ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"158"> adjuge la demande, & dont il n'y ait point d'appel, ou qui soit passé en force de chose jugée. (A)

EVIRÉ (Page 6:158)

EVIRÉ, adj. en termes de Blason, se dit d'un lion ou autre animal qui n'a point de marque par où l'on puisse connoître de quel sexe il est.

EVITÉE (Page 6:158)

EVITÉE, s. f. (Marine.) c'est la largeur que doit avoir le lit ou le canal d'une riviere pour fournir un libre passage aux vaisseaux. C'est aussi un espace de mer où le vaisseau peut tourner à la longueur de ses amarres. Chaque vaisseau qui est à l'ancre doit avoir son évitée, c'est - à - dire de l'espace pour tourner sur son cable, sans que rien l'en empéche. (Z)

EVITER (Page 6:158)

EVITER, v. neut. (Marine.) On dit qu'un vaisseau a évité, lorsqu'étant mouillé il a changé de situation bout pour bout à la longueur de son cable, sans avoir levé ses ancres; ce qui arrive au changement de vent ou de marée: & dans les ports où il y a beaucoup de vaisseaux & pas assez d'espace pour qu'ils puissent éviter sans se choquer les uns contre les autres, on les amarre devant & derriere, pour les retenir & les empêcher de tourner; ce qu'ils feroient s'ils n'avoient que leurs ancres devant le nez.

Eviter au vent, se dit d'un vaisseau lorsqu'il présente sa proue au vent.

Eviter à marée, c'est lorsque le vaisseau présente l'avant au courant de la mer, à la longueur de ses amarres. (Z)

EVITERNE (Page 6:158)

* EVITERNE, s. m. (Myth.) divinité à laquelle les anciens sacrifioient des boeuts roux: c'est tout ce que nous en savons. Les dieux de Platon, ceux qu'il regardoit comme indissolubles, & comme n'ayant point eu de commencement & ne devant point avoir de fin, sont appellés par cet auteur Eviternes ou Evintegres.

EVITERNITÉ (Page 6:158)

EVITERNITÉ, s. f. (Métaphys.) durée qui a un commencement, mais qui n'a point de fin.

EULOGIE (Page 6:158)

EULOGIE, s. f. dans l'histoire de l'Eglise. Quand les Grecs ont coupé un morceau de pain pour le consacrer, ils taillent le reste en petits morceaux, & les distribuent à ceux qui n'ont pas encore communié, ou les envoyent à ceux qui sont absens; & ces morceaux sont ce qu'ils appellent eulogies.

Ce mot est grec, composé de EU, bene, bien, & LEDW, je dis; c'est - à - dire benedictum, béni.

Pendant plusieurs siecles l'église latine a eu quelque chose de semblable aux eulogies, & c'est de - là qu'est venu l'usage du pain béni.

On donnoit pareillement le nom d'eulogie à des gateaux que les fideles portoient à l'église pour les faire bénir.

Enfin l'usage de ce terme passa aux présens qu'on faisoit à quelqu'un, sans aucune bénédiction. Voyez le Jésuite Greetser dans son traité de benedictionibus & maledictionibus, liv. II. ch. xxij. xxjv. &c. où il traite à fond des eulogies.

Il paroît par un passage de Bollandus sur la vie de S. Melaine, ch. jv. que les eulogies étoient non - seulement du pain, mais encore toutes sortes de mets bénis, ou présentés pour l'être. Depuis, toutes sortes de personnes bénissoient & distribuoient les eulogies; non - seulement les êvêques & les prêtres, mais encore les hermites, quoique laïcs, le pratiquoient. Les femmes pouvoient aussi envoyer des eulogies, comme il paroît par la vie de S. Vaulry, ch. iij. n°. 14; dans les Bollandistes, Acta sanct. Jan. tom. I. page 20.

Le vin envoyé en présent étoit aussi regardé comme eulogie. De plus, Bollandus remarque que l'Eucharistie même étoit appellée eulogie. Acta sanct. Jan. tom. II. p. 199. Chambers. (G)

EUMECES (Page 6:158)

EUMECES, (Hist. nat.) pierre fabuleuse qui se trouvoit dans la Bactriane; elle ressembloit à un caillou: on croyoit que mise sous la tête elle rendoit des oracles, & apprenoit à celui qui dormoit, ce qui s'étoit passé pendant son sommeil. Pline, Hist. nat. lib. XXXVII. cap. x.

EUMÉNIDÉES (Page 6:158)

* EUMÉNIDÉES, adj. pris sub. (Mythol.) sêtes que les Athéniens célébroient en l'honneur des Euménides. La seule chose que nous en sachions, c'est qu'il étoit défendu aux esclaves & autres domestiques d'y prendre part.

EUMÉNIDES (Page 6:158)

* EUMÉNIDES, s. f. (Myth.) On dit que les furies furent ainsi appellées après qu'Oreste eut expié le meurtre de sa mere. Il est vrai qu'elles cesserent alors de le tourmenter, à la sollicitation de Minerve; mais elles avoient ce surnom long - tems avant cet évenement. Jupiter se sert des Euménides pour châtier les vivans, ou plûtôt pour tourmenter les morts. Elles ont dans les Poëtes une figure effrayante; elles portent des flambeaux, des serpens sifflent sur leurs têtes, leurs mains sont ensanglantées. Il y avoît près de l'Aréopage un temple consacré aux Eumenides: les Athéniens les appelloient les déesses vénérables.

EUMETRES (Page 6:158)

EUMETRES, (Hist. nat.) pierre d'un verd de porreau, consacrée à Bélus & vénérée par les Assyriens, qui s'en servoient à des superstitions.

EUMOLPIDES (Page 6:158)

* EUMOLPIDES, s. m. (Myth.) prêtres de Cérès: ils avoient le pouvoir dans Athenes d'initier aux mysteres de cette déesse, & d'en exclure. Cette excommunication se faisoit avec des sermens exécrables; elle ne cessoit que quand ils le jugeoient à - propos. Ils étoient appellés Eumolpides, d'Eumolpe roi des Thraces, qui fut tué dans un combat où il secouroit les Eleusins contre les Athéniens.

EUNOFIUS (Page 6:158)

EUNOFIUS, (Hist. nat.) pierre connue des anciens, qu'on croit être la même chose que l'oetite ou pierre d'aigle.

EUNUQUE (Page 6:158)

EUNUQUE, s. m. (Medecine, Hist. anc. & mod.) Ce mot est synonyme de chatré; il est employé par conséquent pour désigner un animal mâle à qui l'art a ôté la faculté d'engendrer: il est cependant d'usage que l'on ne donne le nom d'eunuque qu'aux hommes à qui l'on a fait subir cette privation, & on se sert ordinairement du mot châtré pour les animaux. Voyez Castration. Toutefois les Italiens ont retenu les mots castrato, castrati, par lesquels ils distinguent les hommes qui ont été faits eunuques dans leur enfance, pour leur procurer une voix nette & aiguë. Voyez Castrati.

Eunuque est un mot grec, qui signifie proprement celui à qui les testicules ont été coupés, détruits: les Latins l'appellent castratus, spado.

Comme celui d'eunuque est particulierement employé pour signifier un homme châtré, ainsi qu'il vient d'être dit, c'est sous cette acception qu'il va faire la matiere de cet article; & pour ne rien laisser à desirer, elle sera tirée pour la plus grande partie de l'Histoire naturelle de M. de Buffon, tome II. de l'édition in - 12.

La castration, ainsi que l'infibulation, ne peuvent avoir d'autre origine que la jalousie, dit cet illustre auteur; ces opérations barbares & ridicules ont été imaginées par des esprits noirs & fanatiques, qui, par une basse envie contre le genre humain, ont dicté des lois tristes & cruelles où la privation fait la vertu, & la mutilation le mérite.

Les Valésiens, hérétiques arabes, faisoient un acte de religion, non - seulement de se châtrer eux - mêmes, d'après Origene, mais encore de traiter de la même façon, de gré ou de force, tous ceux qu'ils rencontroient. Epiphan. hoeres. lviij.

On ne peut rien imaginer de bisarre & de ridicule sur ce sujet que les hommes n'ayent mis en pratique, ou par passion ou par superstition. La castration est aussi devenue un moyen de punition pour certains crimes; c'étoit la peine de l'adultere chez les Egyptiens. [p. 159]

L'usage de cette opération est fort aneien, & généralement répandu. Il y avoit beaucoup d'eunuques chez les Romains. Aujourd'hui dans toute l'Asie & dans une partie de l'Afrique, on se sert de ces hommes mutilés pour garder. les femmes. En Italie cette opération infâme & cruelle n'a pour objet que la perfection d'un vain talent. Les Hottentots coupent un testicule à leurs enfans, dans l'idée que ce retranchement les rend plus legers à la course. Dans d'autres pays les pauvres mutilent leurs enfans pour éteindre leur postérité, & afin que ces enfans ne se trouvent pas un jour dans la misere & dans l'affliction où se trouvent leurs parens, lorsqu'ils n'ont pas de pain à leur donner.

Il y a plusieurs especes de castrations. Ceux qui n'ont en vûe que la perfection de la voix, se contentent de couper les deux testicules; mais ceux qui sont animés par la défiance qu'inspire la jalousie, ne croiroient pas leurs femmes en sûreté si elles étoient gardées par des eunuques de cette espece: ils ne veulent que ceux auxquels on a retranché toutes les parties extérieures de la génération.

L'amputation n'est pas le seul moyen dont on se soit servi: autrefois on empêchoit l'accroissement des testicules sans aucune incision; l'on baignoit les enfans dans l'eau chaude & dans des décoctions de plantes; ensuite on pressoit & on froissoit les testicules avec les doigts, assez long - tems pour en meurtrir toute la substance; & on en détruisoit ainsi l'organisation. D'autres étoient dans l'usage de les comprimer avec un instrument: on prétend que ce dernier moyen de priver de la virilité ne fait courir aucun risque pour la vie.

L'amputation des testicules n'est pas fort dangereuse, on la peut faire à tout âge; cependant on préfere le tems de l'enfance. Mais l'amputation entiere des parties extérieures de la génération est le plus souvent mortelle, si on la fait après l'âge de quinze ans: & en choisissant l'âge le plus favorable, qui est depuis sept ans jusqu'à dix, il y a toûjours du danger. La difficulté que l'on trouve de sauver ces sortes d'eunuques dans l'opération, les rend bien plus chers que les autres: Tavernier dit que les piemiers coûtent cinq ou six fois plus en Turquie & en Perse. Chardin observe que l'amputation totale est toûjours accompagnée de la plus vive douleur; qu'on la fait assez sûrement sur les jeunes gens, mais qu'elle est très - dangereuse, passé l'âge de 15 ans; qu'il en échappe à peine un quart; & qu'il faut six semaines pour guérir la playe. Pietro della Valle dit au contraire, que ceux à qui on fait cette opération en Perse, pour punition du viol & d'autres crimes du même genre, en guerissent fort heureusement, quoique avancés en âge; & qu'on n'applique que des cendres sur la plaie: nous ne savons pas si ceux qui subissoient autrefois la même peine en Egypte, comme le rapporte Diodore de Sicile, s'en tiroient aussi heureusement: selon Thévenot, il périt toûjours un grand nombre de negres, que les Turcs soûmettent à cette opération, quoiqu'ils prennent des enfans de huit ou dix ans.

Outre ces eunuques negres, il y a d'autres eunuques à Constantinople, dans toute la Turquie, en Perse, &c. qui viennent pour la plûpart du royaume de Golconde, de la presqu'île en deçà du Gange, des royaumes d'Assan, d'Aracan, de Pégu, & de Malabar, où le teint est gris; du golfe de Bengale, où ils sont de couleur olivâtre: il y en a de blancs de Géorgie & de Circassie, mais en petit nombre. Tavernier dit, qu'étant au royaume de Golconde en 1657, on y fit jusqu'à vingt - deux mille eunuques. Les noirs viennent d'Afrique, principalement d'Ethiopie; ceux - ci sont d'autant plus recherchés & plus chers, qu'ils sont plus horribles. on veut qu'ils ayent le nez forr plat, le regard affreux, les levres fort grandes & fort grosses, & sur - tout les dents noires & écartées les unes des autres. Ces pouples ont communément les dents belles; mais ce seroit un défaut pour un eunuque noir, qui doit être un monstre des plus hideux.

Les eunuques auxquels on n'a laissé que les testicules, ne laissent pas de sentir de l'irritation dans ce qui leur reste, & d'en avoir le signe extérieur, même plus fréquemment que les autres hommes: cette partie qui leur a été laissée n'a cependant pris qu'un très - petit accroissement, si la castration leur a été faite dès l'enfance; car elle demeure à - peu - près dans le même état où elle étoit avant l'opération. Un eunuque fait à l'âge de sept ans, est, à cet égard, à vingt ans, comme un enfant de sept ans: ceux au contraire, qui n'ont subi l'opération que dans le tems de la puberté, ou un peu plus tard, sont à - peu - près comme les autres hommes.

« Il y a des rapports singuliers entre les parties de la génération & celles de la gorge, continue M. de Buffon; les eunuques n'ont point de barbe; leur voix, quoique forte & perçante, n'est jamais d'un ton grave; la correspondance qu'ont certaitaines parties du corps humain, avec d'autres fort éloignées & fort différentes, & qui est ici si marquée, pourroit s'observer bien plus généralement; mais on ne fait point assez d'attention aux effets, lorsqu'on ne soupçonne pas quelles en peuvent être les causes: c'est sans doute par cette raison qu'on n'a jamais songé à examiner avec soin ces correspondances dans le corps humain, sur lesquels cependant roule une grande partie du jeu de la machine animale: il y a dans les femmes une grande correspondance entre la matrice, les mammelles, & la tête; combien n'en trouveroit - on pas d'autres, si les grands medecins tournoient leurs vûes de ce côté - là? Il me paroît que cela seroit plus utile que la nomenclature de l'Anatomie ».

Les Medecins n'ont pas autant négligé l'observation de ces rapports, que M. de Buffon semble le penser ici. Ceux qui sont versés dans la Medecine savent que cette observation est au contraire une de celles qui les a le plus occupés de tous les tems dès le siecle d'Hippocrate; mais les souhaits de M. de Buffon, à cet égard, fussent - ils absolument fondés, nous pourrions dès - à - présent les regarder comme accomplis. Nous avons des ouvrages qui ont précisément pour objet ces correspondances modernes entre différentes parties du corps humain, ou dans lesquels il en est traité par occasion; on peut citer comme une production du premier genre le Specimen novi Medicinoe conspectus, à Paris, chez Guérin; & la thèse de M. Bordeu, medecin de l'université de Montpellier, & docteur - régent de la faculté de Medecine de Paris, dans la quelle il se propose d'examiner an omnes corporis partes digestioni opitulentur? 1752. & y conclut pour l'affirmative. Un ouvrage du second genre, est une autre thèse de ce dernier, en forme de dissertation, sur la question utrum Aquitania minerales aquse morbis chronicis? 1751. où l'on trouve d'excellentes choses, particulierement sur les correspondances dont il s'agit.

« On observera, dit M. de Buffon en finissant sur la matiere dont il s'agit, que cette correspondance entre la voix & les parties de la génération, se reconnoît non - seulement dans les eunuques, mais aussi dans les autres hommes, & même dans les femmes; la voix change dans les hommes à l'âge de puberté, & les femmes qui ont la voix forte sont soupçonnées d'avoir plus de penchant à l'amour ».

C'est ainsi que le grand physicien qui vient de nous occuper se borne à donner l'histoire des faits,

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