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6°. Donc quand deux corps sont en équilibre, en vertu de la raison inverse de leur vîtesse & de leurs masses, si on augmente ou qu'on diminue si peu qu'on voudra la masse ou la vîtesse d'un des corps, il n'y aura plus d'équilibre. Il faut nécessairement supposer cette derniere proposition, pour démontrer la proposition ordinaire de l'équilibre dans le cas de l'incommensurabilité des masses, voyez page 39 de ma Dynamique; car dans le cas des incommensurables on ne démontre que par la réduction à l'absurde; & la seule absurdité à laquelle on puisse réduire ici, comme on le peut voir par la démonstration citée, c'est qu'une masse plus grande fait le même effet qu'une moindre avec la même vîtesse. Il est assez singulier que pour démontrer une proposition nécessairement vraie, telle que celle de l'équilibre des masses en raison inverse des vîtesses, il faille absolument supposer cette autre proposition qui paroît moins nécessairement vraie; qu'un corps en mouvement venant frapper un autre corps en repos, lui donnera nécessairement du mouvement. Cette connexion forcée n'est elle pas une preuve que la seconde proposition est aussi nécessairement vraie que la premiere? Il me semble que ce raisonnement n'est pas sans force, sur - tout si on le joint à celui de l'article 5 précédent.
De tout cela il s'ensuit, qu'il n'y a qu'une seule
loi possible d'équilibre, un seul cas où il ait lieu, celui
des masses en raison inverse dés vîtesses; que par
conséquent un corps en mouvement en mouvera
toujours un autre en repos: or ce corps en mouvement,
en communiquant une partie du sien, en doit
garder le plus qu'il est possible, c'est - à - dire, n'en doit
communiquer que ce qu'il faut pour que les deux
corps aillent de compagnie apres le choc avec une
vîtesse égale. De ces deux principes résultent les
lois du mouvement & de la Dynamique; & il résulte
de tout ce qui a été dit, que ces lois sont non
seulement les plus simples & les meilleures, mais
encore les seules que le Créateur ait pû établir d'après
les propriétés qu'il a données à la matiere. Voy.
Sur l'équilibre des fluides, voyez
Au reste on ne devroit à la rigueur employer le mot équilibre, que pour désigner le repos de deux puissances ou deux corps qui sont dans un état d'effort continuel, & continuellement contre - balancé par un effort contraire, en sorte que si un des deux efforts contraires venoit à cesser ou à être diminué, il s'ensuivroit du mouvement. Ainsi deux poids attachés aux bras d'une balance sont en équilibre dans le sens proprement dit: car ces deux poids agissent sans cesse l'un contre l'autre, & si vous diminuez un des poids, la balance sera en mouvement. Au contraire deux corps égaux & durs qui se choquent en sens opposés avec des vîtesses égales, détruisent à la vérité leurs mouvemens, mais ne sont pas proprement en équilibre, parce que l'effort réciproque des deux corps est anéanti par le choc; après l'instant du choc ces deux corps ont perdu leur tendance même au mouvement, & sont dans un repos absolu & respectif, en sorte que si on ôtoit un des corps, l'autre resteroit en repos sans se mouvoir. Cependant pour généraliser les idées, & simplifier le langage, nous donnons dans cet article le nom d'équilibre à tout état de deux puissances ou forces égales qui se détruisent, soit que cet état soit instantané, soit qu'il dure aussi long - tems qu'on voudra. (O)
Equilibre (Page 5:874)
L'égalité de forces entre des corps qui agissent les uns sur les autres par leur gravité spécifique, ou par toute autre cause, d'où résulte la cessation de leur mouvement, dès l'instant où cette égalité est établie (en quoi consiste le véritable équilibre, pris à la rigueur), ne peut pas avoir lieu dans l'économie animale, qui exige un mouvement continuel dans tous les organes nécessaires pour l'entretien de la vie, & dans tous les fluides que ces organes sont destinés à mouvoir: ainsi ce n'est pas de la théorie de l'équilibre proprement dit qu'on se propose de faire une application à la physique du corps humain.
L'auteur cité, & ceux qui admettent avec lui le terme d'équilibre dans la théorie de la Medecine, ont seulement prétendu désigner par ce terme, ou par celui d'équilibration, à defaut d'un autre plus propre, une égalité non absolue, mais respective, une proportion dans les forces actives & passives, qui peut être conçue dans toutes les parties tant solides que fluldes du corps animal, par rapport à ce que chacune de ces parties doit opérer pour la fonction à laquelle elle est destinée. C'est en vertu de cette proportion de forces dans toutes les fibres qui composent les différens vaisseaux dont est formé le corps humain, que chaque fluide est retenu en quantité déterminée, est réglé dans son cours, & reçoit l'élaboration qui lui est nécessaire, dans les canaux qui lui sont propres; en sorte qu'il est conservé entr'eux une égalité d'action & de réaction alternatives, qui ne laisse point prédominer, d'une maniere durable, les parties contenues sur les parties contenantes, & réciproquement celles - ci sur celles - là, tant que l'état de santé subsiste.
Cette disposition est absolument requise pour cet effet: c'est de la différence habituelle de cette disposition dans les différens sujets, que dépend aussi la diversité des tempéramens, dont les uns sont plus ou moins robustes que les autres, selon que cette disposition est plus ou moins susceptible qu'il y soit porté atteinte par l'usage ou par l'abus des choses nécessaires à la vie, que l'on appelle dans les écoles les choses non naturelles.
Cette sorte d'équilibre, ainsi conçue dans le corps humain, peut être considérée de trois manieres dif<pb-> [p. 875]
Pour que l'équilibre, tel qu'on en a donné l'idée, relativement à l'économie animale, subsiste entre les différens organes, il faut que le tissu, le ressort de tous les vaisseaux, soit proportionné à la quantité des liquides qu'ils doivent recevoir, au mouvement qu'ils doivent communiquer à ces liquides, & à l'effort qu'ils doivent en éprouver: ainsi les vaisseaux ly mphatiques, par exemple, doivent avoir autant de force d'action & de résistance que les vaisseaux sanguins, respectivement à la quantité, au mouvement & à l'effort du liquide que ceux là reçoivent, contiennent & distribuent à des vaisseaux subalternes de différens ordres.
Ainsi dans un corps bien conformé, & joüissant d'une santé aussi parfaite qu'il est possible, tous les solides, dans les vaisseaux de toutes les especes, doivent avoir proportionnément la même force d'action, de résistance & de réaction.
Mais pour que cette force puisse être exercée librement, il est nécessaire qu'il existe une proportion entre elle & la quantité, la consistance des différens fluides, respectivement aux solides qu'ils contiennent; d'où s'ensuit que l'équilibre des solides entr'eux suppose nécessairement celui des solides avec les fluides, & celui des fluides comparés les uns aux autres: par conséquent l'équilibre dont il s'agit dépend principalement de l'état des parties solides qui ont dans l'animal toute l'action, ou naturelle, c'est - à - dire élastique, ou sur - ajoûtée, c'est - à - dire musculaire, tandis que les fluides n'ont que des forces passives, telles que la pesanteur, la mobilité: celle - ci même doit presque annuller les effets de celle - là; de maniere que la masse des humeurs animales ne doit avoir de poids que pour être susceptible de recevoir un mouvement réglé, pour résister à en trop prendre, & non pour suivre sa tendance comme corps grave.
On doit se représenter toutes les fibres qui entrent dans la structure de l'animal, comme dans un état de distractilité continuelle, plus ou moins grande, à proportion que les vaisseaux qu'elles forment sont plus ou moins remplis ou dilatés par les liquides contenus: elles sont dans un état violent, attendu que, laissées à elles - mêmes, celles qui sont dans une position longitudinale tendent à se racourcir de plus en plus, & les vaisseaux à s'oblitérer par la contraction des fibres circulaires, qui en est aussi un véritable racourcissement. Ces effets n'ont jamais lieu dans les vaisseaux qui contiennent quelque liquide; ils ne peuvent jamais parvenir à l'état de contraction parfaite; ils en approchent seulement plus ou moins, à proportion qu'ils sont plus ou moins distendus par la quantité & l'effort des fluides qu'ils contiennent, tant que la distribution des fluides se fait avec égalité, c'est - à - dire proportionnément à ce que chaque vaisseau doit en recevoir dans l'état naturel.
Tous les solides, dans quelque état qu'on les considere, soit de systole, soit de diastole, forment un ressort d'une seule piece, dont les parties soûtiennent l'effort les unes des autres, sans qu'aucune plie: mais s'il arrive, par quelque cause que ce soit, que les fibres ou les tuniques de quelques vaisseaux viennent à perdre de cette force de ressort, celle de toutes les autres restant la même, les fluides éprouvant moins de résistance à se porter dans la partie affoiblie, y sont poussés plús abondamment, & diminuent proportionnément léur effort vers les vaisseaux des autres parties, dont le ressort n'a rien perdu de ses forces, & résiste toûjours également & plus efficacement, attendu que ces vaisseaux peu<cb->
Ainsi lorsque l'équilibre est rompu par relâchement dans quelques - unes des parties contenantes, l'effort des fluides y devenant de plus en plus supérieur à la résistance des solides, ceux - ci cedent aussi de plus en plus, se laissent allonger au point que les vaisseaux qui en sont composés se dilatent outre mesure, quelquefois jusqu'à se rompre: les liquides contenus n'éprouvant que foiblement, ou point du tout, la réaction des vaisseaux trop dilatés, croupissent & dégénerent de leurs qualités naturelles, ou ils s'épanchent de la cavité de ceux dans lesquels s'est fait une solution de continuité, ou ils transudent par les pores les plus ouverts, à cause de l'écartement des fibres, ou ils coulent plus abondamment qu'ils ne devroient, pour le bien de l'économie animale, par l'orifice forcé des vaisseaux, qui se trouve plus ouvert qu'il ne doit être dans l'état naturel.
De tous ces différens effets s'ensuivent des symptomes, dont la différence dépend principalement de celle du siége & des fonctions des organes qui pechent par le relâchement. Si ce vice a lieu dans le tissu cellulaire qui appartient aux tégumens en général, il en provient une leucophlegmatie; si ce n'est que dans le tissa cellulaire des extrémités inférieures, il en résulte seulement l'enflure de ces parties; s'il s'établit dans les vaisseaux lymphatiques du basventre, ou de la poitrine, ou de la tête, il en est produit une hydropisie, ou un engorgement séreux des poumons, ou un épanchement dans la poitrine d'humeurs de même nature, ou une hydropisie de différente espece.
Mais le mal n'est jamais plus grand que lorsque les vaisseaux relâchés servent à une excrétion quelconque: alors les liquides contenus s'écoulant sans résistance par les conduits qui leur sont propres, sont suivis par les autres parties de la masse des humeurs, qui sont de consistance à ne pas trouver plus d'obstacle à s'écouler par la même voie; ce qui rend le flux continuel, ou presque tel. Tous les autres vaisseaux du corps recevant & contenant à proportion moins des fluides qu'il s'en porte plus dans la partie foible, ont la liberté de se resserrer davantage: le chyle, avant de se changer en sang, la matiere même du suc nourricier se portent aussi avec les parties les plus fluides de la masse des humeurs, vers les vaisseaux les plus libres, les moins résistans, c'est - à - dire vers ceux dont les fibres ont perdu l'équilibre: d'où il résulte que la déperdition des fluides en général, par la voie ouverte, venant à excéder la réparation, il se fait une diminution proportionnée du volume dans toutes les parties du corps, attendu qu'il dépend principalement de la quantité des humeurs qui tiennent les vaisseaux dans l'état de la dilatation; cette diminution fait l'amaigrissement. Le cerveau ne recevant pas une suffisante quantité de fluides travaillés pour être changés en esprits animaux, il en resulte la foiblesse, l'abattement, l'impuissance au mouvement. Le suc nourricier manquant dans les vaisseaux auxquels il doit être distribué, ils s'obliterent peu - à - peu, d'où le marasme. La partie relâchée devenant comme un égout, vers lequel tendent les humeurs de toutes les parties, la plûpart des vaisseaux deviennent vuides & affaissés; le corps se desseche, & la flexibilité nécessaire aux solides en général, qui ne peut être attribuée qu'à l'interposition convenable des fluides, venant à manquer conséquemment à leur défaut, le mouvement qui ne peut avoir lieu sans cette flexibilité, cesse, & la mort suit.
Cette théorie convient à toutes sortes de fluxions,
de dépôts, d'amas considérables, & d'écoulemens
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