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2°. Ils se manifestent par une foule de volcans, qui
sont répandus dans toutes les parties du monde; on
trouve près de cinq cents de ces volcans ou montagnes
brûlantes, dans les relations des voyageurs.
Voyez
3°. Ils sont attestés par le témoignage de ceux qui
travaillent aux mines métalliques. Les mineurs assûrent
que plus on creuse avant en terre, plus on
éprouve une chaleur très - incommode, & qui s'augmente
toujoûrs à mesure qu'on descend, sur - tout
au - dessous de 480 piés de profondeur. Les fourneaux
soûterreins servent à fondre & purifier les métaux
dans le sein des minieres, comme dans autant de
creusets fabriqués par la terre. Ils distillent aussi dans
les parties creuses de l'intérieur de la terre, comme
dans autant d'alembics, les matieres minérales, afin
d'élever vers la surface de la terre, des vapeurs
chaudes & des esprits alumineux, sulphureux, salins,
vitrioliques, nitreux, &c. pour communiquer des
vertus medicinales aux plantes & aux eaux minérales.
Quand l'air manque à ces feux renfermés, ils
ouvrent le haut des montagnes, & déchirent les entrailles
de la terre, qui en souffre une grande agitation.
Voyez
Feux follets (Page 6:613)
Ils paroissent suivre ceux qui les évitent, & fuir ceux qui les poursuivent. Voici pourquoi. Le moindre mouvement fait avancer ces petites flammes, de sorte que lorsqu'on vient à leur rencontre, on les chasse devant soi, à l'aide de l'air que l'on pousse en avant, ce qui donne lieu de croire qu'elles fuient ceux qui vont à leur rencontre. Lorsqu'on les a àdos, on laisse comme un vuide derriere soi, de sorte que l'air qui se trouve derriere ce vuide, venant à s'y jetter dans l'instant & à le remplir, emporte en même tems ces petites flammes, qui paroissent suivre l'homme qui marche devant elles.
Lorsqu'on les saisit, on trouve que ce n'est autre
chose qu'une matiere lumineuse, visqueuse & glaireuse,
comme le frai de grenoüilles. Cette matiere
n'est ni brûlante ni chaude. Il paroît que c'est une
matiere comme le phosphore, laquelle doit son origine
aux plantes pourries & aux cadavres, &c.
comme elle vient à être ensuite élevée dans l'air par
la chaleur du soleil, elle s'y épaissit & s'y condense
par le froid qui survient le soir. Le soleil fait ici le
même effet que le feu artificiel; & la vapeur de l'eau
ne produit dans l'air qu'une legere condensation. Tous
les poissons pourris luisent la nuit, comme si c'étoit
du feu, & on a aussi observé la même chose en été
à l'égard de quelques cadavres. Le peuple de la campagne
croit que ces petites flammes sont de malins
esprits ou des ames damnées, qui vont roder par - tout,
& qui étant mortes excommuniées, conservent toute
leur malice. Il y a encore une autre espece de feu
follet, appellé en latin ignis lambens. Ce n'est autre
chose qu'une petite flamme ou lumiere, que
l'on voit quelquefois sur la tête des enfans & sur les
cheveux des hommes. On en remarque aussi de semblables
sur la criniere des chevaux quand on la peigne.
Ces petites flammes n'appartiennent point aux
météores aériens, quoique les anciens philosophes
les ayent mises dans cette classe. C'est une espece
de phosphore produit par la nature du corps, &
que l'on pourroit imiter. L'exhalaison onctueuse de
la tête s'attache aux cheveux, & s'enflamme aussitôt
qu'on les frote ou qu'on les peigne. Les anciens
regardoient comme un feu sacré les petites flammes
qui paroissoient sur la tête des enfans, & en tiroient
d'heureux présages. Voy. ce que Ciceron, Tite - Live,
Florus, & Valere - Maxime disent de Servius Tullius
encore enfant. Joignez - y le récit de Virgile dans l'Enéïde, livre II. v. 680, &c. Les étincelles qui sortent
dans l'obscurité du dos des chats en le frotant à contre - poil, sont de même nature que l'ignis lambens.
Article de M.
Il est évident, par ce qui sera dit plus bas au mot
Feu S. Elme (Page 6:613)
La tradition des anciens au sujet de ces petites flammes, est fort fabuleuse. Ils disoient qu'une seule de ces petites flammes étoit un mauvais prognostic, & présageoit de l'orage; au lieu que deux étoient un présage heureux, & un signe que le calme alloit succéder à la tempête. Pline dit en effet, que lorsqu'il vient une petite flamme ou étoile, elle coule le navire à fond, & qu'elle y met le feu lorsqu'elle descend vers la quille du vaisseau.
Cardan rapporte, que lorsqu'on en voit une proche
du mât du vaisseau, & qu'elle vient à tomber,
elle fond les bassins de cuivre, & ne manque pas de
faire périr le vaisseau. Mais si ce que dit cet auteur
étoit vrai, on ne verroit presque jamais revenir aucun
vaisseau des Indes, puisqu'il ne se fait guere de
voyage, sans que les mariniers apperçoivent pendant
la tempête ces petites flammes, qui tombent
çà & là sur le vaisseau. Voyez Musschenbr. loco citato.
Voyez aussi
Feu électrique (Page 6:614)
On entend aussi par le feu électrique, ce fluide très délié
& très - actif, qui est répandu dans tous les
corps, qui les pénetre, & les fait mouvoir suivant
de certaines lois d'attraction & de répulsion, & qui
opere en un mot tous les phénomenes de l'électricité.
On a donné à ce fluide le nom de feu, à cause
des propriétés qui lui sont communes avec le feu
élémentaire, entr'autres celle de luire à nos yeux
au moment qu'il s'élance avec impétuofité pour entrer
ou sortir des différens corps, d'allumer les matieres
inflammables, &c. Voyez
Nous devons donc considérer le feu électrique sous deux points de vûe différens: premierement comme phénomene de l'électricité; nous examinerons sa production, sa force, sa propagation, &c. Ensuite nous le considérerons comme cause des effets de l'électricité, & nous rapporterons les sentimens des principaux physiciens, sur sa nature & sur la maniere dont il produit les phénomenes électriques.
Otto Guericke & Boyle ont remarqué qu'en frotant vivement de certains corps électriques, ils répandoient une lumiere plus ou moins vive dans l'obscurité, que quelques - uns, comme les diamans, conservoient pendant un tems assez considérable. On trouve dans le recueil des expériences d'Hauksbée, une suite d'observations très - curieuses sur la lumiere que répandent plusieurs corps frotés contre différentes matieres, tant en plein air que dans le vuide de la machine pneumatique: mais alors les Physiciens regardoient cette lumière plûtôt comme un phosphore, que comme le fluide électrique rendu sensible à nos yeux par l'effet du frotement.
Ce sut à l'occasion de la douleur que ressentit M. Dufay, en tirant par hasard une étincelle de la jambe d'une personne suspendue fur des cordons de soie, qu'il pensa que la matiere électrique étoit un véritable feu, capable de brûler aussi bien que le feu ordinaire; & que la piquûre douloureuse qu'il avoit ressentie, étoit une vraie brûlure. Enfin plusieurs savans d'Allemagne ayant répété les expériences de M. Dufay, & poursuivi ses recherches, M. Ludolf vint à bout
On sait aujourd'hui que tous les corps susceptibles d'électricité, c'est - à - dire presque tous les corps de la nature, font appercevoir le feu électrique d'une maniere plus ou moins sensible, dès qu'on les électrise à un certain degré. Dans les corps naturellement électriques, on ne manque guere de produire ce feu en les frotant un peu vivement, après les avoir bien dépouillés de toute leur humidité: la lumiere qu'ils répandent est plus ou moins vive, suivant la nature de ces corps; celle du diamant, des pierres précieuses, du verre, &c. est plus blanche, plus vive, & a bien plus d'éclat que celle qui sort de l'ambre, du soufre, de la cire d'Espagne, des matieres résineuses, ou de la soie. Les uns & les autres brillent encore davantage, lorsqu'ils sont frotés avec des substances peu électriques, comme du papier doré, la main, un morceau d'étoffe de laine, que lorsqu'on employe une étoffe de soie, la peau d'un animal garnie de poil, ou même du cuir: mais quelles que soient les matieres que l'on employe pour froter les corps électriques, ils ne rendent presque point de lumiere, si les corps avec lesquels on les frote n'ont quelque communication avec la terre, soit immédiatement, soit par une suite de corps non électriques. Par exemple, si une personne étant sur le plancher frote vivement un tube de verre, elle en verra bien - tôt sortir des éclats de lumiere: mais si cette personne fait la même opération étant montée sur un pain de résine, avec quelque vivacité qu'elle frote le tube, la lumiere s'affoiblit, s'éteint, & ne reparoît que lorsque la personne se remet sur le plancher, ou lorsqu'on approche d'elle quelque corps non électrique qui communique avec la terre.
Cette lumiere est plus abondante & a encore plus d'éclat, lorsque les frotemens se font dans le vuide, ou sur quelque vaisseau dont on a épuisé l'air intérieur par la machine pneumatique; on peut dire en général, que le feu électrique se manifeste bien plus aisément dans un espace vuide, ou presque vuide, que dans celui qui est rempli d'air: en voici les preuves.
Lorsqu'on frote contre un couffin un globe plein d'air, l'un & l'autre renfermés sous le récipient de la machine pneumatique; ce globe, après qu'on a épuisé l'air intermédiaire, répand continuellement & tant que dure le frotement, une lumiere très - vive & très - abondante: cette lumiere s'affoiblit à mesure qu'on laisse rentrer l'air, quoique l'on continue de froter le globe avec la même force. Il en est de même d'un globe vuide d'air que l'on frote dans l'air libre; le plus leger frotement excite dans son intérieur beaucoup de lumiere, dont l'éclat diminue graduellement à mesure que l'on introduit de l'air dans le globe. C'est une observation assez générale, que la lumiere que l'on excite dans un vaisseau épuisé d'air, paroît toûjours plus dans son intérieur, & y prend sa direction de tous les points de la surface: elle ne s'attache pas aux doigts, lorsqu'on les approche à une petite distance, comme dans le cas ordinaire; elle s'anime seulement & devient plus vive à l'approche du doigt, même quelque tems après qu'on a cessé de froter. Cependant tous les traits de lumiere tendent toûjours vers l'intérieur du globe.
Le feu électrique se répand avec tant de facilité autravers
d'un espace vuide d'air, qu'on l'excite sur le
champ dans un récipient, ou dans tout autre vaisseau
bien vuidé, par la simple approche du tube ou
de tout autre corps électrisé; & on a observé que
cette lumiere étoit encore plus vive, lorsque les
vaisseaux vuides d'air tournoient sur leur axe, ou
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