ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"415"> homme préposé pour le veiller nuit & jour, s'est constamment opposé à son sommeil; il a été attentif à lui donner de tems en tems une poignée de foin, & à l'empêcher de se coucher, & ce moyen a parfaitement réussi. Il me semble néanmoins que le succès doit être plûtôt attribué au soin que l'on a eu d'aiguillonner son appétit par des poignées de fourrage, qu'à celui de lui dérober le dormir, & de tenter de l'abattre par la veille. Les chevaux dorment peu; il en est qui ne se couchent jamais; leur sommeil est rarement un assoupissement profond, dans lequel tous les muscles qui servent aux mouvemens volontaires, sont totalement flasques & affaissés; parmi ceux qui se couchent, il en est même plusieurs qui dorment souvent debout & sur leurs piés; & deux ou trois heures d'un leger repos suffisent à ces animaux, pour la réparation des pertes occasionnées par la veille & par le travail: or il n'est pas à présumer que de tous les besoins auxquels la vie animale est assujettie, le moins pressant soit plus propre à dominer un naturel rebelle, que celui qui suscite le plus d'impatience, & qui suggere le desir le plus ardent. Pour subjuguer les animaux, pour les amener à la société de l'homme, pour les asservir en un mot, la premiere loi que nous devons nous imposer, est de leur être agréables & utiles; agréables par la douceur que nous sommes nécessités d'opposer d'abord à leurs fougues & à leur violence; utiles par notre application à étudier leurs penchans, & à les servir dans les choses auxquelles ils inclinent le plus: c'est ainsi que se forme cette sorte d'engagement mutuel qui nous unit à eux, qui les unit à nous: il n'a rien d'humiliant pour celui qui, bien loin d'imaginer orgueilleusement que tout l'univers est créé pour lui, & qu'il n'est point fait pour l'univers, se persuade au contraire, qu'il n'est point réellement de servitude & d'esclavage, qui ne soit réciproque, depuis le despote le plus absolu jusqu'à l'être le plus subordonné. (e)

FARRÉATION (Page 6:415)

FARRÉATION, voyez Confarréation.

FARTACH (Page 6:415)

FARTACH, (Géog.) royaume ou principauté de l'Arabie heureuse, qui s'étend depuis le 14 degré de latitude, jusqu'au 16 degré trente minutes; & pour la longitude, depuis soixante - sept degrés trente minutes, jusqu'au soixante - treizieme degré. Voyez les mémoires de Thomas Rhoë, ambassadeur d'Angleterre au Mogol. Le cap de Fartach est une pointe de terre qui s'avance dans la mer vers le quatorzieme degré de latitude nord, entre Aden à l'oüest, & le cap Faicalhad à l'est. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FARTEURS (Page 6:415)

* FARTEURS, FARTORES, ou ENGRAISSEURS, s. m. pl. (Hist. anc.) valets destinés à engraisser de la volaille. Il y en avoit aussi d'employés dans la cuisine sous le même nom: c'étoient ceux qui faisoient les boudins, les saucisses, & autres mets de la même sorte. On appelloit encore farteurs, fartores, ceux qui, mieux connus sous le nom de nomenclateurs, nomenclatores, disoient à l'oreille de leurs maîtres, les noms des bourgeois qu'ils rencontroient dans les rues, lorsque leurs maîtres briguoient dans la république quelque place importante, qui étoit à la nomination du peuple. Ces orgueilleux patriotes étoient alors obligés de lui faire leur cour, & ils s'en acquittoient assez communément de la maniere la plus honteuse & la plus vile. Je n'en voudrois pour preuve que l'institution de ces farteurs, qui indiquoient à l'aspirant à quelque dignité, le nom & la qualité d'un inconnu qui se trouvoit sur sa route, & qu'il alloit familierement appeller par son nom, & cajoler bassement, comme s'il eût été son protecteur de tout tems. On donnoit à ces domestiques le nom de fartores, farteurs, parce que velut infercirent nomina in aurem candidati: on les comparoit par cette dénomination aux farteurs de cuisine; ceux - ci remplissoient des boudins, & ceux - là sembloient être gagés pour remplir & farcir de noms l'oreille de leur maître.

FASCE (Page 6:415)

FASCE, s. f. terme de Blason, piece honorable, qui occupe le tiers de l'écu horisontalement par le milieu, & qui sépare le chef de la pointe.

FASCÉ (Page 6:415)

FASCÉ, adj. en terme de Blason, se dit d'un écu couvert de fasces & de pieces, divisées par longues lisses. Fascé d'argent & d'azur. On dit, fascé, contrefascé, lorsque l'écu fascé est parti par un trait qui change l'émail des fasces, ensorte que le métal soit opposé à la couleur, & la couleur au métal. On dit aussi, fascé, denché, lorsque toutes les fasces sont dentées, de telle façon que l'écu en soit aussi plein que vuide. Voyez le P. Ménétrier.

FASCEAUX (Page 6:415)

FASCEAUX, s. m. pl. terme de Pêche; ce sont de vieilles savates garnies de pierres, pour faire caler le bas du sac du chalut. Voyez Chalut.

FASCIA - LATA (Page 6:415)

FASCIA - LATA, (Anatomie.) un des muscles de la cuisse & de la jambe: son nom latin s'est conservé dans notre langue, & est beaucoup plus usité que celui de membraneux, qui lui est donné par un petit nombre de nos auteurs.

Il a son attache fixe antérieurement à la levre externe de la crête de l'os des îles, par un principe en partie charnu & en partie aponévrotique. Le corps charnu de ce muscle, qui n'a guere plus de cinq travers de doigt de longueur sur deux ou trois de largeur, est logé entre les deux lames d'une aponévrose, dans laquelle ce muscle se perd par un grand nombre de fibres tendineuses très - courtes. C'est la grande étendue de cette aponévrose qui a fait donner à ce muscle le nom de fascia - lata, c'est à dire bande large, quoique ce nom semble plûtôt devoir appartenir à l'aponévrose qu'au muscle même: M. Winslow le nomme le muscle du fascia lata.

Cette aponévrose est attachée antérieurement à la levre externe de la crête des os des îles, depuis l'épine antérieure & supérieure de cet os, jusqu'environ le milieu de cette crête; elle s'attache ensuite au grand trochanter, & postérieurement vers le milieu du fémur & à la partie supérieure du péroné; après quoi elle se continue tout le long du tibia, en s'attachant à sa crête, & se termine enfin à la partie inférieure du péroné. Dans ce trajet, cette aponévrose couvre les muscles qui lui répondent; savoir, une portion considérable du grand & du moyen fessier, tous les muscles qui sont couchés le long de la cuisse, principalement ceux de sa partie latérale externe, & ceux qui sont couchés antérieurement le long de la jambe entre le tibia & le péroné.

Cette aponévrose reçoit encore un très - grand nombre de fibres des muscles qu'elle couvre; mais sur - tout du grand & du moyen fessier, de la courte tête du biceps muscle de la jambe, des péroniers, du jambier antérieur, & du long extenseur des orteils, avec tous lesquels muscles cette aponévrose se trouve comme confondue. Il est même à remarquer, à l'égard de la plûpart de ces muscles, que cette aponévrose leur fournit des cloisons qui les séparent les uns des autres. La même chose s'observe à l'aponévrose qui couvre les muscles de l'avant - bras, & principalement ceux qui sont couchés extérieurement entre ses deux os.

Nous venons de donner la description du fascialata d'après les plus grands maîtres; mais il faut convenir que cette enveloppe tendineuse, qui embrasse les muscles de la partie antérieure de la cuisse, & qui communique avec plusieurs autres, est aussi difficile à décrire qu'à démontrer, parce qu'il n'est pas aisé d'en reconnoître les bornes; de sorte qu'il ne faut pas s'étonner que les Anatomistes ne s'accordent point sur son étendue. Quoique tous les muscles qui [p. 416] composent la cuisse soient recouverts par une enveloppe qui paroît être continue, on peut cependant dire que le fascia - lata n'embrasse que les quatre antérieurs, & que tout ce qui est postérieurement ne lui appartient point. En effet, les cloisons tendineuses qui séparent les muscles vastes des muscles postérieurs, semblent être formées du concours de deux membranes, paroissant plus fortes & plus épaisses que les parties qui les produisent prises séparément. Le fascia - lata est donc une paitie aponévrotique, qui enveloppe les quatre muscles qui font l'extension de la jambe, appellés droit, crural, vaste interne, & vaste externe.

Cette membrane a plusieurs usages; car outre qu'elle forme une gaine très - solide qui contient les quatre muscles que nous venons de nommer, elle reçoit le tendon de l'épineux, & une partie de celui du grand & du moyen fessier: elle fournit de plus une attache solide à une partie du petit fessier, du vaste externe, & de la petire tête du biceps. La membrane qui recouvre le grand fessier, & qui produit des cloisons particulieres pour les trousseaux des fibres dont ce muscle est composé, peut être regardée comme une production du fascia - lata, qui communique encore avec le ligament inguinal & l'aponévrose de l'oblique externe.

Les Chirurgiens doivent soigneusement observer que lorsqu'il se forme un abces sous le fascia - lata, le pus s'échappe aisément dans l'interstice des muscles qui sont au - dessous, parce que la matiere de l'abcès a plus de facilité à se glisser dans l'espace de ces chairs flexibles, qu'à pénétrer le tissu de la membrane qui forme le fascia - lata lequel est fort serré. Il faut alors, pour prévenir cet épanchement du pus entre ces muscles, faire une grande incision selon la longueur de cette membrane, afin de donner une issue suffisante au pus contenu dans le sac de l'abcès, & empécher qu'il n'y fasie un long séjour: pour cet effet, après l'incision faite, il faut glisser le doigt indice sous la membrane, & en rompre & détacher toutes les adhérences, afin que le pus sorte librement de toutes parts. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FASCINATION (Page 6:416)

FASCINATION, s. f. (Hist. & Philos.) BASXANI/A; maléfice produit par une imagination forte, qui agit sur un esprit ou un corps foible.

Linder, dans son traité des poisons, pag. 166 - 8. croit qu'un corps peut en fasciner un autre sans le concours de l'imagination; par exemple, que les émanations qui sortent par la transpiration insensible du corps d'une vieille femme peuvent, sans qu'elle le veuille, blesser les organes délicats d'un enfant. Mais ce cas, que quelques auteurs appellent fascination naturelle, présente seulement une forte antipathie, & n'a qu'un rapport éloigné avec la fascination proprement dite.

Guillaume Perkins, dans sa bascanologie, définit l'art des fascinations magiques, un art impie, qui fait voir des prodiges par le secours du démon, & avec la permission de Dieu. Cette définition paroît trop vague; elle embrasse toutes les parties de la Magie, du moins suivant beaucoup de philosophes, qui n'admettent rien de réel dans cet art, que les apparences qu'il fait naître.

Frommann a donné un recueil très - prolixe en forme de traité de fascinatione, dans lequel, liv. III. part. IV. sect. 2. il étend la fascination, non - seulement aux animaux, comme avoient fait les anciens, mais encore aux végétaux, aux minéraux, aux vents, & aux ouvrages de l'art des hommes. Outre les défauts ordinaires des compilations, on peut reprocher à cet auteur son extrème crédulité, ses contes ridicules sur les moines, & sa calomnie grossiere contre S. Ignace de Loyola, qu'il ose dire avoir été sorcier. Le n°. 4. de l'appendix de ce livre, où Frommann veut prou<cb-> ver que le diable est le singe de Dieu, est assez remarquable.

Frommann distingue, après Delrio, trois especes de fascination; l'une vulgaire & poétique, la seconde naturelle, la troisieme magique. Il combat la premiere, quoiqu'il admette les deux autres: mais les Poëtes ont - ils pû concevoir de fascination, qu'en la rappellant à la Physique ou à la Magie?

On conçoit que l'imagination d'un homme peut le séduire; que trop vivement frappée elle change les idées des objets; qu'elle produit ses erreurs dans la morale, & ses fausses démarches: mais qu'elle influe, sans manisester son action, sur les opinions & la volonté d'un autre homme, c'est ce qu'on a de la peine à se persuader. Le chancelier Bacon, de augmento scientiar. liv. IV. c. iij. m. 130. croit qu'on a conjecturé que les esprits étant plus actifs & plus mobiles que les corps, devoient être plus susceptibles d'impressions analogues aux vertus magnétiques, aux maladies contagieuses, & autres phénomenes semblables.

Il n'y a peut - être pas de preuve plus sensible de la communication dangereuse des imaginations fortes, que celles qu'on tire des histoires des loups - garoux, si communes chez les démonographes: c'est une remarque du P. Malebranche, dern. ch. du liv. II. Recherche de la vérité. F. Claude prieur religieux de l'ordre des FF. mineurs de l'observance, dans son Dialogue de la Lycanthropie, imprimé à Louvain l'an 1596, prétend, fol. 20. que les hommes ne sauroient se transmuer sinon par la puissance divine, mais bien qu'ils peuvent apparoitre extérieurement autres qu'ils ne sont, & se le persuader eux - mêmes, fol. 71 vo.

J. de Nynauld docteur en Medecine, dans son écrit sur la lycanthropie & extase des sorciers, imprimé à Paris l'an 1615, en combat la réalité contre Bodin, & attribue les visions des sorciers à la manie, à la mélancolie, & aux vertus des simples qu'ils employent, parmi lesquels il en est, dit il, p. 25. qui font voir les bons & les mauvais anges.

Les peres de l'Eglise & les commentateurs expliquent la métamorphose de Nabuchodonosor en boeuf par un accès de manie, dont Dieu se servit à la vérité pour punir ce prince. Il est parlé d'un autre changement de forme, d'un homme changé en mulet, dans l'évangile de l'enfance de Jesus - Christ, pag. 183. I. part. des pieces apocryphes concernant le nouveau Testament, données par Fabricius.

Plutarque raconte qu'Eutelidas se fascina lui - même, & devint si amoureux de ses charmes, qu'il en tomba malade; voyez Sympos. l. V. p. m. 682. (c'est ainsi qu'il faut expliquer vraissemblablement la fable de Narcisse): le même auteur nous apprend combien les anciens craignoient pour l'état florissant de ceux qui étoient trop loüés ou trop enviés.

Hippocrate a observé, PERI/ PARQENI/WU, que les apparitions des esprits avoient plus fait perir de femmes que d'hommes; & il en donne cette raison, que les femmes ont moins de courage & de force. Mercurialis a pensé que les corps des enfans & des femmes sont plus exposés à la fascination, parce que les corps des enfans ne sont point défendus par leurs ames, & que ceux des femmes le sont par des ames foibles & timides. Voyez ses opuscules, p. m. 276. de morbis puer. l. I. c. iij.

Mercurialis, ibid. 277. dit qu'on attribue à la fascination, cette maigreur incurable des enfans à la mammelle, dont on ne peut accuser leur constitution ni celle de leurs nourrices. Sennert, l. VI. prax. med. part. IX. p. m. 1077. tom. IV. regarde comme produites par des sortileges ces maladies que les Medecins ne connoissent pas, & qu'ils traitent sans succès; celles, pag. 1086, qui, sans cause apparente, parviennent rapidement au période le plus dange<pb->

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