ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"480"> vers très - librement. Sur l'extrêmité supérieure de la verge, on fait entrer une petite plaque circulaire L de laiton de 14 lignes de diametre. L'oeuf est plongé dans le vase A B (plein d'eau, comme je l'ai déjà dit) à une certaine profondeur, qui doit être telle, que l'instrument étant en repos, c'est - à - dire n'étant pas électrique, l'extrêmité inférieure de l'oeuf soit fort près du fond du vase, sans cependant y toucher. Pour que l'oeuf & la verge soient toujours dans une situation verticale, on met dans le premier du mercure qui sert de leste; par ce moyen le centre de gravité étant fort bas, le tout se tient perpendiculairement à l'horison, & éprouve en haussant ou en baissant le moins de balancement qu'il est possible. Comme cet oeuf, s'il n'en étoit empêché, iroit vers les bords du vase, & floteroit tantôt d'un côté, tantôt de l'autre; on l'oblige de rester au centre de la maniere suivante. Sur la plaque H dont j'ai parlé, on fixe en croix des fils d'argent fort deliés, tels que ceux des micrometres; cette croix est formée par des fils doubles qui laissent entr'eux au centre de la plaque un petit espace quarré, qui étant plus grand que le diametre de la verge, lui permet de monter & de descendre entre ces fils, sans éprouver aucun frotement sensible, & cependant sans s'écarter du centre; il arrive même un effet fort singulier, c'est que lorsque toute la machine est bien électrique, la verge est contenue au milieu de ces fils presque sans y toucher, parce qu'étant électrique comme eux, elle les évite continuellement.

Après cette description, on imaginera sans peine comment cet instrument fait son effet, sur - tout si l'on refléchit sur ce principe d'Hydrostatique (Voyez Hydrostatique), qu'un corps plongé dans l'eau surnage ou s'y enfonce selon qu'un volume d'eau semblable à celui qu'il occupe est plus leger ou plus pesant que ce même corps. Il suit de ce principe qu'un volume d'eau égal à celui de l'oeuf & de la partie de la verge qui trempe dans l'eau, lorsque le tout est en repos, pese autant que l'oeuf, la petite plaque & toute la verge; conséquemment si le tout s'éleve d'un pouce, la puissance qui le soûtiendra à cette hauteur, soûtiendra un poids égal à un volume d'eau de la grosseur de la verge & d'un pouce de haut, puisque le volume d'eau que l'oeuf & la verge occupent alors, est diminué de cette quantité. Si donc différentes puissances le soûtiennent à 1, 2, 3, 4 pouces, &c. de hauteur au - dessus du point de repos; ces puissances seront entr'elles comme ces nombres, c'est - à - dire, doubles, triples, quadruples, &c. Or l'électricité produit le même effet sur cet instrument, c'est - à - dire, qu'elle fait la fonction d'une puissance qui le soûtiendroit à 1, 2, 3, 4 pouces, &c. au - dessus de son point de repos; on peut donc par son moyen mesurer tous les differens dégrés de force de cette vertu. En effet si l'on suppose pour un moment toute la machine composée du vase A B de l'oeuf, &c. posée comme elle est en K, dans la fig. 76, sur un récipient de verre, ou sur qu'elqu'autre matiere qui ne laisse point passer l'électricité, & que le vase A B devienne électrique, la verge V le deviendra aussi, comme la plaque L. Mais tout le monde sait que les corps électriques se repoussent; ainsi la petite plaque L & la verge V étant repoussées par la grande plaque H, s'éleveront nécessairement plus ou moins selon que l'électricité sera plus forte ou plus foible. L'électricité fera donc alors, comme je l'ai dit plus haut, la fonction d'une puissance qui soûtiendroit l'instrument à une certaine hauteur; & comme ces puissances sont proportionnelles aux hauteurs de l'instrument au - dessus du point de repos, ces mêmes hauteurs seront aussi proportionnelles aux différentes forces électriques; ce qui prouve ce que j'ai avancé, que notre instru<cb-> ment mesure exactement tous les différens degrés de la force électrique; il est donc un véritable électrometre: mais il y a plus, cet électrometre peut être employé comme instrument, soit pour faire un grand nombre d'expériences sur l'électricité, soit pour déterminer les lois d'attraction, de répulsion, de disfusion, de transmission, &c. de l'électricité; propriété qui n'est pas moins importante que celle de mesurer la force électrique.

Maniere de se servir de cet instrument. Les corps électriques ayant cet inconvénient, qu'on ne peut en approcher sans leur dérober l'électricité; il est clair que si l'on étoit assez près de l'électrometre pour juger de ses mouvemens avec précision, on lui enleveroit l'électricité. Afin donc de parer cet inconvénient, on place dans une partie de la chambre où l'on fait ses expériences, une grande lanterne dans laquelle on met une grosse bougie, qui projette sa lumiere par un trou, sur un ou deux électrometres situés comme on le voit en K dans la fig. 76. Derriere ces électrometres on fixe un cadre Q très - solide, dont toute la partie X est de bois; elle peut - être de toute autre matiere opaque. Dans ce cadre on fait deux ouvertures rectangulaires ou fenêtres F T, on met dans ces fenêtres des glaces G G qui ne sont qu'adoucies; & sur ces glaces, on marque des divisions très - précises avec de l'encre de la Chine bien noire.

Il faut que ce cadre soit toûjours placé de façon que la projection des électrometres tombe sur ces glaces; & au moyen de la figure conique qu'on donne à l'extrêmité de la verge, elle y forme une ombre très - nette. Comme ces glaces sont transparentes, l'observateur placé derriere en F, voit de la maniere la plus distincte, toutes les différentes élevations de l'électrometre, & est par - là en état de juger avec la derniere précision de toutes ces variations. Le plan du cadre étant supposé perpendiculaire à l'horison, & l'électrometre, ou plutôt sa verge, haussant & baissant dans un plan parallele; il est évident que l'élévation & l'abaissement de l'ombre sont toûjours proportionnels à ceux de l'électrometre. On sent facilement que le cadre que je viens de décrire pourroit n'avoir qu'une fenêtre, mais l'électrometre pouvant aussi servir d'instrument, comme je l'ai dit, il est à propos qu'il en ait deux, afin que l'électrometre véritable, & celui qui ne sert que d'instrument, étant plus près, on puisse les observer plus commodément: au reste, l'intervalle entre l'un & l'autre doit être tout au moins de 30 pouces.

On voit par la construction de cet électrometre, qu'il a les propriétés essentielles à un instrument de cette espece; car, 1°. la force électrique étant très foible, il faut un instrument très - mobile & fort sensible, aussi un poids de 8 grains posé sur la petite plaque, le fait - il baisser de plus de 4 pouces.

La force électrique étant fort changeante, il faut un instrument, lequel n'agissant pas par saut, soit en état de donner à chaque instant ses variations; & celui - ci tendant toûjours au repos, & n'étant soûtenu hors de cet état que par la répulsion des plaques, il baisse au même instant que cette répulsion diminue, & hausse de même aussitôt qu'elle augmente. C'est un fait dont des expériences sans nombre nous ont assûrés, M. d'Arcy & moi.

Enfin il est universel; car on voit que le véritable électrometre est la verge cylindrique V, qui détermine par le nombre de ses parties élevées au dessus du point de repos, la quantité de la force électrique. Or il n'est pas difficile d'avoir une verge cylindrique d'une ligne de diametre. Il est vrai que le diametre de la petite plaque L, & sa distance à la grande H au point de repos, peuvent produire quelques différences dans la répulsion; mais il est facile d'observer [p. 481] toutes ces proportions: de sorte que tout le monde pourra faire un électrometre qui s'élevera de la même quantité pour la même force électrique. Propriété qui me paroît une des plus remarquables de cet instrument, & qui est une de celles qui y est le plus à desirer, comme je l'ai remarqué au commencement de cet article.

On objectera peut - être, que la différente densité de l'eau dans les différens climats, formera un obstacle à cette universalité. Il est clair cependant que toutes les fois que l'on fera une verge qui descendra de 4 pouces pour 8 grains, on aura un électrometre qui indiquera à très - peu - près les mêmes degrés de la force électrique que le nôtre; car quoique dans un pays chaud une pareille verge fût un peu plus repoussée, puisqu'elle seroit plus grosse que la nôtre, ce seroit d'une quantité si peu considérable, que cette répulsion ne pourroit entrer en comparaison avec celle de la plaque.

Enfin on pourra alléguer encore, que les différentes positions de l'électrometre par rapport au cadre & à la lanterne, changeront ses élévations apparentes, mais il est toûjours facile d'avoir le rapport de ces élévations par la méthode suivante. Ayant placé l'électrometre, & arrangé le tout comme pour faire des expériences; chargez la petite plaque de cet instrument de 8 grains par exemple, & voyez de combien de degrés son ombre descend en conséquen ce sur le cadre; la somme de ces degrés comparée à celle qu'un même poids aura fait parcourir à l'ombre d'un autre électrometre sur lequel on aura fait la même expérience, donnera le rapport précis de leurs élévations.

D'après cette description de l'électrometre, & de la maniere de s'en servir, il pourra paroître à quelques personnes d'un usage peu commode, par les diverses attentions qu'il exige, & par la nécessité où l'on est d'obscurcir le lieu où l'on fait ces expériences, pour pouvoir juger de ses élévations & de ses abaissemens: mais si l'on fait attention à la nature de l'électricité, & à l'impossibilité d'observer de près, comme je l'ai dit, les divers mouvemens des corps électriques; on verra que si cet instrument a quelque chose d'embarrassant dans son usage, c'est en quelque façon une suite nécessaire de la nature de la force électrique qu'il doit mesurer.

J'ai fait voir au commencement de cet article, que de tous les phénomenes des corps électriques la répulsion étoit le seul qui fournît un moyen sûr & général de mesurer la force de l'électricité. Cependant comme il y a des cas où l'on est indispensablement obligé d'employer les étincelles, tels que ceux, par exemple, où l'on veut, par leurs différentes grandeurs, juger des densités respectives du fluide électrique dans les corps entre lesquels ces étincelles partent; je crois devoir ajoûter ici la description d'une espece de spintherometre ou mesure - étincelles, dont je me sers, & au moyen duquel on peut être à très - peu près sûr, que les différentes grandeurs ou forces de ces étincelles naissent uniquement des différentes forces de l'électricité, ce qu'on ne peut faire en les tirant à la maniere ordinaire: car, selon cette maniere, on peut, quoique l'électricité reste toûjours la même, on peut, dis - je, faire partir ces étincelles de plus près ou de plus loin, comme je l'ai dit, non seulement en les tirant de corps de figures & de volumes différens, mais encore en les tirant de parties plus ou moins lisses de la surface d'un même corps. L'instrument dont je viens de parler, est construit de la maniere suivante.

Dans un tube de verre T T (fig. 77.) recouvert par les deux bouts de deux plaques PS, PI, se meut librement, mais sans jeu, une balle de métal B, adaptée à l'extrémité d'une verge de fer quarrée V V; cette verge passe à - travers un trou de la même forme, percé dans la plaque P S, dans lequel elle s'ajuste parfaitement. On voit par cette disposition, qu'on peut bien faire mouvoir la balle dans le tube d'un bout vers l'autre, mais qu'on ne peut lui faire prendre d'autre mouvement. Sur l'extrémité de la verge V V, qui déborde la plaque P S, sont marqués des degrés, afin qu'on puisse juger de la distance où la balle se trouve de la plaque P I: on pourroit pour une plus grande précision, en place de ces degrés, adapter à l'extrémité de la verge une vis qui feroit la fonction du micrometre.

D'après la description de cet instrument, il est facile de concevoir comment on s'en sert, & comment il remédie aux inconvéniens que j'ai spécifiés plus haut. On voit en premier lieu, qu'en le prenant par le tube, & le faisant toucher par la plaque P I sur le corps électrique dont on veut tirer une étincelle, cette plaque s'électrise au même degré que ce corps, & qu'au moyen de la verge V V, on approche graduellement de la même plaque la balle B (qu'on en tenoit auparavant fort éloignée) jusqu'à ce que l'étincelle parte. Or cet effet arrivant dans l'instant précis où cette balle se trouve à la distance requise pour qu'il ait lieu, on reconnoît cette distance par le nombre de degrés marqués sur cette verge. On voit, 2°. que ces distances ne peuvent venir ici que de la différence de la force électrique, parce que l'étincelle part toûjours entre les mêmes corps, la plaque P I, & la balle B; & que c'est toûjours des mêmes points de la balle & de la plaque, puisque cette balle ne pouvant que s'en éloigner ou s'en approcher, les différens points de sa surface inférieure doivent toûjours regarder les mêmes points respectifs de cette plaque. (T)

ELECTUAIRE (Page 5:481)

ELECTUAIRE, s. m. (Pharm.) L'électuaire est une composition pharmaceutique, destinée à l'usage intérieur, formée en incorporant une ou plusieurs poudres avec du miel ou du sirop, des extraits, des pulpes, des gelées, des robs, des conserves, & quelquefois des vins doux.

Les électuaires sont solides ou mous. Les premiers sont plus connus sous le nom de tablettes, & il est même commode de les distinguer par ce nom des électuaires mous. Voyez Tablette. Les second doivent être d'une consistance moyenne entre le sirop & le bol, & fort approchante de celle des marmelades de fruits bien cuites: c'est de ceux - ci que nous allons parler dans cet article.

L'électuaire est une forme de médicament très - anciennement employée en Medecine. Galien en a décrit quelques - uns; les hiera, les confections, la thériaque d'Andromaque, le fameux antidote attribué à Mithridate, tous remedes très - anciens, sont des électuaires.

Mais le nom même d'électuaire n'est pas de la même antiquité que l'usage du remede auquel nous le donnons aujourd'hui; les Grecs & les Arabes l'ont toûjours appellé antidote, quelque vertu medicinale particuliere qu'il possédât, & ils en ont préparé assûrément de toutes les diverses vertus observées ou imaginées dans les remedes, de roborans, de cordiaux, de céphaliques, d'alexipharmaques, de cnolagogues, d'hydragogues, de panchymagogues, d'emmenagogues, de narcotiques, &c.

AElius (Page 5:481)

AElius Aurelianus a employé le mot d'électuaire, electarium; mais c'est un remede de la nature de notre looch, qu'il a désigné par ce nom. V. Looch.

Le nombre des électuaires a été poussé jusqu'à un excès dont l'ignorance la plus profonde & la charlatannerie la plus impudente sont seuls capables. Le seul Myrepsus nous en a décrit jusqu'à cinq cents onze dans son antidotaire. Les disciples des Arabes ne firent qu'enchérir sur la prodigieuse fécondité de

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