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EXOPHTHALMIE (Page 6:270)
EXOPHTHALMIE, s. f. (Med.) maladie particuliere des yeux.
Ce mot grec qui est expressif, & que je suis obligé d'employer, signifie sortie de l'oeil hors de son orbite; mais il ne s'agit pas de ces yeux gros & élevés qui se rencontrent naturellement dans quelques personnes, ni de cette espece de forjettement de l'oeil, qui arrive à la suite de la paralysie de ses muscles, ni enfin de ces yeux éminens & saillans, rendus tels par les efforts d'une difficulté de respirer, d'un tenesme, d'un vomissement, d'un accouchement laborieux, & par toutes autres causes, qui interceptant en quelque maniere la circulation du sang, le retiennent quelque tems dans les veines des parties supérieures.
Nous entendons ici par exophthalmie (& d'après Maitrejan, qui en a seul bien parlé) la grosseur & éminence contre nature du globe de l'oeil, qui s'avance quelquefois hors de l'orbite, sans pouvoir être recouvert des paupieres, & qui est accompagnée de violentes douleurs de l'oeil & de la tête, de fievre, & d'insomnie, avec inflammation aux parties extérieures & intérieures de l'oeil. Cette triste & cruelle maladie demande quelques détails.
Elle est causée par un prompt dépôt d'une humeur chaude, âcre, & visqueuse, qui abreuvant le corps vitré, l'humeur aqueuse, & toutes les autres parties intérieures du globe, les altere, & souvent les détruit. La chaleur & l'acrimonie de cette humeur se manifestent par l'inflammation intérieure de toutes les parties de l'oeil, & par la douleur qui en résulte. Son abondance ou sa viscosité se font connoître par la grosseur & l'éminence du globe de l'oeil, qui n'est rendu tel que par le sejour & le défaut de circulation de cette humeur.
Il paroît que le corps vitré est augmenté outre mesure par l'extrème dilatation de la prunelle, que l'on remarque toûjours dans cette maladie. Il paroît aussi, que l'humeur aqueuse est semblablement augmentée, par la profondeur ou l'eloignement de l'uvée, & par l'éminence de la cornée transparente.
Le globe de l'oeil ne peut grossir extraordinairement, & s'avancer hors de l'orbite, sans que le nerf optique, les muscles de l'oeil, & toutes ses membranes, ne soient violemment distendus. Voilà d'où vient l'inflammation de tout le globe de l'oeil, la violente douleur qu'éprouve le malade, la fievre, l'insomnie, &c.
L'exophthalmie fait quelquefois des progrès très rapides; & quand elle est parvenue à son dernier période, elle y demeure long - tems. Ses effets sont, que l'oeil revient rarement dans sa grosseur naturelle, que la vûe se perd ou diminue considérablement.
Soit que cette maladie soit produite par fluxion, ou par congestion, si le malade continue de sentir des élancemens de douleurs terribles, sans intervalle de repos, l'inflammation croît au - dedans & au - dehors, les membranes qui forment le blanc de l'oeil, se tuméfient extraordinairement, les paupieres se renversent, le flux de larmes chaudes & âcres succede, & finalement l'oeil se brouille; ce qui est un signe avant - coureur de la suppuration des parties internes, & de leur destruction.
Après la suppuration faite, la cornée transparente s'ulcere, & les humeurs qui ont suppuré au - dedans du globe, s'écoulent. Alors les douleurs commencent à diminuer, & l'oeil continue de suppurer, jusqu'à ce que toutes les parties altérées soient mondifiées; ensuite il diminue au - delà de sa grosseur naturelle, & enfin il finit par se cicatriser.
Il arrive souvent que l'humeur qui cause cette ma<cb->
Le traitement de l'exophthalmie demande les remedes propres à vuider la plénitude, à détourner l'humeur de la partie malade, à adoucir & à corriger cette humeur viciée. Ainsi la saignée du bras doit être répetée suivant la grandeur du mal & les forces du malade: on ouvre ensuite la jugulaire & l'artere des temples du même côté, on applique des vésiccatoires devant ou derriere les oreilles; on fait un cautere au - derriere de la tête, ou on y passe un séton. Les émolliens, adoucissans & rafraichissans sont nécessaires pendant tout le cours de la maladie; mais tous ces remedes généraux doivent être administrés avec ordre & avec prudence.
Il ne faut pas non plus négliger les topiques convenables, les renouveller souvent, & les appliquer tiedes, soit pour relâcher la peau, soit pour tempérer l'inflammation extérieure de l'oeil, car ils ne servent de rien pour l'inflammation intérieure.
Lorsque le mal est sur son déclin, ce qu'on connoît par la diminution de l'inflammation & de la douleur, on se sert alors des topiques résolutifs, c'est - à - dire de ceux qui par leurs parties subtiles, volatiles & balsamiques, échauffent doucement l'oeil, atténuent & subtilisent les humeurs, & les disposent à reprendre le chemin de la circulation. C'est aussi sur le déclin de la maladie, & quand la fievre est appaisée, qu'on doit commencer à purger le malade par intervalles & à petites doses, en employant en même tems les décoctions de sarsepareille & de squine.
Si dans le cours du mal on s'apperçoit que les accidens ne cedent point aux remedes, & que l'oeil se dispose à suppurer, on doit se servir de topiques en forme de cataplasme, pour avancer davantage la suppuration: on les appliquera chaudement sur l'oeil malade, & on les renouvellera trois ou quatre fois le jour.
Quand le pus est formé, & même quelquefois avant qu'il le soit entierement, on épargnera de cruelles douleurs au malade, en ouvrant l'oeil avec la lancette, en perçant avec art la cornée le plus bas qu'il est possible, & dans le lieu le plus propre à procurer l'écoulement des humeurs purulentes.
A mesure que le globe se vuide, il se flétrit, & les
douleurs diminuent à proportion que les parties altérées
se mondifient: on panse ensuite l'oeil avec les
collyres détersifs & mondifians, jusqu'à ce que l'ouverture
soit disposée à se cicatriser; alors on se sert
de dessicatifs, & l'on pourvoit à l'excroissance de
chair, qui survient quelquefois après l'ouverture
ou après l'ulcération de la cornée. Article de M.
le Chevalier
EXORBITANT (Page 6:270)
* EXORBITANT, adj. (Gramm.) terme qui n'est
guere relatif qu'à la quantité numérique: c'est l'excessif
de cette quantité. Ainsi on dit: il exige de moi
une somme exorbitante. Voyez
EXORCISME (Page 6:270)
EXORCISME, s. m. (Théol. & Hist. ecclés.) priere
ou conjuration dont on se sert pour exorciser, c'est - à - dire chasser les démons des corps des personnes
qui en sont possédées, ou pour les préserver du danger.
Voyez
Ce mot est tiré d'un mot grec qui signifie adjurare, conjurare, conjurer. Dans la plûpart des dic<pb-> [p. 271]
Les exorcismes sont en usage dans l'église romaine; on en peut distinguer d'ordinaires, qui ont lieu dans les cérémonies du baptême & dans la bénédiction de l'eau qui se fait tous les dimanches; & d'extraordinaires qu'on fait sur les démoniaques, contre les maladies, les insectes, les orages, &c.
Si l'on en croit l'historien Josephe, Salomon avoit composé des charmes & des exorcismes très - puissans contre les maladies; mais le silence de l'Ecriture sur cet article, a plus de poids que l'autorité de Josephe. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'usage des exorcismes est aussi ancien que l'Eglise. Jesus - Christ même, ses apôtres & ses disciples, & depuis les évêques, les prêtres & les exorcistes, l'ont pratiqué dans tous les siecles. M. Thiers, dans son traité des superstitions, rapporte différentes formules de ces exorcismes, & cite en particulier l'exemple de S. Grat, qui par le moyen des exorcismes, obtint de Dieu qu'il n'y auroit plus de rats dans le pays d'Aost, ni à trois milles à la ronde. Le même auteur pense qu'on peut encore aujourd'hui se servir des exorcismes pour une bonne fin, contre les rats, les souris, les chenilles, les sauterelles, le tonnerre, &c. mais il assûre que pour cela il faut avoir le caractere requis & approùvé par l'Eglise; se servir des mots & des prieres qu'elle autorise, sans quoi ces exorcismes sont des abus & des superstitions.
Dans les tems où les épreuves avoient lieu, les
exorcismes y entroient pour quelque chose; on exorcisoit
l'eau froide ou bouillante, le fer chaud, le
pain, &c. avec lesquels devoit se faire l'épreuve.
Ces pratiques étoient fréquentes en Angleterre du
tems d'Edouard III. le pain ainsi exorcisé se nommoit
corsned. Lendinbrock rapporte des exemples d'exorcismes avec le pain d'orge, d'autres avec le pain
& le fromage qu'on faisoit avaler à l'accuse tenu de
se justifier. On croit que c'est de - là qu'est venue cette
imprécation populaire: que ce morceau m'étrangle, si
je ne dis pas la vérité. Voyez
On trouve aussi dans Delrio, disquisit. magic. les formules des exorcismes usitées en pareil cas. (G)
Exorcisme magique (Page 6:271)
Nous tirerons tout ce qu'on va lire sur cette matiere du mémoire de M. Blanchard de l'académie des Belles - Lettres, concernant les exorcismes magiques, & qu'on trouve dans le XII. vol. des mémoires de cette académie.
Il y a outre cela des fumigations propres pour
attirer les esprits, & il y en a d'autres pour les
chasser; il faut savoir les mêler & s'en servir à - propos. Les anciens magiciens ont crû que l'homme
en vertu des sacremens qui lui sont propres, peut
L'auteur ajoûte qu'il a lû dans cet ouvrage une conjuration pour se mettre à couvert de toutes les armes offensives, qui lui paroît illicite, parce qu'elle confond témérairement les noms adorables de Dieu, & les instrumens sacrés de la passion de Jesus - Christ, avec les noms des saints & les instrumens de leur martyre ..... On trouve dans le même livret des paroles attribuées à Adam, lorsqu'il descendit aux lymbes, & l'on prétend que tout homme qui les porte écrites sur lui, n'a rien à craindre dans quelque danger qu'il se trouve; on assûre même qu'en les mettant sur un boeuf ou sur un mouton, le boucher ne pourra les tuer.
Parmi les croix qui doivent accompagner les exorcismes magiques, il doit y en avoir de rouges, faites avec du sang de l'index ou du pouce, à certains tems de la Lune, à certaines heures de la nuit, à des jours marqués; d'autres noires avec du charbon beni: toutes pratiques superstitieuses & condamnables. Il en est de même de la verveine, & de l'usage de la cueillir, en se tournant du côté de l'orient, en appuyant la main gauche sur l'herbe, en prononçant certaines paroles. Les cercles sont encore d'un grand usage dans toutes ces opérations: on les trace avec de la craie exorcisée: ils sont employés pour renfermer les esprits, afin qu'ils ne nuisent ni à l'opérateur, ni aux assistans. Tout le monde sait l'analogie de la figure circulaire avec l'unité qui est le symbole parfait de Dieu. La différence de ces cercles consiste dans les noms & les figures qui y sont ou différentes, ou indifféremment placées, & ce changement a ses raisons dans les proportions numériques.
On ne rapportera de tous ces exorcismes, que celui qui se fait sur le livre magique; piece suffisante pour faire juger que ces extravagances sont l'ouvrage de quelques théologiens ignorans & impies. En voici la formule:
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