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Les ventouses ne produisent pas autrement la tuméfaction des parties sur lesquelles elles sont appliquées, qu'en rompant, par la diminution de la compression de l'air, l'équilibre de résistance dans les vaisseaux, qui se laissent en conséquence engorger d'humeurs. Les animaux ne se gonflent sous le récipient de la machine du vuide, que parce que le poids de l'air étant aussi diminué par la suction, s'oppose moins à l'effort des fluides, qui tendent à dilater les vaisseaux de l'habitude du corps: ceux - ci ne pechent alors que par défaut d'équilibre; d'où l'on peut inférer que la force qui le conserve dans l'économie animale saine, n'est pas seulement intrinseque à l'égard des fibres, mais qu'elle est aussi extrinseque.
Il est même, outre le poids de l'atmosphere, une autre cause qui y contribue, qui, quoiqu'étrangere à chaque vaisseau en particulier, ne l'est cependant pas à l'animal même; c'est la pression réciproque des vaisseaux entr'eux, par laquelle ils contre - balancent, les uns par rapport aux autres, les efforts que les fluides font dans leur cavité respective, tendans à en écarter les parois outre mesure.
On voit, par tout ce qui vient d'être exposé, les pernicieux effets que peut produire dans l'économie animale le défaut d'équilibre causé par la trop grande diminution du ressort dans les parties solides: ce même défaut, occasionné par la trop grande élasticité dans les fibres d'une partie, ou par leur rigidité, ou par la constriction spontanée ou spasmodique des tuniques musculaires des vaisseaux, n'est pas une source moins féconde de dérangement dans l'économie animale; c'est ce qui semble suffisamment prouvé par les considérations suivantes.
Ainsi le resserrement d'un vaisseau considérable, ou de plusieurs vaisseaux dans une partie quelconque, ou tout autre obstacle formé au cours des humeurs, en quelque organe que ce soit, peuvent produire la fievre, ou dans les parties affectées, si la
N'est - ce pas à un défaut d'équilibre de cette espece,
qu'on peut attribuer la plûpart des indispositions
que causent les commencemens de la grossesse à un
grand nombre de femmes? le sang menstruel ne s'évacuant
point dans cette circonstance, & formant
par conséquent une pléthore particuliere dans la matrice,
qui augmente de plus en plus, tant que le foetus
ne peut pas encore consumer en entier, pour sa
nourriture & son accroissement, les humeurs surabondantes,
que la nature a destinées à cet usage:
les vaisseaux utérins, distendus outre mesure, ne cedent
cependant que jusqu'à un certain point à leur dilatation
ultérieure; le tiraillement de leurs tuniques
forcées, qui approche du déchirement, est un sentiment
stimulant, qui les excite à réagir extraordinairement
en y attirant des forces sûr - ajoûtées, par l'influx
du fluide nerveux & des contractions des fibres musculaires;
ainsi, ils deviennent par - là en état de résister
aux plus grands efforts des humeurs, qui rendent
à s'y porter plus abondamment: il se fait d'abord
une espece d'hérence dans le cours des fluides de tous
les vaisseaux utérins; elle s'étend de proche en proche.
comme par l'effet d'une digue ou écluse; le
ressort des vaisseaux réagissans, étant un peu dégagé,
force ensuite ce qui reste encore de surabondant,
dans leur cavité, à refluer dans les troncs des
vaisseaux, d'où ils ont été distribués (ce reflux peut
réellement avoir lieu dans le cas dont il s'agit ici,
si l'on convient qu'il se fait dans la résolution des
inflammations produites par erreur de lieu, voyez
Mais la pléthore se renouvellant continuellement, il succede toûjours de nouveaux fluides à placer: ils sont repoussés, & se jettent toûjours où ils trouvent moins de résistance; il s'en fait d'abord une dérivation dans tous les vaisseaux collatéraux, qui se trouvent disposés à ceder; ce qui donne souvent lieu à une plus grande secrétion dans les glandes & dans tous les filtres des intestins, dont l'excrétion fournit souvent la matiere d'un cours de ventre: ou les humeurs se portent dans les vaisseaux de l'estomac, les distendent, tiraillent leurs fibres musculaires, les nerfs de ce visce<pb-> [p. 877]
Mais si toutes les parties résistent également, le sang superflu restant dans les gros vaisseaux, sans pouvoir être distribué, gêne la circulation, cause des défaillances, des syncopes, ce qui rend, dans ce cas, la saignée si salutaire, par la promptitude avec laquelle elle rétablit l'équilibre, en dégorgeant les gros vaisseaux; elle peut aussi produire de bons effets dans tous les autres engorgemens particuliers, par la même raison, mais ils sont moins sensibles: dans ce même cas, encore la nature, qui tend toûjours à conserver ou à rétablir l'équilibre, peut avoir une autre ressource que la saignée; tous les vaisseaux étant dans un état de résistance, & par conséquent de réaction égales, peuvent quelquefois, parleurs forces combinées, vaincre celles des vaisseaux utérins, & en forcer les orifices, donner lieu à une hémorrhagie qui peut rétablir l'équilibre perdu; c'est par cette raison que plusieurs femmes ont des pertes pendant les premiers mois de leur grossesse, sur - tout les femmes robustes, sans aucun mauvais effet.
Tout ce qui vient d'être dit, peut convenir à bien des égards à ce qui se passe dans la suppression des regles, & peut tenir lieu d'explication de ce que Boerrhaave dit simplement être un desordre dans la circulation, sans dire en quoi consiste ce desordre, ce changement, ce mouvement renversé dans le cours du sang, qu'il reconnoit, sans en indiquer la cause, sans la faire pressentir même: il semble cependant qu'on peut en rendre raison, de la maniere précédente, en suivant la nature dans ses opérations, sans rien supposer. On voit, par exemple, pourquoi les femmes grosses sont sujettes à de si fréquentes & de si grandes agitations, à des fréquences dans le pouls, qui en sont une suite, sur - tout pendant le tems de la digestion, de l'entrée du chyle dans le sang: effet que l'on peut regarder comme étant des efforts que la nature fait pour rétablir l'équilibre; efforts qui sont véritablement fébriles, & seroient de conséquence, s'ils n'étoient pas si irréguliers, & le plus souvent de très - peu de durée; parce que la cause est ordinairement de nature à être aisément & promptement détruite, ou peut subsister sans danger: il n'y a pas de vice intrinseque dans les humeurs; elles ne pechent que par l'excès de quantité: il n'en est pas de même dans les suppressions du flux menstruel; la cause étant le plus souvent difficile à vaincre, occasionne des efforts continuels de la nature, pour détruire la pléthore & rétablir l'équilibre; ce qui donne souvent lieu, dans ce cas, à des fievres considérables, & dont les suites peuvent être fâcheuses.
Ainsi, les inflammations occasionnant aussi une sorte de pléthore, plus ou moins étendue, produisent la fievre générale ou particuliere: le resserre<cb->
Il résulte de ce qui a été dit jusqu'ici sur les différentes causes qui peuvent déranger l'équilibre de la machine dans l'économie animale, que dans le relâchement, l'élasticité naturelle qui subsiste dans les fibres, suffit en général, pour leur donner un degré de force qui détermine le cours des fluides vers la partie qui a perdu de son ressort; mais le défaut d'équilibre, qui est produit par l'irritation, ne peut pas avoir lieu, sans qu'il soit ajoûté généralement à tous les solides, une force qui puisse l'emporter sur la résistance de la partie où se fait l'irritation; en sorte que dans ce cas, ils aquierent plus de force d'action sur les fluides par un resserrement qui dépend des nerfs, & l'équilibre se détruit, tout comme si les parties irritées péchoient par relâchement, parce que celles - ci sont forcées de céder à l'action combinée de tous les vaisseaux du corps contr'elle; étant alors inférieures en résistance, elles ne tiennent pas contre l'action des fibres, en général devenues plus fortes, que dans l'état naturel, par un moyen surajoûté, qui leur est commun à toutes, vis unita fortior. Ainsi de deux causes opposées, le relâchement & le resserrement des fibres ou des vaisseaux, il peut également en résulter un défaut d'équilibre dans le corps animal.
Il est naturel de conclure de tout ce qui vient
d'être exposé au sujet de l'équilibre dans le corps humain,
qu'il est très - important de s'instruire de tout
ce qui sert à faire connoître les phénomenes, les
lois constantes de cette condition requise par la vie
saine, de cet agent, qui paroît joüer un si grand rôle
dans l'économie animale, qui est un principe fécond,
d'où on peut déduire une infinité de causes, qui en<pb->
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