ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"778"> bres qui vont de l'origine à l'insertion, & qui sont comme autant de filets.

La face, par laquelle il seroit nécessaire de commencer, a une infinité de muscles dont les effets, plus sensibles que leurs formes ne sont apparentes, demanderoient une trop longue discussion. La plûpart de ces effets trouveront leur place au mot Passion.

Premiere figure de l'écorché. La tête fait ses mouvemens par le moyen de dix paires de muscles.

Il est inutile de les nommer tous, mais il faut connoître ceux qui sont remarquables dans les mouvemens du col, & l'on doit y distinguer le sternoïde A; il est ainsi nommé, à cause de son origine & de son insertion: il viont du sternum, & va s'insérer à l'os hyoïde, qui est cet os de la gorge, dont l'apparence est fort marquée lorsqu'on étend le cou.

Le mastoïde B vient du sternum & d'une partie de la clavicule: il va s'insérer à une partie de l'os de la temple.

Ces deux muscles n'étant pas bien gros, leur mouvement est peu sensible: le premier sert au mouvement de l'os hyoïde, & le tire en bas; l'autre tire la tête & la baisse en avant. On peut remarquer l'apparence de ces muscles qui font leurs fonctions dans l'attitude de la tête du gladiateur.

Le trapese C, dont on ne voit qu'une partie, prend son origine de l'occiput ou du derriere de la tête, comme on le verra dans la figure deuxieme, où sa forme, dont il tire son nom, est remarquable.

Ces muscles dans plusieurs de leurs mouvemens étant poussés par d'autres, sur lesquels ils sont placés; il ne seroit pas hors de propos de pénetrer jusqu'à ces causes internes, & l'on découvriroit alors le splenius qui tire la tête en arriere, avec un autre qui est dessus, & qui se nomme complexus. Ces muscles cachés contribuent à faire des masses; & c'est celui qu'on nomme le releveur propre, qui en partie forme cette pente qui est du cou à l'épaule.

Je ne fais qu'indiquer ici leur nom, pour ne pas multiplier les figures, & j'en userai de même dans la suite pour ceux dont l'apparence ne peut avoir lieu dans les trois figures, qui n'offrent que les muscles qui se découvrent sous la peau.

Pour les mouvemens des bras, il faut remarquer, 1°. que le bras est propre à cinq mouvemens; nous l'avançons, nous le retirons, nous l'abaissons, nous l'élevons, & nous le faisons tourner en rond: nous avançons le bras en dedans par le moyen du pectoral deltoïde joint à quelques autres, savoir le susépineux & le coracobrachial: le deltoïde D éleve le bras: le pectoral E amene le bras vers les côtes; il prend son origine de presque tout le sternum, & de la sixieme & septieme, & quelquefois de la huitieme côte: il va finir à l'os du bras, entre le deltoïde & le biceps.

(a) Le biceps F fléchit l'avant - bras avec le brachial; il vient de l'emboîture de l'omoplate de part & d'autre, & va s'insérer au commencement du radius.

(b) Le brachial G fléchit l'avant - bras avec le biceps; il prend son origine à - peu - près au commencement de l'os du bras; il y est fortement attaché, & va s'insérer par - dessus le biceps à la partie supérieure de l'os du coude.

(c) L'extenseur du coude H désigne assez par son nom à quel usage il est employé.

(d) Le pronateur du radius I sert à tourner le bras

(a) Voyez un des bras du Laocoon. (b) Voyez l'autre bras du même Laocoon, & celui du gladiateur, qui est étendu. (c) Voyez le bras du Laocoon, qui est baissé vers la terre, & celui du gladiateur, qui est panché. (d) Voyez l'autre bras du même élevé vers le ciel, & celui du gladiateur, qui est étendu.
du côté de la terre; il vient de la tête interne de l'os du bras, & va s'insérer à la partie interne du radius.

(e) Le supinateur du radius K sert à tourner le bras vers le ciel; il vient de la partie inférieure du bras & va dans la partie inférieure du radius.

Le fléchisseur supérieur du carpe L vient de la tête interne de l'os du bras, & montant par - dessus l'os du radius, il finit au premier os du métacarpe.

Le fléchisseur inférieur du carpe M vient de la tête interne de l'os du bras, & va en descendant le long de l'os du coude, finir au quatrieme os du métacarpe.

Le palmaire N vient de la tête interne de l'os du bras, & va dans la paume de la main se distribuer aux quatre doigts.

L'extenseur supérieur du carpe O vient du dessous de la tête externe de l'os du bras, & se rend à quelques os du métacarpe.

L'extenseur du pouce P est un muscle double, qui vient à - peu - près du milieu de l'avant - bras, & qui va s'insérer obliquement aux jointures du pouce; il n'est propre qu'à cette partie.

Venons aux cuisses, aux jambes & aux piés.

Le membraneux Q ou fascialata, vient de l'os des îles; il est charnu dans son principe, & finit par une membrane qui enveloppe tous les muscles qui couvrent la cuisse, & va finir sur ceux de la jambe; ce muscle sert à tourner la jambe en dehors.

Le vaste externe R vient du grand trochanter, son tendon embrasse le genou; il sert à étendre la jambe avec un autre muscle, appellé crural; le vaste externe est fort charnu auprès du genou.

Le droit S a la même fonction que le précédent; il vient de l'os des îles; & couvrant le crural, il s'étend le long de la cuisse entre les deux vastes, avec lesquels il finit en enveloppant la rotule d'un fort tendon.

Le couturier T fait tourner la jambe en dedans, & l'amene sur l'autre en croisant, comme les tailleurs ont coutume de faire en travaillant; c'est de cet usage qu'il a pris son nom: il vient de l'épine de l'os desîles, & va s'insérer obliquement à la partie intérieure de l'os de la jambe.

Le triceps V vient de l'os pubis & de l'os ischium; il va s'insérer au - dedans de l'os de la cuisse, & sert à tourner la cuisse en dedans.

Le gresle X sert à fléchir la jambe, & ne fait presqu'une masse avec le biceps; & quelques autres qui seront marqués dans les figures suivantes.

Le vaste interne Y vient du grand trochanter, & embrasse le genou, avec son tendon: il est fort charnu auprès du genou, & sa fonction, ainsi que celle du droit & du vaste externe, est d'étendre la jambe.

Le biceps de la jambe Z vient de l'os ischium, & va s'insérer à la partie externe de la jambe; il est charnu, & a deux têtes comme celui du bras.

Le jambier intérieur A2.

Le gemeau externe B2 se verra mieux dans la figure de l'écorché, vûe par - derriere; & nous les désignerons dans les explications qui auront rapport à cette figure, ainsi que le gemeau interne.

Le peronnier C2 vient du haut & du milieu de l'os appellé péroné; il va sous le pié qu'il sert à étendre conjointement avec les gemeaux.

L'extenseur des orteils D2 apprend par son nom l'usage auquel il est destiné.

Le gemeau interne E2, ainsi que le solaire F2, se

(e) Nota. Le lecteur pourra faire de lui - même l'application nécessaire des fonctions des muscles aux mouvemens des figures antiques représentées, puisque les lettres le guideront: ainsi nous n'insisterons plus sur cette opération, qui exigeroit plus de détails que les bornes que l'on doit se prescrire dans un dictionnaue ne le comportent.
[p. 779] verront plus distinctement dans la figure deuxielne: ce dernier, ainsi nommé par opposition aux gemeaux, sert à étendre le pie conjointement avec ces derniers & le plantaire, auxquels il s'unit pour ne faire qu'un seul tendon; il vient d'entre les deux têtes de l'os de la cuisse G2.

Il reste encore à examiner dans la figure premiere le muscle droit H2, qui prend son origine à l'os pubis, & va s'insérer à côté du cartilage xiphoïde: il s'étend le long du ventre; il est divisé en quatre & souvent en cinq parties, par de fortes intersections nerveuses, qui sont autant de bandes: ces intersections ne sont pas tout - à - fait également distantes: mais il y en a toûjours trois au - dessus du nombril; & des trois parties qu'elles y font, celle du milieu est la plus grande: pour l'intersection qui est près du nombril, la nature ne la présente pas toûjours de même; quelquefois elle se fait voir au milieu du nombril, quelquefois un peu au - dessus, ou même encore plus élevée; & les deux premieres situations que je viens de lui assigner, se remarquent plus ordinairement dans les antiques.

Le grand dentelé I2 naît de toute la partie intérieure de la base de l'omoplate, & va transversalement s'insérer aux huit côtes supérieures; il va quelquefois jusqu'à la neuvieme. Ce muscle finit par une dentelure qui lui a fait prendre son nom: ces dents sont au nombre de huit, dont quatre sont cachées sous le pectoral; ce muscle se joint avec le muscle oblique externe K2 par digitation; il sert à la respiration (voyez la figure du Laocoon) & se fait voir d'autant plus distinctement, que le corps agit avec violence, & se porte davantage du côté opposé. Dans les vieillards, dont la peau est moins adhérente au muscle, les dentelures sont moins marquées.

Voilà les muscles les plus intéressans de la figure vûe de face. Nous allons passer à la figure vûe par derriere.

Figure deuxieme de l'écorché. Dans cette deu xieme position de la figure, qu'en terme de Peinture on nomme écorché, on distingue premierement

Le trapese dont on ne pouvoit appercevoir qu'une très - petite partie à la lettre C de li figure premiere. Il prend son origine de la base du crane, de toutes les vertebres du col, des neuf épines supérieures des vertebres du dos; il va s'insérer le long de l'épine de l'omoplate jusqu'un peu au - dessous de la clavicule. Ce muscle sert à fortifier l'action de quelques autres qu'il couvre; il releve l'omoplate avec celui qu'on nomme le releveur propre: il la tire enarriere avec le rhomboïde & la baisse tout seul: il contribue principalement en passant par - dessus la base de l'omoplate à lui donner une certaine rondeur, qui dans l'Antinoüs antique forme les graces de cette partie de la figure.

Le deltoïde b dont j'ai déja parlé dans l'explication de l'autre figure, se voit encore ici. Il est triangulaire; il prend son origine de toute l'épine de l'omoplate, de l'acromion, & de la moitié de la partie extérieure de la clavicule: il pousse le bras un peu en avant & en arriere, selon la direction de ses fibres.

Le sus - épineux c tire le bras en haut avec le deltoïde, & remplissant la cavité supérieure de l'omoplate, entre l'épine & la côte supérieure, ne fait souvent qu'une masse avec l'épine & une partie du trapeze; il naît de la partie externe de la base de l'omoplate, depuis l'angle supérieur jusqu'à l'épine, & passant par - dessous l'acromion, il va s'insérer à la partie supérieure & antérieure de l'os du bras pour l'élever en - haut.

Le sous - épineux d fait mouvoir l'os du bras en bas, avec l'abaisseur propre & le très - large; il prend son origine de la partie externe de la base de l'omoplate, qui se remarque depuis l'épine jusqu'à l'angle inférieur, & va s'insérer à la partie supérieure & extérieure de l'os du bras.

L'abaisseur propre e prend son origine de la côte inférieure de l'omoplate, & va s'insérer à l'os du bras avec le très - large, avec lequel il ne fait qu'un même tendon; son nom indique son usage, qui est d'abaisser le bras.

Au reste, ces 4 derniers muscles, le deltoïde, le sus - épineux, le sous - épineux, & l'abaisseur propre, sont d'autant plus à remarquer pour les artistes, que cet endroit du corps est un des plus difficiles à imiter avec justesse. On peut, pour rapporter le jeu de ces muscles aux effets extérieurs, le remarquer sur la nature même, dans les attitudes dans lesquelles ils agissent; ou, si l'on veut consulter l'antique, le gladiateur offrira la juste image de leurs mouvemens; mais ce qui seroit infiniment utile aux jeunes éleves, ce seroit de leur démontrer cette partie du bras sur l'écorché; ensuite de faire agir le modele vivant, en le faisant passer successivement par tous les mouvemens qui se rencontrent, depuis l'abaissement du bras jusqu'à l'action d'élevation où le gladiateur a été composé: c'est ainsi qu'une instruction graduée, & une application des principes aux effets, suivie des preuves tirées des antiques, qui ont la réputation d'être les plus parfaits, donneroit infailliblement une connoissance approfondie & raisonnée.

Le très - large f vient de l'os sacrum, de la tête supérieure de l'os des îles, de toutes les vertebres des lombes, & des 6 ou 7 vertebres inférieures du dos; il passe d'un côté, par - dessus l'angle inférieur de l'omoplate, où il s'attache en passant, & va retrouver l'os du bras, en se joignant avec l'abaisseur propre. Il tire le bras en - arriere, & en - bas obliquement du côté de son principe inférieur.

Une portion de l'oblique externe g, dont il a été question dans l'explication précédente à la lettre K2.

Le brachial h que nous avons expliqué à la lettre G de la fig. précédente.

Une portion & l'origine du long supinateur du radius i. Voyez la lettre k de l'explication précédente.

L'extenseur supérieur du carpe k. Voyez la lettre o de l'explication précédente.

l l'extenseur des doigts.

m l'extenseur du pouce.

n l'extenseur inférieur du carpe.

Tous ces muscles portent dans leur nom l'explication de leurs usages.

o le fléchisseur inférieur du carpe, voyez la lettre M de la premiere explication des muscles.

p portion d'un fléchisseur des doigts.

q & r les extenseurs du coude. Voyez la lettre H de l'explication premiere.

s l'os du coude appellé olecrane.

t le grand fessier. Il vient de l'os sacrum & de la partie latérale & postérieure de l'os des îles Il va s'insérer par ses filets obliques, quatre doigts au - dessous du grand trochanter: il couvre le petit fessier & une partie du moyen. Sur quoi il faut remarquer qu'il y a trois fessiers, qui tous servent à étendre la cuisse. Le premier s'appelle le grand fessier, à cause de son étendue désignée par les chiffres 1, 2, 3, 4, 5.

La différence des actions de ce muscle se peuvent remarquer sur le gladiateur & l'Hercule; on pourra les voir aussi sur l'Antinoüs & le Méléagre antique.

u portion du second fessier: ce second est en partie caché sous le premier.

x portion du membraneux. Voyez la lettre Q de la premiere explication.

y le vaste externe: voyez pareillement la lettre R de la premiere explication.

z le biceps: voyez la lettre Z de la premiere explication.

& le demi - nerveux, Ce muscle vient du même

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