ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"952"> propriétés des plantes. Les nombreuses guérisons qu'il opéra exciterent les plaintes du dieu des morts; Jupiter le foudroya à la sollicitation de Pluton; Apollon pleura sa mort, & la vengea sur les cyclopes qui avoient forgé le foudre; Jupiter en fit, à la sollicitation d'Apollon, la constellation du serpentaire. Epidaure lieu de la naissance d'Esculape, lui éleva les premiers autels qu'il ait eus. On le représenta tantôt sous la forme d'un serpent, tantôt sous la figure d'un homme qui tient à sa main un bâton autour duquel un serpent est entortillé; le coq fut encore un de ses symboles. Il eut pour fils tous les grands medecins de l'antiquité; on lui donne pour filles Hygie & Iaso, ou la santé & la guérison. Ses temples étoient en plaine campagne; il y rendoit des oracles; ceux d'Epidaure & de Pergame eurent beaucoup de célébrité; il opéra plusieurs guérisons miraculeuses; sa statue étoit d'ivoire à barbe d'or. La longue peste qui désola Rome l'an 462, fit passer dans cette capitale du monde le culte du dieu d'Epidaure. Sur l'avis des prêtres & des livres sibyllins, on alla chercher Esculape dans sa patrie; le serpent qu'on y adoroit comme tel, s'offrit de lui - même, se promena dans les rues d'Epidaure pendant trois jours, se rendit de - là sur le vaisseau des ambassadeurs romains, s'empara de la chambre principale, & se laissa transporter paisiblement jusqu'à Antium où il s'élança hors du vaisseau, alla droit au temple qu'il avoit dans cet endroit, s'entortilla à une palme, & fit douter de son retour. Cependant il rentra dans le vaisseau, & se laissa conduire à Rome, où l'on eut à peine touché un des bords du Tibre, que le dieu serpent se jetta dans le fleuve, le traversa, & entra dans l'isle, où l'on bâtit dans la suite son temple. Mais le merveilleux de l'histoire, c'est qu'à peine futil arrivé que la peste cessa. Cet Esculape donné par les Epidauriens aux ambassadeurs romains, n'étoit apparemment qu'un de ces serpens qu'ils élevoient & qu'ils rendoient familiers; & la cessation de la peste à l'arrivée du serpent ne doit être regardée que comme le concours fortuit de deux évenemens. Plus il y a d'évenemens combinés, plus l'esprit du peuple se porte fortement au prodige; il ne peut concevoir que le cas qui l'étonne, quelque compliqué qu'il soit, n'est pas moins possible qu'un autre.

ESCUN (Page 5:952)

ESCUN, (Géog. mod.) province du royaume de Maroc, en Afrique.

ESCURIAL (Page 5:952)

ESCURIAL, s. m. (Hist. mod.) ou comme l'écrivent les Espagnols, ESCORIAL, est un mot qui se rencontre fréquemment dans nos gasettes, & dans les nouvelles publiques. C'est un des lieux de la résidence des rois d'Espagne.

Escurial étoit originairement le nom d'un petit village d'Espagne, situé dans le royaume de Tolede, à sept lieues à l'occident de Madrid, & neuf à l'orient d'Avila. Ce village est sur une chaîne de montagnes, que quelques - uns appellent montagnes carpentaines ou carpentaniennes, & d'autres monts pyrenées, parce qu'elles sont une suite & comme une branche des grands monts pyrénées. Le roi Philippe II. fit bâtir en cet endroit un magnifique monastere pour les Hiéronimites, ou religieux de l'ordre de S. Jérome. Ce monastere est regardé par les Espagnols comme une des merveilles du monde; & il est appellé l'Escurial.

Le P. François de los Padros, dans la description qu'il en a donnée, & qui a pour titre, description breve del monasterio de S. Lorenzo, el real del Escorial, dit que ce monastere fut bâti par Philippe II. en mémoire de la bataille de S. Quentin, gagnée le jour de St Laurent, & par l'intercession de ce saint, que lès Espagnols ont en grande vénération.

Le roi & la reine d'Espagne y ont leurs appartemens, & le reste est habité par les moines. La plus grande partie des actes de cette cour étoit autrefois datée de l'Escurial.

Il y a dans l'Escurial une magnifique église, où Philippe IV. fit construire une très - belle chapelle, appellée Pantheon, ou Rotonde. Cette chapelle est le lieu de la sépulture des rois & des reines d'Espagne qui laissent des enfans; ceux qui n'en laissent point sont enterrés dans un autre caveau de la même église, avec les infants & les autres princes. Voyez Pantheon & Rotonde. Dict. de Trév. & Chamb.

Ce monastere ou palais renferme troïs bibliotheques, dans lesquelles on compte dix - huit mille volumes, & entre autres trois mille manuscrits arabes. Voyez Bibliotheque.

On prétend que les dépenses faites pendant trente - huit ans par Philippe II. pour la construction de l'Escurial, montent à cinq millions deux cent soixante & dix mille ducats, sans parler de plus d'un million qu'il employa pour les ornemens d'église, à quoi il faut ajoûter les sommes immenses qu'a coûté la magnifique chapelle bâtie par les ordres de Philippe IV. Une partie de ce superbe édifice fut brûlée en 1671.

ESCUROLLES (Page 5:952)

ESCUROLLES, (Géog. mod.) petite ville du Bourbonnois, en France.

ESDRAS ou EZRA (Page 5:952)

ESDRAS ou EZRA, (Théolog.) nom de deux livres canoniques de l'ancien Testament, dont le premier est connu sous le nom d'Esdras, & le second sous celui de Nehemias.

Ils sont ainsi appellés du nom de leurs auteurs. Esdras à qui l'on attribue le premier, fut grand prêtre des Juifs pendant la captivité, & particulierement vers le tems où ils retournerent en Palestine sous le regne d'Artaxerxe Longuemain. Il est appellé dans l'écriture scriba velox in lege Moysi, c'est - à - dire un docteur habile dans la loi de Moyse; car le mot sopher, que la vulgate rend par seriba, ne signifie pas un écrivain, mais un docteur de la loi. Ce fut lui qui, selon les conjectures communes, recueillit tous les livres canoniques, les purgea des corruptions qui s'y étoient glissées, & les distingua en 22 livres, selon le nombre des lettres de l'alphabet hébreu. Ce qui a donné lieu à l'erreur de ceux qui ont pensé que les livres de l'ancien Testament étant perdus, il les avoit dictés de mémoire. On croit aussi que dans cette révision il changea quelques noms des lieux, & mit ceux qui etoient en usage à la place des anciens; observation qui sert de réponse à plusieurs objections de Spinosa. On conjecture encore que par l'inspiration du S. Esprit, il ajoûta certaines choses arrivées après la mort des auteurs de ces livres.

Les deux livres d'Esdras sont canoniques & reconnus pour tels par la synagogue & par l'Eglise. I troisieme & le quatrieme qui se trouvent en latin dans les bibles ordinaires après l'oraison de Manassès, quoique reconnus pour canoniques en plusieurs pays, & particulierement chez les Grecs, sont regardés comme apocryphes par les Latins & même par les Anglicans. Le troisieme dont on a le texte grec, est une répétition de ce qui est contenu dans les deux premiers. Il est cité par S. Athanase, S. Augustin, S. Ambroise: S. Cyprien même semble l'avoir connu. Le quatrieme qu'on n'a qu'en latin, est plein de visions, de songes, & de quelques erreurs. Il est d'un autre auteur que le troisieme, & probablement de quelque juif converti.

Le canon d'Esdras est la collection des livres de l'Ecriture faite par ce pontife, qui selon Genebrard, de concert avec la grande synagogue, les distingua par livres, & ceux - ci par versets. S. Jérome dit qu'il les copia en caracteres chaldéens qui sont les quarrés, & laissa les anciens aux Samaritains. Il paroit que la synagogue ne s'en est pas tenue au canon d'Esdras, & qu'elle y a ajoûté d'autres livres; témoin [p. 953] tres les fibres longitudinales, qui par leur union forment des especes de rubans.

Il y a des provinces où au lieu d'espader le chanvre, on le pile avec des maillets.

ESPADEURS (Page 5:953)

ESPADEURS, s. m. pl. (Corderie.) ce sont les ouvriers qui travaillent à donner à la filasse la préparation nommée l'espade. Voyez Corderie.

ESPADON, EMPEREUR (Page 5:953)

ESPADON, EMPEREUR, subst. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) xiphias seu gladius; poisson de mer qui a le bec fort allongé & fait en forme de glaive ou d'épée à deux tranchans, longue de deux coudées & dure comme un os. Voyez la Pl. XIII. fig. 22. On pourroit le distinguer de tout autre poisson par ce seul caractere qui lui est particulier. Il est aussi grand qu'un cétacée; il pese plus de cent livres, & quelquefois même plus de deux cents, & il a cinq aulnes de longueur. Le corps est allongé & rond, & fort épais près de la tête: c'est la machoire du dessus qui se prolonge au point de former l'épée dont vient le nom d'espadon; on croit qu'il a été appellé empereur, parce qu'on représente les empereurs avec une épée en main. La machoire du dessous est pointue par le bout; il n'a qu'une nageoire sur le dos, mais elle s'étend presque d'un bout à l'autre: la queue est échancrée & a la figure d'un croissant. Ce poisson a une paire de nageoires auprès des oüies, & deux autres nageoires qui sont au - delà de l'anus: sa peau est rude & luisante, de couleur noire sur le dos, & blanche sur le ventre. L'espadon est très - fort; il enfonce son bec pointu dans les navires, & il perce les plus grands poissons cétacées. Rai, synop. meth. pisc. Rond. hist. des poissons. Voyez Poisson. (I)

Espadon (Page 5:953)

Espadon, (Fourbiss.) grande & large épée qu'on tient à deux mains. Voyez Épée.

ESPADOT (Page 5:953)

* ESPADOT, s. m. terme de Pêche, usité dans le ressort de l'amirauté de Marennes; c'est un instrument formé d'un petit fer d'environ 2 piés & demi de long, crochu par le bout, lequel on ommanche dans une petite perche d'environ 5 piés de long. plus grosse par le bout, qui sert de poignée. Les Pècheurs se servent de cet instrument dans les écluses où ils vont la nuit avec des brandons de roseaux ou de paille; & quand ils appperçoivent des poissons, ils les retirent avec le bout de l'espadot, & les tuent ensuite avec le même instrument.

Les langons sont des especes d'espadots formés de petites pointes ébarbelées, fichées au bout d'une perche: les foüannes ou fougnes ressemblent à celles qu'on trouvera décrites à l'article Fouanne; & les faucilles ne sont souvent que ces sortes de couteaux à scier des grains quand ils sont hors de service, ou quelques morceaux de fer crochus.

ESPAGNE (Page 5:953)

ESPAGNE, (Géog. hist.) royaume considérable de l'Europe, borné par la mer, le Portugal & les Pyrénées: il a environ 240 lieues de long sur 200 de large. Long. 9. 21. lat. 36. 44.

Je laisse les autres détails aux Géographes, pour retracer ici le tableau qu'un grand peintre a fait des révolutions de ce royaume dans son Histoire du siecle de Louis XIV.

L'Espagne, soûmise tour - à - tour par les Carthaginois, par les Romains, par les Goths, par les Vandales, & par les Arabes qu'on nomme Maures, tomba sous la domination de Ferdinand, qui fut à juste titre surnommé roi d'Espagne, puisqu'il en réunit toutes les parties sous sa domination; l'Arragon par lui - même, la Castille par Isabelle sa femme, le royaume de Grenade par sa conquête sur les Maures, & le royaume de Navarre par usurpation: il décéda en 1516.

Charles - Quint son successeur forma le projet de la monarchie universelle de notre continent chrétien, & n'abandonna son idée que par l'épuisement de ses forces & sa démission de l'empire en 1556.

Le vaste projet de monarchie universelle, commencé par cet empereur, fut soûtenu par Philippe Il. son fils. Ce dernier voulut, du fond de l'escurial, subjuguer la Chrétienté par les négociations & par les armes; il envahit le Portugal; il defola la France; il menaça l'Angleterre: mais plus propre à marchander de loin des esclaves qu'à combattre de près sec ennemis, il ne put ajoûter aucune conquête à la facile invasion du Portugal. Il sacrifia de son aveu quinze cents millions, qui font aujourd'hui plus de trois mille millions de notre monnoie, pour asservir la France & pour regagner les sept Provinces - Unies; mais ses thrésors n'aboutirent qu'à enrichir les pays qu'il voulut dompter: il mourut en 1598.

Sous Philippe III. la grandeur espagnole ne fut qu'un vaste corps sans substance, qui avoit plus de réputation que de force. Ce Prince, moins guerrier encore & moins sage que Philippe II. eut peu de vertus de roi: il ternit son regne & affoiblit la monarchie par la superstition, ce vice des ames foibles, par les nombreuses colonies qu'il transplanta dans le Nouveau - Monde, & en chassant de ses états près de huit cents mille Maures, tandis qu'il auroit dû au contraire le peupler d'un pareil nombre de sujets: il finit ses jours en 1621.

Philippe IV. héritier de la foiblesse de son pere, perdit le Portugal par sa négligence, le Roussillon par la foiblesse de ses armes, & la Catalogne par l'abus du despotisme: il mourut en 1665.

Enfin l'inquisition, les moines, la fierté oisive des habitans, ont fait passer en d'autres mains les richesses du Nouveau - Monde. Ainsi ce beau royaume, qui imprima jadis tant de terreur à l'Europe, est par gradation tombé dans une décadence dont il aura de la peine à se relever.

Peu puissant au - dehors, pauvre & foible au - dedans, nulle industrie ne seconde encore dans ces climats heureux, les présens de la navure. Les soies de Valence, les belles laines de l'Andalousie & de la Castille, les piastres & les marchandises du Nouveau - Monde, sont moins pour l'Espagne que pour les nations commerçantes; elles consient leur fortune aux Espagnols, & ne s'en sont jamais repenties: cette fidélité singuliere qu'ils avoient autrefois à garder les dépôts, & dont Justin fait l'éloge, ils l'ont encore aujourd'hui; mais cette admirable qualité, jointe à leur paresse, forme un mêlange, dont il résulte des effets qui leur sont nuisibles. Les autres peuples font sous leurs yeux le commerce de leur monarchie; & c'est vaissemblablement un bonheur pour l'Europe que le Mexique, le Pérou, & le Chily, soient possédés par une nation paresseuse.

Ce seroit sans doute un évenement bien singulier, si l'Amérique venoit à secoüer le joug de l'Espagne, & si pour lors un habile vice - roi des Indes, embrassant le parti des Amériquains, les soûtenoit de sa puissance & de son génie. Leurs terres produiroient bien - tôt nos fruits; & leurs habitans n'ayant plus besoin de nos marchandises, ni de nos denrées, nous tomberions à - peu près dans le même état d'indigence, où nous étions il y a quatre siecles. L'Espagne, je l'avoue, paroît à l'abri de cette révolution, mais l'empire de la fortune est bien étendu; & la prudence des hommes peut - elle se flater de prévoir & de vaincre tous ses caprices? Voyez Ecole (philosophie de l'). Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ESPAGNOLETTE (Page 5:953)

* ESPAGNOLETTE, s. f. (Drap.) étoffes de laine qui se fabriquent particulierement à Roüen, à Beauvais, & à Châlon. Les réglemens du commerce les ordonnent à Beauvais de laines d'Espagne pour la trame, ou des plus fines de France & du pays, sans agnelains ni peignons; les croisées à cinquante - six portées, trois quarts & un seize de large,

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