ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"814"> certitude, ou tout au moins le desir d'une prochaine libération, ils peuvent se faire directement ou indirectement.

Directs, ils consistent dans les créations de rentes, qui peuvent être perpétuelles ou viageres, qui sont à leur tour viageres proprement dites, ou tontines, assignées les unes & les autres sur les sonds ou sur les revenus.

Indirects, ils sont déguisés sous diverses formes, sous différentes dénominations; & tels sont l'usage du crédit public ou particulier, les loteries plus ou moins compliquées, les créations d'offices avec attribution de gages, ou les nouvelles finances que l'on exige des offices déjà créés, avec augmentation de gages proportionnée.

Mais des trois objets de ressources qui sont entre les mains du gouvernement, l'imposition est sans contredit celle que l'on employe toûjours le plus à regret. Les impositions peuvent être, comme les emprunts, directes ou indirectes: on peut établir de nouveaux impôts, on peut augmenter les impositions anciennement établies; mais dans tous les cas, dans tous les tems, chez toutes les nations, les impositions ne pourront jamais porter que sur les choses, sur les hommes & sur leurs actions, qui comprendront toutes les conventions, toutes les especes de mutations, & toutes les sortes d'actes émanes d'une jurisdiction libre ou forcée. Voyez pour le detail le mot Imposition, dont vous prendrez par avance l'idée générale la plus sûre, si vous la concevez d'après la division du droit, de rebus, de personis, & de actionibus.

Il en est au surplus des ressources comme du crédit; un usage raisonnable les multiplie, mais l'abus que l'on en fait les détruit: il ne faut ni les méconnoître ni s'en prévaloir; il faut les rechercher comme si l'on ne pouvoit s'en passer, & les économiser avec le même soin que s'il étoit desormais impossible de se les procurer; & c'est à cette sage économie que conduisent les vrais principes de l'administration, quatrieme maniere d'envisager les finances, & que l'on a placée la derniere, parce qu'elle embrasse toutes les autres parties, & qu'elle les suppose & les gouverne toutes.

L'administration peut être publique & générale, ou personnelle & particuliere.

L'administration générale se subdivise en politique & économique. La politique embrasse l'universalité des hommes & des choses.

Des hommes, pour les apprécier ce qu'ils valent relativement à leur mérite personnel, à leur condition, à leur profession; & pour tirer parti pour le bien commun, de leurs talens, de leurs vertus, de leurs défauts même.

Des choses, afin de les bien connoître chacune en particulier & toutes ensemble; pour juger des rapports qui se trouvent entr'elles, & les rendre toutes utiles à l'universalité.

L'administration générale économique a pour objet,

Par rapport aux principes des finances, d'en conserver les sources; de les rendre, s'il se peut, plus abondantes, & d'y puiser sans les tarir ni les dessécher.

Par rapport aux richesses, de consorver & d'améliorer les fonds, de maintenir les droits, de percevoir les revenus; de faire ensorte que dans la recette rien ne se perde de ce qui doit entrer dans le thrésor du souverain; que dans la dépense chaque chose suive la destination qui lui est affectée; que le tout, s'il est possible, n'excede pas le revenu, & que la comptabilité soit en regle & bien constatée.

Cette même administration politique & générale a pour objet, par rapport aux ressources, de bien connoître celles dont on peut faire usage relative<cb-> ment aux facultés de l'état, au caractere de la nation, à la nature du gouvernement; de savoir jusqu'à quel point l'on peut compter sur chacune en particulier, sur toutes ensemble, & sur - tout de les appliquer aux objets les plus intéressans.

Considerée comme personnelle & particuliere, l'administration est peut - être d'autant plus impartante, qu'il arrive souvent que plus on se trouve par sa place éloigné des grands objets, plus on s'écarie des grandes vûes, & plus aussi les sautes sont dangereuses relativement au gouvernement. Mais il seroit plus qu'inutile de prévenir ici sur cette sorte d'administration, ce que l'on en dira ci - après à l'occasion du mot Financier, qui rentre néceslairement dans celui - ci.

On voit par tout ce que l'on vient de lire sur les finances, que la distribution la plus simple & la plus naturelle, que la progression des idees les plus communes & les plus générales, conduisent à la vér table définition d'un mot si interessant pour la société; que dans cet article toutes les parties rentrent respectivement les unes dans les autres; qu'il n'en est point d'indépendantes; que leur réunion seule peut opérer, consolider & perpétuer la sûreté de l'état, le bonheur des peuples & la gloire du souverain: & c'est à quoi l'on doit arriver en partant du mot finances, comme on doit, en retrogradant, remonter à ce mot, sans que ni dans l'une ni dans l'autre de ces opérations rien puisse interrompre la chaîne des idées & l'ordre du raisonnement. Cet article est de M. Pesselier.

Finance (Page 6:814)

Finance, (Caractere de) à l'usage de l'Imprimerie; ce caractere est de M. Fournier le jeune, graycur & fondeur de caracteres à Paris, pour imiter l'écriture ordinaire, & imprimer certains ouvrages particuliers, comme lettres circulaires, épîtres dédicatoires, placets, lettres - de - change, &c.

Ce caractere est fait sur deux corps différens, dont l'un peut servir sans l'autre, mais gravés & sondus de façon, qu'ils se trouvent en ligne ensemble, & ne forment qu'un seul caractere en deux parties. La premiere qui a l'oeil plus fort, & qui est destinée aux premieres lignes, est appellée batarde - trismegiste; parce qu'elle imite l'écriture que les écrivains appellent batarde, & qu'elle est fondue sur le corps appellé trismégisie. La seconde qui a l'oeil plus petit, est appellée bàtarde - coulée - parangon; parce qu'elle imite l'écriture libre & coulée, & qu'elle est sur le corps de parangon. Voyez, pour la figure, à la table des caracteres; & pour les corps, la table des proportions.

FINANCIER (Page 6:814)

FINANCIER, s. m. (Politiq.) homme qui manie les sinances, c'est - à - dire les deniers du loi; qui est dans les fermes, dans les affaires de sa majesté, quoes torius oerarii, collector.

C'est à ce peu de mots que les meilleurs dictionnaires se bornent sur cet article. Le peuple (on doit entendre par ce mot le vulgaire de toute condition) ajoûte à cette définition l'idée d'un homme enrichi, & n'y voit guere autre chose. Le philosophe, c'est - à - dire l'homme sans prévention, peut y voir non seulement la possibilité, mais encore la réalité d'un citoyen utile à la patrie, quand il joint à l'intelligence, aux ressources, à la capacité qu'exigent les travaux d'un financier (considéré dans le grand), la probité indispensable dans toutes les professions, & le desintéressement plus particulierement nécessaire à celles qui sont lucratives par elles mêmes.

Voici, par rapport à la définition de financier, les différens aspects sous lesquers peut être envisagée cette prosession, que les chevaliers romains ne dédaignoient pas d'exercer.

Un sinancier peut être considéré,

1°. Comme participant à l'administration des sinances, d'une maniere plus ou moins directe, plus [p. 815] ou moins prochaine, plus ou moins décisive.

2°. Comme faisant pour son compte en qualité de fermier ou d'aliénataire, ou pour le compte du roi en qualité de régisseur, le recouvrement des impositions.

3°. Comme chargé d'entreprises de guerre ou de paix.

4°. Comme dépositaire des fonds qui forment le thrésor du souverain, ou la caisse des particuliers qui sont comptables envers l'état.

Si l'on examine philosophiquement ces différentes subdivisions d'une profession devenue fort importante & très - considérable dans l'état, on demeurera convaincu qu'il n'en est aucune qui n'exige, pour être dignement remplie, le concours des plus grandes qualités de l'esprit & du coeur; les lumieres de l'homme d'état, les intentions du bon citoyen, & la plus scrupuleuse exactitude de l'honnête homme vraiment tel, car ce titre respectable est quelquefois legerement prodigué.

On verra qu'il est indispensable,

1°. Que le régisseur régisse, perçoive, administre comme pour lui - même.

2°. Que le fermier ou l'aliénataire évite également la négligence qui compromet le droit, & la rigueur qui le rend odieux.

3°. Que l'entrepreneur exécute ses traités avec une exactitude qui mérite celle des payemens.

4°. Que les thrésoriers, & les autres charges ou emplois à maniement, donnent sans cesse des preuves d'une probité qui réponde de tout, & d'une intelligence qui ne prive de rien.

5°. Que tous enfin étant par leur place garans & responsables envers l'état de tout ce qui se fait en leur nom, ou pour le gouvernement, ne doivent employer (en sous - ordre) dans le recouvrement & dans les autres opérations dont ils sont chargés, que des gens humains, solvables, intelligens, & d'une probité bien constatée.

C'est ainsi que tous les financiers, chacun dans leur genre, & dans l'ordre des proportions de lumieres, de fonctions, de facultés, qui leur est propre & particulier, peuvent être estimés, considéres, chéris de la nation, écoutés, consultés, suivis par le gouvernement.

Ce portrait du financier blessera peut - être une partie des idées reçûes: mais l'ont - elles été en connoissance de cause? & quand elles seroient justifiées par quelques exemples, doivent ils tirer à conséquence pour l'universalité?

On répondra vraissemblablement qu'il seroit injuste & déraisonnable de les appliquer indistinctement à tous les financiers. Que penser de cette application indistincte & générale, dans un auteur accrédité par son mérite & par sa réputation?

J'ouvre l'esprit des lois, ce livre qui fait tant d'honneur aux léttres, à la raison, à l'humanite; & je trouve dans cet ouvrage célebre, cette espece d'anathème lancé contre les financiers que l'on affecte de confondre tous dans les injurieuses dénominations de traitans & de publicains.

« Il y a un lot pour chaque profession; le lot de ceux qui levent les tributs, est les richesses, & les récompenses de ces richesses sont les richesses mêmes. La gloire & l'honneur sont pour cette noblesse, qui ne connoît, qui ne voit, qui ne sent de vrai bien que l'honneur & la gloire; le respect & la considération sont pour ces ministres & ces magistrats, qui ne trouvant que le travail après le travail, veillent nuit & jour pour le bonheur de l'empire ».

Mais comment un philosophe, un législateur, un sage, a t - il pû supposer dans le royaume une profession qui ne gagnât, qui ne méritât que de l'argent, & qui fût exclue par état de toute autre sorte de récompense?

On sait tout ce que mérite de la patrie, la noblesse qui donne son sang pour la défendre; le ministere qui la gouverne, la magistrature qui la juge: mais ne connoit - on enfin qu'une espece de gloire & d'honneur, qu'une sorte de respect & de considération? & n'en est - il point que la finance puisse aspirer à mériter?

Les récompenses doivent être proportionnées aux services, la gloire aux sacrifices, le respect aux vertus.

Un financier ne sera sans doute ni récompensé, ni respecté, ni considéré comme un Turenne, un Colbert, un Seguier. . . . Les services qu'il rend, les sacrifices qu'il fait, les vertus qu'il montre, ne sont ni de la même nature, ni du même prix. Mais peuton, mais doit - on décemment, équitablement, raisonnablement, en conclure qu'ils n'ont aucune sorte de valeur & de réalité? Et lorsqu'un homme de finance, tel qu'on vient de le peindre, & que l'on conçoit qu'il doit être, vient justifier l'idée que l'on en donne, sa capacité ne rend - elle pas à l'état des services essentiels? son desintéressement ne fait - il pas des sacrifices? & sa vertu ne donne - t - elle pas des exemples à suivre, à ceux mêmes qui veulent le dégrader?

Il est certain, & l'on doit en convenir (en ami de la vérité); il est certain que l'on a vû dans cette profession des gens dont l'esprit, dont les moeurs, dont la conduite, ont mérité qu'on répandît sur eux à pleines mainsle sel du sarcasme & de la plaisanterie, & (ce qui devoit les toucher encore plus) l'amertume des reproches les mieux fondés.

Mais ce corps est - il le seul qui présente des membres à retrancher? & refusera - t - on à la noblesse, au ministere, à la magistrature, les éloges, les récompenses, & les distinctions qu'ils méritent, parce que l'on a vû quelquefois en défaut dans le militaire le courage, dans le ministere les grandes vûes, dans la magistrature le savoir & l'intégrité?

On reclameroit avec raison contre cette injustice. La finance n'a - t - elle pas autant à se plaindre de l'Esprit des lois? & ne doit - elle pas le faire avec d'autant plus de force, que l'auteur ayant plus de mérite & de célébrité, est aussi plus dangereux pour les opinions qu'il veut accréditer? Le moindre reproche que l'on puisse faire en cette occasion à cet écrivain, dont la mémoire sera toûjours chere à la nation, c'est d'avoir donné pour assertion générale une observation personnelle & particuliere à quelques financiers, & qui n'empêche pas que le plus grand nombre ne desire, ne recherche, ne mérite, & n'obtienne la sorte de récompense & de gloire, de respect & de considération qui lui est propre. Cet article est de M. Pesselier.

Nous donnons cet article par les raisons déjà dites au mot Fermier (Finance). Bien éloignés de vouloir faire aucun reproche odieux & injuste à ceux de nos financiers qui font un usage respectable de leur opulence, & de les priver du tribut d'estim, personnelle qui leur est dû, nous desirons seulement présenter aux personnes intelligentes en ces matieres, l'occasion de discuter l'importante question de l'utilité de la finance considérée en elle - même: l'illustre auteur de l'Esprit des lois étoit incapable de penser là - dessus autrement; en écrivant contre la finance en général (article sur lequel nous ne prétendons point décider), il savoit rendre justice aux particuliers éclairés & vertueux qui se trouvent dans ce corps.

FINESSE (Page 6:815)

FINESSE, s. f. (Gramm.) ne signifie ni au propre ni au figuré mince, leger, délié, d'une contexture rare, foible, ténue; elle exprime quelque chose de délicat & de fini. Un drap leger, une toile lâche, une dentelle foible, un galon mince, ne sont pas toûjours

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