ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"379"> état; & les substances alimentaires qu'on donne ensuite à l'animal, les y confirment. Quant au marasme, que quelques écrivains presement comme un signe assûré & non équivoque de la faim - vale, on peut leur objecter que la maigteur dès chevaux qui en ont été atteints, est telle que celle que nous reprochons à ceux que nous disons être étroits de boyau, & qui ont ordinairement trop de feu & trop de vivacité. Il est vrai que si les accidens dont il s'agit étoient répetés & fréquens, ils appauvriroient la masse, & rendroient les sucs regénérans acres & incapables de nourrir, & donneroient enfin lieu à l'atrophie; mais il est facile de les prèvenir en ménageant l'animal, en ne l'outrant point par des travaux forcés, & en le maintenant dans toute sa vigueur par des alimens capables de réparer les pertes contmuelles qu'il peut faire. (e)

Faim (Page 6:379)

Faim, (la) Mythol. divinité des poëtes du Paganisme, à laquelle on ne s'adressoit que pour l'éloigner; & c'étoit - là la conduite qu'on tenoit sagement avec les divinités malfaisantes. Les Poëtes plaçent la faim à la porte de l'enser, de même que les maladies, les chagrins, les soins rongeans, l'indigence & autres maux, dont ils ont fait autant de divinités.

Les Lacédémoniens avoient à Chalcioëque, dans le temple de Minerve, un tableau de la faim, dont la vûe seule étoit effrayante. Elle étoit représentée dans ce temple sous la figure d'une femme have, pâle, abattue, d'une maigreur effroyable, ayant les tempes creuses, la peau du front seche & retirée; les yeux éteints, enfoncés dans la tête; les joues plombées, les levres livides; enfin les bras & les mains décharnées, liées derriere le dos. Quel triste tableau! Il devroit être dans le palais de tous les despotes, pour leur mettre sans cesse sous les yeux le spectacle du malheureux état de leurs peuples; & dans le sallon des Apicius, qui, insensibles à la misere d'autrui, dévorent en un repas la nourriture de cent familles. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FAINE (Page 6:379)

FAINE, s. f. (Jardinage.) est le fruit d'un arbre appellé hêtre, que l'on mange, & qui a le goût d'une noisette: dans les famines on en fait du pain. (K)

FAINOCANTRATON (Page 6:379)

FAINOCANTRATON, s. m. (Hisi. nat.) espece de lésard de l'île de Madagascar, qui est d'une grandeur médiocre. Il s'attache si fortement aux arbres, qu'on croiroit qu'il y est collé. Il tient toûjours sa gueule ouverte, afin d'attraper des mouches & autres insectes dont il se nourrit. Les habitans du pays en ont grande peur, parce qu'on prétend qu'il saute au cou de ceux qui en approchent, & s'y applique si fortement, qu'on a beaucoup de peine à s'en débarrasser. Hubner, dictionn. univ.

FAIRE (Page 6:379)

* FAIRE, v. act. (Gramm.) Excepté les auxiliaires être & avoir, il n'y a peut - être aucun autre verbe dont l'usage soit plus étendu dans notre langue que celui du verbe faire. Etre désigne l'existence & l'état; avoir, la possession; & faire, l'action. Nous n'entrerons point dans la multitude infinie des applications de ce mot; on les trouvera aux actions auxquelles elles se rapportent.

Faire (Page 6:379)

Faire, verbe qui, dans le Commerce, a différentes acceptions, déterminées par les divers termes qu'on y joint, & dont voici les principales.

Faire prix d'une chose; c'est convenir entre le vendeur & l'acheteur, de la somme pour laquelle le premier la livrera a l'autre.

Faire trop chere une marchandise; c'est la priser au - delà de sa valeur.

Faire pour un autre; c'est être son commissionnaire, vendre pour lui.

Faire bon pour quelqu'un; c'est être sa caution, promettre de payer pour lui.

Faire bon, signifie aussi tenir compte à quelqu'un d'une somme à l'acquit d'un autre. J'ai ordre de M. N. de vous faire bon de 3000 liv. c'est - à - dire de vous payer pour lui 3000 liv.

Faire les deniers bons; c'est s'engager à suppléer de son argent ce qui peut manquer à une somme promise.

Faire faillite, banqueroute, cession de biens. Voyez Faillite, Banqueroute, Cession

Faire un trou à la lune; c'est s'évader clandestinement pour ne pas payer ses dettes, ou être en état de traiter plus fûrement avec ses créanciers en mettant sa personne à couvert.

Faire de l'argent; c'est recueillir de l'argent de ses débiteurs, ou en ramasser par la vente de ses marchandises, fonds, meubles, &c. pour acquitter ses billets, promesses, lettres de change, ou autres dettes.

Faire des huiles, faire des beurres, faire des eauxde - vie, signifie fabriquer de ces sortes de marchandises; il signifie aussi, parmi les Négocians, faire emplette de ces marchandises, en acheter par soi - même ou par ses commissionnaires & corréspondans. Je compte faire cette année cent barriques d'eaude - vie à Cognac.

Faire fond sur quelqu'un, sur sa bourse; c'est avoir confiance qu'un ami, un parent vous aidera de son crédit ou de son argent.

Faire un fonds; c'est rassembler de l'argent & le destiner à quelque grosse entreprise.

Faire une bonne maison, faire ses affaires; c'est s'enrichir par son commerce.

Faire quene; c'est demeurer reliquataire, & ne pas faire l'entier payement de la somme qu'on devoit acquitter.

Faire traite, se dit en Canada du commerce que font les François des castors & autres pelleteries, que les Sauvages leur apportent dans leurs maisons; ce qui est fort différent d'aller en traite, ou porter aux Sauvages jusque dans leurs habitations les marchandises qu'on veut échanger avec eux. Voyez Traite.

On se sert aussi de ce terme pour signifier l'achat qu'on fait des Negres sur les côtes de Guinée, & qu'on transporte en Amérique. Voyez Negres & Assiente, Cet article est tiré du Dictionn. de Comm. (G)

Faire le Nord, le Sud, l'Est (Page 6:379)

Faire le Nord, le Sud, l'Est, ou l'Ouest, (Marine.) c'est naviger, faire route, ou courir au nord, au sud, à l'est, &c.

Ce mot faire est appliqué à beaucoup d'usages particuliers dans la Marine, dont il faut faire connoître les principaux.

Faire canal; c'est traverser une étendue de mer pour passer d'une terre à une autre: ce terme s'applique plûtôt aux galeres qu'aux vaisseaux.

Faire vent arriere; c'est prendre vent en poupe.

Faire route; c'est courir, naviger, ou cingler sur la mer.

Faire voile; c'est partir & cingler pour un endroit.

Faire petites voiles; c'est ne porter qu'une partie de ses voiles.

Faire plus de voiles; c'est déferler & déployer plus de voiles qu'on n'en avoit.

Faire servir les voiles; c'est mettre le vent dedans & les empêcher de pliasser.

Faire force de voiles; c'est porter autant de voiles qu'il est possible pour faire plus de diligence, soit pour chasser quelque vaisseau, ou pour éviter d'être joint si l'on étoit chassé.

Faire un bord ou une bordée; c'est pousser la bordée soit à bas - bord, soit à tribord. Voyez Bord & Bordée.

Faire la paransane; c'est se préparer à faire route en mettant les ancres, les voiles, & les manoeuvres [p. 380] en état. Cette expression n'est pas d'usage; les Levantins sont les seuls qui s'en servent.

Faire eau, se dit lorsque l'eau entre dans le vaisseau par quelque ouverture.

Faire de l'eau, faire aiguade; c'est emplir les sutailles d'eau douce pour la provision du vaisseau. Voyez Eau.

Faire du bois; c'est faire la provision de bois pour le vaisseau, ou la renouveller lorsqu'on est de relâche.

Faire chapelle; c'est revirer malgré soi. Voy. Chapelle.

Faire pavillon; c'est arborer un pavillon quelconque, suivant les circonstances: on dit faire pavillon de France, faire pavillon blanc, &c. Voyez Pavillon.

Faire des feux; c'est mettre des fanaux en différens endroits du vaisseau, pour faire connoître aux autres vaisseaux avec lesquels on est en flote, qu'on est incommodé & qu'on a besoin de secours. (Z)

Faire (Page 6:380)

Faire, s. m. terme de Peinture. Le mot faire tient ici le lieu de substantif. On dit le faire d'un tel artiste est peu agréable. On se recrie en voyant les ouvrages de Rubens & de Wandyck, sur le beau faire de ces deux peintres. C'est à la pratique de la peinture, c'est au méchanisme de la brosse & de la main, que tient principalement cette expression; & on en sentira aisément la signification, si l'on veut bien donner quelque atention à la fin de l'article Facilité. Article de M. Watelet.

Faire signifie quelquefois peindre. Faire l'histoire, faire le portrait, faire les animaux, &c. c'est peindre l'histoire, &c.

Faire tirer les Tenons (Page 6:380)

Faire tirer les Tenons, (Charpent.) c'est percer les trous de biais du côté de l'épaulement du tenon, pour qu'il joigne mieux.

Faire faire (Page 6:380)

Faire faire, en termes de Charpentiers, c'est lorsqu'ils veulent monter quelques grosses pieces de bois au haut des édifices, & c'est comme si l'on disoit: fais tourner le treuil pour monter cette piece.

Faire les Noms (Page 6:380)

Faire les Noms, (Relieur, Doreur.) Voyez Alphabet.

FAISAN (Page 6:380)

FAISAN, s. m. phasianus, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau que la plûpart des méthodistes rangent sous un même genre avec la perdrix, la caille, &c. Aldrovande a décrit un faisan mâle, qui pesoit trois livres douze onces; il avoit le bec de couleur de corne, & de la longueur d'un travers de pouce; l'extrémité étoit recourbée, & la piece du dessus avançoit au - delà de celle du dessous; il y avoit à la racine du bec une membrane charnue & tuberculeuse, sous laquelle les ouvertures des narmes étoient cachées. Le sommet de la tête étoit de couleur cendrée & luisante; les côtés de la tête avoient une couleur verte changeante, selon les différens reflets de lumiere, & les yeux étoient entourés d'une belle couleur rouge ou écarlate. Il s'élevoit des plumes plus longues que les autres à l'endroit des oreilles, dont les ouvertures étoient rondes, larges & profondes. Les plumes de la partie du côté qui est au - dessus de la poitrine, & celles de la pointe, avoient trois couleurs, du brun près de la racine, & dans le reste une couleur d'or & une couleur verte; mais on ne distinguoit le verd que quand les plumes étoient réunies plusieurs ensemble: car lorsqu'on n'en considéroit qu'une séparément des autres, elle paroissoit noire. Les plumes du dos étoient roussatres, & avoient de petits filamens à l'extrémité. La queue étoit fort longue & très - différente de celle de la perdrix, de la caille, &c. Les plumes du milieu avoient plus de longueur que les autres, qui se trouvoient d'autant plus courtes, qu'elles étoient placées plus près des côtés. Cet oiseau a des éperons qui sont courts.

La faisande est plus petite que le faisan; son plu<cb-> mage est moins beau, car il ressemble à celui de la perdrix.

M. Klein distingue six especes de faisans.

1°. Le faisan ordinaire, qui est panaché ou blanc.

2°. Le faisan brun du Bresil, appellé jacupema & coxolitti. On trouve dans l'île de Sainte Helene des faisans dont les couleurs ressemblent à celles des perdrix, mais qui sont plus grands.

3°. Le faisan rouge de la Chine; il a une crête, & on voit sur son plumage les plus belles couleurs, l'oranger, le citron, l'écarlate, la couleur d'émeraude, le bleu, le roux, & le jaune, & toutes les nuances de ces couleurs.

4°. Le faisan blanc de la Chine; il a des plumes noires sur la tête; ses yeux sont placés au milieu d'un cercle de couleur d'or; le dessous du cou, le ventre, & le dessous de la queue, sont de couleur mêlée de noir & de bleu: il y a des taches blanches sur le cou, sur la partie supérieure du corps, & sur la queue; le bec est roussâtre; les piés sont rouges, & les éperons pointus.

5°. Le faisan - paon, phasianus pavoneus; il a sur les petites plumes des ailes, des taches rouges qui sont figurées comme des yeux; & sur la queue, des taches de même figure, mais de couleur verte.

6°. Le faisan roussâtre; il a sur les ailes & sur la queue, des taches de couleur bleu céleste & bleu foncé, figurées en forme d'yeux comme celles du faisan - paon: aussi n'est - ce qu'une variété de la même espece, si ce n'est la femelle de ce faisan. Ordo avium, pag. 114. Voyez Qiseau. (I)

Faisan (Page 6:380)

Faisan ou Phaisan, (Diete.) La chair du jeune faisan est regardée, avec raison, comme un aliment très - nourrissant, très - sain, & de facile digestion; elle est tendre, délicate, succulente, d'un goût relevé par un fumet leger, capable de reveiller doucement le jeu des organes de la digestion. Les personnes qui joüissent d'une bonne santé, doivent par conséquent se trouver très - bien d'une pareille nourriture; & celles qui sont convalescentes ou valétudinaires, en retirer tous les secours qu'elles peuvent espérer de l'usage des bonnes viandes, si elles en usent cependant selon les préceptes de régime auxquels leur état les astreint. Voy. Convalescence, Valétudinaire, & Régime.

Au reste on ne conçoit dans le faisan aucune qualite particuliere, par laquelle on le puisse distinguer dans l'usage diététique, de la perdrix, du coq de bruyere, du coq des bois, de la gelinote, du râle de genet, de la caille, de la palombe, du ramier: ces divers oiseaux & les individus de chaque espece ne different essentiellement entre eux que comme plus ou moins gras, & plus ou moins jeunes. Voy. l'article Viande (Diete), & l'article Graisse (Diete). (b)

FAISANCES (Page 6:380)

FAISANCES, s. f. pl. (Jurispr.) sont des redevances annuelles qui consistent dans l'obligation de faire quelque chose. Un censitaire doit quelquefois à son seigneur, outre le cens & les rentes en argent, des faisances, operas, qui sont des especes de corvées: c'est en ce sens que ce terme est entendu dans le vieil coûtumier de Normandie. Voyez ce qui est dit dans le glossaire de Lauriere. Ce mot faisances ne signifie pourtant pas toûjours corvées, & est plûtôt synonyme de rente & redevance; comme il paroît par une instruction faite par le conseil de Charles V. le 13 Mars 1366, qui est dans le IV. volume des ordonnances de la troisieme race, p. 716.

Quelquefois le mot faisance fignifie en général payement d'une rente, comme dans la coûtume de Normandie, art. 497.

Les fermiers sont aussi quelquefois chargés par leurs baux de faisances; comme de faire pour le propriétaire des voitures, de labourer pour lui quel<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.