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EMPYEME (Page 5:599)
EMPYEME, s. f. terme de Chirurgie qui se prend pour une maladie, ou pour une opération. L'empyeme, maladie, est en général un amas de pus dans quelque cavité du corps, dans la tête, dans le basventre, ou ailleurs. Mais parce que cet amas se fait plus souvent dans la poitrine que dans toute autre cavité, on a donné particulierement le nom d'empyeme à la collection du pus dans la capacité de la poitrine. L'empyeme, opération, est une ouverture qu'on fait entre deux côtes, pour donner issue aux matieres épanchées dans la poitrine.
Ce mot est grec; il vient de la particule
L'épanchement de matieres dans la poitrine peut
se faire par cause externe, à la suite d'une plaie ou
d'un coup; ou par cause interne, à la suite de quelque
maladie. Une plaie qui ouvre quelques vaisseaux
sanguins, ou un coup violent qui en cause la rupture,
occasionnent un épanchement de sang. L'ouverture de l'oesophage ou du canal thorachique cause
l'épanchement des matieres alimentaires ou du chyle,
voyez
On ne doit faire l'opération de l'empyeme que lorsqu'on a des signes certains d'un épanchement dans la cavité de la poitrine. Il y en a qui nous font connoître qu'il y a épanchement, & d'autres nous désignent l'espece de matiere épanchée. Ceux qui dénotent l'épanchement, sont 1°. la respiration courte & laborieuse, parce que le liquide qui remplit une partie de la poitrine, empêche que le poumon ne subisse toute la dilatation dont il est susceptible. 2°. L'inspiration est beaucoup plus facile que l'expiration; parce que dans ce dernier mouvement, il faut que le diaphragme soûleve le liquide épanche, dont le poids est capable d'aider l'inspiration. 3°. Le malade, en se remuant, sent quelquefois le flot du liquide épanché. 4°. Lorsque l'épanchement n'est que d'un côté, ce côté de la poitrine a plus d'étendue que l'autre, ce qu'on reconnoît par l'examen du dos du malade qu'on met sur son séant. 5°. Le côté où est l'épanchement, est souvent oedémateux. 6°. Le malade respire mieux couché sur un plan horisontal que debout ou assis, & il ne peut rester couché que du côté de l'épanchement; par ce moyen, les matieres épanchées ne compriment point ce côté du poumon, & lui laissent quelque liberté qu'il n'auroit point si le malade se couchoit sur le côté sain. Ce signe prouve l'épanchement; mais son défaut ne prouve pas qu'il n'y en a point, parce que le poumon pourroit être adhérent au médiastin & à la plevre. Dans ce cas, le malade pourroit se coucher sur le côté de la poitrine où il n'y auroit point d'épanchement, sans que les matieres épanchées dans le côté opposé augmentassent la difficulté de respirer. 7°. S'il y a épanchement dans les deux cavités de la poitrine, le malade ne peut rester couché d'aucun côté; il faut qu'il soit debout ou assis, de façon que son dos décrive un arc. Dans cette situation, les matieres épanchées se portent vers la partie antérieure & supérieure du diaphagme, & laissent quelque liberté au poumon.
On jugera de la nature de la liqueur épanchée par les maladies ou les accidens qui auront précédé ou qui accompagnent l'épanchement. Si les signes de l'épanchement paroissent peu de tems après que le malade a reçû une plaie pénétrante à la poitrine, &
On ne peut guérir le malade qu'en évacuant les matieres épanchées. La nature aidée des médicamens peut quelquefois y parvenir sans opération: on a vû des épanchemens de sang rentrer dans le torrent de la circulation, & se vuider par les urines, & même, ce qui est encore plus rare, par les selles. L'usage des remedes diurétiques, des hydragogues & des sudorifiques a souvent dissipé les épanchemens d'eau; voyez la cure des hydropisies de poitrine. Lorsque le régime & les médicamens ne soulagent point le malade, & que les accidens persistent, il faut faire l'opération de l'empyeme.
Si l'épanchement de sang dans la poitrine est la suite d'une plaie, il faut, avant que d'en venir à l'opération, essayer de donner issue à ce fluide, en situant le malade de façon que la plaie soit la partie la plus déclive de la poitrine; on lui ordonne alors de retenir un peu son haleine, & de se pincer le nez; on peut aussi tâcher de pomper les matieres épanchées avec une seringue dont la cannule est courbe. Si par ces moyens on n'a pû vuider la poitrine, il faut faire une ouverture pour donner issue au fluide épanché. II y a deux façons pour y parvenir; l'une, en dilatant la plaie, & l'autre, en faisant une contreouverture.
Pour dilater la plaie, on fait avec un bistouri une incision longitudinale d'un pouce de longueur perpendiculairement à la partie inférieure de la plaie: cette incision qui ne doit intéresser que la peau & la graisse, forme une gouttiere qui procure la facilité de la sortie du sang; on introduit ensuite une sonde cannelée dans l'ouverture de la poitrine, & on dilate cette plaie avec un bistouri dont la pointe coule le long de la cannelure de la sonde, ayant soin d'éviter l'artere intercostale. On peut mettre une sonde de poitrine dans l'ouverture, pour que le sang s'écoule avec plus de facilité, observant de mettre le malade dans une situation convenable & qui favorise cette sortie.
Si la plaie n'étoit pas située favorablement, ou qu'elle fût déjà cicatrisée lorsque les signes d'épanchement se manifestent, il seroit plus à propos de faire l'operation de l'empyeme par forme de contreouverture, de même qu'elle se pratique dans le cas où il y a des matieres épanchées sans plaie, comme dans les suppurations de poitrine, & c'est ce qu'on appelle opération de l'empyeme dans le lieu d'élection.
On fait asseoir le malade sur une chaise ou sur le bord de son lit, le dos tourné du côté de l'opérateur & des assistans; on lui met dans ce dernier cas un coustin sous les fesses pour qu'il soit plus commodément; deux serviteurs le soûtiennent sur les côtés, & lui relevent sa chemise. Le chirurgien doit examiner l'endroit où il fera l'incision; ce doit être entre la troisieme & la quatrieme des fausses côtes, en comptant de bas en haut, & à quatre ou cinq travers de doigts de l'épine du dos. (On entend que les doigts du malade seront la mesure de cette distance.) Si l'embonpoint du malade ou l'oedématie des tégumens empêchent de compter les côtes, on fait l'opé [p. 600]
On fait l'opération de l'empyeme dans le lieu de nécessité,
lorsqu'on ouvre un abcès à la poitrine dans
le lieu où la matiere se présente. Le foyer de ces abcès
se trouve ordinairement dans le tissu cellulaire
qui unit la plevre aux muscles intercostaux internes;
il faut ménager cette cloison postérieure pour empêcher
l'épanchement du pus dans la cavité de la
poitrine, ce qui arrive assez souvent par l'érosion de
la plevre, lorsqu'on differe trop à faire l'ouverture
de ces abcès. Voyez
Empyeme (Page 5:600)
Après ces avantages, dont la réalité est généralement avoüée, la Chirurgie pourroit - elle méconnoître la source des biens dont elle joüit, & nous en
Tous les cas qui peuvent engager le chirurgien à pratiquer l'empyeme, peuvent se présenter au maréchal. L'animal n'est pas moins exposé que l'homme à des pleurésies, à la péripneumonie, à des épanchemens de pus, à des épanchemens d'eau, conséquemment à une hydropisie, enfin à des épanchemens de sang causés par quelques plaies pénétrantes dans la poitrine, ou par l'ouverture d'une artere intercostale: mais de toutes ces circonstances, celles où l'opération dont il s'agit me paroît d'une plus grande efficacité, sont assûrément les blessures suivies d'une effusion dans la capacité.
Supposons donc un épanchement de sang produit par les dernieres causes que je lui ai assignées.
Je reconnoîtrai d'abord la plaie pénétrante par sa circonférence emphisémateuse, par le moyen de la sonde & du doigt, par l'air qui frappera ma main au moment que je l'en approcherai, par le sifflement qui accompagnera la sortie de ce même air, par la vacillation de la flamme d'une bougie que je lui présenterai, par le sang écumeux qui, poussé au - dehors avec plus ou moins d'impétuosité, me prouvera encore d'une maniere sensible que le poumon est intéressé, & dont la quantité m'apprendra de plus s'il y a réellement ouverture de quelques vaisseaux considérables. Je serai enfin convaincu de l'épanchement, dès qu'outre ces symptomes j'observerai un violent battement de flanc & une grande difficulté de respirer. Il est vrai que, vû la situation horisontale de l'animal, le diaphragme ne se trouve pas ainsi que dans l'homme surchargé par le poids de la matiere épanchée; mais elle gêne constamment l'action des poumons, qui, dans une cavité proportionnée à leur jeu, ne peuvent que souffrir d'une humeur contre nature, toûjours capable de s'opposer à leur libre dilatation. Du reste, tous les autres signes qui attestent l'effusion dans le thorax humain, ne peuvent nous être d'aucune indication relativement à un animal qui ne sauroit nous rendre compte du siége des douleurs qu'il ressent, & que par cette raison nous placerions vainement dans des attitudes différentes, quand même nous en aurions la facilité & le pouvoir.
Quoi qu'il en soit, l'épanchement étant certain,
& la ligature dans le cas où l'effusion a été provoquée
par l'ouverture d'une artere intercostale, étant
faite (voyez
La plaie suffiroit à cet effet, si sa situation étoit telle qu'elle fût à la partie inférieure de la poitrine; on pourroit alors, à l'imitation du chirurgien, en augmenter l'étendue, en la dilatant à l'aide de la sonde crénelée & du bistouri, selon le besoin, & pour faciliter l'écoulement hors de la capacité, après quoi on le hâteroit en comprimant les naseaux de l'animal, sur - tout si les vaisseaux du poumon avoient été attaqués, parce que ce viscere contenant ensuite de cette compression une plus grande abondance d'air, chasseroit avec plus de force le fluide dévoyé; on passeroit de - là aux injections chaudes & douces, &c. mais dès que la plaie a été faite à la partie supérieure, il n'est possible de dégager la cavité du sang qui y nage, qu'en pratiquant une contr'ouverture, & c'est ce qu'on appelle proprement l'empyeme.
La différence de la position de l'homme & du cheval en établit une relativement au lieu où nous devons contr'ouvrir. Dans le premier, attendu sa situation & eu égard à l'inclinaison du diaphragme, l'humeur stagnante se porte en - bas & en - arriere, & dé<pb-> [p. 601]
Commençons donc à nous saisir de la peau à l'endroit désigné, & faisons - y, avec le secours d'un aide, un pli qui soit transversal par rapport au corps. Coupons ce pli, il en résultera une plaie longitudinale qui comprendra les deux cartilages, au milieu desquels nous nous proposerons d'ouvrir, car telle doit être l'étendue de la premiere incision. Faisonsen une seconde dans la même direction à la partie du musele grand oblique de l'abdomen qui est au - dessous, nous découvrirons les cartilages des côtes & des intervalles. Incisons enfin transversalement les muscles intercostaux & la plevre jusqu'à ce que nous ayons pénétré dans la cavité, ce dont nous serons assûrés par l'inspection de l'humeur qui s'écoulera, ou si nous avions eu le malheur de nous tromper, par le vuide que nous appercevrons; car dès que la plevre est ouverte, l'air extérieur oblige le poumon à s'affaisser sur le champ, ce qui préserve ce viscere des offenses de l'instrument dont nous nous servons. Cette derniere ouverture aura au moins un pouce de largeur, à l'effet de fournir un passage & au sang vraiment liquide & à celui qui se présenteroit en grumeau.
Du reste je ne m'étendrai point ni sur les pansemens,
ni sur toute la conduite que l'on doit tenir dans
la suite du traitement (voyez ci - dessus
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