ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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FIGURISME (Page 6:784)

FIGURISME, s. m. (Théol.) On a donné ce nom à l'opinion de ceux qui pensent que tous les évenemens de l'ancien Testament sont autant de figures des évenemens du nouveau. En ce sens les figures de l'ancien Testament seroient autant de prophéties. Voyez Prophéties; voyez aussi Figures, (Théol.)

FIL (Page 6:784)

* FIL, s. m. (Econ. rustiq.) on prépare avec l'écorce du chanvre, séchée, peignée, divisée, une matiere qu'on appelle filasse (voy. l'article Filasse), qui tordue au fuseau ou au roüet sur elle même, forme un petit corps rond, continu, flexible, & resistant, qu'on appelle fil. On fait aussi du fil avec le coton, la soie, la laine, le crin, &c.

Si le fil est trop gros, il prend le nom de ficelle, de corde. Voyez l'article Corderie.

On file la filasse, la seule matiere dont nous allons parler ici; parce qu'on n'entend communément par le mot fil, que celui qui est fait avec la filasse ou l'écorce de chanvie.

On file la filasse au roüet ou au fuseau; mais on dispose la silasse sur la quenouille, pour filer au roüet comme pour filer au fuseau. Voici d'abord la maniere dont on file au fuseau.

Le fuseau est un morceau de bois leger, rond sur toute sa longueur, terminé en pointe par les deux extrémités, renflé dans le milieu, & long d'environ cinq à six pouces; il y a un peu au - dessus de la peinte inferieure, une petite éminence qui retient le fil & qui l'empêche de tomber.

La quenouille est un roseau ou bâton leger, rond, long de trois à quatre piés, percé par un bout, & gaini à ce bout d'un ruban large & fort.

On prend la soie, la filasse, la laine, &c. en un mot la matiere qu'on veut filer; on l'étend sur une table par lits minces, cependant d'une épaisseur inégale: la partie inférieure de chaque lit doit être un peu plus fournie que la partie supérieure, afin que quand tous ces lits seront roulés sur la quenouille, ils forment une espece de cone, dont la pointe soit tournée vers le bout de la quenouille; si la filasse est courte, les brins de chaque lit ne sont pas roulés, mais seulement appliqués sur la quenouille, & attachés selon leur longueur; si elle est longue, alois les brins sont roulés un peu de biais sur la quenouille. On roule ces lits de filasse sur l'extrémité de la quenouille; on les y fixe en faisant sur eux plusieurs tours avec le ruban, & la quenouille est piête à être filée.

Pour cet effet on fixe la quenouille à son côté gauche, on tient la filasse embrassée de la même main; & de la main droite, on tire avec le pouce & l'index de la partie inférieure de la quenouille, une petite quantité de filasse. On la tourne entre ses doigts, apres l'avoir mouillée; on lui donne ainsi un commencement de consistance: après quoi on lui fait faire sur l'extrémité du fuseau un tour ou deux, & on l'y airête par un noeud ou une boucle, formée comme on voit; a est le bout du fil qui tient à la filasse, & bcd est sa partie attachée sur le fuseau. La partie acb passant dessous la partie bcd, il se forme une boucle cbc, qui est serrée sur le fuseau par l'action de la fileuse & par le poids du fuseau.

Le fil ainsi attaché au fuseau, la fileuse prend entre son pouce & le doigt du milieu, le fuseau par son extrémité e, & le fait tourner sur lui - même. A mesure que le fuseau tourne, on tire de la filasse de la quenouille, avec le pouce & l'index de la main droite; la filasse se tord, & le fil se forme; & afin que ce tors tienne, la fileuse avoit eu l'attention de mouiller les doigts dont elle tire la filasse de la quenouille, soit avec sa salive, soit à une éponge humectée d'eau, qu'on appelle mouillette, & qu'elle tenoit à sa portée dans un petit vase de fayence ou de fer - blanc.

Quand il y a une aulne ou une aulne & demie de fil fait comme nous venons de le décrire; du pouce de la main gauche on pousse la boucle c faite sur le bout du fuseau; on la fait tomber; l'on transporte le fil d sur le milieu du fuseau g, & on lui fait faire plusieurs tours; ensuite on l'arrête à l'extrémité du fuseau par une boucle c, qu'on reforme toute semblable à la premiere. A l'aide de cette boucle c, le fil roulé sur le milieu du fuseau ne se devide point, lorsque le fuseau mis en mouvement est abandonné à son poids, & l'ouvrage peut se continuer.

Cela fait, la fileuse avec le pouce & l'index de sa main droite qu'elle a mouillés, tire de la filasse de sa quenouille, & remet son fuseau en mouvement avec l'index & le doigt du milieu de sa main gauche; le fuseau tourne, la filasse tirée se tord; le pouce & l'index de la droite, tandis que le fuseau tourne, tirent de nouvelle filasse, fournissent & aident même au fuseau à tordre, & il se forme de nouveau fil, qu'on envide sur le milieu du fuseau en faisant tomber la boucle c, qu'on reforme ensuite pour arrêter le fil & continuer de filer.

La fileuse file de cette maniere jusqu'à ce que son fuseau soit chargé de fil sur toute sa longueur, & que sa quenouille soit épuisée de filasse.

Elle doit observer 1°. de mouiller suffisamment sa filasse tandis qu'elle travaille, sans quoi son fil sera sec & cassant.

2°. De ne tordre ni trop ni trop peu, & de filer égal & rond.

3°. De tirer de la filasse la quantité qui convient à la grosseur du fil, à la qualité de la filasse, & à l'usage qu'on veut faire du fil.

4°. D'en tirer toûjours la même quantité, afin que son fil soit égal.

5°. De faire glisser tout son fil entre ses doigts, à mesure qu'il se forme & avant que de l'envider sur le fuseau, afin de le rendre lisse & uni.

6°. De séparer de sa filasse tout ce qui s'y rencontrera de parties grossieres, mal peignées, de saletés, &c.

7°. De faire le moins de noeuds qu'il sera possible, &c.

Passons maintenant à la maniere de filer au roüet. Le roüet est une machine qui nous paroît simple & qui, exposée par - tout à nos yeux, n'airête pas un instant notre attention, mais qui n'en est pas moins ingénieuse. Elle est composée d'un chassis, dont la partie inférieure 1, 2, 3, 4, consiste en quatre traverses minces de bois, qui forment par leur assemblage un quarré oblong; c'est sur ce quarré oblong que sont fixées & entretenues les quatre jambes 5, 6; 7, 8; 9, 10; 11, 12: ces quatre jambes se rendent à la partie supérieure du chassis, formée aussi de quatre traverses minces de bois, & la soûtiennent en s'assemblant avec elle aux points 6, 8, 10, 12; cette partie supérieure du chassis forme aussi un quarré oblong a, b, c, d, parallele à l'inférieur, de même largeur, mais d'une longueur beaucoup plus grande. Sur le milieu de l'intervaile 6, 8, & 10, 12, des traverses supérieures, sont placés & fixés deux especes de petits piliers e, f; g, h, qu'on appelle les montans. Ils sont de même grosseur, de même hauteur; l'antérieur e, f, est percé d'un trou; le postérieur g, h, est fendu d'une ouverture qui traverse son sommet, & qui descend à une profondeur telle, que le bout de l'axe de la roue i étant placé dans le trou du montant e, f, & son autre bout placé dans la fente de l'autre montant g, h, la roue soit bien verticale & se meuve bien perpendiculairement. On a fendu le montant g h à son sommet, afin que la roue puisse s'ôter & se mettre à discrétion entre ces montans. Ces montans e f, g h, sont fixés à écrous sur les traverses. L'extrémité de l'axe de la roue i, qui entre dans la fente du montant g h, est recourbée en manivelle k; la queue l de cette manivelle passe dans [p. 785] une baguette percée d'un trou; cette baguette l m n se rend à la planchette o, à l'extrémité de laquelle elle est attachée avec un cordon qui passe dans un trou fait au bout o de la planchette, qu'elle tient élevée au - dessus de la traverse inférieure 3, 4, d'une quantité un peu plus grande que celle à laquelle cette planchette pourroit descendre, lorsque le coude k de la manivelle, au lieu d'être élevé comme on le voit en k, est le plus abaissé qu'il est possible. La planche o p qu'on appelle la marche du roüet, est assemblée en p à tourillons avec la traverse 1, 2, & peut se mouvoir sur elle - même.

La piece q r composée d'un tasseau de bois, percé de deux trous quarrés, à l'aide desquels il peut glisser sur la longueur des traverses 9, 10; 11, 12; de deux montans s, t, & d'une vis en bois x y, qui passe à - travers le montant u t & le tasseau q r qui est taraudé, cette piece, dis - je, s'appelle la coulisse. La vis s'appelle la poignée; les deux montans s, t, s'appellent les marionnettes.

Les marionnettes dont on voit une séparément fig. s, t, portent à leur partie supérieure un morceau de cuir a, qui est percé d'un trou dans le milieu, & qui tient à la marionnette par deux petits tenons.

Il s'agit maintenant de passer dans les deux trous des deux cuirs des deux marionnettes, l'assemblage de pieces qu'on voit sur le roüet entier, & qu'on a représenté séparément en C, D, E, F, G, H, I, K, L, M, N, O, P, Q, R. CN est une broche de fer; elle est percée en c d'un trou extérieur qui va jusqu'en E, où il y en a un autre E qui rencontre l'intérieur, ensorte qu'un fil qu'on passeroit en C, sortiroit par E. Sur cette broche de fer est fixée au point F, une piece de bois F G G, figurée comme on la voit, & armée sur ses bords de petits bouts de filsde - fer recourbés en crochets: on appelle cette piece l'épinglier. H I K est une bobine enfilée sur la broche. Cette bobine a en H une bosse arrondie, & en K une gouttiere. La piece L M qui contient & serre la bobine sur la broche s'appelle la noix; elle est à gouttiere en L, & en bosse en M. On ne peut enlever de dessus la broche C N l'épinglier F G G, mai, on en peut ôter & la bobine H I K, & la noix L M.

On a pratiqué à la broche C N une petite éminence D, pour contenir tout cet assemblage fixement entre les cuirs des marionnettes, & l'on a fait la partie M en bosse, afin que le frotement contre un des cuirs en fût moindre.

Ainsi on place tout cet assemblage C D E F G I K L M entre les marionnettes, l'extrémité C passée dans un des trous des cuirs, & l'autre extrémité M passée dans le trou de l'autre cuir. On a auparavant fait passer une corde à boyau dans les deux gouttieres K, L, & dans la gouttiere de la grande roue I.

On bande suffisamment cette corde à boyau, par le moyen de la vis ou poignée x y; on fait approcher à diserétion le tasseau mobile q r de la traverse immobile a t; & avec ce tasseau tout l'assemblage suspendu entre les cuirs des marionnettes s t, fixées sur ce tasseau.

Il faut que la corde soit bandée de maniere qu'en faisant tourner la grande roue i, tout l'assemblage C D E F G H I K L M N tourne ensemble.

D'où l'on voit qu'il faut que la bobine H I K & la noix L M, entrent avec un peu d'effort sur la broche, sans quoi ils tourneroient seuls, & ne feroient pas tourner la broche avec eux: or il faut que tout tourne ensemble.

Cette machine entiere qu'on appelle un roüet étant décrite, il s'agit maintenant d'en expliquer l'usage.

On a fixé sur le milieu de la bobine en i, un bout de fil tout filé: on fait passer ce bout de fil sur la premiere dent O de l'épinglier; on le conduit de - là au trou E de la broche, & on le fait sortir par le trou C, comme on voit en Q. On le conduit de Q à la quenouille, en le tenant entre l'index & le doigt du milieu de la main droite. La fileuse est assise devant son roüet, vis - à - vis la marche p o; elle fait tourner la roue i à la main, jusqu'à ce que la manivelle k soit élevée comme on la voit: alors elle met le pié droit sur la marche p o; elle presse le bout o de la marche avec le bout de ce pié: par cette action, le bâton m n est tiré, il entraîne la manivelle k, la manivelle fait tourner la roue i, la roue fait tourner la broche C N avec tout ce qu'elle porte; le fil fixé d'un bout sur le milieu de la bobine, engagé sur une des dents de l'épinglier & sortant par le trou C de la broche, tourne aussi sur lui - même. La fileuse entretient toûjours la roue i en mouvement dans le sens de i en 13. Quand ce fil a pris une certaine quantité de tors, la fileuse approche du bas de la filasse de sa quenouille, le fil gripe de cette filasse, cette partie de filasse se tord; à mesure qu'elle se tord & que le fil se fait, il glisse par le trou C sur l'épingle O, & s'entortille sur la bobine.

La fileuse a devant elle sa mouillette; elle humecte sa filasse & son fil, quand il en est besoin. Elle fait passer le fil d'une épingle O à la suivante P, & ainsi de suite, afin de répandre également son fil sur toute la cavité de la bobine; quand elle est parvenue à la derniere a, elle retrograde & revient à la premiere O, en passant successivement par chacune des intermédiaires.

Au demeurant on doit observer pour bien filer au roüet, les mêmes regles que nous avons prescrites pour bien filer au fuseau.

Si on établit entre la vîtesse de la grande roue i, 13, & celle de la bobine F I K, & du fil Q, & la vitesse avec laquelle on tire la filasse & on la fournit au mouvement, le rapport convenable, le fil ne sera ni trop ni pas assez tors.

On va vite quand on file au roüet; mais on prétend communément que le fil qu'on fait n'est jamais ni aussi parfait, ni aussi bon que celui qu'on file au fuseau. Si vous desirez sur l'usage du roüet quelque chose de plus, voyez l'article Coton.

Lorsqu'on a une assez grande quantité de fil, on le met en écheveau par le moyen d'un devidoir. Le devidoir est une roue à plusieurs aîles, soûtenu sur un axe entre deux piliers, & armé d'une manivelle, à l'aide de laquelle on la fait tourner. A mesure qu'elle tourne, elle tire le fil de dessus le fuseau, & s'en charge.

On envoye les écheveaux à la lessive; d'où ils passent entre les mains du tisserand, quand on veut mettre le fil en toile, voyez l'article Toile; ou au moulin à retordre, quand on le destine à la couture & à d'autres ouvrages. L'art de retordre le fil a fait de grands progrès. Nous allons suivre ces progrès, & donner l'explication des machines dont on s'est servi successivement.

Le premier fil qu'on ait retordu, l'a été au fuseau ou à la quenouille. Retordre le fil, est en faire une espece de petite corde de plusieurs brins: pour cer effet on le met en autant de pelotes qu'on veut qu'il y ait de brins au fil retors. On attache une clé à l'extrémité de la quenouille; on fait passer les brins par l'anneau de la clé qui déborde le bout de la quenouille; on les conduit tous ensemble sur l'extrémité du fuseau; on les y fixe par le moyen d'une boucle, comme s'il étoit question de filer; on prend ensuite le bout du fuseau entre les deux paumes de la main, & on le fait tourner sur lui - même de gauche à droite, c'est - à - dire dans un sens contraire à celui dont le fil a été tors, quand on l'a filé: or il est évident qu'il a été tors alors de droite à gauche.

Pour faire sentir la raison de cette manoeuvre, il faut considérer, 1°. qu'en quelque sens qu'on tourne

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