ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS
Previous page
"54">
quel il y a plusieurs choses qui ont rapport au mot
Fond. Article de M. Watelet.
Fond
(Page 7:54)
Fond, en Architecture, se dit du terrein qui est estimé
bon pour fonder. Le bon & vif fond est celui dont
la terre n'a point été éventée, & qui est de bonne
consistance: on appelle aussi fond une place destinée
pour bâtir.
Fond
(Page 7:54)
Fond d'ornemens, se dit du champ sur lequel on
taille ou on peint des ornemens, comme armes, chiffres,
bas - reliefs, trophées, &c. (P)
Fond
(Page 7:54)
* Fond, en terme de Batteur d'or; c'est une liqueur
composée de vin blanc & d'eau - de vie en quantité
proportionnée; un demi - septier d'eau - de - vie, par
exemple, sur trois pintes de vin; de deux onces de
poivre; de deux gros de muscade, autant de gérofle
& de cannelle; enfin de la meilleure colle de poisson.
Quand tout cela s'est réduit en bouillant à une certaine
quantité dépendante de celle de tous ces ingrédiens,
on en enduit les feuilles des outils avec une
éponge sur une planche de bois, & on les fait sécher
sur des toiles neuves; les vieilles étant remplies d'un
duvet avec lequel le fond s'incorporeroit.
Fond
(Page 7:54)
Fond, en terme de Bijoutier; c'est proprement la
partie plate inférieure d'une boîte, qui jointe à la
bate, forme la cuvette.
Fond
(Page 7:54)
* Fond, en terme de Blondier; c'est proprement le
réseau, ou ce qui sert d'assiette aux grillages & aux
toiles. Nous avons dit que ces fonds étoient composés
de points plus ou moins fins selon la qualité des
blondes, tantôt de point d'Angleterre, tantôt de celui
de Malines, &c. Voyez Grillages & Toiles.
Fond
(Page 7:54)
Fond, (Cizelure.) On dit mettre une médaille en
fond. Voyez Gravure sur l'Acier.
Fond
(Page 7:54)
Fond, (Jardin.) se peut dire d'une terre: il se prend
aussi pour la partie la plus basse d'une tulipe. (K)
Fond
(Page 7:54)
Fond, en termes de Marchand de modes; est une
piece de gaze, de mousseline, de dentelle, &c. dont
deux angles sont arrondis, qui sert à couvrir le reste
du bonnet piqué, sur lequel le bavolet & la piece de
dessous n'étoient pas parvenues. Voyez Bavolet.
On attache les fonds avec des épingles.
Fond
(Page 7:54)
Fond, en terme de Planeur; c'est cette partie plate
qui fait le centre d'une assiete ou autre piece de
vaisselle. Il se trace au compas, & se termine où le
bouge commence.
Fond d'or
(Page 7:54)
* Fond d'or ou Fond d'argent, étoffe de soie
en or ou argent. Cette étoffe est un drap dont le fond
est toûjours tout or ou tout argent: on en fait aussi à
ramages en argent sur l'or, & à ramages en or sur les
fonds d'argent avec des nuances mêlees: il s'en fabrique
aussi dont les desseins sont destinés à être tout
or ou tout argent sans mélange d'or avec l'argent.
Cette étoffe se fait avec deux chaînes; l'une pour
le corps de l'étoffe qui se travaille en gros - de - Tours:
l'autre, qu'on appelle poil, & qui sert à passer une
soie avec laquelle on accompagne les dorures: ensuite,
en faisant valoir ce même poil, on broche les dorures
& les nuances, au moyen de l'armure qu'on
a disposé selon qu'il convient pour le dessein. Cette
étoffe à Lyon est toûjours de onze vingt - quatriemes
d'aune. Voyez Étoffe de soie.
Nous avons dit que les fonds d'or se travailloient
communément en gros - de - Tours; mais il s'en fait plus
souvent en fond de satin. Cet ouvrage demande un
grand détail tant pour l'armure que pour le reste.
Voyez ce détail à l'article Brocard.
Fond
(Page 7:54)
* Fond, (Rubann.) se dit des chaînes de la livrée
qui forment le corps de cette sorte d'ouvrage. Il y a
de deux sortes de fonds, l'un appellé gros fond, & l'autre
fin fond: le gros fond & la figure levent ensemble
sur le pié gauche, & le fin fond sur le pié droit
alternativement: le gros fond étant trop épais, ne
peut approcher par le coup de battant; & le coup
de fin fond venant après, qui étant bien plus propre
par la finesse des soies qui le composent, à recevoir
l'impulsion du battant, rend la liaison plus facile que
si les deux pas étoient de gros fond.
Fond
(Page 7:54)
* Fond, (faux - ) Serrurerie: c'est dans une serrure
la piece où le canon est renfermé, comme on
voit en RR, Planche de Serrurerie.
FONDALITÉ
(Page 7:54)
FONDALITÉ, (Jurisp.) est le droit de directe qui
appartient au seigneur foncier & direct sur un héritage
mouvant de lui. La coûtume de la Marche, art. 137.
411. & 415. appelle ainsi le droit de directe. (A)
FONDAMENTAL
(Page 7:54)
FONDAMENTAL, adj. terme fort usité dans la
Musique moderne: on dit son fondàmental, accord fondamental,
basse fondamentale; ce qu'il est nécessaire
d'expliquer plus en détail, afin d'en donner une idée
précise.
Son fondamental
(Page 7:54)
Son fondamental. C'est une vérité d'expérience
reconnue depuis long - tems, qu'un son rendu par
un corps n'est pas unique de sa nature, & qu'il est accompagné
d'autres sons, qui sont, 1°. l'octave au - dessus
du son principal, 2°. la douzieme & la dixseptieme
majeure au - dessus de ce même son, c'est - à - dire l'octave au - dessus de la quinte du son principal,
& la double octave au - dessus de la tierce majeure
de ce même son. Cette expérience est principalement
sensible sur les grosses cordes d'un violoncelle,
dont le son étant fort grave, laisse distinguer
assez facilement à une oreille tant - soit - peu exercée,
la douzieme & la dix - septieme dont il s'agit. Elles
s'entendent même beaucoup plus aisément que l'octave
du son principal, qu'il est quelquefois difficile
de distinguer, à cause de l'identité d'un son & de son
octave, qui les rend faciles à confondre. Voyez Octave. Voyez aussi le premier chapitre de la génération
harmonique de M. Rameau, & d'autres ouvrages du
même auteur, où l'expérience dont nous parlons
est détaillée. On peut la faire aisément sur une des
basses cordes d'un clavecin, en frappant fortement
la touche, & en retirant brusquement le doigt. Car
le son principal s'amortit presque tout d'un coup,
& laisse entendre après lui, même à des oreilles peu
musicales, deux sons aigus qu'il est facile de reconnoître
pour la douzieme & la dix - septieme du son
principal.
Ce son principal, le seul qu'on entende quand on
ne fait pas attention aux autres, mais qui fait entendre
en même tems à une oreille un peu attentive son
octave, sa douzieme & sa dix - septieme majeure, est
proprement ce qu'on appelle son fondamental, parce
qu'il est, pour ainsi dire, la base & le fondement des
autres, qui n'existeroient pas sans lui.
Voilà tout ce que la nature nous donne immédiatement
& par elle - même dans la résonance du corps
sonore; mais l'art y a beaucoup ajoûté; & en conséquence,
on a étendu la dénomination de son fondamental à differens autres sons. C'est ce qu'il faut développer.
Si on accorde avec le corps sonore deux autres
corps, dont l'un soit à la douzieme au - dessous du
corps sonore, & l'autre à la dix - septieme majeure
au - dessous; ces deux derniers corps frémiront sans
résonner, dès qu'on fera résonner le premier: de plus,
ces deux derniers corps en frémissant, se diviseront
par une espece d'ondulation, l'un en trois, l'autre en
cinq parties égales; & ces parties dans lesquelles ils
se divisent, rendroient l'octave du son principal, si
en frémissant elles résonnoient.
Ainsi supposons qu'une corde pincée ou frappée
rende un son que j'appellerai ut, les cordes à la douzieme
& à la dix - septieme majeure au - dessous frémiront.
Or ces cordes sont un fa & un la bémol: de sorte
que si ces cordes résonnoient dans leur totalité,
on entendroit ce chant, ou plûtôt cet accord, la bémol,
fa, ut, dont le plus haut ton ut est à la dixseptieme
majeure au - dessus de la bémol, & à la douzieme
au - dessus de fa.
[p. 55]
Ainsi il résulte des deux expériences que nous venons
de rapporter; 1°. qu'en frappant un seul son
quelconque, ut, par exemple, on entendra en même
tems sa douzieme au - dessus sol, & sa dix - septieme
majeure au - dessus, mi; 2°. que les cordes la bémol &
fa, qui seront à la dix - septieme majeure au - dessous
d'ut, & à la douzieme au - dessous, frémiront sans résonner.
Or la douzieme est l'octave de la quinte, & la dixseptieme
majeure l'est de la tierce majeure: & comme
nous avons une facilité naturelle à confondre les
sons avec leurs octaves (voyez Octave), il s'ensuit
1°. qu'au lieu des trois sons ut fondamental, sol douzieme,
& mi dix - septieme majeure, qu'on entend en
même tems, on peut substituer ceux - ci, qui n'en différeront
presque pas quant à l'effet, ut, mi tierce majeure,
sol quinte: ces trois sons forment l'accord
qu'on nomme accord parfait majeur, & dans lequel
le son ut est encore regardé comme fondamental,
quoiqu'il ne le soit pas immédiatement, & qu'il ne
le devienne que par une espece d'extension, en substituant
à la douzieme & à la dix - septieme les octaves
de ces deux sons; 2°. de même, au lieu des trois
sons, ut son principal, la bémol dix - septieme majeure
au - dessous d'ut, & fa douzieme au - dessous, qu'on entendroit
si les cordes fa & la bémol résonnoient en
totalité, on peut imaginer ceux - ci (en mettant la
quinte & la tierce majeure, au lieu de la douzieme &
de la dix - septieme) fa quinte au dessous d'ut, la bémol, tierce majeure au dessous, ut fondamental. Or
la bémol faisant une tierce majeure avec ut, fait une
tierce mineure avec fa; ce qui produit un autre accord
appellé accord parfait mineur; voyez Accord & Mineur. Dans cet accord, il n'y a proprement
aucun son fondamental: car fa ne fait point entendre
la bémol, comme ut sait entendre mi. De plus, si on
regardoit ici quelque son comme fondamental, quoiqu'improprement, ce devroit être le son le plus haut
ut: car c'est ce son qui fait frémir fa & la bémol;; &
c'est du frémissement de fa & de la bémol, occasionnés
par la résonnance d'ut, qu'on a tiré l'accord mineur
fa, la bémol, ut. Cependant comme la corde
fa en résonnant fait entendre ut, quoiqu'elle ne fasse
ni entendre ni frémir la bémol, on regarde le son le
plus bas fa, comme fondamental dans l'accord mineur
fa, la bémol, ut, comme le son le plus bas ut est fondamental dans l'accord majeur ut, mi, sol.
Telle est l'origine que M. Rameau donne à l'accord
& au mode mineur; origine que nous pourrons
discuter à Mode mineur, en examinant les objections
qu'on lui a faites ou qu'on peut lui faire sur ce
sujet, & en appreciant ces objections. Quoi qu'il en
soit, il est au moins certain que dans tout accord parfait,
soit majeur soit mineur, formé d'un son principal,
de sa tierce majeure ou mineure, & de sa quinte,
on appelle fondamental le son principal, qui est
le plus grave ou le plus bas de l'accord.
Quelques physiciens ont entrepris d'expliquer ce
singulier phénomene de la résonnance de la douzieme
& la dix - septieme majeure conjointement avec l'octave: mais de toutes les explications qu'on en a données,
il n'y en a que deux qui nous paroissent mériter
qu'on en fasse mention.
La premiere est de M. Daniel Bernoulli. Ce grand
géometre prétend dans les mém. de l'acad. des Sciences
de Prusse, pour l'année 1753, que la vibration d'une
corde est un mélange de plusieurs vibrations partielles;
qu'il faut distinguer dans une corde en vibration
différens points, qui sont comme des especes de
noeuds ou points fixes, autour desquels oscille la partie
de la corde comprise entre deux de ces points
voisins l'un de l'autre: je dis comme des especes de
noeuds ou points fixes; car ces points ne sont pas véritablement
immobiles; ils ne le sont, ou plûtôt ils
ne sont considérés comme tels, que par rapport à la
partie de la corde qui oscille entre deux; & d'ailleurs
ils font eux - mêmes des vibrations par rapport
aux deux extrémités véritablement fixes de la corde.
Or dans cette supposition, M. Daniel Bernoulli
prouve que tous les points de la corde ne sont pas
leurs vibrations en même tems; mais que les uns font
deux vibrations, les autres trois, &c. pendant que
d'autres n'en font qu'une; & c'est par - là qu'il explique
la multiplicité de sons qu'on entend dans le frémissement
d'une même corde: car on sait que la
différence des sons vient de celles des vibrations.
Comme M. Daniel Bernoulli attaque dans ce mémoire
la théorie que j'ai donnée le premier de la vibration
des corps sonores, voyez l'article Corde,
j'ai crû devoir répondre à ses objections par un écrit
particulier, que j'espere publier dans une autre occasion: mais cette discussion n'étant point ici de
mon sujet, je me borne à la question présente. J'accorde d'abord à M. Bernoulli ce que je ne crois pas,
& ce que M. Euler me paroît avoir très - bien réfuté
dans les mémoires de l'acad. de Berlin 1753; savoir,
qu'une corde en vibration décrit toûjours ou une trochoïde
simple, ou une courbe, qui n'est autre chose
que le mélange de plusieurs trochoïdes. En admettant
cette proposition, j'observe d'abord que dans
les cas où la courbe décrite sera une trochoïde simple
(ce qui peut & doit arriver souvent, & ce que
M. Bernoulli semble supposer lui - même), tous les
points feront leurs vibrations en même tems, & que
par conséquent il n'y aura point de son multiple: or cela
est contraire à l'expérience; puisque toute corde
mise en vibration fait entendre plusieurs sons à - la - fois.
Je demande de plus, 1°. ce que M. Daniel Bernoulli n'a point expliqué, quelle sera la cause qui
déterminera la corde vibrante à être un mélange de
plusieurs trochoïdes: 2°. ce qu'il a expliqué encore
moins. quelle sera la cause qui déterminera constamment
ces trochoïdes à être telles qu'on entende l'octave,
la douzieme, & la dix - septieme, plûtôt que tout
autre son. On concevroit aisément comment la corde
feroit entendre, outre le son principal, l'octave,
la douzieme, & la dix - septieme, si les points de la
corde qui forment les extrémités des trochoïdes partielles,
étoient de véritables noeuds ou points fixes,
tels que les parties de la corde comprises entre ces
noeuds, fissent dans le même tems, la premiere une
vibration; la seconde, deux; la troisieme, trois; la
quatrieme, quatre; la cinquieme, cinq, &c. En ce
cas, on pourroit regarder la corde comme composée
de cinq parties différentes placées en ligne droite,
immobiles chacune à leurs deux extrémités,
& formant par leurs différentes longueurs cette
suite ou progression, 1 1/2, 1/3, 1/4, 1/5, &c. Mais l'expérience
démontre que cela n'est pas ainsi. Dans une
corde qui fait librement ses vibrations, on ne remarque
point d'autres noeuds ou points absolument fixes,
que les extrémités; & M. Bernoulli paroît admettre
cette vérité.
Il est vrai qu'en regardant les noeuds comme mobiles,
& en supposane d'ailleurs que la corde vibrante
soit un mélange de plusieurs trochoïdes, les différens
points de cette corde font leurs vibrations en
différens tems. Mais il est aisé de voir que cette différence
de vibrations ne peut servir à expliquer la multiplicité
des sons. En effet, supposons pour plus de
simplicité, & pour nous faire plus facilement entendre,
que la corde vibrante forme uniquement deux
trochoïdes égales, ensorte que le point de milieu de
la corde soit l'extrémité commune des deux trochoïdes;
nous convenons que tandis que ce point de milieu
de la corde fera une vibration, le point de milieu
de chaque trochoïde en fera deux: mais il est aisé
de faire voir, & je l'ai démontré dans l'écrit dont
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the
French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et
Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the
Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division
of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic
Text Services (ETS) of the University of Chicago.
PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.