ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Feu S. Antoine (Page 6:647)

Feu S. Antoine, (Medecine.) On a donné le nom de feu S. Antoine à deux maladies bien différentes, & qui n'ont que quelques signes semblables, en quoi l'on a fait comme le petit peuple du royaume, qui dans la derniere guerre appelloit pandours tous les corps de cavalerie des ennemis.

Nos anciens historiens parlent brievement & trèsobscurément de l'une de ces deux maladies, & nos journaux des savans ont caractérisé l'autre fort au long & fort nettement.

La premiere maladie, connue sous le nom de feu S. Antoine, fit de grands ravages en France dans le xj. & xij. siecle. Elle causoit, dit l'histoire, la perte des membres du corps, auxquels elle s'attachoit; elle les dessechoit, les rendoit livides, noirs & gangrenés, ce mal épidémique & contagieux attaquoit les parties externes & internes, & s'étendoit sur tout le monde: c'étoit une vraie maladie pestilentielle.

On mettoit les malades dans des lieux écartés; & pour empêcher qu'on eût avec eux quelque communication, on peignoit du feu sur les murailles des endroits où on les avoit renfermés. On trouvera dans la satyre Ménippée & dans Rabelais (deux livres uniques en leur genre), des preuves de cet usage.

Les gens au fait de l'institution des ordres monastiques, savent que ce fut pour ceux qui étoient atteints de cette espece de peste, qu'Urbain II. ce pape si connu dans l'Histoire par les guerres des croisades (voyez l'article Croisade), fonda deux ans auparavant, l'an 1093, l'ordre religieux de S. Antoine de Viennois; & l'on dit qu'on montre encore aujourd'hui des membres desséchés de personnes mortes de la maladie en question, dans l'hôpital de S. Antoine en Dauphiné, qui est l'abbaye chef - d'ordre de la congrégation des religieux dont nous venons d'indiquer l'origine.

La seconde maladie qui porte le nom de feu S. Antoine, est d'un tout autre genre. Elle ne paroît que dans quelques pays & dans certaines années: elle n'est point contagieuse, & ne regne guere que parmi le petit peuple: elle provient d'une cause connue, de la nourriture de pain fait d'une espece de seigle, qui a dégénéré par des causes particulieres. Voyez Ergot.

Pour ce qui regarde quelques maladies érésipélateuses, auxquelles le vulgaire a donné le nom de feu S. Antoine, voyez ces maladies sous leur véritable dénomination. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

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