ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"506"> de S. Grégoire, on ne voit point d'autre élévation de l'hostie que celle qui se fait à la fin du canon, en disant per ipsum & cum ipso & in ipso; ce qui n'empêche pas que l'adoration aujourd'hui en usage à l'élévation ne soit bien fondée, puisqu'il est de foi qu'au moment que le prêtre prononce les paroles de la consécration, le corps & le sang de Jesus - Christ se trouvent réellement présens sous les especes du pain & du vin, ce qui suffit pour lui attirer l'adoration des fideles; car c'est principalement par le dogme qu'il faut juger des cérémonies. (G)

ELEVATOIRE (Page 5:506)

ELEVATOIRE, s. m. instrument de Chirurgie dont on se sert pour relever les os du crane, qui déprimés ou enfoncés par quelque coup ou chute, compriment la dure - mere ou le cerveau.

On trouve dans les anciens la description & la figure des élévatoires, dont on faisoit usage de leur tems, & que la Chirurgie moderne a proscrits, parce qu'on couroit un risque évident d'enfoncer les os qui devoient soûtenir l'effort de ces instrumens. Ceux qui sont actuellement le plus en usage, sont des leviers de la premiere espece, dont le point d'appui est au milieu, le fardeau à une extrémité, & la puissance à l'autre.

La longueur d'un élévatoire est d'un demi - pied; sa composition est de fer très - poli, relevé de pommettes dans le milieu; les deux extrémités forment chacune une branche courbée à sens opposé, ce qui fait un instrument double. Ces branches sont différemment courbées; les unes étant presque droites, les autres un peu courbes, & quelques - unes fort coudées, parce que le coude sert quelquefois de point d'appui. Le bout de chaque branche est arrondi ou ovale aux uns, quarré aux autres. Le dedans de l'extrémité de chaque branche est garni de petites cannelures transversales qui sont faites comme des petits biseaux couchés les uns sur les autres. Voyez les fig. 14 & 15. Pl. XVI.

La main doit être la force mouvante & le point d'appui des élévatoires dont on vient de faire la desoription, parce qu'en appuyant le levier sur la partie de l'os opposée à celle qu'on veut relever, on l'écraseroit si elle résistoit beaucoup; & on l'enfonceroit sur la dure - mere, si elle offroit peu de résistance. Pour se servir de cet instrument, on l'empoigne avec les quatre doigts de la main droite par le milieu de son corps, le pouce appuyé à l'opposite, on passe ensuite l'extrémité antérieure sous la piece d'os qu'on veut relever, observant d'appliquer les petits biseaux contre sa partie intérieure: le doigt index sert de point d'appui dans l'action de relever l'os enfoncé: il faut soûtenir extérieurement avec les doigts de la main gauche la portion d'os sous laquelle l'élévatoire agit.

Feu M. Petit, sachant que la main qui a assez de force pour l'opération dont on parle, peut n'avoir pas assez de fermeté & de précision pour empêcher que le bout de l'élévatoire ne s'échappe, ce qui pourroit occasionner des accidens, a fait construire un nouvel élévatoire, dont la main n'est point l'appui. Il s'agissoit de trouver sur le crane un appui pour le levier, le plus près qu'il est possible de l'os qu'il faut relever, & il falloit que cet appui fût sur un plan solide pour soûtenir sans se rompre l'effort qu'on fait pour relever l'enfonçure.

Dans ces vûes, M. Petit a fait fabriquer un chevalet (Pl. XVII. fig. 2.) dont les deux jambes appuient sur le crane, on leur donne le plus de surface qu'il est possible pour rendre l'appui plus stable, & asin que l'effort que l'os doit soûtenir soit partagé sur une plus grande étendue de sa surface. Ces extrémités sont garnies de chamois, tant pour les empêcher de glisser que pour qu'elles ne fassent aucune impression sur l'os. A la sommité du chevalet se trou<cb-> ve une entaille (fig. 2. n°. 2.) qui reçoit une petite piece de fer terminée en vis. Cette vis (fig. 2. n°. 3.) est destinée à entrer dans des trous tarraudés qui sont à la surface de dessous le levier (fig. 2. n°. 4.); par ce moyen, le levier est fixé sur le chevalet par une charniere qui permet les mouvemens de bascule.

Si à raison d'un grand fracas d'os ou du peu d'étendue de la plaie, il étoit impossible de placer le point d'appui sur les os découverts, on a un plus grand chevalet dont les branches peuvent s'appuyer au - delà des bords de la plaie. Voyez la figure de ce nouvel élevatoire, Planc. XVII. fig. 2. n°. 1. on en trouve la description plus étendue dans le premier volume des mém. de l'acad. de Chirurg. Cet instrument a paru susceptible d'être perfectionné. On voit dans le second volume des mémoires de la même académie, des remarques sur la construction & l'usage de l'élevatoire de M. Petit, par un autre académicien. (Y)

ELEVE (Page 5:506)

ELEVE, s. m. (Philosoph. & Arts.) celui qui est instruit & élevé par quelqu'un, qui est formé de la main d'un autre dans quelqu'art ou dans quelque science. On donna ce titre à Paris, lors de la fondation des académies des Sciences & des Inscriptions, aux sujets qui y étoient aggrégés, & qui travailloient de concert avec les pensionnaires. Mais ce mot d'éleve signifioit seulement moins d'ancienneté, & une espece de survivance; cependant on lui a substitué depuis celui d'adjoint, qui est en effet beaucoup plus convenable.

On peut voir au mot Académie, par quelle raison ce titre mal sonnant d'éleve fut supprimé. On a mieux fait encore dans l'académie des Inscriptions que dans celle des Sciences; on n'y a point fait de classe d'adjoints, & en général l'on a conservé beaucoup plus d'égalité dans la premiere de ces académies, que dans la seconde; cependant cette égalité si précieuse & si essentielle dans les compagnies littéraires, n'est parfaite que dans l'académie srançoise; les grands seigneurs se trouvent honorés de n'y être admis qu'à titre de gens de Lettres, & de s'y voir placés à côté des Voltaire, des Montesquieu, des Fontenelle, &c. Il n'y a dans cette compagnie ni éleves, ni adjoints, ni associés, ni pensionnaires, ni honoraires; on y est persuadé que les vrais honoraires d'une académie, sont ceux qui lui font honneur par leurs talens & par leurs ouvrages; que tout le monde y est éleve, ou que personne ne l'est, parce qu'il n'y a personne, ou du moins qu'il ne doit y avoir personne qui n'y reçoive & qui n'y mette tout - à - la - fois; que les pensions attachées à certains grades, & que les différens grades eux - mêmes ont de très - grands inconvéniens, sont nuisibles à l'égalité, à la liberté, à l'émulation, à l'union, & aux égards réciproques.

Le nom d'éleve est demeuré particulierement consacré à la Peinture & à la Sculpture; il signifie un disciple qui a été instruit & élevé dans l'école d'un célebre artiste: c'est pourquoi on se sert du mot d'école pour désigner les éleves d'un grand peintre; & on dit dans ce sens, l'école de Raphael, du Titien, de Rubens. Voyez Ecole, & l'article suivant. (O)

ELEVE (Page 5:506)

ELEVE, s. m. terme de Peinture. Eleve & disciple sont synonymes; mais le dernier de ces termes est ordinairement d'usage pour les Sciences, & le premier pour les Arts. On dit, Platon fut disciple de Socrate, & Apelle fut éleve de Pamphile. Il seroit à souhaiter que les Philosophes ne fussent disciples que de la sagesse & de la raison, & que les Peintres ne fussent éleves que de la nature, il y auroit moins d'artistes & de philosophes; peut - être la Philosophie & les Arts n'y perdroient - ils pas: cependant il faut avoüer qu'un maître habile & intelligent qui abrege la route épineuse des connoissances qu'il possede, & [p. 507] qui forme de bonne - foi un disciple ou un éleve, sans craindre de se créer un rival ou un supérieur, procure un avantage inestimable. Le bien qu'il fait seroit au - dessus de tout éloge, s'il y ajoûtoit celui de séparer des lumieres qu'il communique, les préjugés qui lui sont propres, & qui n'appartiennent pas au fond de la science qu'il enseigne; mais il est rare de trouver un maître assez éclairé & assez généreux pour cela.

L'éleve qui se destine à la Peinture, ne sauroit commencer trop tôt à apprendre les élémens d'un art dont l'étendue est immense. Les progrès doivent être fort rapides pour échapper au tems, qui les rallentit & les arrête. C'est le feu de la jeunesse qui doit mûrir des fruits pour lesquels l'automne est souvent trop froid & dangereux. Raphaël mort à trente - six ans, n'avoit plus rien à faire pour être le premier des artistes.

Cette vérité doit engager les éleves à employer avec vivacité aux études nécessaires à la pratique de leurt art, le tems précieux de la premiere jeunesse, puisque c'est alors que les organes dociles se soûmettent aisément au joug de l'habitude. L'ordre qu'il faut mettre à ces études, est l'objet intéressant du maître: l'éleve, fait pour se laisser conduire, est une plante dont celui qui la cultive doit répondre. Au reste, j'ai tracé au mot Dessein une partie de la route qu'on doit faire tenir au jeune éleve: l'obéissance & la docilité sont les devoirs qu'il doit pratiquer; & l'on peut tirer des présages plus justes & plus favorables de son exactitude à les remplir, que de ces desirs superficiels ou de ces succès prématurés qui font concevoir des espérances qu'on voit si souvent trompées. Cet article est de M. Wateiet.

ELEVER, EXHAUSSER (Page 5:507)

ELEVER, EXHAUSSER, synonym. Le premier s'employe au propre & au figuré: élever une muraille, élever son esprit. Le second ne se dit qu'au propre, exhausser un plancher, un bâtiment; mais par une bisarrerie de notre langue, relever & rehausser se disent tous deux au propre & au figuré: on releve une chose tombée, on rehausse une chose qui est trop basse; on releve le mérite, on rehausse le courage. Ar icle de M. le Chevalier de Jaucourt.

Elever (Page 5:507)

Elever, v. act. terme d'Arithmétique & d'Algebre. On dit qu'on éleve un nombre au quarré, au cube, à la quatrieme puissance, &c. lorsqu'on en prend le quarré, le cube, la quatrieme puissance, &c. ainsi 2 élevé au quarré donne 4, au cube donne 8, &c. Voyez Quarré, Cube, Puissance . Le mot d'élever s'employe dans ces occasions, parce que les nombres dont on prend le quarré, le cube, &c. augmentent par cette opération. Cependant on se sert aussi du mot élever, lorsque la puissance est moindre que l'unité, & que par conséquent le nombre diminue par l'opération. Par exemple, on dit élever à la puissance ½, , pour dire prendre la racine quarrée, la racine cube, &c. Voyez Puissance & Exposant. On se sert aussi du mot élever au quarré, au cube, en parlant des fractions, quoique par cette opération les fractions diminuent; ainsi ½ élevé au quarré, donne ¼; élevé au cube, donne . C'est ainsi qu'on se sert du mot multiplication dans les cas même où le produit est moindre que le multiplicande. Voyez Multiplication; voyez aussi Division. Des définitions exactes & précises levent en ce cas toute l'équivoque. (O)

Elever, s'Elever (Page 5:507)

Elever, s'Elever, (Marine.) un vaisseau qui s'éleve, c'est - à - dire qu'il fait route pour s'éloigner de la côte & prendre le large. Il se dit aussi lorsqu'on veut tenir le vent & aller au plus près.

On dit s'élever en latitude, lorsque l'on fait route au nord ou au sud, ou à tel autre air de vent qui n'est pas précisément l'est ou l'oüest. (Z)

Elever (Page 5:507)

Elever, (Jardinage.) La maniere d'élever les jeu<cb-> nes plantes, consiste dans les différens soins qu'on en doit prendre.

Ces soins consistent en trois choses, dans les labours, dans les airosemens, & dans la maniere de les conduire les premieres années. Voyez Labours, Arroser & Emonder. (K)

ELEUSINIES (Page 5:507)

ELEUSINIES, subst. pl. f. (Hist. anc.) mysteres de la déesse Céres, ou cérémonies religieuses qui se pratiquoient en son honneur: on les nommoit ainsi d'Eleusis ville maritime des Athéniens, où étoit le temple de cette déesse, fameux par la célébration de ces mysteres.

Quelques auteurs appellent la ville ou se célébroient les éleusinies, Eleusine, & non Eleusis. Harpocration confirme cette ortographe, en faisant venir ce nom d'Eleusinas fils de Mercure; & Pausanias dans ses Attiques se déclare aussi pour ce sentiment. D'autres croyent que cette ville avoit été nommée de la sorte, d'un mot grec qui signifie arrivée, parce que Cérès, après avoir couru le monde pour trouver sa fille, s'y arrêta, & y termina ses recherches. Diodore de Sicile, liv. V. Prétend que le nom d'Eleusis lui avoit été donné pour servir de monument à la postérité; que le blé & l'art de le cultiver, étoient venus dans l'Attique des pays étrangers.

Les éleusinies étoient chez les Grecs les cérémonies les plus solennelles & les plus sacrées, d'où vient qu'on leur donna par excellence le nom de mysteres. On prétendoit que Cérès les avoit instituées elle - même à Eleusis, en mémoire de l'affection & du zele avec lesquels les Athéniens la reçurent: c'est ainsi qu'ssocrate en parle dans son panégyrique; mais Diodore de Sicile dit, liv. VI. que ce furent les Athéniens qui instituerent les éleusinies, par reconnoissance de ce que Cérès leur avoit appris à mener une vie moins rustique & moins barbare; cependant ce même auteur rapporte la chose d'une autre façon au premier livre de sa Bibliotheque: « Une grande sécheresse ayant, dit - il, causé une disette affreuse dans la Grece, l'Egypte qui avoit fait cette année - là même une récolte très - abondante, fit part de ses richesses aux Athéniens ».

Ce fut Erecthée qui leur amena ce convoi extraordinaire de blé; & en reconnoissance de ce bienfait il fut créé roi d'Athenes, & il apprit aux Athéniens les mysteres de Cérès, & la maniere dont l'Egypte les célébroit.

Cette relation revient assez à ce que disent Hérodote & Pausanias, que les Grecs avoient pris leurs dieux & leur religion des Egyptiens.

Théodoret, liv. I. Graecanic. affection. écrit que ce fut Orphée, & non pas Erecthée, qui fit cet établissement, & qui institua en l'honneur de Cérès les solennités que les Egyptiens pratiquoient pour Isis. Ce sentiment est confirmé par le scholiaste sur l'Alceste d'Eurypide.

La ville d'Eleusis où se célébroient ces mysteres étoit si jalouse de cette gloire, que réduite aux dernieres extrémités par les Athéniens, elle se rendit à eux à cette seule condition, qu'on ne lui ôteroit point les éleusinies; cependant ce n'étoient point des cérémonies religieuses particulieres à cette ville, mais communes à tous les Grecs.

Ces cérémonies, suivant Arnobe & Lactance, étoient une imitation ou représentation de ce que les Mythologistes nous enseignent de Cérès. Elles duroient plusieurs jours, pendant lesquels on couroit avec des torches ardentes à la main: on sacrifioit plusieurs victimes, non - seulement à Cérès, mais aussi à Jupiter: on faisoit des libations de deux vases, qu'on répandoit l'un du côté de l'orient, & l'autre du côté de l'occident: on alloit en pompe à Eleusis, en faisant de tems en tems des pauses où l'on chantoit des hymnes & l'on immoloit des victimes;

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