement sur l'humanité, de pitié pour les malheureux qui souffrent, n'éprouve pas tout homme qui entre pour la premiere fois dans une salle d'hôpital! Eh bien qu'il ouvre les yeux & qu'il voye: dans ce lieu même, au milieu de toutes les miseres humaines rassemblées, les ministies destines à les secourir se promenent d'un air inattentit & distrait; ils vont machinatement & sans intérêt distribuer de malade en malade des alimens & des remedes prescrits quelquefois avec une négligence meurtriere; lem ame se prête à des conversations indifférentes, & peut - être aux idees les plus gaies & les plus folles; la vanité, l'envie, la haine, toutes les passions, regnent - là comme ailleurs, s'occupent de leur objet, le poursuivent; & les gémissemens, les cris aigus de la douleur ne les detournent pas davantage, que le murmure d'un roisseau n'interromproit une conversation animée. On a peine à le concevoir; mais on a vû le même lit être à - la - fois le lit de la moit & le lit de la debauche. Voyez Hopital. Tels sont les effets de l'habitude par rapport aux objets les plus capables d'émouvoir le coeur humain. Voilà pourquoi aucun enthousiasme ne se soùtient; & comment sans enthousiasme, les ministres de la fondation la rempliront - ils toùjours avec la même exactitude? Quel interêt l'alancera en eux la paresse, ce poids attaché à la nature humaine, qui tend sins cesse à nous retenir dans l'inaction! Les précautions même que le fondateur a prises pour leur assurer un revenu constant, les dispensent de le mériter. Fondera t il des surveillans, des inspecteurs. pour faire executer les conditions de la fondation? Il en sera de ces inspecteurs comme de tous ceux qu'on établit pour maintenir quelque regle que ce soit. Si l'obstacle qui s'oppose à l'exécution de la regle vient de la paresse, la même paresse les empêchera d'y veiller; si c'est un intérêt pécuniaire, ils pourront aisément en partager le profit. Voyez Inspectfurs. Les surveillans eux - mêmes autoient donc besoin d'être surveillés, & où s'arrêteroit cette progression ridicule? Il est vrai qu'on a obligé les chanoines à être assidus aux offices, en réduisant presque tout leur revenu à des distributions manuelles; mais ce moyen ne peut obliger qu'à une assistance purement corporelle: & de quelle utilité peut il être pour tous les autres objets bien plus importans des fondations? Aussi presque toutes les fondations anciennes ont - elles dégénéré de leur institution primitive: alors le même esprit qui avoit fait naître les premieres. en a fait etablir de nouvelles sur le même plan, ou sur un plan différent; lesquelles, après avor degénéré à leur tour, sont aussi remplacces de la même maniere. Les mesures sont ordinaitement si bien prises par les fondateurs, pour mettre leurs établissemens à l'abri des innovations extérieures, qu'on trouve ordinairement plus aisé, & sans doute aussi plus honorable, de fonder de nouveaux établissemens, que de réformer les an<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.