ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"713"> & pieces que par d'autres indications. Voyez Preuve (A)

ENSELLÉ (Page 5:713)

ENSELLÉ, adj. (Manége & Maréch.) cheval ensellé: on désigne par ce mot un cheval dont le dos, au lieu d'être uni & égal dans toute son étendue, creuse dans son milieu, & y est, vû cette espece de concavité, infiniment plus bas que par - tout ailleurs.

Les chevaux ainsi conformés ont, il est vrai, l'encolure haute & relevée, la tête bien placée, l'avantmain, tout le bout de devant beau, nombre d'entre eux ont de la legereté; mais il en est aussi beaucoup qui sont foibles & qui se lassent aisément.

Il est extrèmement difficile d'ajuster la selle qu'on leur destine, & l'on est contraint de charpenter les arçons différemment, pour les approprier à leur tournure défectueuse. Voyez Selle. (e)

ENSEMBLE (Page 5:713)

ENSEMBLE, (Peint.) Voici un mot dont la signification vague en apparence, renferme une multitude de lois particulieres imposées aux Artistes; premierement par la nature, ou, ce qui revient au même, par la vérité; & ensuite par le raisonnement, qui doit être l'interprete de la nature & de la vérité.

L'ensemble est l'union des parties d'un tout.

L'ensemble de l'univers est cette chaîne presque entierement cachée à nos yeux, de laquelle résulte l'existence harmonieuse de tout ce dont nos sens joüissent. L'ensemble d'un tableau est l'union de toutes les parties de l'art d'imiter les objets; enchaînement connu des artistes créateurs, qui le font servir de base à leurs productions; tissu mystérieux, invisibleà la plûpart des spectateurs, destinés à joüir seulement des beautés qui en résultent.

L'ensemble de la composition dans un tableau d'histoire est de deux especes, comme la composition elle - même, & peut se diviser par conséquent en ensemble pittoresque, & en ensemble poétique.

Les acteurs d'une scene historique peuvent sans doute être fixés dans les ouvrages des auteurs qui nous l'ont transmise. La forme du lieu où elle se passe, peut aussi se trouver très - exactement déterminée par leur récit: mais il n'en restera pas moins au choix de l'artiste un nombre infini de combinaisons que peuvent éprouver entre eux les personnages essentiels & les objets décrits. C'est au peintre a créer cet ensemble pittoresque; & je crois qu'on doit moins craindre de voir s'épuiser la variété dans les compositions, que le talent d'embrasser toutes les combinaisons qui peuvent la produire.

Celle des combinaisons possibles à laquelle on s'arrête, est donc dans un tableau son ensemble pittoresque; il est plus ou moins parfait, selon que l'on a plus ou moins réussi à rendre les grouppes vraissemblables, les attitudes justes, les fonds agréables, les draperies naturelles, les accessoires bien choisis & bien disposés.

L'ensemble poétique exige à son tour cet intérêt général, mais nuancé, que doivent prendre à un évenement tous ceux qui y participent. L'esprit, l'ame des spectateurs veulent être satisfaits, ainsi que leurs yeux; ils veulent que les sentimens dont l'artiste a prétendu leur faire passer l'idée, ayent dans les figures qu'il représente une liaison, une conformité, une dépendance, enfin un ensemble qui existe dans la nature. Car dans un évenement qui occasionne un concours de personnes de différens âges, de différentes conditions, de différens sexes; le sentiment qui résulte du spectacle présent, semblable à un fluide qui tourbillonne, perd de son action en s'étendant loin de son centre: outre cela, il emprunte ses apparences différentes de la force, de la foiblesse, de la sensibilité, de l'éducation, qui sont comme différens milieux par lesquels il circule.

Dans cette multitude d'obligations qu'imposent les lois de l'ensemble, on juge bien que la couleur révendique ses droits.

Son union, son accord, sa dégradation insensible, forment son ensemble; le clair - obscur compose le sien des grouppes de lumiere & d'ombre, & de l'enchaînement de ses masses: mais ce sujet mérite bien que l'on consulte les articles qui sont plus particulierement destinés à les approfondir; ainsi je renverrai entre autres, pour l'explication plus étendue de ce genre d'ensemble, au mot Harmonie, qui l'exprime.

La couleur a des tons, des proportions, des intervalles; il n'est pas étonnant que la Peinture emprunte de la Musique le mot harmonie, qui exprime si bien l'effet que produisent ces différens rapports: & la Musique à son tour peut adopter le mot coloris; en nommant ainsi cette variété de style qui peut l'affranchir d'une monotonie, à laquelle il semble qu'elle s'abandonne parmi nous.

Si je ne me suis arrêté qu'à des réflexions générales sur le mot ensemble, on doit sentir que je l'ai fait pour me conformer à l'idée que présente ce terme: cependant il devient d'une signification moins vague & plus connue, lorsqu'il s'applique au dessein. Il est plus communément employé par les artistes; & de cet usage plus fréquent doit naturellement résulter une idée plus nette & plus précise: aussi n'est - il pas d'éleve qui ne sache ce qu'on entend par l'ensemble d'une figure, tandis que peut - être se trouveroit - il des artistes qui auroient peine à rendre compte de ce que signifie ensemble poétique & ensemble pittoresque.

Cet usage plus ou moins fréquent des termes de Sciences & d'Arts, est un des obstacles les plus difficiles à vaincre pour parvenir à fixer les idées des hommes sur leurs différentes connoissances. Les mots sont - ils peu usités? on ne connoît pas assez leur signification. Le deviennent - ils? bien - tôt ils le sont trop; on les détourne, on en abuse au point qu'on ne sauroit plus en faire l'usage méthodique auquel ils sont destinés.

Mais sans m'arrêter à citer des exemples trop faciles à rencontrer, je reviens au mot ensemble. Lorsqu'il s'agit d'une figure, c'est l'union des parties du corps & leur correspondance réciproque. On dit un bon ou un mauvais ensemble; par conséquent le mot ensemble ne signifie pas précisément la perfection dans le dessein d'une figure, mais seulement l'assemblage vraissemblable des parties qui la composent.

L'ensemble d'une figure est commun & à la figure, & à l'imitation qu'on en fait. Il y a des hommes dont on peut dire qu'ils sont mal ensemble; parce que disgraciés dès leur naissance, leurs membres sont essectivement mal assemblés. Mais n'est - il pas étonnant que l'extravagance des modes & l'aveuglement des prétentions ayent souvent engagé plusieurs de ces êtres indéfinissables qu'on nomme petits - maîtres, à défigurer un ensemble quelquefois très - parfait, on au moins passable, dont ils étoient doüés, pour y substituer une figure décomposée qui contredit desagréablement la nature?

Les graces sont plus respectées par la Peinture; & si on ne leur sacrifie pas toûjours, au moins a - ton toûjours pour objet d'obtenir leur aveu par la perfection de l'ensemble. Les Grecs qui entre autres avantages ont sur nous celui de nous avoir précédés, ont fait une étude particuliere de ce qui doit constituer la perfection de l'ensemble d'une figure.

Ils ont trouvé dans leur goût pour les Arts, dans leur émulation, dans les ressources de leur esprit, & dans les usages qu'ils pratiquoient, des facilités & des moyens qui les ont menés à des succès que nous admirons. Je reprendrai ce fil, qui me conduiroit insensiblement à parler des proportions, & de la grace, aux mots Proportion, Grace; voyez aussi [p. 714] Beau; & je me contenterai de dire que la justesse de l'ensemble dépend beaucoup de la connoissance de l'Anatomie, puisqu'il est l'effet extérieur des membres mis en mouvement par les muscles & les nerfs, & soûtenus dans ce mouvement par les os qui sont la charpente du corps.

L'effet du tout ensemble est, comme on le sent bien, le résultat des ensembles dont je viens de parler, comme le mot effet général est le résultat des effets particuliers de chacune des parties de l'art de peindre, dont on fait usage dans un tableau. Voyez Effet. Cet article est de M. Watelet.

Ensemble (Page 5:714)

Ensemble, s. m. en Architecture, se dit de toutes les parties d'un bâtiment, qui étant proportionnées les unes avec les autres, forment un beau tout, ce qu'on entend quelquefois aussi par masse; on dit, la masse d'un tel édifice, ou bâtiment, fait un bel ensemble. (P)

Ensemble (Page 5:714)

Ensemble, (Art militaire.) L'ensemble dans la tactique, c'est l'exacte exécution des mêmes mouvemens, de la même maniere, & dans le même tems.

Ainsi l'ensemble dans la marche d'une troupe, ou d'un bataillon, c'est l'union de tous les hommes du bataillon, qui doivent agir comme s'ils étoient mûs par une seule & même cause qui agiroit également sur chacun d'eux. Une troupe dont tous les soldats marchent bien ensemble, garde toûjours son même arrangement: ses rangs & ses files sont toûjours en ligne droite, & aucune des parties ne va ni plus vîte, ni plus lentement que l'autre.

Cet ensemble est d'une grande utilité dans les mouvemens des troupes; mais les soldats ne peuvent l'acquérir que par un exercice fréquent. (Q)

Ensemble (Page 5:714)

Ensemble, (Manége.) L'ensemble n'est autre chose que la situation d'un cheval exactement contre - balancé sur ses quatre membres. Mettre un cheval ensemble, c'est l'obliger à rassembler les parties de son corps & ses forces, en les distribuant également sur ses quatre jambes, & en les réunissant pour ainsi dire. On prononce sans cesse le mot d'ensemble dans nos manéges; peu d'écuyers sont en état de le définir. On verra toute l'étendue de sa signification à l'article Union. (e)

ENSEMENCER (Page 5:714)

ENSEMENCER, v. act. On dit ensemencer une terre, un potager, une pepiniere, quand on la fait labourer, fumer, & qu'on y a semé les plantes convenables. Voyez Semence. (R)

ENSINIER (Page 5:714)

ENSINIER, v. act. c'est chez les Tondeurs de draps un terme qui signifie graisser legerement une étoffe avec du saindoux, pour la rendre plus aisée à être frisée.

ENSISHEIM (Page 5:714)

ENSISHEIM, (Géog. mod.) ville de la haute Alsace, en France. Elle est située sur l'Ill. Long. 25d. 1'. 55". lat. 47d. 51'. 2".

ENSKIRREN (Page 5:714)

ENSKIRREN, (Géog. mod.) ville de Westphalie, en Allemagne. Elle appartient au duché de Juliers. Long. 23. 56. lat. 50. 58.

ENSOUAILLE (Page 5:714)

ENSOUAILLE, s. f. terme de riviere, petite corde servant à retenir le bout de la crosse d'un gouvernail d'un bateau foncet.

ENSOUFRER (Page 5:714)

* ENSOUFRER, v. act. c'est exposer les laines au soufre. L'endroit où on les expose s'appelle l'ensoufroir. Cette préparation se donne à tous les ouvrages en laine blanche. Pour cet effet, on prend une terrine bien vernissée; on en couvre le fond de cendre; on forme sur ces cendres un petit bucher de bâtons de soufre. On prend les ouvrages au sortir de la fouloire pour les bonnetiers, les couverturiers, les drapiers, &c. en un mot, pour tous les ouvriers en laine. On passe dans un des bouts un petit bout de fil en boucle; on passe la boucle dans des cordes tendues, auxquelles les ouvrages restent suspendus. On met le feu au soufre: la vapeur du soufre leur donne une blancheur éclatante, & les rend plus fa<cb-> ciles à peigner. Mais il faut bien observer que la terrine soit de terre vernissée, & non pas de fer: le soufre détache, selon toute apparence, des particules qui empêchent le blanchiment; car il est d'expérience que cet effet en produit.

ENSUPLE, ENSUBLE, ENSOUBLE, ENSOUPLE (Page 5:714)

* ENSUPLE, ENSUBLE, ENSOUBLE, ENSOUPLE, s. f. terme général d'Ourdissage. Tous les mêtiers des manufacturiers en soie, en laine, en fil, &c, ont des ensuples. Ce sont deux rouleaux de bois, dont l'un est placé au - devant du métier, & l'autre au derriere. La chaine est portée sur ces rouleaux; elle se déroule de dessus l'ensuple de derriere, à mesure que l'étoffe se fabrique: & l'étoffe fabriquée s'enroûle sur celle de devant.

Nous allons donner la description des ensuples du manufacturier en soie, du rubanier, du friseur d'étoffe, du tapissier & du tisserand; celles du gazier, du drapier, & des autres ouvriers ourdisseurs, en different peu: & d'ailleurs nous en parlerons aux articles de leur métier. Voyez Drap, Gaze, &c.

Ensuple de devant, partie du métier de l'étoffe de soie. L'ensuple de devant le métier est un rouleau de 6 à 7 pouces de diametre, de 3 piés environ de longueur. Il a une chanée de 2 piés environ, de de pouce de large, sur autant de profondeur, dans laquelle entre la verge & le composteur. Il a à un bout un cercle de fer qui est coché, pour servir à faire la chaine tirante, au moyen du chien de fer qui mord dans les cochées dudit cercle. Il est de plus, & du même côté, percé à double; & au moyen de ces trous, dans lesquels entre la cheville de fer, on tourne l'ensuple avec la cheville, à force d'hommes, & on dévide l'étoffe à mesure qu'elle se fabrique.

Ensuple de derriere. L'ensuple de derriere est un rouleau de bois de 7 pouces de diametre & de 4 piés de long environ. Il est percé à double d'un côté, & il avoit jadis de l'autre un nerf de boeuf, cloüé toutau - tour, pour fixer la corde du valet: mais les ensuples d'aujourd'hui ont des moulures qui tiennent lieu du nerf de boeuf dont on parle.

Ensuple de velours uni. L'ensuple du velours uni est fait comme celui des autres étoffes; il n'y a de différence que dans la chanée, qui est plus large à l'embouchure, & qui perce l'ensuple d'outre en outre.

Ensuple de velours façonné. L'ensuple du velours façonné est faite comme celles ci - dessus, avec cette différence, qu'il n'y a point de chanée: & pour contenir l'étoffe à mesure qu'elle se fabrique, ces sortes d'ensuples sont garnies de petites pointes de fer très aiguës, qui entrent dans l'étoffe à mesure qu'elle se roule dessus.

Ensuple de poil. L'ensuple de poil est faite comme l'ensuple de derriere, décrite ci - dessus, avec la seule différence, qu'elle est de moitié plus petite, & que les deux bouts sont proportionnés au rayon, dont l'ouverture est ordinairement très - petite.

Ensuple de devant est une piece de bois ronde, d'environ 4 ou 5 pouces de diametre, de toute la largeur du métier: elle est terminée à ses deux bouts par deux petits tourillons qui entrent dans deux petites mortoises pratiquées dans les deux barres de long du métier. La même ensuple est traversée diamétralement du côté de la main droite de l'ouvrier, à 5 ou 6 pouces de son extrémité, par deux menus bâtons, dont les bouts saillans servent à faire rouler ladite ensuple, lorsque l'ouvrier tire sa tirée. Il est bon de dire que lorsque l'on fait quelque ouvrage extrèmement lourd, ces deux bâtons croisés se trouvent répetés à l'autre bout de l'ensuple; ce qui fait que l'ouvrier, par cette double force réunie, vient plus aisément à bout de tirer sa tirée. Cette ensuple a encore à son bout, à main gauche, une roue dentelée: il y a un trou quarré pratiqué dans le centre de cette roue, & qui sert à la tenir fixée

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