ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"206"> ne du milieu, devroit le rencontrer au point K: ainsi il faudra que ce vaisseau A ménage sa voilure, & manoeuvre de maniere qu'il n'aborde pas le vaisseau D, mais qu'il lui passe sous le vent à une distance raisonnable; & le vaisseau D aura soin de serrer sa file pour éviter l'abordage, comme on a vû dans la figure neuvieme.

Ainsi l'escadre A B se trouvera placée en K M, & l'escadre D C en I L: dans tout ce tems - là le vaisseau F de la queue de la colonne du vent, a dû donner chasse à un point imaginaire pris environ à la distance de deux tiers de cable de l'avant du vaisseau C: ainsi le navire F arrivera en G aussi - tôt que le navire C arrivera en L. Tous les autres vaisseaux de la colonne F E doivent se régler sur le vaisseau F, gouverner au même rhumb, le tenir à la même distance, & toûjours en E. N. E. & O. S. O. comme on a vû fig. 11.

L'ordre d'une armée qui force un passage, fig. 15 & 16. Quelques - uns veulent qu'on mette l'armée qui passe un detroit, sur deux colonnes, les moindres vaisteaux de guerre à la tete & les plus gros à la queue, & que les brûlots & les bâtimens de charge soient entre les deux lignes.

Je trouve néanmoins quelque difficulté dans cet ordre, parce que si les deux colonnes sont fort éloignées, elles pourront être séparées par quelque accident, ou coupées. Si elles sont peu éloignées, elles seront doublées, c'est - à - dire que l'ennemi les attaquant de part & d'autre les mettra l'une & l'autre entre deux teux.

J'aimerois donc mieux ranger l'armée qui force un passage en ordre de retraite, en repliant un peu les aîles de part & d'autre pour leur donner moins d'étendue: de cette maniere, l'armée ne pourroit être attaquée de nulle part, sans y avoir de quoi se défendre.

Ordre de retraite, fig. 17 & 18. Quand une armée est obligée de faire retraite à la vûe de l'ennemi, on la range sur l'angle obtus B A C, comme on le voit dans la figure. Le général A est au milieu & au vent; la partie A B de l'armée qui est à la gauche du général, est rangée sur la ligne du plus près stribord, & la partie A C sur la ligne du plus près basbord; les brûlots & les bâtimens de charge sont au milieu.

Cette maniere de ranger l'armée dans la retraite me paroît très - bonne, comme le représente la figure 17, parce que les ennemis ne peuvent pas s'approcher des vaisseaux fuyards, sans se mettre sous le feu de ceux qui sont plus au vent.

Ainsi les vaisseaux ennemis D ne pourront pas s'approcher des vaisseaux E, sans se mettre sous le feu du général A & de ses matelots.

Si on appréhendoit que l'armée en cet ordre ne fût trop étendue, on pourroit un peu replier ses deux aîles, & lui donner la figure d'une demi - lune au milieu de laquelle un convoi pourroit être en sûreté.

L'ordre d'une armée qui garde un passage, fig. 19. Pour garder efficacement un passage, il faut avoir une armée qui soit presque double de celle qu'on veut empêcher de passer: alors on la divisera en deux parties, qui croiseront l'une d'un côté du passage & l'autre de l'autre. Ainsi pour garder le détroit A E par où on veut empêcher que l'armée C D ne passe; on fera croiser l'escadre A B du côté A du détroit, & l'escadre E F de l'autre; puis quand l'ennemi C D se présentera au passage, l'escadre E F qui se trouvera au vent, fondra vent arriere sur lui, tandis que l'escadre A B tiendra le vent pour le couper.

De cette maniere, il sera impossible à l'escadre C D d'échapper, quelque manoeuvre qu'elle fasse.

Si on ne prend pas ces précautions, & que l'armée qui garde le passage se trouve être sous le vent, comme AB; l'armée C D, en tenant un peu aussi le vent, pourra ranger le côté E du détroit, & échapper.

Si l'armée qui garde le passage se trouve au vent, comme E F, l'armée C D larguera un peu plus, pour ranger le côté A du détroit; & mille accidens assez ordinaires à la mer lui pourront donner lieu d'amuser l'ennemi, jusqu'à ce que la nuit survienne.

Du vent de nord - oüest, fig. 20. L'armée rangée sur six colonnes, faisant vent arriere, le cap au sud - est, les généraux E D F se tiendront les uns à l'égard des autres sur la perpendiculaire du vent, & en avant chacun des deux colonnes qui le suivent.

Pour mettre l'armée sur six colonnes vent arriere, le général E sera à la tête de ses deux colonnes, & un peu en - avant de ses deux matelots, qui formera le corps de bataille. Les deux autres commandans seront savoir l'avant - garde D à la droite du général, & enavant de ses deux colonnes, & l'arriere - garde F à sa gauche, aussi à la tête de ses deux colonnes; & tous les trois généraux se tiendront sur la perpendiculaire I L de la route qu'ils font. Il est important, dans cet ordre de marche, que le général E se trouve à la distance requise des deux autres commandans D & E, afin que tous les vaisseaux de l'armée puissent prendre leur poste sur la ligne I L, comme il est ici marqué par les lignes ponctuées: quand le général E aura le dernier vaisseau G de la colonne du dedans de l'arriere - garde, au troisieme air de vent de lui, il tiendra de même le vaisseau H au troisieme air de vent: l'intervalle des colonnes, par cette observation sera telle qu'il convient pour mettre les vaisseaux en ligne de combat, du côté qu'il plaira au général.

Cette évolution n'est point employée dans les signaux de M. de Tourville, quoiqu'elle le soit dans les ordres qu'il employe, & qu'elle paroisse fort bonne.

Du vent d'est, fig. 21. Mettre l'armée vent arriere sur six colonnes, en sorte que les deux commandans soient, à l'égard du général, sur les deux côtés du plus près; savoir celui de la droite pour se mettre l'amure à stribord, le cap au nord - nord - est; & celui de la gauche, l'amure à bas - bord, le cap au sud - sud - est.

Le général B qui est sous le vent, à la tête de ses deux colonnes, & en avant de ses deux matelots, formera le corps de bataille; les deux autres commandans A & C seront, à son égard, sur les deux plus près du vent d'est, savoir celui de la droite au nordnord - est, & celui de la gauche, au sud sud - est: de cette maniere, l'armée sera parée pour être en bataille du côté qu'on voudra, mais plus promptement que dans la figure précédente; parce que les trois généraux mettant en panne, ou faisant petite voile, tous les vaisseaux de leurs escadres viendront occuper leur poste dans les intervalles marqués sur les lignes B A & B C, qui se trouveront, par cette situation, dans l'ordre de marche le plus avantageux pour se mettre en bataille lorsqu'on est vent arriere.

Les distances qui doivent se trouver entre les colonnes seront proportionnées à leur longueur; si le navire D de la colonne de dedans de l'avant - garde se met au nord - est du général B, ou au quatrieme air de vent de lui, ainsi que le marque la ligne rouge, il faudra que le navire E de la colonne du dedans de l'arriere - garde observe la même chose à l'égard du général B, se tenant au sud - est de lui.

Cette évolution n'est point employée dans les signaux de M. de Tourville, quoiqu'elle soit dans les ordres qu'il employe, & qu'elle paroisse fort bonne. Cet article est tiré d'un Manuscrit qui m'a été communiqué par une personne bien intentionnée pour la perfection de cet Ouvrage, & qui avoit été long - tems à portée d'acquérir des connoissances sûres de tout ce qui concerne la Marine.

EVONIMOIDE (Page 6:206)

EVONIMOIDE, s. m. (Botan.) arbrisseau très flexible du Canada, & très - commun aux environs [p. 207] de Québec; il s'éleve considérablement, par le secours des arbres voisins autour desquels il s'entortille tantôt de droite à gauche, & tantôt de gauche à droite. Quoiqu'il soit dépourvû de mains & de vrilles, il embrasse cependant les autres arbres si fortement, qu'à mesure qu'ils grossissent il paroît s'enfoncer & s'ensevelir dans leur écorce & leur substance: de sorte qu'en comprimant & resserrant les vaisseaux qui portent le suc nourricier, il empêche qu'il ne s'y distribue, & les fait enfin périr. Si dans son voisinage il ne rencontre point d'arbre pour s'élever, il se tortille sur lui - même. On pourroit rapporter cette plante au rang des fusains, autrement bonnets de prêtre. Je ne sai pourquoi M. Danty d'Isnard en a fait un genre particulier dans les Mém. de l'académie des Sciences, ann. 1716, où il donne son caractere & ses especes: nous ne le suivrons point dans ces minuties. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EVORA (Page 6:207)

EVORA, (Géog. mod.) capitale de l'Alentéjo, en Portugal. Long. 10. 25. lat. 38. 28.

Evora de monte (Page 6:207)

Evora de monte, (Géog. mod.) ville de l'Alentéjo en Portugal.

EUOUAE; (Page 6:207)

EUOUAE; mot barbare formé des six voyelles qui entrent dans les deux mots soeculorum amen. C'est sur les lettres de ce mot qu'on trouve indiquées dans les pseautiers & les antiphoniers, les notes par lesquelles, dans chaque ton & dans les diverses modifications de chaque ton, il faut terminer les versets des pseaumes ou des cantiques. (S)

EUPATOIRE (Page 6:207)

EUPATOIRE, s. f. eupatorium, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur composée de plusieurs fleurons, auxquels tiennent des filamens longs & fourchus. Ces fleurons sont découpés & portés sur des embryons, & soûtenus par un calice long, cylindrique, & écailleux: chaque embryon devient dans la suite une semence garnie d'une aigrette. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Eupatoire femelle (Page 6:207)

Eupatoire femelle, bidens, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs pour l'ordinaire en fleurons, composées de plusieurs pétales découpés qui tiennent à un embryon, & qui sont entourée, d'un calice. Quclquefois il y a des fleurs en demi - fleurons: l'embryon devient une semence terminée par des pointes. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

EUPETALOS (Page 6:207)

EUPETALOS, (Hist. nat.) pierre dont parle Pline, qui étoit de quatre couleurs, & que de Boot regarde comme une opale.

EUPHÉMIE (Page 6:207)

EUPHÉMIE, s. f. (Belles - Lettres.) E)UFHMI/A, mot composé de E=)U, bien, & FHMI\, je dis; nom des prieres que les Lacédémoniens adressoient aux dieux: elles étoient courtes & dignes du nom qu'elles portoient, car ils leur demandoient seulement ut pulchra bonis adderent: « qu'ils pussent ajoûter la gloire à la vertu ». Renfermer en deux mots toute la morale des philosophes grecs, pour en faire l'objet de ses voeux, cela ne pouvoit se trouver qu'à Lacédémone. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

EUPHÉMISME (Page 6:207)

EUPHÉMISME, s. m. E)UFHMISMO\S2, de E=)U, bien, heureusement, racine de FHMI\, je dis. L'euphémisme est un trope, puisque les mots n'y sont pas pris dans le sens propre: c'est une figure par laquelle on déguise à l'imagination des idées qui sont ou peu honnêtes, ou desagréables, ou tristes, ou dures; & pour cela on ne se sert point des expressions propres qui exciteroient directement ces idées. On substitue d'autres termes qui réveillent directement des idées plus honnêtes ou moins dures; on voile ainsi les premieres à l'imagination, on l'en distrait, on l'en écarte; mais par les adjoints & les circonstances, l'esprit entend bien ce qu'on a dessein de lui faire entendre.

Il y a donc deux sortes d'idées qui donnent lieu de recourir à l'euphémisme.

1°. Les idées deshonnêtes.

2°. Les idées desagréables, dures ou tristes.

A l'égard des idées deshonnêtes, on peut observer que quelque respectable que soit la nature & son divin auteur, quelques utiles & quelques nécessaires même que soient les penchans que la nature nous donne, nous avons à les regler; & il y a bien des occasions où le spectacle direct des objets & celui des actions nous émeut, nous trouble, nous agite. Cette émotion qui n'est pas l'effet libre de notre volonté, & qui s'éleve souvent en nous malgré nous - mêmes, fait que lorsque nous avons à parler de ces objets ou de ces actions, nous avons recours à l'euphémisme: par - là nous ménageons notre propre imagination, & celle de ceux à qui nous parlons, & nous donnons un frein aux émotions intérieures. C'est une pratique établie dans toutes les nations policées, où l'on connoît la décence & les égards.

En second lieu, pour ce qui regarde les idées dures, desagréables, ou tristes, il est évident que lorsqu'elles sont énoncées directement par les termes propres destinés à les exprimer, elles causent une impression desagréable qui est bien plus vive que si l'on avoit pris le détour de l'euphémisme.

Il ne sera pas inutile d'ajoûter ici quelques autres réflexions, & quelques exemples en faveur des personnes qui n'ont pas le livre des tropes, où il est parlé de l'euphémisme, article 15. p. 164.

Les personnes peu instruites croyent que les Latins n'avoient pas la délicatesse dont nous parlons; c'est une erreur.

Il est vrai qu'aujourd'hui nous avons quelquefois recours au latin, pour exprimer des idées dont nous n'osons pas dire le nom propre en françois; mais c'est que comme nous n'avons appris les mots latins que dans les livres, ils se présentent en nous avec une idée accessoire d'érudition & de lecture qui s'empare d'abord de l'imagination; elle la partage; elle l'enveloppe; elle écarte l'image deshonnête, & ne la fait voir que comme sous un voile. Ce sont deux objets que l'on présente alors à l'imagination, dont le premier est le mot latin qui couvre l'idée obscène qui le suit; au lieu que comme nous sommes accoûtumés aux mots de notre langue, l'esprit n'est pas partagé: quand on se sert des termes propres, il s'occupe directement des objets que ces termes signifient. Il en étoit de même à l'égard des Grecs & des Romains: les honnêtes gens ménageoient les termes, comme nous les ménageons en françois, & leur scrupule alloit même quelquefois si loin, que Ciceron nous apprend qu'ils évitoient la rencontre des syllables qui, jointes ensemble, auroient pû réveiller des idées deshonnêtes: cum nobis non dicitur, sed nobiscum; quia si ita diceretur, obsceniùs concurrerent litteroe. (Orator. c. xlv. n. 154.)

Cependant je ne crois pas que l'on ait postposé la préposition dont parle Ciceron par le motif qu'il en donne; sa propre imagination l'a séduit en cette occasion. Il y a en effet bien d'autres mots tels que tenus, enim, verò, quoque, ve, que, pour &, &c. que l'on place après les mots devant lesquels ils devroient être énoncés selon l'analogie commune. C'est une pratique dont il n'y a d'autre raison que la coûtume, du moins selon la construction usuelle, dabat hanc licentiam consuetudo. Cic. orat. n. 155. c. xlvj. Car selon la construction significative, tous ces mots doivent précéder ceux qu'ils suivent; mais pour ne point contredire cette pratique, quand il s'agit de faire la construction simple, on change verò en sed, & au lieu de enim, on dit nam, &c.

Quintilien est encore bien plus rigide sur les mots obscènes; il ne permet pas même l'euphémisme, parce que malgré le voile dont l'euphémisme couvre l'idée obscène, il n'empêche pas de l'appercevoir, Or

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