ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"779"> prises sous le nom d'épicerie: il est le second des six corps, & a rang après celui de la draperie.

Le corps d'Epicerie est partagé en Apothicaires & Epiciers, & ces derniers en Droguistes, Confituriers, & Ciriers ou Ciergiers; ensorte qu'il y a cinq sortes de marchands dans ce corps. Il est gouverne par les mêmes maîtres & gardes, & régi par les mêmes lois. Ces maîtres & gardes sont au nombre de six, trois apothicaires & trois épiceris. Les plus anciens de ces deux corps actuellement en charge, sont appellés grands - gardes ou présidens. Leur préséance est alternative. Tous les ans, après la saint Nicolas leur patron, on élit deux nouveaux gardes, un épicier, & l'autre apothicaire. Cette éléction se fait dans le bureau, en présence du lieutenant général de police, du procureur du roi du châtelet, & d'un greffier: les Apothicaires & les Epiciers sont de l'assemblée: tous les épiciers qui ont passé par la charge de garde, y ont entrée, avec quarante autres qu'on appelle des mandés, tirés des modernes & des anciens. On n'est jamais deux fois mandé de suite. Les gardes - épiciers sont élus avec les Apothicaires, qui nomment seuls ceux de leur art. La fonction de ces gardes est de tenir la main à l'exécution des statuts & réglemens; de faire au moins trois visites par an, & de faire en outre des visites générales chez tous les marchands, maîtres des coches, &c. pour confronter les poids & les balances. Il n'y a que les marchands des cinq autres corps qui soient exempts de ces visites. Il n'y a que les Epiciers qui puissent la faire, parce qu'ils ont de tout tems eu des étalons de poids en dépôt. Ils les doivent encore faire vérifier de six ans en six ans par la cour des monnoies, sur les matrices originales. L'un des gardes est encore chargé de la dépense commune; successivement un apothicaire & un épicier, qui rend son compte tous les ans devant les gardes en charge & les anciens qui l'ont été. Nul ne peut être reçû dans le corps d'Epicerie, qu'il ne soit françois, ou naturalisé par lettres - patentes. Pour être apothicaire il faut avoir fait quatre ans d'apprentissage, & avoir six ans de service chez les maîtres; il n'y a qa'eux qui soient obligés au chef - d'oeuvre. Les épiciers aspirans doivent avoir fait trois ans de compagnonage, & six de service. Les veuves des uns & des autres peuvent, en viduité, exercer le commerce de leurs maris, avec un garçon approuvé par les maîtres & gardes: elles ne peuvent faire d'apprentis, ni donner leur boutique à un garçon sous leur nom, à moins qu'il ne demeure avec elles. Les épiciers qui ne sont point droguistes, ne peuvent vendre aucune marchandise d'Apothicairerie. Les drogueries & épiceries sont d'abord, avant la distribution générale, déposées au bareau, & examinées par les gardes.

Leurs statuts ont été confirmés par lettres patentes de plusieurs de nos rois, entr autres de Henri IV. en 1594, & de Louis XIII. en 1611 & en 1624. Dans les cérémonies publiques les gardes de ce corps ont droit de porter la robe de drap noir, à collet & manches pendantes, bordées & parementées de velours de la même couleur. Cette robe est la consulaire, & commune aux maîtres des cinq autres corps. Un épicier qui est garde, ou qui l'a été, décédant, les maîtres en charge sont obligés d'assister à son service & enterrement; les quatre plus jeunes portant le poile, & les deux grands suivant immédiatement le corps, accompagnés des quatre courtiers du corps menant le deuil. La même cérémonie s'observe à l'égard des femmes, veuves ou non. Le bureau fournit le poile & six chandeliers d'argent, six flambeaux de cire blanche ornés des armoiries du corps, les Apothicaires & les Epiciers en ayant qui leur sont particulieres. Dictionn. & réglem. du Commerce.

EPICHERÊME (Page 5:779)

EPICHERÊME, s.f. (Logique.) L'école a donné le nom d'épicherême aux syllogismes dans lesquels l'on joint à chaque prémisse sa preuve, au moins lorsque chacune en a besoin. M. de Crousaz en donne l'exemple suivant:

Il est raisonnable de penser que les biens qui ont le plus de rapport à ce que notre nature renferme de plus excellent, sont les plus capables de nous rendre heureux; car la félicité & la perfection doivent aller d'un pas égal, puisqu'elles sont l'une & l'autre notre but.

Or la science & la sagesse sont des biens qui perfectionnent ce qu'il y a en nous de plus excellent, puisque l'entendement & la volonté sont des facultés beaucoup plus estimables que les sens.

Il est donc raisonnable de penser que l'on se rendra plus heureux par la connoissance & par la sagesse, que par les voluptés des sens.

L'épicherême, dit - on, a un grand avantage; c'est de ne point retarder l'impatience de l'homme, parce qu'elle prouve ses prémisses en les avançant: ce qui est court & très - agréable; mais il ne s'agit pas ici d'agrément. Ou de si courtes preuves sont inutiles par l'évidence de la proposition, ou elles ne sont pas suffisantes pour la démontrer. L'épicherême de M. de Crousaz lui - même n'est peut - être pas trop solide; mais qu'il le soit ou non, je dis que des preuves que l'on fait passer si rapidement devant l'esprit, ne sont guere propres qu'à l'ébloüir, au lieu de l'éclairer: ainsi l'usage de ce syllogisme irrégulier, qu'on nomme épicherême, n'est bon que pour former les récapitulations des orateurs, quand les principes d'où dépend leur conclusion, ont déjà été précédemment établis & prouves par ordre. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPICLIDIES (Page 5:779)

* EPICLIDIES, adj. pris subst. (Mythol.) fêtes que les Athéniens avoient instituées en l'honneur de Cérès. Hésychius qui nous a transmis ce nom, ne nous en dit pas davantage.

EPICOMBES (Page 5:779)

* EPICOMBES, s. m. pl. (Hist. anc.) bouquets enrichis de monnoies ou pieces d'or, d'argent & de cuivre, qu'un sénateur jettoit au peuple, lorsque l'empereur de Constantinople soitoit de l'église. Il y avoit ordinairement dix mille de ces bouquets, & chaque bouquet renfermoit au moins trois pieces d'or & trois pieces d'argent. Cette largesse étoit très - considérable, & la forme en étoit honnête.

EPICRANE (Page 5:779)

EPICRANE, s. m. (Anat.) partie qui environne le crane. Voyez Crane & Muscle.

EPICRENE (Page 5:779)

* EPICRENE, s.f. (Mythol.) fêtes que les Lacédémoniens célébroient, & qu'ils appelloient la séte des fontaines: c'est tout ce que nous en savons.

EPICURÉISME ou EPICURISME (Page 5:779)

* EPICURÉISME ou EPICURISME, subst. m. (Hist. de la Philosophie.) La secte éléatique donna naissance à la secte épicurienne. Jamais philosophie ne fut moins entendue & plus calomniée que celle d'Epicure. On accusa ce philosophe d'athéisme, quoiqu'il admît l'existence des dieux, qu'il fréquentât les temples, & qu'il n'eût aucune répugnance à se prosterner aux piés des autels. On le regarda comme l'apologiste de la débauche, lui dont la vie étoit une pratique continuelle de toutes les vertus, & surtout de la tempérance. Le préjugé fut si général, qu'il faut avoüer, à la honte des Stoïciens qui mirent tout en oeuvre pour le répandre, que les Epicuriens ont été de très - honnêtes gens qui ont eu la plus mauvaise réputation. Mais afin qu'on puisse porter un jugement éclairé de la doctrine d'Epicurs, nous introduirons ce philosophe même, entouré de ses disciples, & leur dictant ses leçons à l'ombre des arbres qu'il avoit plantés. C'est donc lui qui va parler dans le reste de cet article; & nous espérons de l'équité du lecteur, qu'il voudra bien s'en souvenir. La seule chose que nous nous permettrons, c'est de jetter entre ses principes quelques - unes des conséquences les plus immédiates qu'on en peut deduire. [p. 780]

De la philosophie en général. L'homme est né pour penser & pour agir, & la Philosophie est faite pour régler l'entendement & la volonté de l'hommo: tout ce qui s'écarte de ce but, est frivole. Le bonheur s'acquiert par l'exercice de la raison, la pratique dë la vertu, & l'usage modéré des plaisirs; ce qui suppose la santé du corps & de l'ame. Si la plus importante des connoissances est de ce qu'il faut eviter & faire, le jeune homme ne peut se livrer trop tôt à l'étude de la Philosophie, & le vieillard y renoncer trop tard. Je distingue entre mes disciples trois sortes de caracteres: il y a des hommes, tels que moi, qu'aucun obstacle ne rebute, & qui s'avancent seuls & d'un mouvement qui leur est propre, vers la vérité, la vertu & la félicité; des hommes, tels que Métrodore, qui ont besoin d'un exemple qui les encourage; & d'autres, tels qu'Hermaque, à qui il faut faire une espece de violence. Je les aime & les estime tous. Oh, mes amis! y a - t - il quelque chose de plus ancien que la vérité? la vérité n'étoit - elle pas avant tous les Philosophes? Le philosophe méprisera donc toute autorité & marchera droit à la vérité, écartant tous les fantômes vains qui se présenteront sur sa route, & l'ironie de Socrate & la volupté d'Epicure. Pourquoi le peuple reste - t - il plongé dans l'erreur? c'est qu'il prend des noms pour des preuves. Faites - vous des principes; qu'ils soient en petit nombre, mais féconds en conséquences. Ne négligeons pas l'étude de la nature, mais appliquons - nous particulierement à la science des moeurs. De quoi nous serviroit la connoissance approfondie des êtres qui sont hors de nous, si nous pouvions, sans cette connoissance, dissiper la crainte, obvier à la douleur, & satisfaire à nos besoins? L'usage de la dialectique poussé à l'excès, dégénere dans l'art de semer d'épines toutes les Sciences: je hais cet art. La véritable Logique peut se réduire à peu de regles. Il n'y a dans la Nature que les choses & nos idées; & conséquemment il n'y a que deux sortes de vérités, les unes d'existence, les autres d'induction. Les vérités d'existence appartiennent aux sens; celles d'induction, à la raison. La précipitation est la source principale de nos erreurs. Je ne me lasserai donc point de vous dire, attendez. Sans l'usage convenable des sens, il n'y a point d'idées ou de prénotions; & sans prénotions, il n'y a ni opinion ni doute. Loin de pouvoir travailler à la recherche de la vérité, on n'est pas même en état de se faire des signes. Multipliez donc les prénotions par un usage assidu de vos sens; étudiez la valeur précise des signes que les autres ont institués, & déterminez soigneusement la valeur de ceux que vous instituerez. Si vous vous resolvez à parler, préférez les expressions les plus simples & les plus communes, ou craignez de n'être point entendus, & de perdre le tems à vous interpreter vous - mêmes. Quand vous écouterez, appliquez - vous à sentir toute la force des mots. C'est par un exercice habituel de ces principes que vous parviendrez à discerner sans effort le vrai, le faux, l'obscur & l'ambigu. Mais ce n'est pas assez que vous sachiez mettre de la vérité dans vos raisonnemens, il faut encore que vous sachiez mettre de la sagesse dans vos actions. En général, quand la volupté n'entraînera aucune peine à sa suite, ne balancez pas à l'embrasser; si la peine qu'elle entraînera est moindre qu'elle, embrassez - la encore: embrassez même la peine dont vous vous promettrez un grand plaisir. Vous ne calculerez mal, que quand vous vous abandonnerez à une volupté qui vous causera une trop grande peine, ou qui vous privera d'un plus grand plaisir.

De la physiologie en général. Quel but nous proposerons - nous dans l'étude de la Physiologie? si ce n'est de connoître les causes générales des phé<cb-> nomenes, afin que délivrés de toutes vaines terreurs, nous nous abandonnions sans remords à nos appétits raisonnables; & qu'après avoir joui de la vie, nous la quittions sans regret. Il ne s'est rien fait de rien. L'Univers a toûjours été, & sera toujours. Il n'existe que la matiere & le vuide; car on ne conçoit aucun être mitoyen. Joignez à la notion du vuide l'impénétrabilité, la figure & la pesanteur, & vous aurez l'idée de la matiere. Séparez de l'idée de matiere les mêmes qualités, & vous aurez la notion du vuide. La Nature considérée, abstraction faite de la matiere, donne le vuide; le vuide occupé donne la notion du lieu; le lieu traversé donne l'idée de région. Qu'entendrons - nous par l'espace, sinon le vuide considéré comme étendu? La nécessité du vuide est démontrée par elle - même; car sans vuide, où les corps existeroient - ils? où se mouveroient - ils? Mais qu'est - ce que le vuide? est - ce une qualité? est - ce une chose? Ce n'est point une qualité. Mais si c'est une chose, c'est donc une chose corporelle? il n'en faut pas douter. Cette chose uniforme, homogene, immense, éternelle, traverse tous les corps sans les altérer, les détermine, marque leurs limites, & les y contient. L'Univers est l'aggrégat de la matiere & du vuide. La matiere est infinie, le vuide est infini: car si le vuide étoit infini & la matiere finie, rien ne retiendroit les corps & ne borneroit leurs écarts: les percussions & les répercussions cesseroient; & l'Univers, loin de former un tout, ne seroit dans quelqu'instant de la durée qui suivra, qu'un amas de corps isolés, & perdus dans l'immensité de l'espace. Si au contraire la matiere étoit infinie & le vuide fini, il y auroit des corps qui ne seroient pas dans l'espace, ce qui est absurde. Nous n'appliquerons donc à l'Univers aucune de ces expressions par lesquelles nous distinguons des dimensions & nous déterminons des points dans les corps finis. L'Univers est immobile, parce qu'il n'y a point d'espace au - delà. Il est immuable, parce qu'il n'est susceptible ni d'accroissement ni de diminution. Il est éternel, puisqu'il n'a point commencé, & qu'il ne finira point. Cependant les êtres s'y meuvent, des lois s'y exécutent, des phénomenes s'y succedent. Entre ces phénomenes les uns se produisent, d'autres durent, & d'autres passent, mais ces vicissitudes sont relatives aux parties, & non au tout. La seule conséquence qu'on puisse tirer des générations & des destructions, c'est qu'il y a des élémens dont les êtres sont engendrés, & dans lesquels ils se résolvent. On ne conçoit ni formation ni résolution, sans idée de composition; & l'on n'a point l'idée de composition, sans admettre des particules simples, primitives & constituantes. Ce sont ces particules que nous appellerons atomes. L'atome ne peut ni se diviser, ni se simplifier, ni se résoudre; il est essentiellement inaltérable & fini: d'où il s'ensuit que dans un composé fini, quel qu'il soit, il n'y a aucune sorte d'infini ni en grandeur, ni en étendue, ni en nombre. Homogenes, eu égard à leur solidite & à leur inaltérabilité, les atomes ont des qualités spécifiques qui les différencient. Ces qualités sort la grandeur, la figure, la pesanteur, & toutes celles qui en émanent, telles que le poli & l'anguleux. Il ne faut pas mettre au nombre de ces dernieres, le chaud, le froid, & d'autres semblables; ce seroit confondre des qualités immuables avec des effets momentanés. Quoique nous assignions à l'atome toutes les dimensions du corps sensible, il est cependant plus petit qu'aucune portion de matiere imaginable: il échappe à nos sens, dont la portée est la mesure de l'imaginable, soit en petitesse, soit en grandeur. C'est par la différence des atomes que s'expliqueront la plûpart des phénomenes relatifs aux sensations & aux passions. La diversité de figure

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