ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"918"> faites en notre langue d'un très - grand nombre d'auteurs, & en général, graces au grand nombre d'ouvrages publiés en françois sur toute sorte de matiere; il est vrai, dis - je, qu'une personne uniquement bornée à la connoissance de la langue françoise, pourroit devenir très - savante par la lecture de ces seuls ouvrages. Mais outre que tout n'est pas traduit, la lecture des traductions, même en fait d'érudition pure & simple (car il n'est pas ici question des lectures de goût), ne supplée jamais parfaitement à celle des originaux dans leur propre langue. Mille exemples nous convainquent tous les jours de l'infidélité des traducteurs ordinaires, & de l'inadvertance des traducteurs les plus exacts.

Enfin, car ce n'est pas un avantage à passer sous silence, l'étude des Sciences doit tirer beaucoup de lumieres de la lecture des anciens. On peut sans doute savoir l'histoire des pensées des hommes sans penser soi - même; mais un philosophe peut lire avec beaucoup d'utilité le détail des opinions de ses semblables; il y trouvera souvent des germes d'idées précieuses à développer, des conjectures à vérifier, des faits à éclaircir, des hypothèses à confirmer. Il n'y a presque dans notre physique moderne aucuns principes généraux, dont l'énoncé ou du moins le fond ne se trouve chez les anciens; on n'en sera pas surpris, si on considere qu'en cette matiere les hypothèses les plus vraissemblables se présentent assez naturellement à l'esprit, que les combinaisons d'idées générales doivent être bien - tôt épuisées, & par une espece de révolution forcée être successivement remplacées les unes par les autres. Voy. Eclectique. C'est peut - être par cette raison, pour le dire en passant, que la philosophie moderne s'est rapprochée sur plusieurs points de ce qu'on a pensé dans le premier âge de la Philosophie, parce qu'il semble que la premiere impression de la nature est de nous donner des idées justes, que l'on abandonne bientôt par incertitude ou par amour de la nouveauté, & auxquelles enfin on est forcé de revenir.

Mais en recommandant aux philosophes même la lecture de leurs prédécesseurs, ne cherchons point, comme l'ont fait quelques savans, à déprimer les modernes sous ce faux prétexte, que la philosophie moderne n'a rien découvert de plus que l'ancienne. Qu'importe à la gloire de Newton, qu'Empedocle ait eu quelques idées vagues & informes du système de la gravitation, quand ces idées ont été dénuées des preuves nécessaires pour les appuyer? Qu'importe à l'honneur de Copernic, que quelques anciens philosophes ayent crû le mouvement de la terre, si les preuves qu'ils en donnoient n'ont pas été suffisantes pour empêcher le plus grand nombre de croire le mouvement du Soleil? Tout l'avantage à cet égard, quoi qu'on en dise, est du côté des modernes, non parce qu'ils sont supérieurs en lumieres à leurs prédécesseurs, mais parce qu'ils sont venus depuis. La plûpart des opinions des anciens sur le système du monde, & sur presque tous les objets de la Physique, sont si vagues & si mal prouvées, qu'on n'en peut tirer aucune lumiere réelle. On n'y trouve point ces détails précis, exacts, & profonds qui sont la pierre de touche de la vérité d'un système, & que quelques auteurs affectent d'en appeller l'appareil, mais qu'on en doit regarder comme le corps & la substance, & qui en font par conséquent la difficulté & le mérite. En vain un savant illustre, en revendiquant nos hypotheses & nos opinions à l'ancienne philosophie, a crû la venger d'un mépris injuste, que les vrais savans & les bons esprits n'ont jamais eu pour elle; sa dissertation sur ce sujet (imprimée dans le tome XVIII. des Mém. de l'Acad. des Belles - Lettres, pag. 97.) ne fait, ce me semble, ni beaucoup de tort aux modernes, ni beaucoup d'honneur aux anciens, mais seulement beaucoup à l'érudition & aux lumieres de son auteur.

Avoüons donc d'un côté, en faveur de l'érudition, que la lecture des anciens peut fournir aux modernes des germes de découvertes, de l'autre, en faveur des savans modernes, que ceux - ci ont poussé beaucoup plus loin que les anciens les preuves & les conséquences des opinions heureuses, que les anciens s'étoient, pour ainsi dire, contentés de hasarder.

Un savant de nos jours, connu par de médiocrestraductions & de savans commentaires, ne faisoit aucun cas des Philosophes, & sur tout de ceux qui s'adonnent à la physique expérimentale. Il les appelle des curieux fainéans, des manoeuvres qui osent usurper le titre de sages. Ce reproche est bien singulier de la part d'un auteur, dont le principal mérite consistoit à avoir la tête remplie de passages grecs & latins, & qui peut - être méritoit une partie du reproche fait à la foule des commentateurs par un auteur célebre dans un ouvrage où il les fait parler ainsi:

Le goût n'est rien; nous avons l'habitude De rédiger au long de point en point Ce qu'on pensa; mais nous ne pensons point. Volt. Temple du Goût.

Que doit - on conclure de ces réflexions? Ne méprisons ni aucune espece de savoir utile, ni aucune espece d'hommes; croyons que les connoissances de tout genre se tiennent & s'éclairent réciproquement; que les hommes de tous les siecles sont à - peu - pres semblables, & qu'avec les mêmes données, ils produiroient les mêmes choses: en quelque genre que ce soit, s'il y a du mérite à faire les premiers efforts, il y a aussi de l'avantage à les faire, parce que la glace une fois rompue, on n'a prus qu'à se laisser aller au courant, on parcourt un vaste espace sans rencontrer presqu'aucun obstacle; mais cet obstacle une fois rencontré, la difficulté d'aller au - delà en est plus grande pour ceux qui viennent après. (O)

ERUPTION (Page 5:918)

ERUPTION, s. f. (Medecine.) Ce terme est ordinairement employé dans le même sens qu'exanthème, pour signifier la sortie de la matiere morbifique sur la surface de la peau dans les affections cutanées, qui forme des taches ou de petites tumeurs, comme dans la fievre pourprée, dans la petite vérole.

L'action qui produit l'apparition des taches rouges dans la premiere de ces maladies, & celle des boutons dans la seconde, est ce qu'on appelle éruption. Voy. Exanthème, & toutes les maladies exanthémateuses, comme la petite - vérole, la rougeole, la gale, &c.

Eruption se prend encore dans un autre sens, mais plus rarement: lorsqu'il se fait une excrétion abondante & subite de sang, de pus, par l'ouverture d'un vaisseau, d'un abcès, on lui donne le nom d'éruption. (d)

ERYCINE (Page 5:918)

* ERYCINE, s. f. ou adj. (Mythol.) surnom de Venus. Il lui venoit du mont Erix en Sicile, où Ericé lui éleva un temple lorsqu'il aborda dans l'isle; la piété des Egestans l'avoient enrichi de vases, de phioles, & d'encensoirs précieux. Dédale y avoit consacré une vache d'or d'un travail exquis. Il y avoit beaucoup d'autres ouvrages de sa main. Voyez dans Elien toutes les merveilles qu'il raconte de ce temple. Venus Erycine avoit aussi dans Rome un temple qui passoit pour fort ancien dès le tems même de Thucydide.

ERYMANTHE (Page 5:918)

* ERYMANTHE, s. m. (Géographie ancienne & Mythol.) montagne de l'Arcadie, le séjour de ce terrible sanglier qui ravàgeoit toutes ces contrées, qu'Hercule prit tout vivant & qu'il conduisit chez Euristhée. Ce fut un de ses douze travaux. [p. 919]

ERYNNIES (Page 5:919)

* ERYNNIES, s. f. pl. (Mythol.) c'est ainsi que les Grecs appelloient les Furies. Elles avoient un temple dans Athenes. Ce temple des furies étoit voisin de l'Aréopage. Voyez Furies.

ERYNNIS (Page 5:919)

* ERYNNIS, s. ou adj. (Mythol.) Céres Erynnis ou Céres furieuse, fut ainsi appellée par les Siciliens, parce que ce fut dans une caverne de la Sicile qu'elle se retira & que Pan la découvrit, lorsque l'injure que Neptune lui fit, tandis qu'elle parcouroit le monde pour retrouver Proserpine sa fille, lui eut aliéné l'esprit. Céres séduite par Neptune alla se laver dans un fleuve, & se réfugia dans le fond d'un antre de la Sicile. Cependant la peste & la stérilité ravageoient la terre: les dieux inquiets du sort des hommes chercherent Céres; mais ils ne l'auroient point trouvée si Pan ne l'eût apperçue en gardant ses troupeaux. Il en avertit Jupiter qui lui envoya les Parques qui la déterminerent à venir au secours des hommes. Il n'est pas difficile d'appercevoir à - travers les circonstances de cette fable, des vestiges d'allégorie, ni d'expliquer comment le voile de l'allégorie enveloppe à la longue les faits historiques: la tradition en se corrompant commence cet ouvrage, & la poésie l'acheve.

ERYTHRÉ (Page 5:919)

* ERYTHRÉ, adj. pris subst. (Mythol.) Hercule fut surnommé Erithré d'un temple qu'il avoit à Erythrès en Arcadie. Le dieu y étoit representé sous la forme d'un radeau. C'est ainsi, disoient les Erythréens, qu'il étoit venu de Tyr par mer. Le dieu radeau entre dans la mer Ionienne, s'arrête au promontoire de Junon, à moitié chemin d'Erythrès à Chio: les habitans de ces lieux employent pour l'amener à bord tous les moyens que la marine & la dévotion leur suggerent; mais c'est inutilement: un aveugle d'Erythrée, qui se mêloit de pêche avant que de faire le métier de devin, annonce à ses concitoyens que le seul moyen de mouvoir le radeau, c'est de le tirer avec une corde filée des cheveux des femmes érythréennes; les femmes d'Erythrée aiment mieux conserver leur chevelure que d'avoir un dieu de plus, & Hercule radeau restoit en mer, lorsque des Thraciennes nées lipres, mais esclaves dans Erythrée, plus pieuses que les Erythréennes, sacrifient la leur, & mettent les Erythréens en possession du dieu. On récompensa le zele de ces Thraciennes, en leur accordant le privilége exclusif d'entrer dans le temple d'Hercule. Pausanias dit qu'on montroit encore de son tems la corde de cheveux. Quant au pêcheur aveugle, il recouvra la vûe pour le reste de ses jours. Voyez Miracle.

ERYTHRÉE ou ERYTHRÉENNE (Page 5:919)

* ERYTHRÉE ou ERYTHRÉENNE, adj. (Myth.) La sybille Erythrée est la premiere des quatre d'Elien, & la cinquiéme des dix de Varron. On dit qu'elle prédit aux Grecs qui partoient pour l'expédition de Troye, qu'ils prendroient cette ville, & qu'Homere feroit de leurs exploits la matiere d'un ouvrage plein de fables.

ERYTHREUS (Page 5:919)

* ERYTHREUS, ou LEROUGE, s. m. (Myth.) C'est un des chevaux du soleil.

ERYTHROIDE (Page 5:919)

ERYTHROIDE, adj. pris subst. (Anat.) est le nom que donnent les Anatomistes à la premiere des membranes propres qui environnent les testicules. Voyez Testicule.

Cette membrane est mêlée de fibres charnues qui viennent du muscle cremaster, & qui la font paroître rougeâtre. Voyez Elythroide.

C'est pour cette raison qu'elle porte le nom d'érithroïde, qui vient des mots grecs E)RU/QROS2 rouge, & EI)=DOS2 forme. (L)

ERZEROM (Page 5:919)

ERZEROM, (Géog.) ville assez grande de la Turquie Asiatique, située sur l'Euphrate, & bâtie dans une plaine au pié d'une chaîne de montagnes, ce qui y rend les hyvers également longs & rudes. Elle est à cinq journées de la met Noire, & à dix de la frontiere de Perse. On la regarde comme le passage & le reposoir de toutes les marchandises des Indes par la Turquie. M. de Tournefort en parle fort au long dans ses voyages, & ce qu'il en dit mérite d'être lu. Long. 6. 34. 15. lat. 39. 56. 35. suivant le P. de Beze. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

E S

S, préposition qui n'est aujourd'hui on usage que dans quelques phrases consacrées, comme maître - ès - arts. Elle vient, selon quelques - uns du grec E/S2 ou E/IS2, in, en; & selon d'autres, c'est un abrégé pour en les, à les, aux.

Robert Etienne dans sa grammaire, page 23, en parlant des articles, dit qu'il vaut mieux dire il est ès champs, que il est aux champs. Traité de la grammaire françoise, page 1569. Mais quelques années après l'usage changea. Nicot en 1606 dit qu'il est plus commun de dire, il loge aux forsbourgs, que ès forsbourgs.

s est aussi quelquefois une préposition inséparable qui entre dans la composition des mots; elle vient de la préposition latine è ou ex, & elle a divers usages. Souvent elle perd l's, & quelquefois elle le retient, esplanade, escalade, &c. sur quoi on ne peut donner d'autre regle que l'usage. (F)

ESCABEAU, ou ESCABELLE (Page 5:919)

ESCABEAU, ou ESCABELLE, s. m. (Menuis.) petit siége de bois, quarré, qui n'est ni couvert ni rembourré, qui n'a ni bras ni dossier, & dont on usoit autrefois dans les salles à manger au lieu de chaises. Ce mot est quelquefois sinonyme à marchepié.

ESCABLON (Page 5:919)

ESCABLON, s. m. (Antiq.) espece de pié d'estal, ou de pierre, ou de marbre, ou de bois marbré, qui va en diminuant du haut en bas, qui peut avoir trois piés de hauteur, & sur lequel on place dans les cabinets & dans les galeries des bustes & autres morceaux semblables.

ESCACHE (Page 5:919)

ESCACHE, s. f. (Manége.) Nous nous écarterons ici sans scrupule de la définition que nous trouvons du terme d'escache dans le dictionnaire de Trévoux. Tous les auteurs qui ont employé ce mot, l'ont appliqué indifféremment à toutes sortes d'embouchures, parce que toute embouchure a la puissance d'escacher en quelque façon la barre; & comme les anciens ne connoissoient qu'une seule maniere d'assembler les branches au mors, les éperonniers modernes qui l'ont totalement abandonnée, ainsi que nous avons abandonné nous - mêmes le terme d'escache, pour désigner une embouchure, l'ont adapté mal à propos à cette ancienne monture. Elle étoit telle, qu'au lieu de la fonçûre & du chaperon, chaque extrémité du canon étoit prolongée en un assez long triangle, pour embrasser la broche du banquet & venir cacher sa pointe dans une mortaise au - dessus de l'appui du canon sur les barres. On comprend que les branches ne pouvoient point être aussi solidement fixées qu'elles le sont par les méthodes que nous avons préférées. Voyez Embouchure. (e)

ESCADRE (Page 5:919)

ESCADRE, s. f. (Marine.) C'est un nombre de vaisseaux réunis ensemble sous le commandement d'un officier général, soit lieutenant général, soit chef d'escadre. Il faut au moins 4 ou 5 vaisseaux ensemble pour qu'on leur donne le nom d'escadre.

Lorsqu'une escadre est considérable, c'est - à - dire composée de quinze ou vingt vaisseaux, on la partage en plusieurs divisions & le plus ordinairement en trois; chaque division a son commandant particulier aux ordres du commandant général.

Les armées navales sont partagées en France en trois escadres; savoir, l'escadre blanche, l'escadre

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