ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"724"> On peut former le même présage si les forces diminuent, si la respiration est continuellement embarrassée, s'il y a une douleur aiguë permanente à l'une des oreilles, si la soif vient à cesser, quoique la fievre continue dans toute sa violence, si le bas - ventre s'enfle, & s'il se fait une éruption de pustules gangréneuses par tout le corps. Voyez Lommius.

La fievre ardente qui dégenere en colliquation, produit une diarrhée fétide, le pissement de sang, la tympanite, la péripneumonie accompagnée de délire, des tremblemens, des frissons, des convulsions, & des sueurs froides qui emportent le malade.

Toutes ces choses bien examinées, on peut connoître la cause immédiate de la fievre chaude, qui n'est en effet qu'un sang dépouillé de ses parties les plus douces & les plus liquides: en un mot, une inflammation universelle produite par la trop grande force des solides & des fluides.

Cure. L'ardeur extrème du causus indique l'usage de la saignée au commencement de la maladie, & la répétition de ce remede, s'il y a des marques de pléthore, d'inflammation violente, d'une chaleur intupportable, d'une raréfaction excessive, & des symptomes pressans qui ne cedent point aux autres secours de l'art.

L'air doit être pur, froid, renouvellé, les couvertures legeres, le corps souvent élevé, la boisson abondante, aqueuse, chaude, adoucissante, antiphlogistique. Telles sont les aigrelets, l'esprit de soufre, le nitre, le crystal minéral, le petit - lait; car il ne faut pas des réfrigérans qui ralentissent l'action organique des vaisseaux. Les lavemens seront anodyns, délayans, laxatifs, & anti - phlogistiques.

Il faut humecter tout le corps, déterminer dans les narines la vapeur de l'eau chaude, gargariser la bouche & le gosier, laver les piés & les mains dans l'eau tiede, fomenter avec des éponges trempées dans l'eau chaude, les parties où il y a plusieurs vaisseaux qui présentent bien leurs surfaces; employer les médicamens aqueux, doux, nitrés, d'une agréable acidité, qui lâchent très - doucement le ventre, qui poussent par les urines & les réparent, qui servent de véhicule à la sueur par leur quantité, & non par aucune acrimonie, & qui enfin relâchent toute la contraction des fibres, dissolvent les liqueurs épaissies, les délayent & les corrigent.

Observations de pratique. 1°. Il est bon d'observer que les fievres ardentes, fort aiguës, & accompagnées de symptomes dangereux, sont souvent compliquées de quelque inflammation intérieure qui dégénere souvent en gangrene. Alors la cure ordinaire des inflammations réussit rarement; & l'art a très peu de ressources contre une maladie si funeste.

2°. Il y a des fievres ardentes simples qui finissent au premier septenaire, & d'autres s'étendent jusqu'au second: les premieres n'ont pas besoin pour leur guérison d'une coction parfaitement purulente; elles peuvent être terminées par une crise, qui est annoncée, comme le dit Hippocrate, par un nuage rouge dans les urines; souvent aussi la maladie se termine alors par une hémorrhagie du nez. Il n'en est pas de même de la fievre ardente, qui s'étend jusqu'au quatorzieme jour, car elle cesse par une coction parfaitement purulente: dans ces dernieres, le tartre stibié délayé dans beaucoup d'eau, & distribué en plusieurs prises, est un des purgatifs les plus avantageux & les plus sûrs, parce qu'il ne laisse après lui aucune impression fâcheuse à l'estomac ni aux intestins; mais il faut s'en abstenir lorsque les premieres voies sont évacuées.

3°. La connoissance des fievres ardentes & de leur traitement, répand un grand jour sur toutes les fievres aiguës particulieres; car elles ne sont que des symptomes ou des effets d'une autre maladie aiguë.

Fievre asode (Page 6:724)

Fievre asode, febris asodes, fievre continue ou remittente compliquée, accompagnée d'inquiétudes, d'agitations, d'anxiétés, de dégoûts, de nausées, & de vomissemens: A)SW/DEIS2 PURETAI\ désigne dans plusieurs endroits d'Hippocrate, toutes fievres accompagnées d'agitations & d'anxiétés extrèmes. Galien ajoûte que de tels malades sont nommés A)SSWDIIS2 pour deux raisons; la premiere, quand ils ont des mouvemens très - inquiets; la seconde, quand leur estomac est picoté par des humeurs corrompues.

Causes. Les principales causes de la fievre asode sont la dépravation de la bile, la putridité des humeurs circulantes retenues dans les premieres voies, quelque inflammation ou autre maladie du ventricule & des visceres voisins.

Prognostie. Cette fievre est dangereuse, parce qu'elle trouble le repos & le sommeil, empêche l'usage des médicamens, intercepte celui des alimens, ou en corrompt la qualité, enflamme le sang, abbat les forces; & dans une longue durée, produit nécessairement la sécheresse, l'atrophie, le dépérissement, les convulsions, la mort.

Cure. La méthode curative consiste à expulser les humeurs corrompues, en corriger la nature par des nitreux, des acides agréables legerement astringens; dériver la matiere métastatique, appaiser les mouvemens troublés de l'estomac par des narcotiques, & appliquer sur la partie affectée des fomentations, des épithèmes, des cataplasmes relâchans, émolliens, anodyns.

Fievre bilieuse (Page 6:724)

Fievre bilieuse, fievre aiguë qui doit son origine, soit à la surabondance, soit aux dépravations de la bile dispersée contre nature dans la masse des humeurs circulantes, ou extravasée dans quelqu'un des visceres.

Les anciens appelloient bilieuse la fievre ardente, causum, parce qu'ils supposoient qu'elle étoit produite par une bile chaude & vicieuse; mais les modernes ont sagement distingué ces deux fievres, parce qu'elles ont effectivement des différences caractéristiques, quoiqu'elles ayent des symptomes communs. Voyez Fievre ardente.

Ses signes. Les symptomes de la fievre purement bilieuse sont très - nombreux; & ce qui est singulier, je les trouve presque rassemblés dans un seul passage d'Hippocrate, de medicina veteri. Les voici néanmoins encore plus exactement: le dégoût, la nausée, de fréquentes & vives anxiétés, l'oppression, la cardialgie, le gonflement de l'estomac & du bas - ventre, la constipation, des tranchées, des tiraillemens d'entrailles, une chaleur douloureuse par tout le corps, une soif intolérable, des urines claires & hautes en couleur, sans sédiment; la sécheresse de la bouche & de la langue, avec un sentiment d'amertume; des douleurs dans le dos, l'ardeur du gosier, le blanc des yeux & quelquefois tout le corps couvert de jaunisse. Ajoûtez à ces marques, des toux convulsives, le hoquet, des maux de tête insupportables, l'insomnie, le délire, une foiblesse extrème dans tous les membres, des tremblemens & des spasmes dans les jointures, des défaillances fréquentes.

Mais les symptomes caractéristiques de cette fievre, sont des efforts pour vomir, suivis de vomissemens d'une bile acre, caustique, qui en sortant ulcere le gosier, & qui en tombant sur la pierre, fait souvent une effervescence, comme l'eau - forte. Si le vomissement s'arrête, il lui succede une diarrhée bilieuse, avec tenesme, & quelquefois les déjections de la bile se font également par haut & par bas.

Causes. L'abus immodéré des alimens gras, putrescens, chauds, aromatisés, sur - tout dans les grandes chaleurs, & dans le tems que le sang est dans un mouvement excessif, sont les causes les plus fréquentes des fievres de cette nature; de - là vient qu'elles [p. 725] attaquent les personnes sanguines - bilieuses, celles qui se nourrissent de mets fortement épicés, qui boivent une grande quantité de liqueurs mal fermentées, & qui tombent dans des passions violentes après de pareils exces. Le balancement d'un vaisseau suffit seul pour jetter tout - d'un - coup dans l'estomac une bile étrangere, porracée & érugineuse, sans qu'on ait guere pû jusqu'à ce jour expliquer ce phénomene. De plus, la jaunisse se répand dans tout le corps par la seule constriction des conduits biliaires qui aboutissent au duodenum; & quelquefois de grands accès de colere suffisent pour former l'expulsion de la bile dans cet intestin, d'où elle passe dans la masse du sang, & y produit des symptomes terribles. La bile verdâtre épanchée aux environs du foie, dit Hippocrate, est la cause fréquente des fievres qui naissent dans l'intérieur du corps humain.

Enfin, comme la dépravation de la bile, les couleurs étrangeres de cette humeur, & la fievre qui en résulte, peuvent être produites par le spasme seul, qui est capable de pervertir en un moment les sucs bilieux les plus loüables, on doit être attentif à démêler si un tel état a causé le spasme, ou si le spasme a été la cause de cet état, afin de ne pas tirer de fausses inductions pour le prognostic, ou par rapport à la pratique.

Prognostics. Cette fievre, soit qu'elle procede du mouvement excessif, de la surabondance, ou de la qualité dépravée de la bile, menace la vie de péril, si l'on n'entreprend pas à tems d'y remédier par le secours de l'art; car c'est ici que la nature en a un besoin indispensable, parce que la force & la durée de la fievre augmentent extrèmement les ravages de l'humear bilieuse dont elle émane.

La plus heureuse tournure que cette fievre puisse prendre, est de se porter à une évacuation prompte & abondante de la matiere viciée, & d'y parvenir par le vomissement, plûtôt encore que par les selles. Quand les efforts pour vomir sont excessifs & avec peu d'effet, le malade ne manque guere d'éprouver un hoquet douloureux, des spasmes, & des défaillances qui en sont les suites. Quand au contraire les vomissemens sont aisés & abondans, que de plus la bile rejettée est d'une assez bonne qualité, on a raison d'espérer favorablement de l'issue de la maladie; mais si le délire subsiste long - tems & avec violence, le péril est considérable; il est extrème, si les douleurs, l'anxiété, l'oppression, la chaleur brûlante, sont tout - d'un - coup suivies de l'abattement des esprits, du froid & des convulsions.

Cure. La méthode curative doit tendre nécessairement à provoquer l'évacuation de la bile vicieuse, à adoucir son âcreté, à abattre la chaleur, & les symptomes qui en sont les effets.

On provoquera l'évacuation de la matiere morbifique par de doux vomitifs, tels que la camomille, le tartre stibié en petites doses souvent répetées, & l'on en continuera l'usage tant que l'on appercevra dans les évacuations une bile fort jaune, verte, brune ou sanguinolente. Si le flux de la bile se fait par la voie des selles, on l'aidera puissamment par les décoctions laxatives de pruneaux, ou autres, jusqu'à ce que l'évacuation de la bile morbifique ait été complete. Après les évacuations suffisantes par haut ou par bas, on calmera le mouvement antipéristaltique de l'estomac & des intestins, par des parégoriques ou des calmans.

On adoucira l'âcreté de la bile par les diluans nitrés, les sels neutres, les lubréfians, le petit - lait, les aigrelets, les émulsions legeres, acidulées, prises fréquemment, & modérément chaudes. Les absorbans qui ne sont pas astringens, mêlés avec le nitre, peuvent être quelquefois utiles.

On abattra la chaleur fébrile, & les symptomes qui en dépendent, par l'usage des mêmes remedes. On arrêtera les gonflemens du ventricule après les vomissemens, en appliquant sur le creux de l'estomac des linges trempés dans de l'esprit - de - vin camphré. Enfin dans les spasmes, qui procedent uniquement de la mobilité des esprits, on usera d'anti - spasmodiques convenables.

Observations de pratique. Suivant les observations des praticiens éclairés, les huileux, les acres, les volatils & tous les échauffans, changent une fievre bilieuse en inflammatoire. Les sudorifiques portent la matiere morbifique dans le sang, & le privent de sa lymphe. La saignée, faite même au coinmencement de la maladie, ne convient cependant que dans les constitutions sanguines - pléthoriques, & lorsqu'on voit une grande raréfaction du sang qui circule dans les vaisseaux.

Les fievres bilieuses regnent beaucoup plus fréquemment dans les pays chauds que dans les pays froids: celles qu'on voit si communément dans les armées, y sont d'ordinaire épidémiques, & l'on ne doit pas s'en étonner; la même nourriture, les mêmes mouvemens, & le même air qu'on respire, expliquent ce phénomene. L'on comprend par les mêmes raisons, que parmi des troupes perpétuellement exposées au soleil, à des marches forcées, & à des campemens dans toutes sortes de terreins, la bile se trouvant alors nécessairement en plus grande quantité, & plus acre que de coûtume, doit produire ces fievres bilieuses ce l'automne, qui emportent plus de monde que les batailles les plus sanglantes. M. Pringle en a fait un chapitre particulier dans ses observations su - les maladies d'armées, j'y renvoye le lecteur.

Fievre cacochymique (Page 6:725)

Fievre cacochymique, febris cacochymica, fievre lente, legere, intermittente ou remittente, d'ordinaire erratique, rarement continue quand elle est simple.

Elle a pour cause principale une abondance d'humeurs crûes, qui se sont corrompues par leur stagnation suivie de la chaleur.

Ceux que cette fievre attaque, éprouvent de fréquens frissons, suent beaucoup, rendent des urines jaunes, chargées, lesquelles déposent un sédiment considérable qui présage la guérison.

Il faut donc aider l'atténuation des humeurs cruës, procurer leur expulsion par les apéritifs & les laxatifs; enfin fortifier le corps par l'exercice, les stomachiques & les corroborans. Voyez Cachexie.

Fievre catarrheuse (Page 6:725)

Fievre catarrheuse, fievre secondaire ou symptomatique, par le secours de laquelle la nature, en augmentant le mouvement des solides & des fluides, s'efforce de corriger la qualité viciée de la lymphe, de se débarrasser de la surabondance de cette lymphe, & de la chasser hors du corps d'une maniere critique & salutaire.

Ses symptomes. Cette fievre attaque ordinairement le soir avec continuité ou rémission. Ses symptomes, quand elle est très - grave, sont des frissonnemens suivis de chaleur, un pouls fréquent & petit, l'enrouement, la pesanteur de tête plus foible que douloureuse, la lassitude par tout le corps, la soif, la difficulté d'avaler, le dégoût, une chaleur dans la gorge, un picotement dans le larynx; un sommeil interrompu, suivi le matin d'engourdissement; l'augmentation du pouls; les urines enflammées, troubles, couvertes au - dessus d'une pellicule blanchâtre, & déposant au fond du vaisseau un sédiment briqueté. A ces symptomes succedent l'oppression, des sueurs nocturnes abondantes, des douleurs dans les hypochondres & dans les reins; la strangurie, qui se termine par une évacuation critique & copieuse d'urine; quelquefois des nausées, des vomissemens,

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