ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Il y a le muscle épineux du dos, le grand épineux du dos, les épineux du cou, les interépineux du cou. Voyez Vertebre.

Sur l'omoplate & sur la partie supérieure de l'humérus, on remarque le sus - épineux & le sus - épineux. Voyez Omoplate.

L'artere épineuse est une branche de la maxillaire interne, voyez Maxillaire. (L)

EPINGLE (Page 5:804)

EPINGLE, s. f. (Art. Méchaniq.) petit instrument de métal, droit & pointu par un bout, qui sert d'attache amovible au linge & aux étoffes, pour fixer les différens plis qu'on leur donne à la toilette, à l'ouvrage, & dans les emballages.

L'épingle est de tous les ouvrages méchaniques le plus mince, le plus commun, le moins prétieux, & cependant un de ceux qui demandent peut - être le plus de combinaisons: d'où il résulte que l'art, ainsi que la nature étale ses prodiges dans les petits objets, & que l'industrie est aussi bornée dans ses vûes, qu'admirable dans ses ressources; car une épingle éprouve dix - huit opérations avant d'entrer dans le commerce.

1°. On jaunit le fil de laiton: il arrive de Suede ou de Hambourg, en bottes de 25 à 28 livres chacune, pliées en cercle comme un collier, d'où on les appelle aussi torques, & toutes noires de la forge: on les fait bouillir dans une chaudiere d'eau avec de la gravelle ou lie de vin blanc, environ une livre par botte. Un ouvrier les fesse à force de bras sur un billot de bois, avant de les faire bouillir: après une heure de feu, on les trempe dans un baquet d'eau fraîche, & on les rebat encore, observant de tremper & de battre alternativement. Ainsi dérouillées & assouplies, l'ouvrier replie le fil de laiton ébauché au - tour de son bras; d'où il passe au tirage, après avoir séché au feu ou au soleil.

2°. On tire le fil à la bobille: cette opération se fait sur un banc ou établi, qui est une grosse table de bois en quarré, longue & fort épaisse. Voyez au bas de la Pl. I. fig. 4. Le fil s'entortille autour d'un moulinet ou devidoir 1, ou six branches enchâssées dans deux planches plates & rondes, celle d'en - bas plus grande que celle d'en - haut. Ce devidoir tourne sur un pivot qui le traverse au centre: vers l'autre extrémité est une filiere 3; c'est une piece de fonte d'un pié & demi de long, & d'un pouce d'épaisseur sur deux de largeur, percée à cent douze trous égaux: mais comme elle est d'une matiere malléable, on peut élargir ou diminuer les trous, selon la grosseur ou l'on veut réduire le fil à tirer. On se sert pour cela d'un poinçon 7: après avoir battu la filiere à coups de marteau 11, & bouché ses trous avec un polissoir sur un chantier 13, on la fixe avec des coins entre deux crampons 44 de fer, panchée 3 au niveau de l'endroit de la bobille où le fil doit tourner. L'ouvrier ayant appetissé la pointe du fil avec une lime, sur un petit quarré de bois 12 qu'il appelle étibeau, il le fait passer par le trou de la filiere, & le tire d'abord avec des bequettes ou tenailles plates en dedans, & mordantes comme une lime (car elles ont des dents), jusqu'à ce qu'il puisse l'accrocher à la bobille par un ou deux petits anneaux de fer. La bobille est un cylindre de bois 2, fixé autour d'un arbre de fer qui le traverse au centre par la base: elle tourne au moyen d'une manivelle de fer, attachée à la bobille par une patte 10 avec un manche mobile de bois ou de corne. L'ouvrier (fig. 4. vignette de la Pl. I.) prend le manche à deux mains, & tourne en frotant de tems en tems le fil à l'huile avec un pinceau ou un linge, afin de le rendre plus coulant autour de la bobille. Avant de passer le fil dans le trou de la filiere, on se sert d'une jauge pour déterminer la mesure: la jauge est un fil d'archal (VIII. fig. 5. au bas de la même Planche) qui se replie en serpentant. Elle a douze portes, six de chaque côté; ce sont les points par où le fil d'archal se rapproche le plus: elles servent à fixer la grosseur où l'ouvrier doit reduire son fil, selon l'espece des épingles qu'il veut faire.

3°. On dresse le fil, (Pl. II. fig. 2. vignette). Sur une grosse. table à deux ou trois piés, est un moulinet autour duquel on met le fil qui sort de la bobillë. A un pié de distance est un engin d, c'est - à - dire un morceau de bois plat & quarré fixé sur la table, & garni de sept à huit clous sans tête, placés de suite, mais à deux distances, de façon à former une équerre curviligne. Voyez dans la figure 17, au bas de la meme Planche, le moulinet G, & l'engin avec les clous HK. Le dresseur fait passer le fil à - travers ces clous, devant le premier, derriere le second, &c. de façon qu'il prend une ligne droite, dont il ne peut s'écarter, à moins que les clous ne plient de côté ou d'autre; mais alors on les redresse avec un marteau. Cette opération est d'autant plus délicate, que le moindre défaut rend le fil tors & inutile. Le dresseur saisit le fil avec des tenailles tranchantes, & recule en - arriere à la distance de 18 piés environ; puis il revient cueillir sa dressée, c'est - à - dire trancher son fil avec les tenailles, pour commencer une seconde dressée de la même longueur.

4°. On coupe la dressée. L'ouvrier prend une boîte ou mesure de bois traversée ou terminée par une petite plaque de ser. Cette boîte a différens numeros, selon les diverses especes d'épingles; il ajuste sa boîte à la dressée, & la coupe avec des tenailles tranchantes appellées triquoises, en autant de tronçons ou parties aliquotes, qu'elle contient de fois la longueur de la mesure, prenant 10 à 12 dressées à - la - fois; puis il met les tronçons dans une écuelle de bois, g, fig. 3. vignette de la même Planche.

5°. On empointe. Un homme (fig. 6. même vign.) tourne une grande roue de bois, telle qu'on en voit chez les Couteliers, autour de laquelle est une corde de chanvre ou de boyau, aboutissant à la noix d'un arbre qui porte une meule dentelée. Cette meule est enchâssée dans un billot de bois, f, quarré & creux par le milieu. L'empointeur (figure 5.) se place les jambes repliées en croix contre les cuisses, sur une sellette en pente devant la meule; prend une tenaillée, c'est - à - dire 12 à 15 tronçons à - la - fois; les placè entre les deux index & les pouces, l'un au - dessus de l'autre (fig. 16. au bas de la même Planche); applique les tronçons rangés en ligne sur la meule; tire en baissant, & les faisant tourner au moyen des deux pouces qu'il avance & retire alternativement, afin que la pointe aille en s'arrondissant: c'est ainsi qu'il empointe les deux extrémités des tronçons l'une après l'autre.

6°. On repasse, c'est à - dire que la même opération se répete sur une meule voisine (fig. 7 & 8. vignette de la même Planche), plus douce que la premiere, afin d'affiler les pointes qui ne sont qu'ébauchées. C'est en quoi les épingles de Laigle & des autres villes de Normandie, sont préférables à celles de Bordeaux, où l'on ne donne qu'une façon à la pointe. Les meules sont d'un fer bien trempé, d'un demi - pié de diametre environ: elles sont couvertes de dents tout - autour, qu'on a taillées avec un ciseau sur des lignes droites tracées au compas. On remet les meules au feu, quand elles sont usées; on polit la surface à la lime, & l'on y taille de nouvelles dents. L'axe des meules est un fuseau de fer, dont les extrémités pointues entrent dans deux tapons du bois le plus dur, qui servent de pivots ou de soûtien à la meule. L'empointeur appuie plus ou moins legerement, selon que sa pointe est avancée.

7°. On coupe les tronçons. Le coupeur prend une boîte de fer (fig. 15. au bas de la seconde Planche); il [p. 805] ajuste les tronçons en pointes dans cette boîte, & les assujettit avec une crosse n sur un métier de bois m, revêtu d'une chausse de cuir ll, qui s'attache autour de la cuisse avec des courroies kk. L'ouvrier assis par terre, étend une jambe & replie l'autre, ensorte que le pié de celle - ci donne contre le jarret de la jambe étendue. Dans cette posture, la cuisse de la jambe repliée lui sert de ressort pour mouvoir la branche inférieure des grands ciseaux avec lesquels il tranche les tronçons. Ces boîtes qui servent à déterminer la mesure de chaque épingle, comme les boîtes de bois fixent la mesure des tronçons, ont environ trois pouces de longueur sur deux de large, avec une séparation vers le milieu, & sont revêtues sur les côtés de deux bords dans lesquels on trouve la place du pouce, afin d'alligner les tronçons. Les pointes appuient sur la base du quarré que forme la boîte, & par - là même sont exposées à s'émousser, quoiqu'elles ne pressent pas fortement contre le fer. On coupe les tronçons par douzaines, arrangés comme on les voit au bas de la même Planche (fig. 21. 19. p. r. s.); & on les divise en deux, en trois ou en quatre, selon le nombre des épingles qu'ils contiennent. Les extrémités qui débordent hors du niveau, s'appellent hanses, & le coupeur les tranche dans la situation déjà décrite, & que la fig. 4. de la même Planche achevera de rendre intelligible.

8°. On tourne les têtes. Sur le haut bout d'une table panchée, est un roüet (fig. 9. au milieu de la seconde Planche), dont la corde aboutit à une noix de bois placée à l'autre extrémité de la table, & fixée sur des pivots enfoncés dans la table. Au bout de cette noix est une broche ou tuyau de fer enchâssé dans la noix. Cette broche est percée par le bout, & creusée environ d'un pouce; elle est percée au - dessus d'un second trou semblable à l'embouchure du flageolet. C'est par ces deux trous voisins qu'on fait d'abord passer le moule des têtes, pour l'attacher autour de la broche. Ce moule, a, n'est autre chose qu'un fil de laiton plus ou moins gros, à proportion de la grosseur des têtes qu'on veut faire, mais toûjours plus gros que les épingles à qui ces têtes conviendront. Le fil des têtes, plus mince que l'épingle, est en botte autour du moulinet b, planté sur un pivot enfoncé dans un pié - d'estal. Le tourneur on faiseur de têtes prend une porte, c'est - à - dire un morceau de bois long de six pouces, sur trois de circenférence. Au - dessus est un diametre, ou une ligne creusée dans le bois par le moule qui se trouve trop gêné entre deux épingles sans tête placées à chaque extrémité, & l'anneau de fer fiché dans le centre. C'est par cet anneau, qui est proprement la porte, que passe le fil à tête, & de - là dans la broche par les trous indiqués, pour être accroché au bec. Le toarneur saisit la porte à poing fermé, fait passér le fil à tête entre l'index & le doigt du milieu; ensorte qu'il coupe le moule à angles droits: il tourne le rouet d'une main; & le fil que le moulinet laisse aller, s'entortille autour du moule à melure que l'ouvrier recule. Le moule rempli ou couvert à la longueur de cinq à six piés environ, on détache le fil de la broche; on le tire, & il vous reste à la main une chaîne de têtes semblable à ces cordons d'or dont on borde quelquefois les chapeaux.

9°. On coupe les têtes. Un homme assis par terre (fig. 10. au milieu de la même Planche), les jambes croisées en - dessous, prend une douzaine de ces cordons à tête n (fig. 8. Pl. III.); il a des ciseaux, o, camards ou sans pointe, dont la branche supérieure se termine par une espece de crochet qui porte sur la branche inférieure, afin que les doigts ne soient point foulés: car il ne fait que saisir la branche supérieure, & la presser contre l'inferieure; au moyen de quoi il coupe les têtes, observant de ne jamais couper plus ou moins de deux tours de fil: car la tête est manquée, quand elle excede ou n'atteint pas ces limites. Cette opération est d'autant plus difficile, qu'il n'y a que l'habitude de l'oeil ou de la main qui puisse assujettir l'ouvrier à cette regle; cependant il ne coupe pas moins de 12 mille têtes par heure.

10°. On amollit les têtes, Il ne faut pour cela que les faire rougir sur un brasier, dans une cueiller de fer pareille à celle des Fondeurs d'étain ou de plomb, afin qu'elles soient plus souples au frappage, & qu'elles s'accrochent mieux autour des hanses.

11°. On frappe les têtes. Le métier qui sert à cette opération, est composé d'une table o (fig. 12. au milieu de la Pl. III.) ou billot quarré ou triangulaire qui en fait la base, de deux montans ou piliers de bois ss, liés ensemble par une traverse tt. Dans un de ces montans, plus haut que l'autre environ de demi - pié, passe une bascule d ou levier, qui vient répondre par une de ses extrémités c au milieu de la traverse des montans, & s'attache par une corde ou chaînette à une barre b, qui sort par le milieu de la traverse d'un contre - poids a. Ce levier répond de l'autre bout e, par une corde, à une planche ou marchette f, fixée à terre ou au plancher par un crampon & un anneau. Dans cette espece de case sont deux branches ou broches de fer xx paralleles aux montans, plantées sur la base du métier, & enchâssées dans la traverse d'en - haut avec des coins. Sous le contre - poids est une seconde traverse de fer qui vient s'accrocher aux deux broches yy, pour fixer le contre - poids, de façon qu'il ne puisse s'écarter à droite ou à gauche du point sur lequel il doit tomber. Ce contre - poids a, qu'on nomme pesée, est un massif de plomb sphérique ou cylindrique, pesant 10 à 11 livres; il contient un esquibot de fer, dans lequel est enchâssé un outil ou canon d'acier, au point z. Cet outrl est percé d'une auche, c'est - à - dire d'une cavité hémisphérique qui enchâsse la tête de l'épingle: au - dessous est une enclume surmontée d'un outil enchâssé, pareil au supérieur, & percé d'une auche toute semblable, à laquelle conduit une petite ligne creusée dans l'outil pour placer le corps de l'épingle, qui casseroit faute de cette précaution. Ces deux auches ou têtoirs servent à serrer à - la - fois les deux parties de la tête; ce qui s'appelle enclorre. On les forme avec des poinçons, tels qu'on en voit un dans la figure désignée; ce qui s'appelle enhaucher. Le frappeur assis sur une sellette (o, figure 12. & 13. Pl. II. au milieu), a devant lui trois écuelles de bois ou poches de cuir, dont l'une (z, figure 2. Pl. III.) est pleine de hanses empointées; l'autre (o, o, fig. 18. au bas de la même Planche) est pleine de têtes; & la troisieme (z, 3. 10. figure précédemment citée) sert à mettre les épingles entêtées. Tandis que d'une main il enfile les épingles dans les têtes, ce qu'on appelle brocher, de l'autre il enrhune ou place la tête dans les auches, & du pié il fait joüer le contrepoids, au moyen de la marchette qu'il frappe à coups redoublés, observant de tourner l'épingle dans les têtoirs, pour bien trapper la tête de tous les côtés. Il y a des métiers à plusieurs places, tels qu'on en voit un à trois (fig. 12. & 13. Planche II.) C'est la même machine multipliée sur une seule base.

12°. On jaunit les épingles. On employe à cet usage de la gravelle qu'on fait bouillir avec les épingles dans l'eau pendant un certain tems, jusqu'à ce que les têtes noircies au feu reprennent la couleur naturelle du laiton.

13°. On blanchit les épingles. Comme on a besoin pour cette opération, de plaques d'étain, voici la maniere de les mouler.

On dresse un établi (figure 6. Pl. III. vignette), formé de deux ou trois planches bien unies, de sept à huit piés de long sur deux de large; on étend par<pb->

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