ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"2"> ETABLAGE ou ETELLAGE (Page 6:2)

ETABLAGE ou ETELLAGE, ou plûtôt ETALAGE, s. m. (Jurisprud.) en quelques coûtumes, comme en celle de Saint - Pol, art. 29, est un droit que le seigneur prend pour permettre aux marchands d'exposer & étaler leurs marchandises en vente. Ailleurs ce droit est appellé hallage, plaçage. (A)

Etablage (Page 6:2)

Etablage, s. m. (Art milit.) C'est ainsi qu'on appelle dans l'Artillerie, l'entre - deux des limonieres d'un avant - train ou d'une charrette. (Q)

ETABLE (Page 6:2)

ETABLE, s. m. (Econom. rustiq.) est un petit bâtiment dans la basse - cour d'une maison de campagne, ou une espece d'angard fermé où l'on tient le bétail. On appelle bouverie, celle où l'on met les boeufs; bergerie, celle où l'on met les moutons, &c. Voyez Bergerie, &c. (P)

Etable (Page 6:2)

Etable, s. f. (Marine.) C'est la continuation de la quille du navire, laquelle commence à l'endroit où la quille cesse d'être droite. Voyez Etrave. (Z)

Etable (Page 6:2)

Etable, s'aborder de franc - étable. (Marine.) C'est lorsque deux bâtimens se présentent la proue pour s'aborder ou s'enfoncer avec leurs éperons. S'aborder en belle ou debout au corps, c'est s'aborder par les slancs. (Z)

ETABLER (Page 6:2)

ETABLER, v. act. (Manége, Maréchallerie.) mot particulierement usité dans les haras, pour désigner l'action de mettre les poulains, les étalons & les jumens dans l'écurie. Voyez Haras. (e)

ETABLI (Page 6:2)

* ETABLI, s. m. terme d'Art commun à presque tous les ouvriers: ils ont chacun leur établi. L'établi du bijoutier est une espece de table ayant tout - autour plusieurs places cintrées, pour autant d'ouvriers qui y travaillent. Ces places sont garnies vers le milieu d'une cheville plate, sur laquelle ils appuient leur ouvrage; d'une peau en - dessous pour recevoir les limailles; & d'un ou plusieurs tiroirs pour différens usages. Il faut que l'établi soit placé de maniere que toutes les places reçoivent également le grand jour. Il est soûtenu par un ou plusieurs piliers, outre qu'il est attaché ordinairement à l'appui d'une fenétre. Voyez les Planches du Bijoutier.

Celui du Ceinturier, sur lequel il taille son ouvrage, est une espece de table ou comptoir de bois de la longueur de quatre ou cinq piés. Il en faut dire autant de celui du Chaînetier, du Charpentier, du Chauderonnier.

Mais outre cet établi commun à tant d'artisans, les Chauderonniers en ont encore un qui leur est propre, & qui fait une des principales parties de la machine qu'ils appellent tour à chauderons: on en parle ailleurs Voy. Tour des Chauderonniers, & la figure, Planche du Chauderonnier.

L'établi du Ciseleur n'a rien de particulier.

Celui des Corroyeurs est une table faite de plusieurs planches fort unies & bien jointes ensemble, sur laquelle les Corroyeurs donnent le suif, l'huile, les couleurs aux cuirs, & toutes les façons, avec l'estive & la pommelle. Cette table a ordinairement trois piés & demi de largeur, & huit à neuf piés de longueur; elle est posée sur deux ou trois treteaux, & assujettie de maniere que les mouvemens que les ouvriers se donnent en travaillant, ne puissent l'ébranler.

Le Marbreur de papier a deux établis; l'un qui lui sert pour marbrer, & l'autre pour lisser. Le premier lui sert à poser le baquet, les peignes & les pots à couleurs; il broye sur l'autre les couleurs & lisse le papier marbré, & pour cet effet il est chargé de deux marbres ou pierres de liais, propres à ces deux usages différens. Voyez les Planches du Marbreur.

Voyez l'établi pour travailler les pierres de rapport, & l'étau qui sert à les tenir pour les scier, dans les Planches du Marqueteur en pierres de rapport.

L'établi des Menuisiers est une grosse table de bois d'hêtre pour l'ordinaire, montée sur quatre piés de bois de chêne forts à proportion, assemblés à doubles tenons dans ladite table, & par le bas avec quatre traverses; & à un pié du bout, & à trois poucès de la rive ou bord du devant, est une mortoise quarrée qui perce de part en part de trois pouces en quarré, dans laquelle est un morceau de bois semblablement quarré, de neuf à dix pouces de long, dans lequel est monté le crochet de fer: c'est ce qui s'appelle boîte du crochet. Voyez les Planches de Menuiserie.

L'établi des Plombiers est une table de bois soûtenue par des treteaux placés de distance en distance: il a à une de ses extrémités un moulinet, avec une sangle autour, garnie d'un crochet de ser. Cet établi leur sert pour fondre les tuyaux sans soudure. Le moulinet & la sangle sont destinés à tirer des moules le boulon qui leur sert de noyau, lorsque la fonte est faite. Voyez les Planches du Plombier.

Celui des Tailleurs d'habits est une large table sur laquelle ils coupent les habits; & lorsque la besogne est taillée, ils montent sur cette table, se croisent les jambes sous eux, & travaillent à coudre & à achever leurs ouvrages.

L'établi des Bourreliers & des Selliers n'est autre chose qu'un dessus de table de quatre piés de longueur, & d'un pié & demi de largeur; il est mobile, & se place sur une espece de bahut dans lequel ils jettent les rognures de leurs cuirs: c'est sur cette table que ces ouvriers coupent & taillent leurs cuirs avec le couteau à pié.

Etabli (Page 6:2)

Etabli, part. terme de Marine dont on se sert quelquefois pour dire être situé & gissant, & ce en parlant d'une côte: par exemple, la côte du Perou & du Chili est établie nord & sud, pour dire qu'elle est située nord & sud. (Z)

ETABLIR (Page 6:2)

* ETABLIR, v. act. (Grammaire.) terme sort tisité dans la société, où il a diverses significations déterminées par les expressions qu'on y ajoûte. Voici les principales:

Etablir un commerce avec des nations sauvages, c'est convenir avec elles des conditions sous lesquelles on veut négocier, des marchandises qu'on prendra d'elles, & de celles qu'on prétend leur donner en échange.

Etablir une manufacture; c'est, en conséquence des lettres patentes qu'on a obtenues, rassembler des ouvriers & des matieres; faire construire des machines ou des métiers convenables aux ouvrages qu'on veut entreprendre; enfin occuper des fabriquans, ouvriers & artisans, qu'on a auparavant instruits, aux étoffes ou autres choses pour lesquelles on a obrenu le privilége.

Etablir un métier, c'est le faire monter & le mettre en état de travailler, y mettre des ouvriers qui y travaillent actuellement. Voyez Métier.

Etablir un comptoir, une loge, une factorie; c'est mettre un marchand & des commis avec des marchandises dans un lieu propre pour le négoce. Voyez Comptoir, Loge, Factorie

Etablir se dit encore des fonds & des secours qu'on donne à un jeune marchand pour commencer son commerce, & des premiers succès qu'il a dans le négoce. Ce jeune homme commence à s'établir, ou son pere l'a bien établi.

Etablir une caisse ou mont de piété; c'est faire des fonds pour les payemens ou les prêts qui doivent se faire dans l'une ou dans l'autre. Dictionn. de Commerce, de Trévoux, & Chambers.

Etablir une ou plusieurs pierres, une ou plusieurs pieces de bois; c'est tracer dessus quelque marque avec lettre alphabétique qui destine à chacune la place. Dans les grands atteliers, chaque Appareilleur [p. 3] a sa marque particuliere pour reconnoître les pierres de son département.

ETABLISSEMENT (Page 6:3)

* ETABLISSEMENT, s. m. (Gramm.) Il se prend dans tous les sens qu'a le verbe établir dans la même matiere. Voyez Etablir.

Etablissement (Page 6:3)

Etablissement, (Jurisp.) stabilimentum, signifioit ce qui étoit établi par quelqu'ordonnance ou réglement. Il y a plusieurs anciennes ordonnances qui sont intitulées établissemens, entr'autres celles de S. Louis, en 1270. Voyez ci - après Etablissemens de S. Louis . (A)

Etablissement des Fiefs (Page 6:3)

Etablissement des Fiefs, stabilimentum feudorum; c'est une ordonnance latine de Philippe - Auguste, datée du premier Mai 1209, faite dans une asseniblée des grands du royaume à Villeneuve - le - Roi, pres de Sens. Cette ordonnance est regardee par les connoisseurs comme la plus ancienne des rois de la troisieme race, qui porte une forme constitutive; auparavant ils ne déclaroient leur volonté qu'en forme de lettres. Elle est singuliere, 1°. en ce qu'au lieu d'assermir les fiefs, comme le titre semble l'annoncer, elle tend au contraire à les réduire, en ordonnant que quand un fief sera divisé, tous ceux qui y auront part le tiendront nuement & en chef du seigueur, dont le fief relevoit avant la division; & que s'il est dû pour le fief des services & des droits, chacun de ceux qui y auront part les payeront à proportion de la part qu'ils y auront: 2°. ce qui est encore plus remarquable, c'est qu'elle est rendue non - seulement au nom du roi, mais aussi en celui des teigneurs qui s'etoient trouvés en l'asiemblée; savoir le duc de Bourgogne, les comtes de Nevers, de Boulogne, & de Saint - Paul, le seigneur de Dampierre, & plutieurs autres grands du royaume qui ne sont pas dénommés dans l'intitulé. Voyez le recueil des ordonnances de la troisieme race, & M. de Boulainvilliers, lettres sur les parlemens, tome I. pag. 174. (A)

Etablissemens de France (Page 6:3)

Etablissemens de France, voyez ci - après Etablissemens de S. Louis.

Etablissemens généraux (Page 6:3)

Etablissemens généraux, étcient ceux que le roi faisoit pour tout le royaume, à la différence de ceux qu'il ne taisoit que pour les terres de son domaine: ces derniers n'etoient pas obser ésdans les terres des barons. Voyez Beaumanoir, chap. xlviij. p. 263. (A)

Etablissement sur les Juifs (Page 6:3)

Etablissement sur les Juifs: il y a deux ordonnances latines concernant les Juifs, intitulées stabilimentum; l'une de Philippe - Auguste, l'autre de Louis VIII. en 1223. Voyez les ordonnances de la troisieme race, tome I. (A)

Etablissemens - le - Roi (Page 6:3)

Etablissemens - le - Roi, sont la même chose que les établissemens de S. Louis. Voyez l'article suiyant.

Etablissemens de S. Louis (Page 6:3)

Etablissemens de S. Louis, sont une ordonnance faite par ce prince en 1270; elle est intitulée les établissemens selon l'usage de Paris & d'Orléans, & de court de baronie.

M. Ducange fut le premier qui donna en 1658 une édition de ces établissemens à la suite de l'histoire de S. Louis par Joinville. Dans sa preface sur ces établissemens, il dit que ce sont les mêmes que Beaumanoir cite sous le titre d'établissemens - le - Roi; ce qui se rencontre en effet assez souvent.

Dans un manusérit de la bibliotheque de feu M. le chancelier Daguesseau, il y a en tête de cette ordonnance, ci commence li establissemens, le roy de France selon l'usage de Paris, & d'Orléans & de Touraine & d'Anjou, & de l'office de chevaierie & court de haron, &c. M. de Lauriere, dans ses notes sur ces établissemens, trouve ce titre plus juste, étant évident que les coûtumes d'Anjou, du Maine, de Touraine, & de Lodunois, ont été tirées en partie de ces établissemens.

Cette même ordonnance, dans un ancien registre qui est à l'hôtel - de - ville d'Amiens, est intitulée les établissemens de France, confirmés en plein parlement par les barons du royaume.

Mais Ducange & plusieurs autres savans prétendent que ce titre est supposé; que ces établissemens n'ont jamais eu force de loi, & qu'il n'est pas vrai qu'ils ayent été faits & publiés en plein parlement: ils se fondent,

1°. Sur ce que, suivant Guillaume de Nangis auteur contemporain, S. Louis étant parti d'Aiguemortes en 1269, le mardi d'après la Saint - Pierre qui arrive le 29 Juin, il n'est pas posnble que ces établissemens ayent été publiés en 1270, avant le départ de ce prince pour l'Afrique.

2°. Sur ce que ces établissemens ne sont pas dans la forme des autres ordonnances, étant remplis de citations, de canons du decret; de chapitres des decrétales, & de plusieurs lois du digeste & du code.

3°. Ce qui est dit dans la préface, que ces établissemens furent saits pour être observés dans toutes les cours du royaume, n'est pas véritable; car suivant l'article 15 du livre I. le douaire coûtumier est réduit au tiers des immeubles que le mari possédoit au jour du mariage; au lieu que suivant le témoignage de Pierre de Fontaines & de Beaumanoir, le douaire coûtumier étoit alors de la moitié des immeubles des maris, conformément à l'ordonnance de Philippe - Auguste en 1214, qui est encore observée dans une grande partie du royaume.

On répond à cela,

1°. Qu'il est constant que S. Louis fut près de deux mois à Aigue - mortes sans pouvoir s'embarquer, & qu'il mourut en arrivant à Tunis, la même année qu'il partit d'Aigue - mortes: ainsi étant décédé le 25 Aout 1270, il s'ensuit qu'il étoit parti en 1270, & non en 1269, comme le dit Guillaume de Nangis; ce qui est une erreur de sa part, ou une faute des copistes.

2°. La preuve du même fait se tire encore du testament de S. Louis, fait à Paris & daté du mois de Février 1269; car le roi étant parti vers le mois d'Août suivant, ce n'a pû être qu'en 1270.

3°. Quoique ces établissemens soient remplis de citations de canons, de decrétales, & de lois du digeste & du code, il ne s'ensuit pas que ce ne soit pas une ordonnance; car de quelque maniere qu'elle ait été rédigée, dès que ces établissemens furent autorisés par le roi, c'étoit assez pour leur donner force de loi. Cette ordonnance n'est même pas la seule où il se trouve de semblables citations: celle que le même prince fit au mois de Mars 1268, porte (article 4.) que les promotions aux bénéfices seront faites selon les decrets des conciles & les décisions des peres; & l'on doit être d'autant moins surpris de trouver tant de citations dans ces établissemens, que c'étoit - là l'ordonnance la plus considérable qui eût éncore été faite; que l'idée étoit de faire un code général, & que l'on n'avoit pas alors l'esprit de précision & le ton d'autorité qui convient dans la législation.

4°. S. Louis en confirmant ces établissemens n'ayant pas dérogé aux lois antérieures, ni aux coùtumes établies dans son royaume, il ne faut pas s'étonner si à Paris & dans plusieurs provinces le doüaire coûtumier a continué d'être de la moitié des immeubles du mari, suivant l'ordonnance de Philippe - Auguste en 1214.

Enfin ce qui confirme que ces établissemens furent revêtus du caractere de loi, c'est qu'ils sont cités non - seulement par des auteurs à - peu - près contemporains de S. Louis, tels que Philippe de Beaumanoir, mais aussi par des rois, enfans & successeurs de S. Louis, entr'autres par Charles - le - Bel dans ses

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