ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"923"> des vîtesses variables avec lesquelles ces quantités sont décrites; & ce sont ces vîtesses qu'il appelle fluxions des quantités: par exemple, on peut supposer une parabole engendrée par le mouvement d'une ligne qui se meut uniformément, parallelement à elle - même, le long de l'abscisse, tandis qu'un point parcourt cette ligne avec une vitesse variable, telle que la partie parcourue est toûjours une moyenne proportionnelle entre une ligne donnée quelconque & la partie correspondante de l'abscisse, voyez Abscisse. Le rapport qu'il y a entre la vitesse de ce point à chaque instant, & la vîtesse uniforme de la ligne entiere, est celui de sa fluxion de l'ordonnée à la fluxion de l'abscisse; c'est - à - dire de y à x: car M. Newton désigne la fluxion d'une quantité par un point mis au - dessus.

Les géometres anglois, du moins pour la plûpart, ont adopté cette idée de M. Newton, & sa caractéristique: cependant la caractéristique de M. Leibnitz qui consiste à mettre un d au devant, paroît plus commode, & moins sujette à erreur. Un d se voit mieux, & s'oublie moins dans l'impression qu'un simple point. A l'égard de la méthode de considérer comme des fluxions ce que M. Léibnitz appelle différences, il est certain qu'elle est plus juste & plus rigoureuse. Mais il est, ce me semble, encore plus simple & plus exact de considérer les différences, ou plutôt le rapport des différences, comme la limite du rapport des différences finies, ainsi qu'il a été expliqué au mot Différentiel. Introduire ici le mouvement, c'est y introduire une idée étrangere, & qui n'est point nécessaire à la démonstration: d'ailleurs on n'a pas d'idée bien nette de ce que c'est que la vîtesse d'un corps à chaque instant, lorsque cette vîtesse est variable. La vîtesse n'est rien de réel, voyez Vîtesse; c'est le rapport de l'eipace au tems, lorsque la vîtesse est uniforme: sur quoi voyez l'article Équation, à la fin. Mais lorsque le mouvement est variable, ce n'est plus le rapport de l'espace au tems, c'est le rapport de la différentielle de l'espace à celle du tems; rapport dont on ne peut donner d'idee neïte, que par celle des limites. Ainsi il faut necéstairement en revenir à cette derniere idée, pour donner une idée nette des fluxions. Au reste, le calcul des fluxions est absolument le même que le caleul différentiel; voyez donc le mot Differentiel, où les opérations & la métaphysique de ce calcul sont expliquées de la maniere la plus simple & la plus claire. (O)

Fluxion (Page 6:923)

Fluxion, (Medecine.) ce terme est employé le plus communément dans les écrits des anciens, pour exprimer la même chose que celui de catarrhe; par consequent on y trouve la signification de l'un & de l'autre également vague.

En effet, Hippocrate regardoit la tête comme la source d'une infinité de maladies; parce que, selon lui, c'est dans sa cavité que se forment les matieres des catairhes, qui peuvent se jetter de - là sur différens organes, tant éloignés que voisins: il n'en est presque aucun qui soit exempt de leurs influences. Ce vénérable auteur entendoit donc par catarrhe ou fluxion, une chûte d'humeurs excrémentitielles, mais principalement pituiteuses, de la partie supérieure du corps vers les inférieures: aussi, selon lui (lib. de princip.), la tête est - elle le principal réservoir de la pituite, pituitoe metropolis: il employoit donc dans ce sens le mot fluxion, comme un mot générique.

Galien ne l'adopta pas sous une acception aussi étendue: on trouve dans la définition qu'il en a donnée, que cette lésion de fonction n'est autre chose qu'un écoulement de différentes sortes d'humeurs qui tombent du cerveau par les narines & par les ouvertures du palais, & font un certain bruit en se mélant avec l'air qui sort des poumons, il attribuoit cet<cb-> te sorte de catarrhe à l'intempérie froide & humide du cerveau, & à toutes les humeurs qui remplissent la tête.

Selon Sennert, il y a deux termes principaux pour désigner les mouvemens extraordinaires les plus sensibles de nos humeurs: lorsque ces mouvemens consistent dans un passage, un flux d'humeur, de quelque nature qu'elle soit, d'une partie telle qu'elle puisse être aussi, dans une autre indifféremment; il dit que ce transport est appellé RE(U)MA & REUMATITMOZ; que cette sorte de mouvement est la plus générale: & il attribue la signification recûe de son tems, du mot XAT(AR)RWZ, aux seules fluxions d'humeurs portées du cerveau vers un autre organe quelconque de la tête ou de toute autre partie voisine, seulement vers le gosier, par exemple, ou vers les mâchoires ou les poumons: encore distingue - t - il le catarrhe ainsi conçû, en trois différentes especes, sous différens noms.

Ainsi il dit, que le catarrhe qui a son siége dans la partie antérieure de la tête, vers la racine du nez, avec un sentiment de pesanteur sur les yeux, est appellé gravedo; c'est ce qu'on nomme vulgairement rhûme de cerveau: c'est une fluxion qui a son siege dans la membrane pituitaire, dont un des princîpaux symptomes est l'enchifrenement, voyez Enchifrenement. Si l'humeur se jette sur la gorge, il forme, selon cet auteur, l'espece de catarrhe nommé BRAGXI\S2, rancedo; c'est la maladie qu'on nomme enroüement, voyez Enrouement. Si l'humeur engorge les poumons, la fluxion retient le nom de catarrhe proprement dit, voyez Catarrhe. Ces trois distinctions sont très bien exprimées dans un dystique fort connu, qui trouve tout naturellement sa place ici:

Si fluit ad pectus, dicatur rheuma catarrhus; Ad fauces branchus, ad nares esto corysa.

Mais il paroît par ce dystique même, que le nom commun à toutes les fluxions catarrheuses, est celui de rhûme, ou affection rhumatismale. Ainsi il suit de ce qui a été dit ci - devant sur la signification du mot REUMA, qu'il est le mot générique employé pour exprimer toutes sortes de fluxions, tant catarrheuses qu'autres, sur quelque partie du corps que ce soit.

Cependant il faut observer que le mot latin fluxio rendu en françois par celui de fluxion, n'est presque pas un terme d'art: il ne sert aux Medecins, que pour s'exprimer avec le vulgaire sur le genre de maladie qui consiste dans un engorgement de vaisseaux formé comme subitement, c'est - à - dire en très - peu de tems, ordinairement ensuite d'une suppression de l'insensible transpiration, qui augmente le volume des humeurs; ensorte que l'excédent, qui tend d'abord à se répandre dans toute la masse, est jetté par un effort de la nature, formé comme un flux sur quelque partie moins résistante, plus foible à proportion que toutes les autres; idée qui répond parfaitement à celle des anciens, qui attribuoient toutes sortes de fluxions, soit catarrheuses, soit rhûmatismales, à l'excès de force de la puissance expultrice des parties mandantes en général sur la puissance retentrice de la partie recevante: d'où il suit que le ressort de cette partie étant moindre qu'il ne doit être par rapport à la force d'équilibre dans tous les solides, n'oppose pas une résistance suffisante pour empêcher qu'il ne soit porté dans cette partie avec plus grande quantité d'humeurs qu'elle n'en reçoit ordinairement, lorsque la distribution s'en fait d'ud'une maniere proportionnée: ensorte que les fluxions peuvent être produites, ou par la foiblesse absolue, ou par la foiblesse respective des parties qui en sont le siége, entant qu'il y a aussi excès de force, absolu ou respectif, dans l'action systaltique de toutes les autres parties. C'est d'après cette considération [p. 924] que les anciens disoient que les fluxions se font par attraction ou par impulsion, (per W\SIN, vel per E=LCIN), c'est - à - dire parce que les parties engorgées pechent par défaut de resiort, tandis que toutes les autres conservent celui qui leur est naturel; ou que cellesci augmentent d'action par l'effet du spasme, de l'érétilme, par exemple, tandis que celles - là n'ont que leur force ordinaire.

Ainsi dans toute fluxion, il se porte trop d'humeurs; il en est trop arrêté dans la partie qui en est le siége; ce qui suppose toûjours que la congestion suit la fluxion, voyez Congestion. Cependant il est des hémorrhagies, des écoulemens de différentes humeurs, qui doivent être attribués à la même caufe que celle des fluxions, quoiqu'il n'y ait pas congestion: on devroit donc les regarder comme apparrenans à ce même genre de maladie: cela est vrai; mais c'est une chose de convention purement arbitraire, que l'on ait attaché l'idée de fluxion aux seuls engorgemens catarrheux, avec augmentation sensible ou présumée du volume de la partie assectée.

D'après ce qui vient d'être dit de la cause prochaine des fluxions, il paroît que la théorie qui les concerne doit être tirée absolument de celle de l'équilibre dans l'économie animale, c'est - à - dire des lésions de cet équilibre: voyez donc Équilibre, (Medecine.) pour suppléer à ce qui ne se trouve pas ici à ce sujet, parce qu'il en a été traité dans l'article auquel il vient d'être renvoyé, afin d'éviter les répétitions: on peut voir dans cet article la raison de tous les symptomes qui se présentent dans les fluxions, & des indications à remplir, pour y apporter remede.

On peut inférer des principes qui y sont établis, que s'il est quelques fluxions qui se font sans fievre, d'autres avec fievre, c'est que l'humeur surabondante qui en est la matiere, peut être déposée avec plus ou moins de difficulté dans la partie qui doit la recevoir. Si cette partie ne pêche que très - peu, par le défaut de ressort, respectivement à celui du reste du corps, il faut de plus grands efforts de la puissance expultrice générale, qui tend à se décharger: ces efforts sont une plus grande action dans tous les solides, qui constitue de véritables mouvemens febriles. Voyez Effort, (Econom. anim.) Fievre. Les fluxions chaudes, inflammatoires, sangumes, bilieuses, telles que les phlegmoneuses, les érésypélateuses, &c. se forment de cette maniere.

Si la partie où doit se faire le dépôt cede sans résister au concours de résistance formée par la force de ressort, par l'action & la réaction actuelles des autres parties, d'où résulte une véritable impulsion, une impulsion suffisante pour déterminer le cours des fluides vers celles en qui cette force, cette action, & cette réaction sont diminuées: ce dépôt se fait sans fievre, sans aucun autre dérangement apparent dans l'ordre des fonctions; telles sont les fluxions froides, pituiteuses, ou oedémateuses, &c.

Ainsi comme l'exposition des causes de toutes les différentes sortes de fluxions appartient à chacune d'entre elles spécialement, de même les différentes indications à remplir & les différens traitemens doivent être exposés dans les articles particuliers à chaque espece de ce genre de maladies: par conséquent, voyez Inflammation, Phlegmon, Érésypele, OEdême .

Il suffit de dire ici en général, qu'on doit apporter une grande attention dans le traitement de toutes sortes de fluxions; à observer si elles sont critiques ou symptomatiques; si elles proviennent d'un vice des humeurs, ou d'un vice borné au relâchement absolu ou respectif, par cause de spasme des solides de la partie dans laquelle est formé le dépôt; s'il convient de l'y laisser subsister, ou de le détourner ail<cb-> leurs, où il ne produise pas des lésions aussi considérables, &c.

Il faut bien se garder d'employer des répercussifs, lorsque les humeurs déposées sont d'une nature corrompue, & qu'elles ne peuvent pas être reprises dans la masse sans y produire de plus mauvais essets qu'elles ne produisent dans la partie où elles sont jettées: les résolutifs même ne doivent être mis en usage dans ce cas, qu'avec beaucoup de prudence: les suppuratifs, ou tous autres moyens propres à en procurer l'évacuation selon le caractere de la fluxion, chaud ou froid, sont les remedes préférables. On ne doit point faire usage de remedes toniques, astringens, contre les fluxions, que dans les cas où sans aucun vice des humeurs, elles se jettent sur une partie seulement, à cause de sa foiblesse absolue ou respective; ou lorsque, sans causer de pléthore, la matiere du dépôt peut être ajoûtée à la masse; & dans le cas où il n'y auroit à craindre, en employant ces secours, que l'augmentation de son volume, la saignée ou la purgation placées auparavant d'une maniere convenable, peuvent suffire pour prévenir & éviter ce mauvais effet.

Il est des circonstances dans bien des maladies, où il faut procurer des fluxions artificielles, comme dans les sievres malignes, par des applications relâchantes qui rompent l'équilibre, pour déterminer la nature à opérer une métastase salutaire; par exemple, dans les parotides par des épispastiques, pour détourner vers la surface du corps une humeur morbifique qui s'est fixée, ou qui menace de se fixer dans quelque partie importante: ce qui a lieu, par exemple, dans la goutte qu'on appelle remontée (Voyez Fievre maligne, Goutte ); par des cauteres, lorsqu'il s'agit de faire diversion d'un organe utile à une partie qui l'est peu, comme pour les ophthalmies, à l'égard désquelles on applique ce remede à la nuque ou derriere les oreilles, ou aux bras, &c. Voyez Ophthalmie, Cautere. (a)

Fluxion (Page 6:924)

Fluxion, (Manége, Maréchall.) fluxion qui affecte les yeux de certains chevaux, & dont les retours & les périodes sont reglés, de maniere qu'elle cesse pendantun certain inter valle, & qu'elle se montre ensuite de nouveau dans un tems fixe & déterminé. L'intervalle est le plus souvent d'environ trois semaines; son tems est d'environ quatre ou cinq jours, plus ou moins, ensorte que son retour ou son période est toûjours d'un mois à l'autre.

Considérons les signes de cette maladie, eu égard à l'intervalle après lequel elle se montre régulierement, & eu égard au tems même de sa durée & de sa présence.

Ceux qui décelent le cheval lunatique, c'est - à - dire le cheval atteint de cette fluxion, quand on l'envisage dans l'intervalle, sont communément l'inégalité des yeux, l'un étant ordinairement alors plus petit que l'autre, leur défaut de diaphanéité, l'enflure de la paupiere inférieure du côté du grand angle, son déchirement à l'endroit du point lachrymal, & l'espece d'inquiétude qui apparoît par les mouvemens que fait l'animal duquel on examine cet organe. Les autres qui sont très sensibles dans le tems même de la fluxion, sont l'enflure des deux paupieres, principalement de celle que nous nommons l'inférieure, l'inflammation de la conjonctive, un continuel écoulement de larmes, la couleur rougeâtre & obscure de l'oeil, enfin la fougue de l'animal qui se livre alors à une multitude de défenses considérables; car il semble que cette fluxion étant dans le tems, influe sur son caractere, & en change l'habitude.

Tous ces symptomes ne se manifestent pas néanmoins toûjours dans tous les chevaux lunatiques, parce qu'une même cause n'est pas constamment suivie du même effet, mais l'existence de quelques uns

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