RECHERCHE | Accueil | Mises en garde | Documentation | ATILF | ARTFL | Courriel |
"895">
C'est assez parler des flûtes anciennes, de leurs dénominations,
de la variété de leurs airs, de leurs
usages, & de leurs effets: on trouvera cette matiere
discutée plus à fond dans les ouvrages de Meursius
& de Gaspard Bartholin, de tibiis veterum, & dans
le dialogue de Plutarque sur la Musique, traduit en
françois avec les savantes remarques de M. Burette,
qui ornent les mémoires de l'académie royale des Inscriptions. Article de M. le Chevalier
Flûte double (Page 6:895)
La double flûte étoit composée de deux flûtes unies, de maniere qu'elles n'avoient ordinairement qu'une embouchure commune pour les deux tuyaux. Ces flûtes étoient ou égales ou inégales, soit pour la longueur, soit pour le diametre ou la grosseur. Les flûtes égales rendoient un même son: les inégales rendoient des sons différens, l'un grave, l'autre aigu. La symphonie qui résultoit de l'union des deux flûtes égales, étoit ou l'unisson, lorsque les deux mains du joüeur touchoient en même tems les mêmes trous sur chaque flûte, ou la tierce, lorsque les deux mains touchoient différens trous. La diversité des sons, produite par l'inégalité des flûtes, ne pouvoit être que de deux especes, suivant que ces flûtes étoient à l'octave, ou seulement à la tierce; & dans l'un & l'autre cas, les mains du joüeur touchoient en même tems les mêmes trous sur chaque flûte, & formoient par conséquent un concert ou à l'octave ou à la tierce.
Au reste Apulée dans ses florides attribue à Hyagnis l'invention de la double flûte. Cet Hyagnis étoit
pere de Marsias, & passe généralement pour l'inventeur
de l'harmonie phrygienne. Il florissoit à Célenes ville de Phrygie, la 1242
Flûte des Sacrifices (Page 6:895)
Flute d'accords (Page 6:895)
Flute Allemande (Page 6:895)
A la premiere partie ou tête de la flûte qui est comme
la flûte - à - bec, percée d'un trou rond dans toute
sa longueur A E, comme on peut le voir dans la seconde
figure, est un trou rond O, qui est l'embouchure.
Ce trou, comme tous les autres de cet instrument,
est évasé en - dedans. L'extrémité A de la flûte est fermée
avec un tampon de liége a, qui s'ajuste exactement
dans le tuyau de la flûte. Ce tampon est recouvert
par un bouchon A, qui est de la même matiere
que la flûte que l'on fait de bois ou d'ivoire, ou
de tout autre bois dur & précieux, comme l'ébene,
le bois de violette, & dont on garnit ordinairement
les noix avec des frettes d'ivoire. Pour les empêcher
de se fendre, on met dessous l'ivoire quelques brins
de filasse, que l'on enduit de colle - forte, & par - dessus lesquels on enfile les fretes. Voyez l'article
Pour bien joüer de cet instrument, il faut commencer par bien posséder l'embouchure, ce qui est plus difficile que l'on ne pense. Toutes sortes de personnes font parler les flûtes à - bec; mais peu peuvent sans l'avoir appris, tirer quelque son de la flûte traversiere; ainsi nommée, parce que pour en joüer on la met en - travers du visage, ensorte que la longueur de la flûte soit parallele à la longueur de la bouche avec laquelle on souffle, en ajustant les levres sur le trou O, ensorte que la lame d'air qui sort de la bouche, entre en partie dans la flûte par cette ouverture.
Soit que l'on joue debout ou assis, il faut tenir le corps droit, la tête plus haute que basse, un peu tournée vers l'épaule gauche, les mains hautes sans lever les coudes ni les épaules, le poignet gauche ployé en - dehors, & le même bras près du corps. Si on est debout, il faut être bien campé sur ses jambes, le pié gauche avancé, le corps posé sur la hanche droite, le tout sans aucune contrainte. On doit surtout observer de ne faire aucun mouvement du corps ni de la tête, comme plusieurs font, en battant la mesure. Cette attitude étant bien prise, est fort agréable, & ne prévient pas moins les yeux que le son de l'instrument flate agréablement l'oreille.
A l'égard de la position des mains, la gauche doit être au haut de la flûte que l'on tient entre le pouce de cette main & le doigt indicateur qui doit boucher le premier trou marqué 1 dans la figure; le second trou est bouché par le doigt medium, & le troisieme par le doigt annulaire. La main droite tient la flûte par sa partie inférieure: le pouce de cette main qui est une peu ployée en - dedans, soûtient la flûte par - dessous, & les trois doigts de cette main, savoir, l'indicateur, le moyen & l'annulaire, bouchent les trous 4, 5, 6; le petit doigt sert à toucher sur la clé b c faite en bascule, ensorte que lorsque l'on abaisse l'extrémité b, la soûpape ou palette c débouche le septieme trou. Il faut tenir la flûte presque horisontalement.
Pour bien emboucher la flûte traversiere & les instrumens semblables, il faut joindre les levres l'une contre l'autre, ensorte qu'il ne reste qu'une petite ouverture dans le milieu, large environ d'une demi - ligne, & longue de trois ou quatre; on n'avancera point les levres en - devant, comme lorsque l'on veut [p. 896]
Lorsqu'on sera parvenu à faire parler la flûte, & qu'on sera bien assûré de l'embouchure, on posera les doigts de la main gauche les uns après les autres, & on restera sur chaque ton en réitérant le souffle, jusqu'à ce qu'on en soit bien assûré; on placera de même les doigts de la main droite, en commençant par le doigt indicateur, qui est aussi le doigt de la main gauche, que l'on a posé le premier. Le ton le plus grand se fait en bouchant tous les trous, comme on peut voir dans la tablature qui est à la fin de cet article.
Cette tablature contient sept rangées de zéros noirs ou blancs; chacune de ces rangées répond au trou de la flûte, qui a le même chiffre que cette rangée. Une colonne de sept zéros noirs ou blancs, represente les sept trous de la flûte: le zéro supérieur répond au premier trou de cet instrument, qui est le plus près de l'embouchure; & les autres en descendant, répondent successivement aux autres trous de la flûte, selon les nombres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, fig. Les blancs marquent quels trous de la flûte doivent être ouverts, & les noirs quels trous doivent être fermés, pour tirer de la flûte le ton de la note qui est au - dessus de la colonne de zéro ou d'étoiles dans la portée de musique qui est au - dessus.
L'étendue de la flûte est de trois octaves, qui répondent aux colonnes de zéros de la tablature.
Le son le plus grave de la flûte, non compris l'ut
>, est le ré qui sonne l'unisson du ré qui suit immédiatement
après la clé de c - sol - ut des clavecins, lesquels
sont à l'octave au - dessous du prestant de l'orgue.
Voyez
Il faut observer que lorsque l'on descend de l'ut naturel de la seconde octave au si bémol, ou que du si b on monte à l'ut, le si b doit se faire comme il est marqué à la seconde position de ce si, qui outre qu'elle est plus juste, conduit plus facilement à celle de l'ut naturel.
Les sons aigus si, ut, ré de la troisieme octave, ne peuvent pas se faire sur toutes les flûtes; plus elles sont basses, plus il est facile de les en tirer. On les obtient avec un corps d'amour, & plus facilement encore avec une basse de flûte traversiere.
On adapte quelquefois à une flûte jusqu'à 7 corps de la main gauche de différentes longueurs, & que l'on peut substituer les uns aux autres pour baisser le son total de la flûte avec les longs, & le hausser avec les plus courts. La différence des sons produits par le
Il y a d'autres flûtes plus grandes ou plus petites que celles - ci, qui n'en different ni par la structure ni le doigter, mais seulement par la partie qu'elles exécutent; telles sont les tierces, quintes, octaves & basses de flûtes.
Comme il ne suffit pas pour bien joüer de cet instrument, de faire facilement tous les tons qu'on en peut tirer, mais qu'il faut encore pouvoir faire les cadences sur tous ces tons, c'est pour les enseigner que nous avons ajoûté une suite à la tablature, par laquelle on connoît par les zéros noirs & blancs conjoints par une accolade, de quel trou la cadence est prise, & sur lequel il faut frapper avec le doigt; le premier trou compris sous l'accolade, marque où se fait le port de voix, & la seconde de ces deux choses qui est suivie d'une virgule, marque le trou sur lequel il faut trembler. On doit passer le port de voix & la cadence d'un seul coup de langue. Voyez la tablature. Il y a quelques cadences qui se frappent de deux doigts, comme par exemple, celle de l'ut >, prise du ré naturel, & quelques autres finissent en levant les doigts, ce qu'on peut connoître par les zéros blancs accompagnés de la virgule.
Outre la connoissance des tons, semi - tons, & des cadences, il faut encore avoir celle des coups - delangue, des ports - de - voix, accents, doubles - cadences, flatemens, battemens, &c. Les coups - de - langue articulés sont l'explosion subtile de l'air que l'on souffle dans la flûte, en faisant le mouvemement de langue que l'on feroit pour prononcer tout bas la syllabe tu ou ru. On donne un coup - de - langue sur chaque note, ce qui les détache les unes des autres; lorsque les notes sont coulées, on donne un coup - delangue sur la premiere, qui sert pour toutes les autres que l'on passe du même vent. Les coups - de - langue qui se font sur tous les instrumens à - vent, doivent être plus ou moins marqués sur les uns que sur les autres; par exemple, on les adoucit sur la flûte traversiere, on les marque davantage sur la flûte - à - bec, & on les prononce beaucoup plus fortement sur le hautbois.
Le port - de - voix est un coup - de - langue anticipé d'un degré au - dessous de la note sur laquelle on le veut faire; le coulement au contraire est pris d'un ton au - dessus, & ne se pratique guere que dans les intervalles de tierces en descendant.
L'accent est un son que l'on emprunte sur l'extrémité de quelques tons, pour leur donner plus d'expression; la double cadence est un tremblement ordinaire, suivi de deux doubles croches, coulées ou articulées.
Pour les flatemens ou tremblemens mineurs & les
battemens, voyez les principes de la flûte traversiere
du sieur Hotterre le Romain, flûte de la chambre du
Roi, imprimées à Paris, chez J. B. Christophe Ballard; ouvrage dont nous avons tiré une partie de
cet article.
Next page
The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.